angoisse - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours et tableaux présentés par Mr Giffard -
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ANGOISSE
Spécificité de l'angoisse
L'inquiétude : elle concerne les destinées humaines. C'est une impression d'insécurité inexprimable. Elle peut se rapprocher de l'angoisse;
Doute et soucis : ils se rapportent à une chose, à un évènement;
La peur : c'est une sensation immédiate, spontanée. Elle est liée à l'instinct de conservation. Elle est conséquente à la perception d'un danger extérieur. La peur est le choc dû au stress face à ce danger. Henri Laborit (1914-1995) a montré qu'un stress provoque toujours une réponse qui est dans la fuite, dans la riposte ou dans l'inhibition de l'action.
Il faut distinguer plusieurs intensités de l'angoisse:
La crainte, qui est une petite peur;
La terreur, paralysante, qui tend à déformer la perception. Il y a introduction dans l'imaginaire;
L'horreur, avec impression de dégoût, de recul par rapport à la réalité;
L'effroi: paralysant;
La panique, où l'imaginaire tient une place importante et empêche l'analyse de la situation, entraînant des ripostes exagérées.
- L'anxiété: c'est un sentiment proche de l'angoisse mais relatif à une difficulté réelle, bien qu'intense. Étant plus mentalisé, ce sentiment est maîtrisable.
- L'angoisse: elle est de l'ordre du vécu et sans objet, face à laquelle il n'y a pas de solution. On observe alors une immobilité de l'esprit. Si l'on peut dire que la phobie est une peur sécurisante ("je n'aurai peur qu'en présence des serpents"), l'angoisse par-contre ne permet pas la représentation de la peur, et sera donc dramatique pour celui qui la vit.
Manifestations physiques de l'angoisse
"Angoisse" vient d'un mot latin qui veut dire "passage étroit", "resserrement". Cela traduit le fait d'avoir la gorge serrée, de mal respirer. Une approche psychosomatique de la maladie montre par exemple que les crises d'asthme sont souvent des manifestations de l'angoisse.
L'angoisse pourra de même entraîner des manifestations cardiaques, vasculaires, céphaliques... Ces manifestations font que l'on perçoit l'expérience de manière déréelle.
L'angoisse au cours du développement
L'angoisse est une manifestation fonctionnelle que l'enfant doit vivre de manière ponctuelle et maturante, c'est à dire qu'elle l'aide à se construire.
DIFFÉRENTS STADES |
DIFFÉRENTS TYPES D'ANGOISSES |
... traumatisme. |
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... angoisse de dévoration (être dévoré). ... angoisse de persécution (paranoïde et schizoïde). |
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... angoisse de séparation ou d'abandon. |
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... angoisse de morcellement. |
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... angoisse de destruction (effraction anale, se vider de son corps). |
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Oedipe : |
... angoisse de castration. |
... angoisse existentielle. |
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... angoisse de mort. |
Dans chacune de ces situations, l'angoisse est surmontée car l'individu en trouve des solutions. Il intériorise l'obstacle, se le représente et le maîtrise. Mais il reste toujours une trace de ces angoisses primitives. Chaque nouvelle angoisse est une métonymie. L'angoisse est dynamisante pour la personnalité, mais peut aussi devenir paralysante dans le cas de l'angoisse pathologique. Dans tous les cas l'on a affaire à une perte, et la problématique qui en découle doit être surmontée (travail de deuil).
Les mécanismes de l'angoisse
Pour Sigmund Freud
L'angoisse est liée à la pulsion. Un excès de tension crée une surcharge d'énergie qui ne peut se libérer et provoque l'angoisse. L'angoisse est secondaire à la non-utilisation de l'énergie.
1ère théorie : l'angoisse est liée à une perte de la représentation;
2ème théorie : l'angoisse est le résultat d'un conflit entre le ça et le Surmoi, le ça et le Moi ou le Surmoi et le Moi. C'est le Moi qui vit l'angoisse, comme un signal d'alarme émit par lui face à un désir incompatible. L'angoisse a une fonction d'auto- conservation.
Pour Mélanie Klein
Elle décrit deux formes d'angoisses qui correspondent à deux positions. Ce sont deux modalités relationnelles du sujet face au monde extérieur.
1ère position : position schizo-paranoïde. C'est celle de l'enfant d'avant 4 à 5 mois, ou plutôt son reflet répétitif, avec l'angoisse de morcellement, de dévoration vis à vis du mauvais Objet, qui est le représentant des pulsions de mort;
2ème position : position dépressive. C'est le reflet répétitif d'après 4 mois, correspondant à l'angoisse dépressive. L'Objet affectif est reconnu et l'angoisse correspond à la culpabilité que l'enfant éprouve vis à vis de son agressivité. On a alors affaire à une angoisse de perte de l'Objet idéalisé.
Pour René Spitz
La méthode de l'observation directe montre l'apparition de l'angoisse aux alentours du 8ème mois. Avant, le Moi n'est pas capable de ressentir l'angoisse.
Les Objets de l'angoisse
Ils sont imaginaires mais peuvent se concrétiser dans des représentations. Ils peuvent aussi faire irruption dans le réel (cas des phobies, des délires). L'Objet dans la réalité n'est qu'un support de l'angoisse.
Classification de l'angoisse
Il y a trois structures psychopathologiques auxquelles correspondent trois types d'angoisses.
La psychose: cette structure correspond à des frustrations précoces maternelles et à une impossibilité fonctionnelle de l'enfant de dégager son propre Moi de celui de la mère. Il y a fixation à ce stade, pré-organisant le Moi de manière psychotique. L'angoisse est alors une angoisse de morcellement. L'enfant n'a pu accepter cette frustration excessive et a construit sa réalité: la fusion.
Les états-limites: ils correspondent aussi à des expériences de perte de l'Objet idéal, avec traumatisme. L'expérience est trop précoce par rapport à la maturité psychique. On aura affaire à une angoisse de perte liée à la dépendance anaclitique.
La névrose: l'évolution est moins traumatisante jusqu'à la période oedipienne, où surgit un conflit Pulsion/Surmoi, ou Désir/Défense (deuxième topique freudienne). Il y a survenue de l'angoisse de castration, angoisse de faute vécue dans le présent mais centrée sur le passé oedipien.
Névrose : |
relation triangulaire... |
angoisse de castration. |
État limite : |
relation anaclitique... |
angoisse de perte. |
Psychose : |
relation fusionnelle... |
angoisse de morcellement. |
Liens utiles: |
Retranscription d'un exposé oral de Mme Huguet, mai 85 Écrit, complété et mis à jour par Mr D. Giffard pour le site "Psychiatrie Infirmière" : |
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