schema corporel - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -
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le schéma corporel
L'image du corps : c'est l'image que nous nous faisons de notre corps, à l'état statique ou à l'état dynamique, fondée sur des données sensorielles intéroceptives (viscérales), proprioceptives (muscles, articulations) et extéroceptives (surface). Cette image est constamment remaniée suivant les expériences, mais la globalité du corps n'est pleinement ressentie qu'après 6 ans, au sortir de la petite enfance.
Les composants du schéma corporel
Il y a 3 schémas corporels:
Schéma corporel tridimensionnel (éveillé, conscient, adulte) où l'on perçoit le corps solide, entier et achevé, et dont le moyen d'organisation est la main. Elle permet d'évaluer les distances entre le corps et les frontières;
Schéma corporel viscéral. Le moyen d'organisation est la langue, seule partie interne que l'on maîtrise à un tel niveau. C'est l'organe et le lieu des fantasmes oraux;
Schéma corporel intermédiaire. Zone frontière entre le schéma viscéral et le schéma tridimensionnel. Se retrouve dans les rêves, dans les phénomènes de dépersonnalisation comme le vécu psychotique par exemple.
Comment se constitue le schéma corporel ?
De la naissance à l'oralité: à travers les zones privilégiées d'investissement libidinal (les zones érogènes);
Phénomènes d'identification: l'image de notre corps se constitue par identification au corps de l'autre.
Entre 4 et 6 mois: si on place l'enfant devant un miroir, il ne se reconnaît pas. L'être en face de lui a sa réalité propre;
Entre 6 et 8 mois: il découvre que l'autre n'est qu'une image et non un être réel. C'est un leurre. L'enfant passe alors du réel à l'imaginaire;
Vers 1 an: il comprend que l'image du miroir, c'est son propre corps. Il se perçoit comme un tout et aussi comme extériorité. C'est la première fois qu'il voit son corps en entier. Il s'identifie à l'image réfléchie. C'est la mère qui, le regardant dans la glace en lui disant: "c'est toi, là !", lui ouvre la voie de l'identification à l'image. L'enfant perçoit alors très bien l'admiration de l'image de la mère pour son image à lui. Il y perçoit aussi du désir.
Cette image, pour l'enfant, c'est son Moi, car c'est par le regard de l'autre que nous nous formons: nous nous identifions à l'image que l'autre a de nous. L'enfant s'aliène dans cette image aimée par la mère. Il y devient Autre. S'il en restait là, il deviendrait psychotique. Ce qui, à son âge, constitue une étape structurante pour son évolution, deviendrait pathologique s'il n'en sortait pas. Ce qui va mettre un terme à cette relation aliénante, c'est le père (ou le langage, ou la place que le père a dans le discours de la mère... etc.). Le père mettra une distance entre la mère et l'enfant.
Le Moi se forme par identifications successives.
Le développement de la personnalité passe par l’acquisition du "Je". Beaucoup de malades mentaux ne sont pas sujet de leur discours.
Chez l'adulte : on a besoin d'un certain équilibre corporel. Les amputés souffrent plus de la dissymétrie que du manque d'un membre. Cette symétrie, on peut en trouver l'origine dans le rapport de ressemblance du stade du miroir. On a aussi besoin d'une différenciation pour se sentir unique. Cela provient du moment où l'enfant, grâce à un tiers (le père, ou le langage de la mère) se distingue de l'image de son corps.
Il existe donc un besoin double : ressembler (à des normes) et se différencier.
L'éprouvé corporel dans la douleur
Douleur : atteinte destructrice dans l'organisme, éprouvé vital;
Souffrance : atteinte dans son unité vivante. Expérience psychique de la douleur.
La douleur est toujours une interrogation sur soi. Mais il y a plusieurs réactions possibles: dégradation intolérable, honte. Ou alors exaspération, responsabilité rejetée sur autrui. Ou bien encore régression, résignation en se croyant intentionnellement atteint, repli sur soi entraînant le désespoir, la dépression voire le suicide. Il y a aussi utilisation de la douleur pour obtenir des bénéfices, avec:
érotisation de la douleur, comme dans le comportement hystérique;
revalorisation (on respecte ceux qui souffrent);
moyen de pression, chantage;
moyen pour se faire dorloter (chez les enfants par exemple).
Dans tous les cas, la douleur est un moyen de communiquer, de dire quelque chose qui ne peut être dit autrement. Elle peut être un intermédiaire entre le soignant et le soigné, l'objet transitionnel de cette relation. La douleur peut aider à retrouver une unité corporelle.
Signification des habitudes psychomotrices
Instabilité psychomotrice
Portrait type de l'instable moteur: ne tient pas en place. Humeur changeante, coléreuse et souvent opposante. N'arrive pas à se fixer sur une tâche. Difficultés d'expression. Relations instables, changement continuel d'identifications.
1ère cause: dû à un excès pulsionnel jetant la personne dans le désarroi. Elle n'arrive pas à canaliser cet excès de pulsions;
2ème cause: dû à un manque pulsionnel. Cette insuffisance empêche la personne de continuer longtemps dans la même voie.
Face à un tel déchaînement moteur, il faut proposer un milieu calme favorisant une relation affective continue. Ces personnes se sentent en général mal-comprises, mal-aimées.
Les tics (≠ les habitudes)
Geste soudain, involontaire et absurde. Caricature répétitive sans finalité apparente. Le tic est l'aveu d'un conflit intérieur qui ne veut pas s'avouer. Il exprime l'ambivalence entre quelque chose qui veut s'exprimer et quelque chose qui inhibe cette expression. Le tic est l'équivalent symbolique et moteur d'un message sexuel ou agressif. De même que pour le rougissement, la personne entrevoit une explication d'ordre sexuel ou agressif dans le regard de l'autre, et ressent la honte de cette pensée.
Onchophagie (se ronger les ongles)
Il faut considérer les deux aspects que sont le plaisir et la punition:
Plaisir oral. C'est une décharge et un déplacement d'angoisse, ainsi qu'une manifestation auto-érotique;
Punition de ce plaisir (travail du Surmoi).
Liens utiles: |
Intervention orale de Mme Huguet, mars 1985. Écrit, mis à jour par Mr Dominique Giffard pour le site "Psychiatrie Infirmière" : |
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