agressivite    - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -

 FORMATION DE BASE POUR SOIGNANT

 

agressivité

 

 

 

Définition de l'agressivité

 

L'agressivité est la manifestation de la tendance à nuire à autrui, que ce soit de façon réelle, imaginaire ou symbolique.

Il faut distinguer les deux aspects que sont l'expression pulsionnelle et la mobilisation en vue d'une intention.

Henri Laborit : il a étudié les rapports entre l'homme et le milieu. Pour lui, l'agressivité est due à ce milieu. Il s'est spécialement intéressé aux inhibitions du comportement agressif, dont les manifestations peuvent être d'ordre psychosomatique: les coliques néphrétiques ou les ulcères par exemple.

 

 

Psychogenèse de l'agressivité

 

Au cours de son développement, l'enfant passe habituellement par différents moments d'angoisse qu'il doit surmonter.

Ainsi rencontrera t'il:

  1. le traumatisme de la naissance;

  2. puis au stade oral l'angoisse de dévoration, et l'angoisse du huitième mois;

  3. au stade du miroir l'angoisse de morcellement;

  4. au stade anal l'angoisse de destruction;

  5. à l'œdipe l'angoisse de castration;

  6. à l'adolescence l'angoisse existentielle;

  7. et à l'âge adulte l'angoisse de mort.

 

L'origine de l'agressivité est pulsionnelle. Elle est la résultante de la projection de la pulsion de mort sur le mauvais Objet. Elle est liée par la libido pour la préservation du Moi (sexualité, reproduction, défense du territoire, emprise sur le monde, affirmation de soi). Elle est sublimée, déplacée. Elle contribue, au sortir de l'Oedipe, à la formation du Surmoi.

Alors qu'avant l'Oedipe l'agressivité s'exprimait à travers la projection, le clivage... etc, après l'Oedipe elle sera sublimée et s'exprimera en partie sous le contrôle du Surmoi. C'est une opération du Moi qui a transformé l'agressivité du ça en Surmoi (l'instance première est le ça. En sont issus dans un premier temps le Moi, formé grâce au contact avec la réalité extérieure, puis le Surmoi introjecté par le Moi qui fait se retourner l'énergie pulsionnelle contre lui-même).

 

Le conscient accède à l'inconscient comme les organes des sens accèdent à la réalité extérieure. Il y a eu constitution d'un "grenier" où sont engrangées toutes les informations vécues. L'individu peut faire appel à un moment précis à ces vécus. Ces faits sont dits "refoulés".

Tout ce qui est refoulé devient inconscient mais l'inconscient n'est pas constitué que de cela. Il y a aussi des contenus innés qui ne sont jamais passés par la conscience. L'inconscient obéit aux processus primaires que sont le déplacement (changement d'Objet) et la condensation (plusieurs Objets en un). Ces deux processus primaires obéissent au principe de plaisir. Les désirs sont mobiles et essaient de s'extérioriser, provocant le refoulement.

Le refoulement est un filtre incité par le Surmoi et opéré par le Moi. Le symptôme est le produit du refoulement qui consiste en un retour du refoulé sur le plan somatique. Il sert à échapper à l'angoisse. Il est le substitut d'une satisfaction pulsionnelle qui n'a pas eu lieu. Ce qui aurait du être plaisir devient déplaisir.

 

Conduites de fuite : fuir, c'est se soustraire, éviter une situation repérée comme dangereuse. Il y a deux sortes de dangers, un danger externe et un danger interne. Le danger interne vient de nos propres pulsions agressives et sexuelles. La solution de fuite est trouvée par le Moi qui utilisera parmi toutes les techniques dont il dispose celle ou celles qu'il aura plus particulièrement adopté au cours de son développement. Ainsi aura t'il le choix d'utiliser la sublimation, le déplacement, le refoulement, le clivage, la régression, le suicide, l'hyperactivité, le sommeil, le rêve, les rituels, l'instabilité, l'évanouissement, la surdité et la cécité psychiques, le délire, l'ironie, la fugue... etc.

La pathologie n'est pas dans l'utilisation des conduites de fuite, mais dans la répétition exclusive d'une conduite particulière en réponse à tout danger.

Une conduite de fuite se fait toujours face à l'angoisse.

 

- L'agressivité a une source (somatique), un but (éliminer la tension), et un Objet (quelconque). L'agressivité est la manifestation de la tendance à l'agression, à nuire à...

- L'angoisse n'a pas d'Objet;

- La formation de symptômes est une réponse moins extériorisée pour échapper à l'angoisse.

 

 

Violence et agressivité

 

A la rencontre du ça et du Surmoi (ainsi que son pendant plus élaboré l'Idéal du Moi) se trouve le Moi.

 

 

INCONSCIENT  ÇA,  MOI,  SURMOI,  IDEAL DU MOI

Idéal du Moi: "tu dois", "tu devrais".

 

Surmoi: "tu ne dois pas". Ce sont les interdits, la loi, les limites...

 CONSCIENT

Moi: pôle défensif de la personnalité construit avec les exigences du ça et les interdits du Surmoi face au réel.

INCONSCIENT

ça: pôle pulsionnel. Besoin de satisfaire immédiatement les pulsions. Principe de plaisir.

 

 

Henri Laborit a démontré que l'individu, confronté à toute situation, avait 3 possibilités de comportement: la fuite, la lutte ou l'inhibition de l'action.

L'agressivité est alors une agression de compétition avec défense du territoire. On y retrouve un dominé (inhibition de l'action, punition ou échec face à la lutte), et un dominant (succès du comportement d'agressivité par la lutte ou la fuite).

 

On distingue:

- l'agressivité hostile qui blesse volontairement l'autre;

- l'agressivité instrumentale qui vise à se procurer des satisfactions individuelles, sans désir de nuire à autrui.

 

 

Théories de l'agressivité

 

Sigmund Freud commence à en parler dans le phénomène de la colère et rattache cela aux représentations obsédantes de la névrose obsessionnelle.

Puis, dans un deuxième temps, il évoque l'agressivité à propos de la structure Oedipienne. En fait, S. Freud a beaucoup hésité à propos de l'agressivité et en a fait deux théories.

En règle générale, l'agressivité est liée à la pulsion.

 

Il convient ici de distinguer l'instinct et la pulsion :

 

Pour Sigmund Freud, il y avait au début les pulsions du Moi (auto-conservation et agressivité) et les pulsions sexuelles. Puis ensuite il élabora le deuxième édifice pulsionnel: libido et pulsion de mort. Il y a ainsi une catégorie de pulsions qui unit les différentes tendances (libido) et une catégorie de pulsions qui désunit, qui fragmente (pulsion de mort). Ces deux pulsions se combinent et forment les phénomènes de vie. La tendance liante de la libido est de faire que l'énergie agressive soit utilisée à d'autres fins, par sublimation vers l'art, dans la compétition, les études, ou encore vers le corps (somatisation, symptômes). Quand la libido n'y parvient pas, c'est le retour sur soi de l'agressivité (auto-mutilation, masochisme).

 

La pulsion de mort se manifeste dans 3 grands registres :

  1. Agressivité (tendance active);

  2. Répétition (nier la progression);

  3. Régression (retour aux expériences antérieures, traumatiques ou satisfaisantes).

 

Pour Donald Woods Winnicott, l'agressivité se développe avec le Moi. Il divise l'accession à l'agressivité en deux stades:

  1. Stade de non-inquiétude (ou de cruauté originaire). L'enfant fait des actes mais ne se soucie pas de ce que cela entraîne, ne fait pas attention au résultat. Dans ces moments-là, agressivité et amour sont mêlés. Si l'agressivité est empêchée à ce stade de l'enfance, il s'ensuit une absence de la capacité d'aimer.

  2. Stade du soucis. Le Moi de l'enfant est alors suffisamment formé pour lui permettre de se rendre compte de la personnalité de l'autre et du résultat de ses actes sur l'autre. Il est dorénavant capable de se sentir coupable. Un enfant en bonne santé doit être capable de supporter cette culpabilité et cela l'amène à construire, à réparer. C'est la première fonction sociale. Si personne ne reconnaît ses efforts de réparation, il se sent abandonné et l'agressivité réapparaît. A l'adolescence, ce mécanisme est réactualisé de manière beaucoup plus flagrante où des efforts de réparation non-reconnus entraînent des comportements agressifs.

 

 

L'agressivité aux différents stades

 

Stade oral

Les premiers modèles de l'agressivité concernent le "mauvais Objet".

"Bon" et "mauvais Objet" sont des termes introduits par Mélanie Klein pour désigner les premiers Objets pulsionnels partiels ou totaux, tels qu'ils apparaissent dans la vie fantasmatique de l'enfant durant sa première année. Cette qualité de "bon" ou "mauvais" est attribuée à l'Objet de façon imaginaire ou fantasmatique, mais néanmoins réelle pour l'enfant. Le choix est fait en fonction du caractère frustrant ou gratifiant de l'Objet, et en fonction de la projection sur cet Objet des pulsions libidinales ou agressives de l'enfant.

"L'Objet naît dans la haine" nous dit Sigmund Freud. On ne reconnaît l'autre que dans la différence. L'enfant ne se différencie de la mère que par les expériences de frustration. Il attend et se rend compte que la gratification vient d'un autre que lui.

 

Stade anal

L'agressivité s'exprimera dans le comportement d'expulsion et de rétention. L'expulsion est l'équivalent de la projection agressive. La rétention est un refus. L'opposition s'exprimera par le "non!", parole et geste associés. C'est un stade où l'agressivité est la plus marquée, car agie.

 

Stade urétral (entre anal et phallique)

Ce sont les premières manifestations du stade phallique. La miction revêt un aspect phallique, sadique et agressif (origine de l'énurésie). Durant l'Oedipe, la rivalité s'oriente vers le parent de même sexe. Dans la forme inversée, l'hostilité s'oriente vers le parent de sexe opposé. Il y a une peur de l'agression de l'autre, vécue comme une castration.

 

Période de latence

L'agressivité est déviée sur la compétition scolaire, sportive. Périodes d'obéissance et de désobéissance.

 

L'adolescence

Réactivation massive des pulsions, dont l'agressivité, vis à vis de tout représentant d'autorité. La pulsion agressive se tourne dans l'originalité, la provocation, la grossièreté, mais aussi vers l'individu (scarifications, implantation d'objets...). Cette agressivité est transitoire et fonctionnelle, servant à la maturation. Ses fonctions sont:

 

 

L'agressivité sert aussi la sexualité, en privilégiant le couple. La solution la plus économique et maturante est la mentalisation. Par la mentalisation, le Moi élabore des solutions acceptables pour satisfaire à la fois la pulsion et les exigences du Surmoi. A contrario, quand il y a "agir", il y a eu débordement du Moi.

Le passage à l'acte a rompu la mentalisation; C'est le comportement répétitif et privilégié du psychopathe.

 

Étant liée à une pulsion, l'agressivité aura une source, un but et un Objet. Sa source pourra être la peur (frustration, échec, danger, dépendance...), ou le plaisir (sexualité comme dans le sadisme, sublimée dans une réussite...). Se crée alors une relation Oedipienne car la lutte a un caractère Oedipien triangulaire (Moi, Autre, Objet). C'est le meurtre symbolique du père. L'Objet pourra être réel ou imaginaire (dans le cas du bouc-émissaire, il y a déplacement de l'agressivité vis à vis d'un Objet imaginaire, souvent nous-même, sur un Objet réel, en l'occurrence l'autre). Le but sera d'éliminer la tension (passage à l'acte, mentalisation, sublimation, symptomatisation...).

 

 

Cas de l'agressivité en groupe : tout autre groupe menace l'identité d'un groupe donné. Il faut voir le groupe comme le support de nos projections.

 

 

 

Liens utiles:

 

état-limite;

attachement;

schéma corporel;

mécanismes de défense du MOI;

concepts freudiens: définitions et théories.

 PSYCHIATRIE INFIRMIÈRE : COURS DE PSYCHOLOGIE

Intervention orale de Mme Huguet en mai 1985.

Écrit, mis à jour par Mr Dominique Giffard

pour le site "Psychiatrie Infirmière" : 

http://psychiatriinfirmiere.free.fr/,

références et contact e-mail.

Témoignage et questionnement sur la

violence des personnes psychotiques.

 LA VIOLENCE DES PERSONNES PSYCHOTIQUES

bibliographie

 

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