autisme formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Wallace, retranscription de l'intervention de Mr Marc Lhopital, oct. 1986

 FORMATION DE BASE POUR SOIGNANT

 

AUTISME  et  PATHOLOGIE AUTISTIQUE

Approche psychanalytique

Approche biologique

 

 

 

Attention : si nous consacrons ci-dessous un chapitre particulier à l'autisme, nous l'aborderons

à nouveau sous le titre: "Psychoses précoces", dans le dossier "Organisations psychotiques".

 

Élaboration de l'appareil psychique

 

Comment entrer en contact avec l'univers interne de l'enfant autistique ?

De quoi est fait son espace psychique ?

Quels types d'angoisse affronte t'il ?

 

L'angoisse première

 

C'est une notion qui a à voir avec le vide, l'écoulement, l'évaporation, l'explosion. La substance psychique doit avoir un contenant pour ne pas s'évaporer, pour ne pas se vider. Ce contenant, qui permettra à l'enfant de vivre entier, c'est la mère et l'environnement maternel.

 

Le contenant

 

C'est dés la position autistique qu'une place primordiale doit être donnée au contenant. Les expériences perceptives du bébé ne sont pas liées entre elles. Il vit des moments où il se sent contenu, et d'autres moments où il se sent tomber. Tout cela ne se distingue pas des autres sensations (tactiles, de chaleur, d'être porté ou non, de bouger, de contact...). Toutes les sensations sont mélangées et mauvaises. Il s'en débarrasse en tapant des pieds et en criant. Notons que ces phénomènes se retrouvent chez les adultes, de manière beaucoup moins intense.

 

 

Les protections

 

L'enfant est très tôt confronté à la peur de mourir. Il s'accroche à la vie au moyen de mécanismes de défense psychiques.

  1. Démantèlement: c'est un mécanisme passif qui consiste à faire en sorte que le Moi précoce soit suspendu, cesse d'exister. Les manifestations pulsionnelles sont désintégrées et l'enfant ne ressent plus l'angoisse. Cela devient pathologique quand le mécanisme est utilisé de manière excessive, massive, stéréotypée. Le démantèlement semble être la base de tout ce qui a à voir avec le fait de suspendre tout lien avec l'extérieur (par exemple dans la toxicomanie). Cela s'observe chez l'autiste quand il coupe tout contact par son regard dans le vague, ailleurs;

  2. Identification adhésive: forme d'identification en surface. Cela s'observe dans l'écholalie où juste la surface de l'attitude et du comportement est réutilisée. C'est vidé de sens. C'est en fait tout ce qui est de l'ordre du mimétisme, de l'accrochage à une sensation pour éviter l'angoisse de la chute (on notera par exemple le regard qui se fixe sur un point...). Cela concerne le contact corporel et psychique. Le mécanisme d'identification adhésive a pour but d'éviter de disparaître.

 

Pôle institutionnel ...

 

... dans le quotidien, la vie de tous les jours. 

Lors de l'arrivée de l'enfant à l'hôpital de jour, il y a prise en compte de la part des parents du problème psychiatrique. Les prises en charge se font souvent en petits groupes. Ce sont en majorité des enfants qui ne parlent pas. La mise en sens de ce qui se passe est fonction du ressenti du soignant. Il convient de repérer l'intensité d'angoisse qui est vécue par chacun de ces enfants. Il faudra les amener à renoncer à leurs défenses archaïques, et pour cela leur fournir un contenant extérieur.

Notons que les enfants autistes, de même que les bébés ont un psychisme confronté à l'angoisse.

Il sera important d'être avec l'enfant dans un lieu fermé, pour qu'il puisse se poser quelque part, et de vivre le moment présent. L'enfant a besoin d'être tenu, contenu. Pour certains d'entre eux, quand le lien est coupé, c'est l'effondrement. La régularité des retrouvailles crée une histoire qui aide l'enfant.

 

 

Origine

 

Il n'y a pas une cause à l'autisme, mais plutôt un "télescopage" entre des facteurs provenant de deux sources.

  1. En ce qui concerne la mère, on peut noter une dépression post-partum non-contenue car non-perçue par l'entourage. Cela provoque un non-investissement psychique du bébé;

  2. En ce qui concerne l'enfant, on pourra retenir des éléments organiques, ou une sensibilité excessive. L'enfant se sent plus tôt qu'un autre détaché de sa mère, et se trouve confronté dans ce cas, à une mère défaillante qui ne peut compter sur lui pour se restructurer. 

Une des fonctions du bébé est de restructurer sa mère. La femme déprimée qui trouve un bébé souriant en rentrant chez elle (un bébé qui répond et sollicite sa mère), pourra compter sur la relation induite par l'enfant pour restructurer le Moi défaillant, pour se réparer. Le bébé gratifie, satisfait narcissiquement la mère déprimée. On peut donc parler d'évènements circonstanciels d'où résulte l'autisme.

Notons que l'autisme touche en majorité les garçons, à raison de 80% contre 20% de filles. La moyenne nationale est d'environ 1 enfant autiste pour 1500 enfants en France.

 

 

AUTISME : origine

du mot et définition

 AUTISME : ORIGINE DU MOT ET DÉFINITION

Travail du psychomotricien

 

Il aura 3 préoccupations.

  1. Au niveau du corps adroit, il s'attachera aux mouvements issus de la gymnastique où il est essentiel de rééduquer la fonction motrice. Le corps devra devenir le moins maladroit possible;

  2. Au niveau du corps conscient, il s'attachera à l'aspect émotionnel. Il faut imprimer le corps de sensations, au moyen par exemple du yoga, de la relaxation etc...

  3. Au niveau du corps fantasmatique, du corps signifiant qui dit quelque chose à notre insu. C'est à ce niveau que s'exerce l'influence, dans le travail du psychomotricien, de la psychanalyse.

Il faut noter que plus la pathologie est lourde, plus la différenciation des interventions est aléatoire. L'éducatif rejoint alors le thérapeutique, dans une vision plus globale où l'acte lui-même n'est pas très important, alors que ce qui est ressenti, représenté psychiquement l'est davantage.

Le psychomotricien devra être sensible à ce que veut montrer l'enfant.

 

 

Fonction de contenance

 

L'enfant a besoin de trouver un contenant où déposer ses angoisses insupportables. Quand il ressent une émotion insoutenable, il l'extériorise par des cris, des décharges motrices, et fait revivre cette émotion à la mère. Celle-ci interprète, donne un sens et va faire en sorte que cette émotion devienne supportable pour (et par) l'enfant: l'intolérance à la frustration va diminuer. Cela nécessite que la mère soit présente, disponible psychiquement et physiquement. C'est à dire que rien ne l'occupe par ailleurs. Il faut qu'elle ne soit pas détruite par cette émotion, qu'elle puisse la surmonter et donc tolérer la réaction de l'enfant. La mère récupère l'Objet psychique évacué et le restituera au bébé une fois que ce sera rendu plus tolérable.

 

Dans un deuxième temps l'enfant devra intérioriser cette fonction qui lui permettra de ne pas subir l'assaut d'une émotion trop violente. À partir de ce moment, il aura en lui une "fonction maternelle". L'enfant fera d'abord appel à sa mère interne (hallucination) et ensuite il fera appel à la mère externe (la vraie), mais le travail psychique sera déjà en partie accompli.

 

A la fin de la première année, la mère interne sera permanente, et remplacera la vraie mère lorsque cette dernière sera absente.

 

Chez l'autiste ("être humain qui s'est construit un système de relation à l'Autre de type autistique"), il n'y a pas ce mécanisme. La séparation n'est même pas ressentie. C'est le vide permanent. Dans une forme plus développée (autisme secondaire), la mère interne est présente mais pas assez forte. Dans la psychose symbiotique, la séparation est vécue comme une atteinte intolérable à la toute-puissance.

Un des traitements relationnels utilisés en pédopsychiatrie sera dans la re-création de cette fonction de contenance défaillante, au moyen de l'enveloppement par Packing, ou Pack.

 

 

Recommandations de la 'H.A.S.' (Haute Autorité de Santé)

 

La HAS a été créée en 2004. Donnant son avis sur le packing, elle ne parvient pas à conclure en 2012 à la pertinence des "interventions fondées sur la psychanalyse". Elle classe alors la technique de l'enveloppement humide dans les "interventions globales non recommandées ou non consensuelles".

 

 

 

 

AUTISME

description et théories

 AUTISME : DESCRIPTION ET THÉORIES

Quelques caractéristiques

 

Texte de Mr Wallace, retranscription et mise à jour de l'intervention de Mr Marc Lhopital, oct. 1986

 

 


- formation pour Infirmière et Infirmier de Secteur Psychiatrique -

- programme officiel enseigné sur 3 ans entre 1979 et 1994 -

 

 

LES TYPES D'AUTISME : tableaux de Frances Tustin (1913-1994).

Extrait de "autisme et psychose de l'enfant / les états autistiques" éd. du Seuil, rééditions.

 

 

FACTEURS DÉTERMINANTS

 

Autisme primaire normal (apn)

Autisme primaire anormal (apa)

Autisme secondaire a carapace (asc)

Autisme secondaire régressif (asr)

"Solipsisme postnatal normal". (terme d'Anthony, 1958).

"Prolongation anormale de l'autisme primaire..."

qui peut être due à:

"Inhibition comme moyen de défense."

Les soins nourriciers sont niés à cause du traumatisme de la séparation. Des processus d'encapsulement mènent l'enfant à s'envelopper en lui-même: il se sert des Objets extérieurs, comme s'ils faisaient partie  de lui-même. Le traumatisme de la séparation peut provenir de la combinaison des facteurs suivants:

"Régression comme moyen de défense."

Un développement précaire se disloque sous l'effet d'un stress. L'utilisation excessive de l'identification projective conduit à une situation où la mère et l'enfant sont enveloppés l'un dans l'autre. La combinaison des facteurs suivants peut entraîner un développement précaire:

1. La conscience du monde extérieur est pratiquement inexistante, du fait de la faible capacité de discrimination et de différenciation qui caractérise le nouveau-né.

1. Manque total de stimulation sensorielle, comme c'est le cas dans certaines institutions.

1. Prolongation anormale de l'autisme primaire, qui fait que, lorsque l'enfant prend soudain conscience de la séparation corporelle d'avec sa mère, c'est pour lui un choc auquel il n'est pas préparé.

1. Il y a une prolongation anormale de l'autisme primaire, suivie d'un certain développement qui se désintègre sous l'effet du stress que représente la prise de conscience de la séparation corporelle.

2. A mesure que la discrimination augmente, des processus de "débordement - enveloppement - sentiment de fusion" protègent l'illusion du nourrisson que la séparation corporelle n'a pas eu lieu. Les réponses au monde extérieur sont de nature autistique.

2. Manque partiel de stimulation sensorielle dû à:

- des déficiences chez l'enfant telles que la cécité, la surdité, certaines formes de déficiences mentales ou des faiblesses musculaires.

- un trop grand délaissement de l'enfant. Trop peu d'attention de la part des adultes nourriciers.

2. Séparation géographique d'avec la mère, lorsque l'utilisation des Objets autistiques est à son point culminant.

2. Il peut y avoir des arrêts temporaires dans l'ASR, suivis d'un certain développement qui se disloque sous l'effet du stress.

3. La "mère dévouée normale" accepte les "éruptions" de son bébé et l'aide à les affronter, le rassurant ainsi contre leurs effets catastrophiques illusoires.

3. La mère (les parents) est mal différenciée à cause de déficiences innées ou pour éviter l'humiliation qui résulte du fait de se sentir un individu à part.

3. Maladie physique pendant la petite enfance.

3. Un environnement trop adaptable masque l'intolérance de l'enfant pour la séparation physique. Mais lorsque cette réalité ne peut plus lui être dissimulée, il se disloque.

4. A mesure que la discrimination s'intensifie, des processus de réciprocité du type "comme si", entre la mère et le bébé, protègent ce dernier contre une désillusion trop brutale. Pour utiliser les termes de Winnicott, la mère fournit à l'enfant des expériences transitionnelles. Les Objets extérieurs commencent à servir de pont entre le "Moi" et le "non-Moi".

4. L'enfant permet à la mère de surprotéger et d'étouffer ses réactions.

4. Troubles in utero et résonance à ce moment là.

4. Mauvaise tolérance de la frustration chez l'enfant ou chez l'enfant et la mère.

 

 

5. Immobilisation des membres dans la toute première enfance.

5. Passivité excessive de l'enfant.

 

 

6. Intelligence très élevée.

6. mère dominatrice et père passif.

 

 

7. Réactions hypersensibles aux stimuli sensoriels.

7. mère psychotique.

 

 

8. Mauvaise tolérance de la frustration.

8. Des parents qui sont trop "ouverts" et ne protègent pas assez leur vie privée.

 

 

9. Dépression de la mère, ouverte ou dérivée.

9. Pour diverses raisons, la mère est vécue comme quelqu'un à qui l'enfant est enchevêtré.

 

 

10. mère non soutenue par le père, du fait de l'indifférence, de la passivité, de l'absence, de la maladie ou de la mort de ce dernier.

 

 

 

11. mère dont la confiance est sapée par ses propres expériences infantiles: l'ingérence des parents ou déménagements trop fréquents.

 

 

 

12. Le désir de perfection conduit la mère à "pousser" l'enfant à des activités qui ne sont pas à la mesure de ses capacités. L'enfant se retire pour échapper à cette poussée.

 

 

 

13. La mère est vécue comme Objet "engloutissant" (peut-être parce que les tendances de l'enfant à avaler ne se sont pas suffisamment modifiées du fait de toute une variété de facteurs). Cela peut devenir de l'ASR.

 

 

 

14. Mauvais traitements physiques de l'enfant (décrits par G.Strob), comme par exemple des lavements abusifs...

 

 

Tableau de Frances Tustin ("autisme et psychose de l'enfant / les états autistiques" éd. du Seuil), reproduit par Mr G. Jarry.

 

 

- formation pour Infirmière et Infirmier de Secteur Psychiatrique -

- programme officiel enseigné sur 3 ans entre 1979 et 1994 -

 

 

TRAITS DISTINCTIFS

 

Autisme primaire normal (apn)

Autisme primaire anormal (apa)

Autisme secondaire a carapace (asc)

Autisme secondaire régressif (asr)

"Solipsisme post natal normal"

"Prolongement de l'APN"

"Arrêt précoce du développement"

"Régression du développement"

1. État premier normal, où les Objets externes ne sont pas différenciés.

1. L'enfant reste dans l'autisme primaire à cause de soins nourriciers mal adaptés ou d'un mauvais usage de ces soins, dû à des déficiences innées. Déficiences d'ordre sensoriel ou cognitif, constitution affective fragile ou combinaison de tous ces facteurs. Il peut y avoir:

- Prolongement permanent de l'APN. Les enfants victimes d'une carence totale venant de l'environnement sombrent dans des états de marasme et certains meurent.

- Prolongement temporaire de l'APN. Privation partielle due à des carences de l'environnement, ou constitutionnelles, fait qu'une prise de conscience brutale de la séparation corporelle transforme l'APA en ASR. Si le développement antérieur a été précaire, l'enfant peut devenir ASR.

1. Protection contre la terreur du "non-Moi, inconnu, étranger". La carapace favorise une structure de caractère excessivement rigide. Ces enfants sont dépendants de routines établies, qui sont pour eux des enveloppes protectrices, assurant leur survie physique. C'est là-dessus que reposent les tentatives de l'enfant autistique à préserver le non-changement. Ce besoin semble également être le point de départ de défenses névrotiques obsessionnelles et le développement de rituels immuables.

1. Protection contre la terreur du "non-Moi, inconnu, étranger". La dispersion favorise une personnalité qui manque de structure, incohérente et confuse.

2. Voir les étapes décrites au tableau précédent.

2. Cet état se caractérise par une différenciation très faible au niveau affectif, une conscience vague de la séparation corporelle, de l'image du corps, de l'identité et de la vie personnelle.

2. L'illusion d'un enveloppement débordant s'intensifie pour devenir carapace. Celle-ci a pour objectif:

- D'interdire l'accès au "non-Moi" terrifiant,

- de recouvrir la dépression en "trou",

- d'assurer la cohésion d'une personnalité intégrée trop tôt.

2. L'identification projective s'intensifie au point d'éparpiller les parties du corps dans des Objets extérieurs (cet éparpillement est illusoire, bien entendu). Cela vise à:

- Diminuer le choc de la séparation physique,

- atténuer la dépression en "trou",

- sentir que les morceaux du corps sont rassemblés quelque part. 

IL en résulte que la réception des soins nourriciers et des stimuli est entravée par la dispersion des morceaux du corps. L'Objet et le Moi sont fragmentés. La régression et la détérioration en sont les issues inévitables.

3. L'utilisation des Objets autistiques cède le pas à l'utilisation d'Objets et d'expériences transitionnels.

3. Les Objets autistiques primaires, tels que le doigt ou le poing, continuent à être utilisés bien après la période où ils sont habituellement abandonnés.

3. Des Objets autistiques de type inhabituel (objets mécaniques durs, par exemple) continuent à être utilisés.

3. Les Objets transitionnels sont utilisés de manière compulsionnelle et à un âge où ils devraient être normalement abandonnés.

4. L'autisme cède le pas à des relations réciproques.

4. A la clinique, l'enfant risque de ne pas se séparer de la mère.

4. A la clinique, l'enfant se sépare de la mère sans un regard en arrière.

4. A la clinique, l'enfant risque de se cramponner à la mère ou d'apporter avec lui des Objets transitionnels.

 

5. Le corps de l'enfant paraît mou et flasque. Il semble s'enfoncer dans le giron, l'épaule ou la poitrine de la mère.

5. Le corps de l'enfant paraît raide et insensible. Il fuit le contact physique.

5. L'enfant peut être: grandi trop vite, dégingandé ou mince et amaigri.

 

6. Distinction parcellaire entre Objets animés et inanimés.

6. Ne semble pas faire de distinction entre les personnes et les choses.

6. Distinction confuse entre les personnes et les choses. Certains de ces enfants parlent à leurs fécès comme si elles étaient vivantes et traitent parfois les personnes comme si elles étaient des choses.

 

 

7. Ces enfants semblent fonctionner sur une dichotomie entre le "Moi" sublime et le "non-Moi" terrifiant, ce dernier étant exclu la plupart du temps.

7. Ces enfants avaient fait une distinction confuse entre "gentil/méchant" et "bon/mauvais". Ces différenciations ne peuvent se maintenir, c'est ce qui crée le problème. Les bonnes et les mauvaises choses se confondent.

 

 

8. Peu ou pas d'activité fantasmatique. Activité limitée de l'imagination primitive autour des parties, fonctions et processus corporels.

8. Beaucoup d'activités fantasmatiques d'une nature confuse et bizarre directement liée à l'anatomie corporelle.

 

 

9. Ces enfants donnent l'impression d'être vides.

9. Ces enfants font une curieuse impression.

 

 

10. Ces enfants sont devenus des êtres à "peau épaisse" (des crustacés), pour cacher leur hypersensibilité.

10. Ces enfants semblent avoir la "peau fine", et ont combattu leur hypersensibilité par la confusion et le désordre.

 

11. "Îlots" de pensée.

11. Inhibition de la pensée.

11. Pensée confuse.

 

12. Souvent ne parlent pas ou parlent un langage "gribouillis".

12. enfants souvent mutiques, écholaliques ou possédant un langage personnel, qui semble avoir une structure et une syntaxe.

12. Langage confus, haché, pauvre, ou bavardage dénué de sens.

 

 

13. En psychothérapie, ils en viennent à un Objet global plutôt indifférencié et à un Objet cassé.

13. Au cours de la psychothérapie, ils en viennent à un Objet en miettes ou bizarre, des morceaux qui ne vont pas ensemble, assemblés n'importe comment (dans l'ASR2).

 

 

14. Ces enfants évitent généralement de regarder les gens.

14. Les yeux ne sont pas centrés. Ils dirigent leur regard à travers les gens plutôt que sur eux.

 

 

15. Peuvent paraître sourds ou aveugles.

15. Peuvent avoir les extrémités insensibles.

 

 

16. Semblent s'être recroquevillés sur eux-mêmes et avoir déconnecté leur attention pour préserver l'intégrité de leur personnalité mal structurée. Ils sont "enveloppés en eux-mêmes" (dans leur propre substance corporelle). Certains d'entre eux suscitent des états d'extase dans lesquels "ils semblent se blottir avec délice".

16. Semblent s'être ouverts et éparpillés de tous côtés. Eux et les Objets extérieurs, perçus comme distincts, sont enveloppés les uns dans les autres.

 

17. La mère et l'enfant ne se différencient l'un de l'autre que dans certains domaines isolés et parcellaires.

17. Du point de vue de l'enfant, La mère semble s'être fermée. Cela peut provenir de:

- Un retrait de l'enfant effrayé loin de la Mère.

- Une mère réservée et repliée sur elle-même.

- L'absence de la mère, physique ou mentale et un comportement qui n'est pas celui d'une personne vivante et sensible.

En général, ces facteurs se combinent.

17. Du point de vue de l'enfant, La mère semble s'être trop ouverte. Cela peut provenir de:

- La nature excessivement envahissante de l'enfant, due à une avidité et une envie très vive.

- Une mère incohérente.

- Une mère trop séductrice et complaisante.

- Une mère qui ne constitue pas une image continue.

- La combinaison des facteurs ci-dessus.

 

 

 

18. Ces enfants ont atteint un certain degré d'intégration. Puis cette intégration se disloque et la personnalité semble se cliver en deux parties (ASR1). Il n'y a pas forcément de carapace. S'il n'y a pas de guérison, la personnalité s'effrite et se désintègre (ASR2).

 

Tableau de Frances Tustin ("autisme et psychose de l'enfant / les états autistiques" éd. du Seuil), reproduit par Mr G. Jarry

 

 

- formation pour Infirmière et Infirmier de Secteur Psychiatrique -

- programme officiel enseigné sur 3 ans entre 1979 et 1994 -

 

 

 

CARACTÈRES DIFFÉRENCIANT L'AUTISME INFANTILE PRÉCOCE DE LA SCHIZOPHRÉNIE DE L'ENFANT

 

autisme infantile précoce

SCHIZOPHRÉNIE DE L'ENFANT

1. Le retrait remonte à la petite enfance.

1. Des symptômes graves interviennent après une période de "normalité".

2. Il peut y avoir eu apparition précoce de crises de colère et de cris.

2. L'enfant pré-schizophrène est "très facile, s'éduque très vite, est propre très tôt, bref, c'est un bébé parfait" (Rimland, 1964, p.69. Il cite là de nombreux auteurs).

3. En très bonne santé depuis la naissance. Signes de progrès lorsqu'ils commencent à avoir les maladies infantiles courantes.

3. Santé souvent précaire, problèmes respiratoires, circulatoires, ou métaboliques fréquents.

4. Leur corps est raide, insensible. Ils restent raides lorsqu'on les porte.

4. Lorsqu'on les porte, ils se "coulent comme une matière plastique ou de la pâte". Mouvements des bras dans le vide, pour se cramponner aux gens. Enfouissement.

5. Évitement de toute forme de contact avec les autres.

5. Le contact est pathologiquement envahissant.

6. Le regard évite les autres.

6. Regard vague. Plutôt que de se poser sur les autres, leur regard semble les traverser.

7. "Inhibition" de la pensée.

7. "Confusion" de la pensée.

8. Pas d'activité fantasmatique.

8. Activité fantasmatique confuse et primitive.

9. Peuvent être mutiques ou écholaliques.

9. Langage mal articulé, confus ou prolixe.

10. Mouvements du corps agiles et gracieux, doigts lestes.

10. Mouvements du corps décousus, mal coordonnés et souvent maladroits.

11. Font tourner les Objets avec habileté.

11. Font tourner les Objets avec maladresse.

12. Manipulent les Objets avec dextérité.

12. Manipulent les Objets sans adresse.

13. Les doigts et les orteils peuvent manquer de sensibilité.

13. Les extrémités du corps manquent souvent de sensibilité.

14. "L'enfant autistique est... inorienté, détaché, paraît se désintéresser de tout ce qui se passe autour de lui. Plutôt retiré et abstrait de son environnement qu'en contact avec lui" (Rimland, 1964, p.74. je souligne).

14. "...L'enfant schizophrène paraît désorienté, confus et angoissé. Il se montre souvent très intéressé par son environnement. Il a conscience de sa confusion"(Rimland, 1964, p.74. je souligne).

15. Potentiel intellectuel bon ou élevé.

15. Potentiel intellectuel variable.

16. Capacité marquée à reconnaître les modèles et les formes.

16. Capacité variable à reconnaître les modèles et les formes.

17. Organes sensoriels hypersensibles.

 

18. Le milieu familial est en général instruit et d'un haut niveau intellectuel.

18. Milieu familial beaucoup plus varié.

19. Très faible incidence de désordres mentaux dans la famille.

19. Grande incidence de désordres mentaux dans la famille.

20. Pas de conscience de la séparation physique, sauf pendant de courtes périodes.

20. Vague conscience de la séparation, en permanence. Sentiments confus.

21. Presque toujours fascinés par les objets mécaniques. Persévèrent dans l'utilisation des Objets autistiques.

21. Pas toujours fascinés par les objets mécaniques. Peuvent utiliser un Objet transitionnel et y rester très attachés, après avoir passé l'âge où les autres enfants l'abandonnent.

22. L'enfant peut diviser un Objet effrayant en plusieurs parties et le reconstituer: il lui semble alors plus docile, parce qu'il l'a fabriqué lui-même.

22. Ces enfants ont procédé à un clivage et une dispersion excessifs des parties de leur corps, pour qu'elles se fondent dans les autres personnes. Ils évitent ainsi d'avoir conscience de leur séparation corporelle.

23. Ces enfants ont choisi de se retirer.

23. Ces enfants sont dans la confusion.

24. Arrêt du développement.

24. Régression du développement.

25. Du point de vue de l'enfant, la mère semble s'être fermée à cause:

- Du retrait de l'enfant loin d'elle,

- de la réserve naturelle de la mère,

- de la dépression ou de l'inquiétude de la mère.

25. Du point de vue de l'enfant, la mère semble être trop ouverte à cause:

- De l'envahissement excessif de l'enfant,

- de la confusion de la mère,

- de l'attitude séductrice ou de la trop grande indulgence de la mère envers l'enfant.

26. Leur fonctionnement repose sur la dichotomie entre un Soi assemblé prématurément et l'Objet extérieur. Le Soi est le Moi. Le monde extérieur effrayant est le non-Moi. Le non-Moi est masqué, aussi n'y a-t-il aucune conscience du Soi.

26. Leur fonctionnement repose sur un clivage minutieux, proche de la fragmentation.

27. Pour combattre l'expérience traumatisante de la séparation, des mécanismes d'enveloppement explosifs et envahissants ont persisté et sont devenus excessifs. Ils sont associés au "débordement" qu'Herman (1929), dans un article peu connu, décrit comme le précurseur de la projection.

27. Pour éviter de prendre conscience de la séparation physique, les mécanismes d'identification projective (décrits par Mélanie Klein) sont devenus excessifs (le Dr Herbert décrit ce processus dans son ouvrage, "Psychotic states" 1965, p.170-171).

28. Ces enfants sont enveloppés en eux-mêmes, c'est-à-dire qu'ils ont le délire d'être enveloppés dans leur substance corporelle et dans les Autres, qu'ils perçoivent comme un prolongement de leur propre corps.

28. mère et enfant sont "enveloppés" l'un dans l'autre. Par la suite, ces enfants se perdent dans la foule, si bien que leur propre identité devient incertaine. Ils deviennent ce qu'on appelle des personnalités "inadéquates".

 

Tableau de Frances Tustin ("autisme et psychose de l'enfant / les états autistiques" éd. du Seuil), reproduit par Mr G. Jarry

 

 

 

- formation pour Infirmière et Infirmier de Secteur Psychiatrique -

- programme officiel enseigné sur 3 ans entre 1979 et 1994 -

 

Liens utiles:

stade oral;

attachement;

communication;

instances psychiques;

mécanismes de défense;

dictionnaire de psychologie;

transfert et identification projective;

prise en charge psychiatrique des enfants.

 PSYCHIATRIE INFIRMIÈRE : PSYCHOPATHOLOGIE ENFANT

Intervention orale de Mr Lhopital, octobre 1986.

Écrit et mis à jour par Mrs Wallace et Jarry

pour le site "Psychiatrie Infirmière" : 

http://psychiatriinfirmiere.free.fr/,

références et contact e-mail.

Témoignage: pourquoi la

violence psychotique ?

 POURQUOI LA VIOLENCE PSYCHOTIQUE ?

 

bibliographie

 

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MAJ 26.05.12