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Larges extraits de la lettre que Pierre Paresys, président de l’union syndicale de la psychiatrie,
adressa
le 4 septembre 2006 à Xavier Bertrand, ministre de la santé et des solidarités:
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"Les gouvernements et le ministère de la santé s’ingénient à détruire le service public de santé. le ministère de l’intérieur organise l'instrumentalisation de la psychiatrie à des fins sécuritaires et de contrôle social. Ne s’agit-il pas là d’une attitude de pompier pyromane?
Les réformes engagées depuis 2002 visent toutes à abandonner le principe de solidarité au profit d’une politique de marchandisation de l’individu et de contrôle social. Les soins sont évalués au mérite, sur la base de la valeur marchande de l’individu. Le parcours de soin, le dossier médical partagé sont imposés pour les plus pauvres.
L’accès aux soins est de plus en plus souvent compromis et cela s’est particulièrement aggravé depuis la réforme de l’assurance maladie... De nombreux patients 'choisissent' de renoncer aux soins pour des raisons financières, ou à cause de l’humiliation que représente la démarche sociale d’aide. C’est ce défaut de soins qui coûte cher et coûtera très cher à moyen terme...
Il nous faut donc à nouveau dénoncer la violence des
'réformes', mais aussi les mensonges des ministres successifs qui, en diminuant le niveau de solidarité et en privatisant la prise en charge de la santé, provoquent non pas une réduction mais une augmentation du coût global... Comme aux USA qui dépensent 15% de
leur PIB pour la santé (moins de 10% en France) pour un système qui exclut 42 millions de personnes! (consulter
à ce sujet l'article de J. P. Ortiz révélant en 2007 le coût
de la santé aux USA).
L’indépendance des médecins hospitaliers est attaquée par une fragilisation de leur statut et un intéressement pour mieux imposer ces orientations: dès lors, qui peut souhaiter s’engager dans le service public? Et n’est-ce pas là finalement l’ultime étape permettant, par une organisation de la pénurie dans les hôpitaux, d’en faciliter la fermeture ou d’en finaliser la privatisation..? (lire la lettre de Claude Évin, juillet 2009: dès qu'une activité médicale est déficitaire, c'est l'hôpital public qui l'assume!).
Que dire de la psychiatrie dont les réformes semblent se décider au ministère de l’intérieur (cf La lettre ouverte à messieurs Hagelsteen et Sarkozy) et où malgré des discussions le ministère de la santé se range à son avis (Décret n° 2006-1104 du 1er septembre 2006 relatif au contrat de responsabilité parentale) pour stigmatiser, réprimer des familles et participer ainsi à l’instrumentalisation des travailleurs du champ social...
La généralisation du recueil d’informations médicales en psychiatrie (RIM-Psy) prévue début 2007 ne relève-t-elle pas de la même inspiration? Après l’échec de l’expérimentation du PMSI en psychiatrie pour déboucher sur une T2A en psychiatrie celle-ci représente un passage en force qui ne peut s’expliquer que par la volonté d’habituer les services de psychiatrie à recueillir des données 'en routine', sans s’interroger sur leur pertinence, favorisant le passage d’une psychiatrie du sujet à une psychiatrie de la traçabilité des actes...
Au passage vont continuer à se constituer de grands fichiers nominatifs
avec des données sensibles, dans tous les établissements psychiatriques...
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Pierre PARESYS
Président de l’Union Syndicale de la Psychiatrie
4 septembre 2006
Consulter ci-dessous les articles du 'Monde':
de mai 2005 "la pénurie du personnel au cœur de l'insécurité";
de février 2006 "Un an après, le plan santé mentale attend toujours";
Consulter ci-contre la lettre ouverte au Président de la République de Michaël GUYADER, décembre 2008;
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