discours présidentiel hôpital Antony 2008  

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"Infirmière magazine" n° 245, janvier 2009:  "dossier psychiatrie".

Propos recueillis par Carole Ivaldi.

 

"le discours présidentiel passé au crible."

 

 

Vidéosurveillance, géolocalisation, chambres d'isolement, UMD, fichiers... c'est "l'équilibre" entre sécurité et soins selon le président Sarkosky. Soignants et patients réagissent à ces annonces.

 

A la suite du meurtre d'un jeune homme par un patient schizophrène à Grenoble le 12 novembre 2008, le président de la république s'est rendu à l'hôpital "Erasme" d'Antony mardi 2 décembre 2008. Après avoir rendu hommage au personnel travaillant dans les hôpitaux psychiatriques, établissements "souvent incompris" et "rarement reconnus", il annonce une série de mesures et prône "un équilibre entre la réinsertion du patient, absolument nécessaire, et la protection de la société".

 

 

Les mesures annoncées se structurent en deux axes.

 

Les sorties d'essai ou définitives des patients hospitalisés sans leur consentement suivront l'avis consultatif d'un collège de trois soignants: le psychiatre qui suit le patient, le cadre infirmier, et un psychiatre qui ne suit pas le patient.

 

Enfin, le gouvernement s'assurera que les informations administratives soient partagées entre les départements, tout en respectant le secret médical (fichiers).

 

Dernier point, le président n'est pas convaincu de l'utilité d'une spécialisation en psychiatrie, notamment pour les infirmières, car elle rimerait avec une 'ghettoïsation' (accès à la réponse de C. Finkelstein, présidente de la fnapsy "y a-t'il une ghettoïsation des ibode ou des iade?")."

 

 

 

 

J-F Popielski, le directeur des soins d'Erasme, pèse le pour et le contre dans le discours du chef de l'état.

 

 

du motivant...

  1. C'est la première fois qu'un président de la république se rend dans un hôpital psychiatrique et rencontre les équipes soignantes.

  2. Nicolas Sarkosky a réaffirmé que l'hôpital psychiatrique était un hôpital. C'est un point important à un moment où l'on pourrait être tenté de confier les soins de moyens et longs séjours au médico-social.

  3. Je trouve positive la formalisation de la reconnaissance du "cadre infirmier qui connaît la personne (malade) et ses habitudes", au travers de son appartenance au collège de trois soignants (psychiatre hospitalier, cadre, psychiatre libéral) qui rendra un avis consultatif concernant les sorties d'essai ou définitives.

  4. "Il faut que l'hôpital psychiatrique ait un patron". La réaffirmation du rôle du directeur de l'hôpital, qui a le budget à gérer, à un moment de tension entre directeurs et médecins, est importante (accès aux dossiers analysant les conséquences d'une doctrine prioritairement comptable en santé mentale "information aux usagers" et "quels soins pour la psychiatrie?").

 

... à l'inquiétant

  1. "Il y a aussi l'agressivité, la violence, les réadmissions fréquentes de tous ces patients dont vous vous demandez si leur place est bien ici". Ce raccourci pose problème: si certains patients n'ont pas de place et sont réadmis à cause d'un manque de structures en aval, ce n'est pas lié à l'agressivité et à la violence (accès au témoignage du Dr Skurnik en Février 2006 sur la réduction et la fermeture des lits d'hospitalisation en psychiatrie: "l'obsession, c'est libérer les lits").

  2. "Un schizophrène est avant toute considération une personne malade". Pour moi, un schizophrène est avant tout une personne!

  3. "Nous allons d'abord réaliser un plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques, et la ministre de la santé a dégagé 30 millions d'euros". Ces 30 millions me semblent insuffisants si l'on veut mieux contrôler les entrées et les sorties des hôpitaux psychiatriques: ramené à chaque établissement, cela fait bien peu (accès au dossier présentant les "différentes hospitalisations en psychiatrie").

  4. "Certains patients hospitalisés sans leur consentement seront équipés d'un dispositif de géolocalisation". Ce dispositif suppose que le patient soit partie prenante, ce qui pose le problème de l'alliance thérapeutique et interroge les processus de persécution dont souffrent beaucoup de patients hospitalisés d'office.

  5. "Vous me direz que le placement d'office ne concerne que 13% des hospitalisations". Depuis les années 1990, on ne parle plus de placement d'office mais d'hospitalisation d'office. Le placement fait référence à la loi de 1838, qui était une loi de protection sociale... Or, la loi de 1990 parle d'hospitalisation d'office car c'est une loi de santé, de soins. Les mots ont un sens, et selon ceux que l'on emploie, on ne fait pas référence au même système. Quant aux chiffres, seuls 20% des patients sont hospitalisés en psychiatrie. Parmi eux, 70% le sont en hospitalisation libre; 25% le sont sur demande d'un tiers et seulement 5% sont hospitalisés d'office. Or, parmi ces 5%, très peu posent de vrais problèmes.

  6. "Je vois bien les avantages de la spécialisation, mais je crains la ghettoïsation". Au contraire, la mise en place d'une spécialisation donnerait à la psychiatrie les moyens, les outils pour effectuer un véritable travail clinique. Aujourd'hui, on voit bien la limite du tutorat infirmier qui, bien qu'intéressant, ne remplace pas un vrai travail sur la clinique ainsi que le sens du travail en psychiatrie (accès au dossier détaillant les graves insuffisances de la "formation unique infirmière" imposée à la psychiatrie par le gouvernement de 1992).

 

 

 

- Carole Ivaldi -

 

 

ARTICLE PARU DANS "L'INFIRMIÈRE MAGAZINE" DE JANVIER 2009

 

 

 


 

 

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  MÀJ 10.09.11