circulaire 10 juillet 2003 (analyse) 

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Psychiatrie: les IFSI n'ont pas compris

 

 


Depuis un certain temps déjà le gouvernement s'inquiétait du niveau de formation des infirmiers arrivant en psychiatrie. Il avait donc lancé une discrète enquête "ayant trait aux conditions de mise en oeuvre de la formation des infirmiers dans le domaine de la psychiatrie".

 

 

Le 10 juillet 2003, au vu des résultats de l'enquête, une circulaire gouvernementale à "application immédiate" (référence: DGS/DHOS 2003/366) est adressée à toutes les DRASS de France: il s'agit de travailler rapidement à un "renforcement de la formation des infirmiers destinés à exercer dans le secteur psychiatrique".

La circulaire note les "difficultés rencontrées par les infirmiers nouvellement diplômés exerçant en psychiatrie". Elle fait donc des "propositions permettant d'améliorer la compétence des infirmiers appelés à exercer dans le domaine de la psychiatrie".
Il y est aussi question d'une "éventuelle formation complémentaire pour ces infirmiers"...

 


Le gouvernement invalide par ce texte l'esprit de la formation unique, et en reconnaît officiellement l'insuffisance.

 

 


 

 

 

Accès au texte complet de la circulaire du 10 juillet 2003.

 

Ce qu'il en ressort  :


Sur 199 IFSI interrogés, 139 ne privilégient pas "la polyvalence des fonctions infirmières somatiques/psychiatriques", et 99 n'ont développé aucun projet spécifique à la psychiatrie.
Fait incroyable, 1/4 des IFSI n'a pas de "formateurs issus de la psychiatrie".

Certains ne proposent les "modules optionnels de formation théorique, et des stages optionnels" qu'en fonction des "besoins et des attentes des étudiants", alors que d'autres n'en organisent tout simplement pas! Qui parle encore d'équivalence de diplômes? On croit rêver!!

 

D'ailleurs, face à ces divers modules et stages "optionnels" (quand ils existent), le gouvernement lui-même reconnaît qu'il est "difficile de dégager un fil conducteur", et que "le choix offert à chaque étudiant dans un IFSI reste généralement limité". C'est en effet le moins que l'on puisse dire, mais c'est quand même bien de le remarquer.


Le gouvernement admet alors que "l'absence de formateurs ayant une expérience de la psychiatrie au sein de l'IFSI a tendance à nuire à la qualité du projet pédagogique" (on s'en serait un peu douté)... et que les "conditions de formation.../...reposent au premier chef sur la volonté des étudiants". Traduction: les IFSI qui n'ont pas de formateurs expérimentés recherchent des étudiants ayant beaucoup de volonté, du moins s'ils tiennent à se former à la psychiatrie!


La circulaire note que "des étudiants souvent très jeunes... peuvent être impressionnés négativement par un abord trop technique de la pathologie", (c'est vrai qu'avec des modules optionnels reposant sur la seule volonté des étudiants, il y avait beaucoup moins de risques!) et recommande "l'abord des sciences humaines" comme la "psychologie, sociologie... ethnopsychiatrie...": le gouvernement reconnaît par là (enfin!) que le soin en psychiatrie n'est pas un soin comme les autres, et qu'il nécessite une formation élargie, sociale, à visée humaine, bien spécifique... en fait une formation spécialisée!


Consignes aux DRASS : il s'agit de "faire évoluer (sic!) l' IFSI vers une réelle formation en alternance impliquant fortement le milieu soignant" car "c'est la bonne compréhension des situations qui permet à l'infirmier d'être acteur de sa fonction" (il faut dire à la décharge de ces nouveaux infirmiers que pour ce qui est de la "compréhension de la situation", les IFSI ne donnaient pas toujours l'exemple) et "cet apprentissage ne peut en effet être conduit que dans un cadre professionnel et non lors des enseignements théoriques". Surtout s'il s'agit de modules optionnels, avec mise en pratique lors de stages optionnels... A moins que cela ne s'adresse aux 25% d'IFSI qui n'ont pas de formateur issu de la psychiatrie!

 

A ce propos, la circulaire précise qu'il conviendra de "généraliser rapidement le recours à ces professionnels". Et pourtant, si on en croit cette même circulaire, cela doit faire déjà un bon moment qu'on ne les forme pas comme il faudrait, dans les IFSI, les professionnels pour la psychiatrie (accès ici à un "témoignage sur la formation psychiatrique" dans les IFSI).

 

La circulaire enfonce le clou : "il semble néanmoins manquer pour nombre d'IFSI une appréhension globale du champ de la santé mentale, voire même du champ de la psychiatrie".

 

Il est difficile d'être plus clair.

 

 

 


 

 

 

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