depression infantile    - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -

 FORMATION DE BASE POUR SOIGNANT

 

DÉPRESSION INFANTILE

 

 

 

La dépression chez l'enfant est une souffrance fréquente, bien que souvent masquée par des troubles du comportement. Elle est donc relativement méconnue, et peu d'études lui ont été consacrées.

 

 

Abord théorique et psychopathogénique

 

- La position dépressive théorisée par Mélanie Klein se situe entre 6 mois et 2 ans, ce qui correspond à la perception de l'Objet total. Jusque là l'enfant était protégé par le clivage, qui est un mécanisme de défense primaire. Désormais il perçoit la globalité de l'Objet. Il cachera sa dépression derrière des tendances agressives.

 

- D'après Spitz: la dépression est consécutive à un événement extérieur, et vient donc en réaction à une séparation ou à un traumatisme. Il relève l'importance des pulsions agressives avec possibilité d'expression et d'élaboration, et la présence d'une notion de perte, de séparation.

 

 

Étude clinique

 

La sémiologie est variée, avec troubles de l'humeur, auto-dépréciation, comportement agressif, troubles du sommeil, modification des performances scolaires, changement d'attitude à l'école, diminution de la socialisation, plaintes somatiques, perte de l'énergie habituelle, modification de l'appétit ou du poids... etc.

 

L'étude de la dépression chez l'enfant pourra se faire en fonction des symptômes ou en fonction de l'âge:

 

Contexte étiopathologique

 

On note une grande fréquence de pertes dans l'histoire de l'enfant dépressif, soit réelle et prolongée (séparation, décès, processus de deuil répétés) d'autant plus traumatisante que l'enfant est dans une phase critique entre 6 mois et 4 ans, soit temporaire mais avec une angoisse qui persiste, soit encore purement fantasmatique. On note aussi la fréquence d'un milieu familial perturbé, avec antécédents de dépression chez les parents. Se transmet alors une frustration affective à laquelle réagit l'enfant par une dépression. La carence affective est présente chez la mère. Il pourra y avoir une sévérité éducative excessive de la part des parents.

 

 

Organisation maniaco dépressive de l'enfant

 

Le symptôme essentiel est une alternance rapide et brutale d'états affectifs extrêmes et opposés. Dans les antécédents familiaux on note des carences affectives massives et des ruptures répétées. L'évolution ira plutôt vers une psychose dissociative, ou parfois vers une organisation psychopathique.

 

 

Organisations dépressives

 

Les organisations dépressives n'occupent pas, tout au moins sur le plan phénoménologique, la même place éminente et centrale chez l'enfant que chez l'adulte. Chez l'enfant c'est en fait la structure déficitaire qui est un véritable carrefour. Certaines études récentes ont montré combien les déficits fixés sont le résultat cicatriciel d'un jeu dynamique entre psychose et névrose. Cela pourrait conduire à des hypothèses nosologiques concernant les déficits fixés: les considérer comme des organisations dépressives ou même comme l'homologue chez l'enfant des états limites étudiés chez l'adulte. 

 

- Comme similitude on peut rapprocher le jeu entre névrose et psychose au tronc commun indifférencié. De plus on retrouve le même type de relation d'objet basé sur l'anaclitisme.

 

- Comme différence l'organisation déficitaire est un point d'arrivée, la fin cicatricielle et amputante d'un long processus (et non point de départ, une a-structuration susceptible de multiples devenirs).

 

Elle a un caractère le plus souvent définitif. Sa décompensation éventuelle ne s'effectue d'ailleurs généralement que sur le mode psychotique. De plus l'angoisse dépressive apparaît peu cliniquement chez les débiles. A moins qu'on ne considère que l'organisation déficitaire a pour fonction de contre investir massivement l'angoisse dépressive, non pas seulement en la refoulant mais en la déniant, en la rendant nulle et non avenue.

 

Dépressions avérées (ou syndromes dépressifs pouvant évoquer la psychose chez l'enfant)

 

Les dépressions de style mélancolique sont très rares chez l'enfant. Il y a bien-sur l'hospitalisme et les dépressions anaclitiques décrites par Spitz chez le très jeune enfant. D'après C. Chiland ces dépressions anaclitiques se prolongeraient chez le jeune enfant et l'écolier par des états dépressifs chroniques et d'importantes inhibitions. D'autre part certaines affections psychosomatiques gravissimes au niveau du tube digestif (perforation, rectocolite ulcéro hémorragique) pourraient être rattachées à l'incorporation d'un mauvais objet interne persécuteur. Mais l'affect dépressif en est absent ainsi que la culpabilité, la douleur morale. Cet affect dépressif existe pourtant dans une autre lignée, celle des troubles du caractère ou de l'humeur où il se résume en un sentiment assez peu exprimé de non-valeur de soi, en une absence de self-estime. En revanche certains comportements suicidaires graves, certains accidents à répétition survenant chez l'enfant très jeune peuvent être considérés comme des équivalents mélancoliques. De même certains troubles du caractère et du comportement, comme l'agitation incoercible, l'instabilité grave, l'excitation et l'exaltation de l'humeur peuvent être considérés comme des défenses maniaques. On peut les observer soit dans la petite enfance, soit au moment de la pré-adolescence et de l'adolescence. Comme l'a montré Male, à travers les changements fréquents d'objet de cette époque il y a un refus d'attachement et un mode de défense contre les fantasmes intériorisés par l'oscillation entre deux réalités (interne, externe).

 

Métapsychologie

 

Tous ces troubles que nous venons d'énumérer surviennent dans un psychisme qui en fait n'a pas toujours constitué un objet total par réunion des deux objets partiels clivés en bon et mauvais (M. Klein). C'est dire que la frontière entre structure mélancolique pure et structure dépressive est difficile à repérer chez l'enfant. Ces organisations souffrent toutes d'une faille narcissique avec une traduction dans et par le corps beaucoup plus multiforme que dans la mélancolie. Dans les cas typiques il y a à la fois déception par l'objet, retrait de la libido sur le Soi mais aussi incorporation de cet objet. Comme l'a noté Ajuriaguerra, la dépression chez l'enfant prend très souvent une allure réactionnelle trompeuse (après deuil, séparation, mise à l'école... etc.). Cette dépression réactionnelle est trompeuse parce qu'elle renvoie en fait à une perte d'objet bien antérieure. Le mécanisme essentiel est un double retournement des pulsions (retournement de l'objet vers soi et de l'amour en haine), et la dé-liaison (c'est dire l'importance de l'agressivité). 

 

Affect dépressif

 

Remarquons tout d'abord que la dépendance et l'anaclitisme sont normaux chez l'enfant (c'est à dire habituels) pour des raisons naturelles mais aussi culturelles. Les parents comblent le plus souvent leurs enfants non seulement en fonction des besoins et des demandes de l'enfant mais aussi dans un but réparateur pour éviter chez lui l'apparition de la dépression (et ce de façon très projective, pour réparer chez un autre le mal qu'ils ont cru lui faire et leur propre manque narcissique). Il suffit de voir aussi combien des parents peuvent se sentir gênés devant leur enfant dès qu'il s'agit du problème de la mort. Mais cette angoisse de mort refoulée et déniée renvoie en fait, comme l'a noté Freud à l'angoisse de castration des parents et des enfants. L'affect dépressif a donc sa place, même masquée, dans la névrose infantile, qu'elle disparaisse comme elle le fait normalement ou qu'elle se structure au moment de la latence. L'affect dépressif semble en fait avoir deux rôles chez l'enfant névrosé. On le considère en effet soit comme le résultat ou le témoin du travail d'élaboration de l'angoisse phallique et de l'angoisse de castration, soit comme le signe de l'échec de cette élaboration. On assiste à un début de dé-liaison et à un début d'affaiblissement des images objectales, c'est en particulier le cas où le refoulement secondaire des représentations échoue chez l'hystérique.

 

Abord thérapeutique

 

En prévention, il faut aider les parents à éviter les ruptures. L'approche thérapeutique concernera l'enfant et l'environnement. Ce pourra être une approche relationnelle, ou médicamenteuse si la relation est impossible (par exemple par antidépresseurs tricycliques. Le Lithium donne peu de résultats).

Dans le traitement incluant la mère et l'enfant, proposer les psychodrames, l'analyse, la thérapie familiale...

L'intervention doit essayer de restaurer le lien défaillant entre la mère et son enfant. Si la famille est absente, il faudra instaurer un nouveau nid familial.

 

 

 

Liens utiles:

 PSYCHIATRIE INFIRMIÈRE : PSYCHOPATHOLOGIE ENFANT

Intervention orale de Mme Arrio, novembre 1986.

Écrit et mis à jour par Mr Dominique Giffard

pour le site "Psychiatrie Infirmière" : 

http://psychiatriinfirmiere.free.fr/,

références et contact e-mail.

Analyse de Mélanie Klein intitulée

"Psychose et phase infantile dépressive".

 PSYCHOSE ET PHASE INFANTILE DÉPRESSIVE

bibliographie

 

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