Bion    - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -

 FORMATION DE BASE POUR SOIGNANT

 

wilfred bion

 

BION Wilfred Ruprecht (1897-1979)

 

Son oeuvre

Wilfred Ruprecht Bion est né aux Indes en 1897. Il fait des études d'histoire et de psychiatrie, et devient disciple de Mélanie Klein. Pendant la seconde guerre mondiale, il travaille comme directeur du secteur de rééducation à l'hôpital psychiatrique militaire. Il expérimente les petits groupes à la clinique "Tavistok". Il fait des séminaires en Amérique du sud, puis s'installe à Los Angeles de 1968 à 1979. Il meurt en Angleterre en 1979.

 

 

Théorie sur la pensée

 

Wilfred Ruprecht Bion pose comme postulat: à l'origine il existe une pensée sans appareil à penser, c'est à dire une pensée sans capacité de penser. C'est une pensée primitive, primaire, une pensée-acte dont les produits font retour sur elle-même détruisant sa capacité d'établir des liens. Cette pensée ne sert pas à penser mais éclate, morcelle, et éparpille. Elle ne signifie pas, ne représente pas. Elle est faite de choses en soi. Wilfred Ruprecht Bion appelle cela les "éléments Bêta", ou "l'impensant". Ces protopensées sont des sentiments de dépression, de persécution, de culpabilité, des éléments hallucinatoires liés par le sentiment d'une catastrophe, d'une mort physique. Ce sont des impressions sensorielles, des vivances émotionnelles dont le nourrisson doit se libérer en les expulsant par identification projective.

 

Il y a une fonction Alpha qui transforme les éléments Bêta en contenu psychique, c'est à dire qui donne des formes au pensable. Cette fonction provient du Moi, de l'environnement maternel. La fonction Alpha est un contenir (à la fois contenant et contenu) des sensations, des affects, des angoisses primordiales, des morceaux de pulsion. Les éléments Bêta sont alors transformés en éléments Alpha susceptibles de subir de nouvelles transformations (souvenir, refoulement...) et servent à former la pensée onirique, le pensé inconscient de la veille, les rêves, les souvenirs. Ce sont des modèles sonores, visuels, olfactifs... etc. qui permettent une symbolisation primaire. Cette fonction donne la possibilité de se représenter ses propres contenus psychiques.

 

L'appareil à penser a pour but de décharger le psychisme de l'excès de stimuli qui l'accablent.

- La fonction Alpha suit des règles de survie (le plaisir premier);

- Les éléments Bêta ne sont pas l'impensable mais l'impensant (ils pourraient être formulés mais ne fabriquent rien).

Il y a donc chronologiquement:

  1. transformation des éléments Bêta en éléments Alpha (pensées oniriques, rêves... le premier sens);

  2. symbolisation secondaire (rêve individuel dans sa totalité, les mythes, mais pas dans le sens des mythes collectifs);

  3. symbolisation tertiaire (formation des idées en pré-représentation puis en pré-conception, représentation et enfin idée générale, concept);

  4. formulation et formalisation de la symbolisation (pensée abstraite).

 

 

Barrière de contact

 

L'ensemble formé par la prolifération des éléments Alpha donne la "barrière de contact" qui assume la fonction d'une membrane semi perméable divisant les phénomènes mentaux en 2 groupes: endormi/éveillé, inconscient/conscient, passé/futur. On peut comparer cette barrière à l'acte de rêver, protecteur du sommeil. Elle empêche que les fantasmes et les stimuli ando-psychiques ne soient perturbés par la perception de la réalité. Elle protège le contact qu'on peut avoir avec la réalité en évitant que celle-ci soit déformée par les émotions d'origine interne.

 

C'est une partie de l'appareil mental  produite par la fonction Alpha, base de la relation 'normale' avec la réalité. C'est un sas qui permet que les éléments internes ne déforment pas trop les éléments de la réalité extérieure, et qui évite que les éléments externes ne viennent endommager les éléments internes. Le refoulement oedipien en est un cas particulier. La possibilité d'échange entre l'intérieur et l'extérieur est un signe de bonne santé mentale (le malade psychiatrique a des difficultés à échanger avec l'extérieur). Cette membrane permet les échanges et protège en même temps.

 

L'écran d'éléments Bêta est un état mental où il n'existe pas de différences entre conscient et inconscient, éveillé et endormi, futur et passé. Il est formé d'éléments Bêta qui ne peuvent faire de liens entre eux. C'est un conglomérat, une agglutination. Ces éléments restent isolés bien qu'ils soient assemblés. Ils peuvent cependant avoir une certaine cohérence et provoquent chez l'Objet certaines réactions émotionnelles. L'écran Bêta caractérise le lien psychotique.

 

Si la barrière de contact est détruite, les éléments Alpha sont dépouillés de leurs caractéristiques et se convertissent en éléments Bêta auxquels se joignent des vestiges du Moi et du Surmoi. C'est ce qui forme les "Objets bizarres" de la psychose. Chez le psychotique ("être humain ayant construit un système de relations à l'autre de type psychotique") il y a des éléments Bêta encore bruts, jamais liés, et d'autres qui ont été élaborés mais qui sont désormais détruits. La fonction Alpha est soit détériorée, soit insuffisamment développée. Les patients psychotiques ne sont ni endormis, ni éveillés. Ils ne sont pas capables de rêver. Ce qu'ils produisent sont des phénomènes hallucinatoires.

 

 

Développement de la fonction Alpha

 

Pour le nourrisson, s'incorporer du lait, de la chaleur, de l'amour... etc. c'est s'incorporer le bon sein. Le nourrisson est doué d'une "préconception innée du sein" mais n'a pas conscience de la nécessité du bon sein. Sous la pression de la faim, dont il tente de se défaire, il ressent un besoin non satisfait (mauvais sein). Tous les objets nécessaires sont donc mauvais, car on ne les possède pas. Les protopensées sont des Objets mauvais dont le nourrisson se libère par identification projective et l'expérience réelle de la présence du sein. L'Objet dans la réalité va remplacer la pensée primitive (protopensée). La mère sert de contenant pour tous les sentiments de déplaisir. Elle sert de contenant au mauvais sein fabriqué par le nourrisson. Une préconception est une pensée, expectative de pensée (expectative innée du sein).

 

Il y a rencontre entre la préconception et une réalisation, expérience réelle du sein. De là naît la conception.

Lorsque la préconception ne rencontre pas le sein réel (Objet réel), il y a combinaison entre la préconception et la frustration. C'est l'origine de la pensée proprement dite. La tolérance à la frustration est un processus de la formation de la capacité à penser.

 

Face à la frustration, il y a 2 options:

  1. L'incapacité à supporter la frustration entraîne le sujet à y soustraire sa personnalité par l'expulsion d'éléments Bêta. Les mauvais Objets persistent et ont une continuité dans la persécution;

  2. Capacité à la supporter: la personnalité sera amenée à modifier cette frustration et  produira des éléments Alpha (pensées qui représentent le non-sein). La mère est le contenant, métaboliseur des sensations projetées en elle par l'enfant. Elle fait que la faim devienne satisfaction, la souffrance plaisir, la solitude compagnie, la peur de mourir tranquillité. Cette aptitude est la capacité de rêverie, la mère sachant accueillir les projections, les besoins du bébé. Elle permet à l'enfant d'entrer en position dépressive. La position dépressive est une phase de réintégration de tout ce qui a été projeté à l'extérieur. Si l'enfant n'y accède pas, il n'aura que des éléments fragmentés et ne pourra vivre que des situations de dispersion.

 

 

 

 

 

Liens utiles:

 PSYCHIATRIE INFIRMIÈRE : THÉRAPIE ENFANT

Retranscription d'un exposé oral de Mme Huguet, déc 86

écrit et mis en page par Mr Dominique Giffard

pour le site "Psychiatrie Infirmière" : 

http://psychiatriinfirmiere.free.fr/,

références et contact e-mail.

Thérapies de l'enfant

en pédopsychiatrie

 PÉDOPSYCHIATRIE: THÉRAPIES DE L'ENFANT

 

bibliographie

 

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