processus, travail de deuil - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -
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deuil et processus de deuil
Perte, dépression et travail de deuil
Sigmund Freud associe le processus de deuil à un travail psychique réactionnel à une expérience de dépression. Le dépressif vit en effet dans la perte d'un Objet très aimé et idéalisé. Après la perte d'un Objet externe particulièrement investi, la libido doit entreprendre un détachement angoissant, vécu dans la douleur pour permettre au Moi de retrouver sa liberté.
En prolongement de la théorie freudienne, la problématique de la perte renvoie à la phase dépressive du 8ème mois: Mélanie Klein y décrit l'enfant qui ne pourra plus être le premier Objet d'amour de la mère, vivant alors sa première expérience dépressive. Elle met en évidence à cette occasion l'existence d'Objets internes, bons et rassurants, douloureusement ébranlés par la perte d'un Objet externe fortement investi. C'est un réel travail de deuil que doit accomplir le petit enfant en abordant puis élaborant ces positions dépressives et culpabilisantes.
Toutes les expériences dépressives vécues par la suite, toutes les ruptures dans la vie seront constituées en dépendance de la phase dépressive du 8ème mois. Si l'enfant a réussi à réinvestir dans un deuxième temps sa mère de façon satisfaisante, il saura plus tard investir dans ses relations extérieures en cas de perte, et donc s'appuyer sur son entourage après un deuil. Il pourra alors reconstituer des Objets internes bons et sécurisants, en remplacement de l'Objet externe perdu.
Après chaque deuil, l'Objet externe comme l'Objet interne sont vécus comme perdus, faillibles, non-parfaits, abandonnant la personne à la dépression et à la culpabilité. Le travail de deuil est un processus qui permet de ré-installer en soi ses bons Objets, ses parents aimés. Cette présence interne fait supporter l'idée non-seulement que l'être a disparu, mais aussi qu'il n'était pas parfait puisqu'il nous a abandonné.
Chronologie du processus de deuil
Perte d'un Objet cher;
Une fois l'Objet perdu, il y a constitution d'un Objet interne de remplacement. Il peut y avoir tentative d'identification à l'Objet perdu. Cet Objet intériorisé est alors "bon" ou "mauvais". La perte provoque des sentiments ambivalents vis à vis de l'autre et vis à vis de soi, de son narcissisme (culpabilité). Si l'ambivalence est trop importante, il pourra y avoir un délire de culpabilité amenant la mélancolie (la mélancolie est toujours délirante). Et alors seule la mort semblera pouvoir effacer la "faute";
Le deuil se fera si cet Objet intériorisé est désinvesti au profit d'un autre Objet. On retrouve là-encore la culpabilité.
Processus de deuil et défenses du Moi
Le processus de deuil désigne l'ensemble des processus psychologiques qui sont mis en place après la perte d'un Objet aimé et qui aboutissent généralement à ce que le sujet renonce à cet Objet, et puisse ainsi s'en détacher tout en préservant le Moi;
C'est
les
défenses du Moi qui soutiennent la vie psychique. Quand elles s'effondrent (on parle alors de décompensation),
le sujet fait l'expérience d'une dépression.
C'est ce qui se passe lors d'un deuil
Toute expérience de la perte, quand elle est vécue, est une expérience de re-élaboration interne et psychique. Car ce qui garde le mieux en vie c'est l'élaboration mentale, la pensée.
Deuil compliqué
Le travail du deuil s'est bloqué à la position dépressive, la personne ne semble pas pouvoir en sortir. On observe de l'angoisse, des manifestations psychosomatiques... Les risques de passage à l'acte sont réels, les tentatives de suicide fréquentes.
Deuil pathologique
On notera un retard dans l'apparition de l'état dépressif, ou même son absence. Ou alors la mélancolie apparaît à la place de la dépression, avec négation délirante de la perte: la personne se comporte comme si le décès n'avait pas eu lieu, le couvert est mis à table, les affaires restent en place, la chambre devient un sanctuaire...
Il pourra aussi y avoir une hystérie de deuil, avec identification au disparu et reproduction des symptômes, des habitudes du défunt. Risque de graves troubles somatiques de conversion. Une psychothérapie est alors nécessaire pour aider le patient à accomplir un travail de deuil libérateur.
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Programme de psychologie pour ISP: sélection de textes. Retranscrit, complété par Mr Dominique Giffard pour le site "Psychiatrie Infirmière" : |
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