Spitz  - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -

 FORMATION DE BASE POUR SOIGNANT

 

René Arpad Spitz

 

René Arpad SPITZ  (1887-1974)

 

 

Son oeuvre est centrée sur les relations objectales et leur genèse: comment se constituent l'Objet et le Moi, ainsi que sur la pathologie de ces relations objectales, séquelles des carences affectives. Sa référence est Sigmund Freud et ses théories psychanalytiques.

 

La méthode de René Arpad Spitz est l'observation directe du nouveau-né en situation, avec et sans sa mère. Utilisation du film. Constitution de "baby-tests" et méthodes longitudinale et transversale. Portant sur plusieurs centaines d'enfants de races blanche, noire et indienne, et venant de différents milieux socio-économiques, cette méthode infirmera ou confirmera ses hypothèses fondées sur les états précoces de la petite enfance.

 

Docteur en médecine, né à Vienne en 1887 et analysé par Sigmund Freud en 1910, René Arpad Spitz a beaucoup travaillé avec Anna Freud. Émigré aux États-Unis, il est mort à Denver dans le Colorado en 1974. A fait des études psychosomatiques sur des nourrissons, sur une réorganisation des crèches et des hôpitaux et est à l'origine de l'hospitalisation conjointe mère/enfant. Il refuse la thèse du traumatisme de la naissance, et s'inscrit donc en opposition à Otto Rank.

 

Il réfute aussi la thèse de la "relation objectale précoce" (opposition à Mélanie Klein, cette fois) et décrit le psychisme du nourrisson de manière très simple. Il se réfère constamment au concept freudien de base.

 

René Arpad Spitz étudiera enfin l'organisation du Moi de l'enfant, la genèse des relations objectales ainsi que celle de l'angoisse.

 

 

Sa méthode

 

En elle-même originale, sa méthode utilisera la psychologie américaine du comportement ("Béhaviorisme") avec l'observation directe, l'utilisation de documents cinématographiques, la modification en temps réel des conditions de l'expérimentation, l'utilisation des statistiques et enfin le travail psychanalytique. La psychanalyse servira alors à reconstruire les données de l'observation directe.

 

 

Élaboration théorique

 

René Arpad Spitz décrit une genèse de la relation objectale en faisant appel à un concept emprunté à l'embryologie: "l'organisateur". L'organisateur est le point vers lequel les lignes du développement convergent pour conclure un stade, une période. Il y aura ainsi 3 organisateurs, concluant 3 stades:

  1. La réponse par le sourire au visage humain de face et en mouvement. C'est la conclusion du stade "an-objectal" (sans objet). Avec le sourire s'élabore la primauté de la perception externe (3 mois);

  2. L'angoisse du 8ème mois: c'est la conclusion du stade "pré-objectal", avec reconnaissance de Soi et de l'autre. L'Objet est constitué et identifié, ainsi que le Moi;

  3. Surgissement du "Non", geste et mot associés. C'est l'accession à la communication sémantique qui conclut le "stade objectal". La relation à l'Objet ne changera plus.

Toutes ces manifestations sont repérables corporellement, et correspondent à un moment particulier du développement du système nerveux. Il y a à ce point convergence entre le biologique et le psychique.

 

 

Organisation du Moi

 

Le nourrisson ne possède pas de Moi car il ne peut pas manipuler tous les stimuli qu'il reçoit. Il en est protégé par un seuil perceptif très élevé. Les noyaux du Moi vont se constituer autour du comportement du nourrissage et des conduites alimentaires. A 3 mois, ces noyaux constituent un Moi rudimentaire. La mère joue le rôle d'un Moi extérieur et l'enfant s'en détache vers 9 mois. Le Moi devient vraiment autonome à 15 mois.

 

La façon dont se structure le Moi dépend des expériences et de la manière dont il maîtrise ces dernières par son Moi corporel.

 

 

Notion de l'angoisse

 

L'apparition de l'angoisse se fait en 3 étapes.

  1. La tension. C'est le prototype physiologique de l'angoisse;

  2. Les réactions d'évitement et de fuite. Elles se produiront face à certaines situations déplaisantes, avec par exemple le détournement du regard;

  3. L'angoisse du 8ème mois. C'est la manifestation physique d'un conflit psychique entre les instances psychiques du ça et du moi, entre le désir et la réalité. L'angoisse naît de l'imminence de la perte de l'Objet.

 

Visée de ses travaux

 

Ses travaux n'auront pas un but uniquement thérapeutique, mais aussi préventif. Ses observations cliniques doivent fournir des indications pour les parents, les pédagogues, les éducateurs... etc. René Arpad Spitz passera son temps à attirer l'attention de l'éducation nationale, des pédiatres, des instituteurs sur les besoins affectifs du jeune enfant.

 

 

Notions de pathologie

 

Définition de l'hospitalisme : c'est l'ensemble des perturbations somatiques et psychiques graves consécutives à une carence affective totale et de longue durée. C'est le cas des enfants hospitalisés qui sont séparés de leur mère. René Arpad Spitz a observé 170 enfants, dont 34 avaient été totalement privés de soutien maternel ou substitutif. Les plus vulnérables sont les nourrissons entre 6 et 12 mois, dont l'évolution suivra le tableau suivant:

L'hospitalisme correspond à des désordres psychosomatiques par déficience des relations mère/enfant au niveau quantitatif. Quand la privation affective est partielle, la maladie est la dépression anaclitique. Quand la privation affective est complète, on a affaire au "marasme".

 

 

La pathologie psychosomatique

 

C'est l'étude des désordres psychosomatiques et psychotoxiques. Cela traite de la qualité des interactions mère/enfant. En général, l'agressivité de la mère sera annulée dès l'apparition des symptômes psychosomatiques chez son enfant. L'agressivité sera déplacée sur le médecin, ou sur l'équipe soignante.

 

 

 

De l'attitude maternelle . . .

à la réaction infantile.

Rejet primaire manifeste . . .

Comas du nouveau-né.

Indulgence excessive et anxieuse . . .

Coliques du 3ème mois.

Hostilité déguisée en anxiété . . .

Eczéma infantile.

Oscillation entre hostilité et cajolerie . . .

Hyper mobilité, balancements.

Sautes d'humeur cycliques . . .

Jeux fécaux.

Hostilité consciemment compensée . . .

Hyperthymie agressive (humeur massacrante).

 

 

 

Ce sont des éléments de repère qui peuvent se combiner entre eux ou se combiner avec d'autres symptômes, comme l'asthme, les vomissements, la douleur... etc.

 

D'une manière générale, qu'il soit enfant ou adulte le patient psychosomatique cherchera à prouver à l'entourage qu'il est en position d'échec. L'entourage ne pourra alors pas exprimer son agressivité à l'encontre d'une "victime", et la retournera contre soi ou contre un tiers.

 

 

Conséquences théoriques de ses travaux

 

Les recherches de René Spitz sur le nourrisson et la mise en évidence d'un attachement très profond à la mère ont apporté la preuve que l'Objet libidinal se constituait très tôt chez l'être humain. Cela a autorisé certains auteurs dans les années 1950 à écrire une théorie de l'attachement, privilégiant l'existence d'un besoin biologique fondamental, c'est à dire ne dépendant d'aucun autre.

 

 

 

 

 

Liens utiles:

 PSYCHIATRIE INFIRMIÈRE : THÉRAPIE ENFANT

Retranscription d'un exposé oral de Mme Huguet, oct 86

écrit et mis en page par Mr Dominique Giffard

pour le site "Psychiatrie Infirmière" : 

http://psychiatriinfirmiere.free.fr/,

références et contact e-mail.

Thérapies de l'enfant

en pédopsychiatrie

 PÉDOPSYCHIATRIE: THÉRAPIES DE L'ENFANT

 

bibliographie

 

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