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Article paru dans le site "infirmier.com"

 

Une journée type d'un infirmier en psychiatrie


Je suis Infirmier Diplômé d’Etat depuis décembre 2000. Je travaille depuis dans une clinique psychiatrique de la région parisienne. Avant de vous parler de mon métier au jour le jour, je vais faire un retour sur la formation en soins infirmiers.

Mon projet de travailler en psychiatrie datant d’avant mon entrée à l’
IFSI, ma déception fut grande. Une formation Ô combien "polyvalente" m’a permis il est vrai "d’acquérir" un très grand nombre de connaissances dans un temps finalement très limité. Nous devions valider tous les modules les uns à la suite des autres, ce qui entraînait la situation connue de tous les étudiants infirmiers, le bachotage. Incompatible à mon sens avec une réflexion de fond nécessaire à la formation aux soins psychiatriques. Des modules de psychiatrie découpés par pathologies, coincés entre des modules de soins généraux, avec une approche de la psychiatrie centrée sur la sémiologie psychiatrique et qui éliminait de ce fait une approche globale du soin en psychiatrie. Seul le cadre des modules optionnels de psychiatrie, quand ils étaient offerts aux étudiants, pouvait laisser une place à cette approche. Je ne parle même pas de l’apprentissage de la démarche de soin, sans aucune réflexion critique sur son application en psychiatrie. Je ne parle pas non plus de l’utilisation peu pertinente, à bien des égards des "Besoins" de Virginie Henderson. Des démarches centrées sur l’agir et le faire avec ses objectifs et les actions qui doivent forcément en découler. Alors qu’en psychiatrie, le savoir-être est souvent bien plus important; mais cela effectivement, est beaucoup plus difficile à noter au cours d’une évaluation. La dimension relationnelle étant considérée bien souvent comme un simple supplément d’âme pour pouvoir exercer.

Je n’ai réellement commencé à apprécier ma formation qu’en fin de deuxième année avec un stage optionnel que j’avais choisi, en psychiatrie bien sûr, où j’ai pu prendre le temps (5 semaines au lieu de 3 ou 4 pour les autres stages) de cette réflexion tant attendue, une réflexion sur moi-même et de ce que je voulais vraiment faire de ce métier. Le Travail de Fin d’Etudes m’a également permis de continuer cette réflexion nécessaire, même si celle-ci fut très critiquée au cours de ma soutenance. C’est vrai qu’elle ne rentrait pas dans les critères d’évaluation. Et puis le sujet n’intéressait peut-être que moi.

Tout cela pour dire qu’il faut être sérieusement motivé pour vouloir travailler en psychiatrie (
lire à ce propos la circulaire gouvernementale du 10 juillet 2003 qui révèle l'absence de véritable formation psychiatrique au sein des IFSI).

C’est ainsi, sérieusement motivé, que je me suis mis à la recherche d’un poste en psychiatrie. Autant vous dire que dans la région parisienne, un infirmier qui postule pour la psychiatrie est accueilli à bras ouvert. Mon premier entretien fut le bon. J’optais pour une clinique psychiatrique pour débuter ma carrière, avec un projet d’établissement aussi intéressant qu’impliquant. Après un accueil aussi chaleureux que professionnel, je me rend très vite compte des difficultés qui m’attendent. Je me retrouve face à une réalité qui est celle d’aujourd’hui et que tout le monde connaît. Un effectif réduit (en tout cas à mon arrivée), des patients à soigner dans les meilleures conditions, un métier où j’ai encore tout à apprendre, et enfin des étudiants à encadrer. Au décours de cet article, je ne vais pas vous décrire le planning horaire de ma journée de travail, qui n’a, à mon sens aucun intérêt. Je m’attarderai sur l’identification et la description des différentes prestations de l’infirmier.



Prestations de soins techniques :

Les soins techniques prodigués dans l’établissement sont en nombre restreint, même si leur importance reste capitale. Qu’il s’agisse de la pose et de la surveillance des perfusions médicamenteuses quotidiennes ; de la préparation et de distribution des médicaments per os, qui requiert évidemment une attention particulière quand à la correspondance à la prescription médicale, à la vérification de la prise, et à la surveillance d’éventuels effets iatrogènes. Il existe des procédures écrites datées et signées pour les soins infirmiers. Le dossier de soins infirmiers existe également dans un dossier unique par patient.



Prestations de soins relationnels :

Au chevet du patient, au cours d’une pose de perfusion, au cours d’entretiens ciblés, des relations établies lors des ateliers thérapeutiques, ou lors des sorties accompagnées, elles constituent l’essentiel de la prise en charge infirmière, par le temps qu’elles nécessitent et la qualité des éléments d’observation qu’elles permettent de recueillir et que nous consignons dans le dossier du patient. Ces prestations sont d’une aide capitale pour le suivi médical du patient et l’adaptation du projet médical et des traitements.

Les soins en psychiatrie sont dispensés à une personne dont la relation au monde, aux autres et à elle-même est plus ou moins gravement perturbée. Nos soins visent à favoriser cette reconstruction de la personne et de ses relations. En psychiatrie, l’infirmier travaille sur la perturbation de la relation que le patient lui tend sous la forme de symptômes (son repli sur soi, ses troubles de l’humeur, son délire, son auto ou hétéro agressivité, ses troubles du comportement…). Dans la relation qu’il établit, l’infirmier s’efforce de rétablir le lien entre la personne qu’il soigne et la réalité. C’est la raison pour laquelle je ne peux pas vous parler de liste d’actes infirmiers en psychiatrie comme il en existe une des actes de soins généraux (cf : Décret de compétence).



Prestations de soins éducationnels :

Elles constituent un temps important de la prise en charge infirmière auprès du patient, par la réponse aux perturbations comportementales liées à sa pathologie et à leur incidence sur la vie quotidienne et l’autonomie. Il peut s’agir d’actions concernant les actes simples de la vie courante, mais aussi connaître sa pathologie et concilier vie quotidienne et traitements. Enfin prévenir les rechutes en adaptant ses comportements ou initier le patient et son entourage à la prophylaxie, en particulier dans les conduites addictives.



Prestation d’encadrement :

Le service infirmier participe également à un enseignement pratique pour les étudiants en soins infirmiers (accès au dossier "soins infirmiers"). Depuis l’augmentation des promotions cette année, nous avons un trop grand nombre d’étudiants, d’où des problèmes d’encadrement. Nous n’avons pas assez de temps à leur consacrer. Les étudiants veulent absolument être dans « l’agir ». Ils choisissent les patients auxquels ils peuvent venir en aide physiquement. Ils ont besoin de concret. Je ne parle pas des évaluations qui doivent se faire avec un soin direct. Or en psychiatrie, on n’est pas toujours dans le « faire ». Et j’avoue que de part ma formation, qui est encore récente, il m’arrive souvent d’avoir besoin d’être dans ce registre. J’ai pu apprendre que le soin, ce n’est pas simplement faire une toilette ou aider un malade à manger. C’est tout le dispositif qui est mis en place pour un bon déroulement du projet thérapeutique. Il est tout à fait normal que l’étudiant intègre difficilement tout ce travail de lien avec une durée de stage si court. Je travaille moi-même depuis 10 mois et j’ai encore beaucoup de choses à apprendre.

Je terminerai simplement en remerciant toute l’équipe soignante qui m’accompagne chaque jour dans l’apprentissage de mon métier.

Olivier GUILLOU
Infirmier exerçant en psychiatrie 
olivier.guillou@infirmiers.com

 

 


 

 

 

Sur les conséquences d'une formation unique infirmière imposée à la psychiatrie par le gouvernement de 1992, et la suppression des centres de formation spécifique, consulter ci-dessous:

 

 

 

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