Etude des decisions politiques et de leurs conséquences dans le soin psychiatrique francais

Analyse

Les instituts de formation en soins infirmiers (les I.F.S.I.) ne forment pas et n'ont d'ailleurs jamais formé au travail soignant en psychiatrie. Le programme extrêmement pauvre qu'ils vous ont réservé est complètement inadapté (lire l'analyse de la circulaire gouvernementale du 10 juillet 2003 qui révèle l'absence de véritable formation psychiatrique au sein des I.F.S.I.). Malgré cela, du personnel enseignant a pu vous faire croire que vous receviez un enseignement de qualité, que vous appreniez la seule bonne façon de travailler, et que tout ce qui a été enseigné auparavant est dépassé... ne le croyez surtout pas!

Ne croyez pas non-plus pouvoir compenser votre peu de formation professionnelle par l'expérience dans les services, le tutorat infirmier ou les modules de consolidation des savoirs: beaucoup de situations vous échapperont, car il vous manque les bases, vous ne disposez pas des grilles de compréhension dans votre relation au patient. La confrontation aux situations de terrain suppose des acquis cliniques et psychopathologiques auxquels les nouveaux infirmiers n'ont pas accès: sachez que vos collègues sont désormais très majoritairement comme vous, non-formés, peu qualifiés, vite dépassés. Il ne sert à rien de vous leurrer: plus tôt vous accepterez la réalité, plus vite vous réagirez et prendrez en main votre formation. La psychiatrie dépend désormais de vous!

Une solution: formez-vous, informez-vous, restez à l'écoute des anciens (derniers ISP, anciens IDE ayant accepté d'être formés par les ISP), ne soyez pas les acteurs inconscients d'un projet de destruction d'une psychiatrie humaniste ouverte et tolérante, telle qu'elle avait pourtant été élaborée et mise en pratique dans plusieurs lieux de soins, dont l'hôpital de Saint Alban!

la fermeture des écoles d'I.S.P. (infirmiers de secteur psychiatrique) annonçait l'ouverture en grand des vannes de la démobilisation infirmière pour cette discipline, avec comme principal effet, année après année, de noyer la psychiatrie sous les vagues successives de promotions non ou mal-formées.

Au sein des IFSI, les étudiants ont été dangereusement entretenus dans l'illusion qu'ils reçevaient une formation de qualité, pluridisciplinaire, supérieure à ce qui s'était fait auparavant. Leur diplôme acquis, beaucoup (mais heureusement pas tous) restent persuadés qu'ils n'ont rien à apprendre ni à attendre des anciens infirmiers: c'est ce comportement suicidaire qui a interdit la transmission efficace des savoirs dans les équipes! Soyons juste, il y a eu de remarquables et nombreuses exceptions démontrant que connaissances et pratiques soignantes se sont bien transmises ici et là. Mais pas de manière assez générale pour assurer le passage de relais. Pour tenter de contourner cette absence de communication inter-générationnelle, le gouvernement a mis en place au niveau national et dans l'urgence le tutorat infirmier, sorte d'encadrement professionnel auquel doivent se soumettre depuis 2007 tous les nouveaux soignants intégrant la psychiatrie. Unique en France dans le domaine du médico-social, cette mesure de rattrapage des erreurs du passé a été rendue obligatoire face à la gravité des situations rencontrées dans les services de soin. Elle dévoile l'ampleur d'une catastrophe pourtant annoncée en santé mentale, et l'échec d'une politique irresponsable et suicidaire menée sans concertation depuis plus de 20 ans (accès à l'article de Bernard Durand, président de la F.A.S.M. Croix-marine en mai 2010: "est-il encore possible d'arrêter la destruction de la psychiatrie?").

Infirmiers diplômés d'après 1992, soyez pleinement avertis que "Virginia Anderson" et sa classification simpliste ne vous seront d'aucun secours en service psychiatrique (accès à l'article paru dans FO-santé en juin 2005 détaillant les graves problèmes que la psychiatrie rencontre depuis quelques années: "au secours, ils sont devenus fous").

FUTURS SOIGNANTS	INFIRMIERS	PATIENTS	QUELS SOINS ?	QUELLE FORMATION ?