ANALYSE DE LA POLITIQUE DE SANTÉ MENTALE:
LA FRANCE SE SABORDE !
D'hier à aujourd'hui : ce qui a changé
dans les services de psychiatrie |
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Entre 1980 et 2010, un service de soins "à l'Américaine" s'installe progressivement en France
Cela s'est traduit par une approche essentiellement économique de la maladie, avec instauration d'un budget annuel hospitalier entraînant une concurrence financière entre les hôpitaux.
Dans les services de soin, on a observé une réduction catastrophique des lits (accès à l'article du journal "le Monde" de février 2006 détaillant cette "obsession de libérer des lits en psychiatrie") motivant la sortie de plus en plus précoce des patients hospitalisés.
Le message sous-jacent est: "la santé coûte trop cher". Mais alors...
Mesdames et messieurs les responsables de la politique en santé mentale :
Vous osez dire que la santé coûte trop cher... Essayez-donc la souffrance et la maladie !
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D'où vient cette idée que la santé coûte trop cher? D'abord de responsables politiques Anglo-saxons, mais ce fut bientôt repris en France par une politique de santé mentale arrogante et destructrice, ignorant l'intérêt du patient et la réalité du soin en psychiatrie (accès à la lettre ouverte du président de l'union syndicale de la psychiatrie révélant les mensonges des ministres de la santé: "en diminuant la solidarité, on augmente le coût global").
Vers quoi nous dirigeons-nous?
Vers un service soignant à 2 vitesses, proposant:
un soin pour ceux qui pourront toujours se payer les cliniques psychiatriques privées et les mutuelles les plus chères (responsables politiques et décideurs financiers y auront droit). Il faut savoir que les cliniques privées pratiquent en toute légalité une politique de tri du patient à l'entrée: vous n'y trouverez donc pas de SDF, pas de malade agité ou violent, pas de schizophrénie ni de psychopathie, et pas non-plus de chômeur ni de bas salaire (accès à la lettre de Claude Évin, juillet 2009: "dès qu'une activité médicale est déficitaire, c'est l'hôpital public qui l'assume!");
et un soin publique de moins en moins efficace, réduit et inégalitaire, discrédité et désormais dangereux, laissé à ceux qui n'ont pas le choix (en raison de leurs faibles moyens financiers, ou de leur pathologie) ainsi qu'à tous ceux qui n'ont pas été informés de la situation (accès au courrier du secrétaire général de l'UMESPE sur la santé aux États-Unis: "mortalité infantile, obésité, diabète et inégalités sociales").
Quelques notions théoriques
Parmi les écoles de pensée qui se sont succédées dans les services soignants jusqu'à ces dernières années, il y en a eu 3
principales, hermétiques et inconciliables en théorie, même si elles se sont souvent côtoyées dans la pratique à l'hôpital:
l'approche psychanalytique, l'approche
organiciste et l'approche
comportementale.
Thérapies qui en découlent
Approche psychanalytique : relationnelle et humaniste, responsabilisant le patient, elle est à l'origine d'une grande variété de thérapies analytiques hospitalières. De toutes ces thérapies, la plus représentative fut assurément la psychothérapie institutionnelle, élaborée en France durant l'occupation nazie puis les années qui suivirent la fin de la seconde guerre mondiale. Elle fut alors pensée et appliquée dans quelques services pionniers, dont l'hôpital de St Alban. Désormais en voie de disparition au sein des hôpitaux, la thérapie institutionnelle a été soustraite des programmes de formation infirmière par la réforme de 1992.
Approche organiciste : dédouanant l'environnement familial ou social, réduisant le patient à un client sans passé et sans histoire, le soin qui en découle, prioritairement médicamenteux, se nomme la thérapie organiciste. C'est le fer de lance d'une doctrine ultra-libérale et des fabricants de médicaments, puisqu'elle préconise l'utilisation massive des neuroleptiques, des hypnotiques, des anxiolytiques... etc. Elle favorise parallèlement le retour à l'électrochoc, qu'elle nomme pudiquement "sismothérapie", ou encore "électro-convulsivo-thérapie" ("E.C.T.").
Approche comportementale: a donné la thérapie comportementale puis le cognitivo-comportementalisme.
TABLEAU COMPARATIF |
PSYCHIATRIE BIOLOGIQUE |
PSYCHIATRIE RELATIONNELLE |
Psychopathologie |
Étude des maladies du cerveau. |
Compréhension des maladies de la relation. |
- symptômes : |
Le soin tente de les supprimer. |
Ils sont écoutés pour permettre le soin. |
La base théorique |
Organiciste - Objective |
Psychanalytique - Subjective |
- domaine d'application : |
Général, concerne l'ensemble des humains. |
Particulier, s'adapte précisément à un individu. |
- domaine d'étude : |
Le Réel. Qu'est-ce qui dysfonctionne? |
Le Symbolique. Quel sens en donne le patient? |
L'équipe médicale |
C'est l'acteur principal du soin. |
C'est un partenaire privilégié dans le soin. |
- communication professionnelle : |
Verticale, axée sur la prescription. |
Horizontale, basée sur la réflexion transversale. |
- directives : |
Appliquer les consignes médicales. |
Comprendre le sens des symptômes. |
- matériel soignant : |
Pilules, seringues, appareil à sismo... |
Les 5 sens relationnels: Parole, écoute, vue... |
- médicaments : |
Ils sont essentiels: ils traitent la maladie. |
Ils sont accessoires: ils traitent le symptôme. |
Le diagnostic |
C'est une vérité médicale qui s'impose. |
C'est une hypothèse de travail qui se discute. |
- pertinence : |
Absolue et intemporelle. |
Relative et temporaire. |
Le patient |
Il est l'objet et le lieu du soin. |
Il est sujet et acteur dans le soin. |
- interrelation avec l'équipe : |
Elle est secondaire (et parfois inutile au soin). |
Elle est indispensable: c'est le soin. |
Tableau créé en mars 2014 par D. Giffard,
pour le site "Psychiatrie Infirmiere".
Dans
la pratique actuelle
Technique inopérante, formation
inadaptée dans les IFSI:
en psychiatrie, le soin relationnel infirmier disparaît
des approches thérapeutiques!
La mise à l’écart des infirmiers de secteur psychiatrique (I.S.P.) et leur remplacement par des infirmiers diplômés d'état (I.D.E.) a participé au projet gouvernemental de privilégier les approches organicistes et comportementalistes, au détriment de l’approche psychanalytique... La conséquence majeure a été de réduire le soin psychiatrique à un soin somatique, et la maladie mentale à une maladie du cerveau!
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