autisme formation pour infirmière et infirmier en psychiatrie -
AUTISME et PATHOLOGIE AUTISTIQUE |
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Approche biologique |
Introduction
La prise en charge de l'enfant souffrant d'autisme ou de troubles envahissants du développement (TED)
doit se faire très précocement, si possible dès ses deux ans. Cela augmentera l'efficacité des diverses approches spécifiques
existant actuellement.
Les traitements biologiques des différentes sortes d'autisme peuvent être classés en fonction de leur approche particulière:
Approche cognitive
La pathologie autistique résulte principalement d'un déficit au niveau neurologique. La prise en charge consistera à enseigner à l'enfant souffrant d'autisme ou de troubles envahissants du développement (TED), une autonomie qui lui permettra de compenser ses handicaps aux niveaux social, communicatif et comportemental.
Exemple: la méthode 'TEACH'
Le but de ce traitement est de favoriser un développement de l'autonomie par la personne autiste elle-même, à travers ses gestes de la vie quotidienne, ses loisirs ou encore l'acquisition d'une réelle habileté au travail. On parle alors d'un enseignement structuré autour de la communication, afin d'amener le sujet d'une part à comprendre son environnement et d'autre part à adapter ses comportements à ses possibilités propres et à la situation réelle.
Chaque prise en charge par le programme 'TEACH' est individualisée dans ses moyens et dans ses objectifs, afin de correspondre au plus près aux spécificités de la personne et de son entourage.
L'approche soignante distinguera 4 aspects:
l'espace ;
le temps ;
le système ;
la tâche.
Approche éducative et comportementale
Comme
leur nom l'indique, les méthodes comportementales
agissent sur les comportements de l'enfant, pour lui apprendre des comportements sociaux adaptés à son âge, à ses capacités
et à son environnement. En agissant sur leurs causes ou sur leur expression, les troubles du comportement en viendront à
disparaître progressivement, autorisant une meilleure intégration sociale et relationnelle.
Une évaluation individualisée est faite dans un premier temps, qui déterminera le 'profil développemental' de la
personne avec autisme. Vient ensuite la constitution d'un projet personnalisé qui devra être suivi par les parents, les
éducateurs, les équipes soignantes... en fait l'ensemble des intermédiaires qui agissent autour de l'enfant. Une évaluation
permet chaque année d'adapter le projet éducatif aux acquisitions déjà effectuées et de définir de nouveaux projets de
développement.
Exemple: la méthode 'ICI' ou 'ABA'
Il s'agit d'une analyse appliquée des comportements, technique d'éducation inventée en 1962 aux USA.
Chez tout être humain, il existe naturellement un conditionnement dû aux conséquences directes survenant juste après que ses comportements aient eu lieu. Quand ces conséquences sont positives (ressenti de bien-être), le comportement qui en est à l'origine s'en trouve invariablement encouragé. Inversement, des conséquences négatives (ressenti d'un mal-être) tendront à diminuer la fréquence, voire à faire disparaître le comportement incriminé.
En tirant parti de cette observation, la technique ICI ou ABA va tenter de favoriser l'intégration familiale et sociale par la sélection et l'appropriation de comportements adaptés, au moyen de conditionnements opérants. Le but est alors d'amener la personne souffrant d'autisme ou de troubles envahissants du développement (TED) à reproduire ces comportements adaptés, à chaque fois que se reproduiront des conditions similaires.
Plusieurs études indiquent que près de la moitié des enfants de deux ou trois ans suivis par la méthode ICI
ou ABA
durant au moins trois années consécutives ne présenteront plus de troubles autistiques majeurs par la suite. Si l'enfant a
dépassé les cinq ans quand commence la prise en charge, on observera une récupération partielle de ses troubles, notamment
avec parfois l'acquisition du langage, de l'écriture, ainsi qu'une communication réelle avec son entourage. Son développement
nécessitera néanmoins un suivi éducatif tout au long de sa scolarité (dans 85% des cas) ainsi qu'un accompagnement dans sa vie
d'adulte (dans 75% des cas).
L'enfant est pris en charge 40 heures par semaine, ce qui peut représenter une véritable contrainte, et les parents sont intimement associés au programme individualisé qui a été mis en place par l'équipe. Tous les comportements, même verbaux, seront appréhendés dans le but de les faire évoluer vers la plus grande autonomie possible. Pour cela, l'enfant doit être fortement et continuellement motivé, et la technique consistera à trouver pour chaque cas le meilleur ressort de cette motivation.
Approche pédagogique
Exemple: la méthode 'TOMATIS'
L'équipe pédagogique va travailler sur l'écoute du son et des voix humaines, pour amener l'enfant à optimiser son système auditif. Il pourra ainsi percevoir de manière plus efficace les phrases qu'il entend, avec priorisation de l'oreille droite et de l'hémisphère gauche, plus à même de traduire la signification profonde du langage.
Approche développementale
La méthode développementale intègre la notion que la réalité autistique a modifié et continue de modifier profondément le développement de chaque enfant au sein de sa famille. Les relations avec les parents et la fratrie ont été excessivement perturbées. La technique développementale permet de recréer une dynamique familiale propice à restaurer les liens rompus ou meurtris, ce qui aura pour conséquences d'accroître les potentialités de l'enfant souffrant d'autisme ou de troubles envahissants du développement (TED). En cela, les différentes approches développementales sont complémentaires des méthodes comportementales.
Exemple: la méthode 'IDDEES'
Le terme IDDEES signifie: "Intervention, Développement, Domicile, École, Entreprise, Supervision". Cette technique a été mise au point par Mme Maria Pilar Gattegno en 2000, dans le but de prendre en charge des adultes avec autisme pour les accompagner jusqu'à leur insertion professionnelle. Le projet a ensuite été élargi aux enfants (2005), et le programme IDDEES est désormais adapté à l'intervention développementale et comportementale auprès des jeunes enfants avec autisme et troubles envahissants du comportement ou du développement. Il permet à ces enfants autistes d'aller à l'école, grâce à un accompagnement individualisé qui prend en compte:
l'épanouissement de la personne en favorisant ses réussites, en réduisant ses mises en échec et en encourageant l'établissement et le maintien de liens sociaux;
la régulation appropriée des apprentissages sociaux et cognitifs;
la modification de la structure cognitive et émotionnelle en vue d'une intégration sociale plus adaptée;
le développement du potentiel cognitif en fonction du niveau de développement propre à l'enfant, des forces et des faiblesses de son fonctionnement cognitif;
la capacité de régulation des activités et des comportements quotidiens;
le style cognitif particulier des personnes avec autisme ou troubles envahissants du développement (TED).
Les personnes souffrantes sont accompagnées par des psychologues ou des étudiants en psychologie. Un soutien est proposé aux familles, ainsi que des réunions d'information et de suivi, des thérapies groupales ou individuelles, l'élaboration d'un programme d'intervention axé sur la scolarisation, la professionnalisation ou la vie au domicile.
Approche ludique
Exemple 1: la méthode 'DIR-Floortime'
La technique DIR ("Approche développementale basée sur les différences individuelles et la relation interpersonnelle") se met en œuvre directement auprès de l'enfant, et si besoin sur le sol ("Floor-time"). A l'origine, cette technique avait été créée par le pédo-psychiatre et psychanalyste américain Stanley Greenspan, pour des enfants ayant des "besoins spécifiques", qu'ils soient autistes ou non.
Dans le cas de l'autisme, la technique DIR permet au thérapeute de capter l'intérêt de l'enfant autiste ou souffrant de troubles envahissants du développement (TED), en s'insérant dans ses jeux stéréotypés, en prenant part à ses comportements répétitifs. Le but est que ceux-ci deviennent progressivement interactifs, pour parvenir ensuite à engager l'échange puis la communication.
Floor-time: un temps d'observation permet d'identifier le niveau de développement et les centres d'intérêt de l'enfant souffrant d'autisme ou de troubles envahissants du développement (TED). Une fois qu'il s'est mis au niveau de l'enfant (par exemple en s'asseyant par-terre), l'adulte, qu'il soit thérapeute professionnel ou parent, devra dans un premier temps établir le contact, ce qui peut être fait au moyen d'imitations des comportements. Dans un deuxième temps, il tentera de devenir un partenaire de jeu, puis introduira des émotions plus ou moins complexes dans ses échanges avec l'enfant.
Exemple 2: la méthode 'Son-Rise'
La technique Son-Rise a été conçue pour et par des parents d'enfants ayant un syndrome d'Asperger, souffrant d'autisme ou de troubles graves du comportement. Il s'agit de programmes éducatifs mis en place à la maison, autour de l'enfant et à travers le jeu. Les parents ont acquis auparavant des techniques concrètes et efficaces leur permettant d'être les propres enseignants de leurs enfants. Le but de la méthode Son-Rise est d'amener l'enfant autiste ou souffrant de troubles envahissants du développement (TED), à progresser dans les apprentissages du quotidien, l'éducation, l'échange et la communication.
Le programme, intensif, peut faire appel à des équipes de bénévoles qui se relaient à la maison, dans une pièce réservée au jeu.
Exemple 3: la méthode 'Early Start Denver'
Elle s'adresse aux enfants âgés de 2 à 6 ans. Basée sur le jeu et l'intérêt qu'a l'enfant pour le jeu, la méthode Early Start Denver est pratiquée à domicile par les parents préalablement formés.
Recommandations de la 'H.A.S.' (Haute Autorité de Santé)
La HAS a été créée en 2004. Donnant son avis sur les différentes interventions éducatives et thérapeutiques, elle ne recommande pas la technique 'SunRise' (en français, la méthode des '3 i').
Approche communicative
Des outils de communication alternatifs au langage parlé seront proposés, afin de contourner cette caractéristique très handicapante propre à l'autisme: les troubles graves de la communication.
Trois pistes ont été étudiées, puis mises en pratique:
enseignement du langage des signes, utilisé à l'origine pour et par les sourds-muets;
mise à disposition d'un certain nombre d'images de base, permettant d'exprimer les besoins quotidiens, les interrogations ou demandes courantes (méthode 'PECS');
travail d'amélioration du langage parlé, quand cela est possible.
Exemple: la méthode 'PECS'
La technique de communication PECS consiste à utiliser avec l'enfant présentant des troubles envahissants du comportement, un système de cartes-images (ou cartes-photos ou cartes-dessins), pour désigner, signifier ce que l'on veut, ce que l'on pense. Technique très rapide à apprendre, elle ne nécessite pas de matériel onéreux à acquérir. Les parents peuvent facilement confectionner eux-mêmes les images de base, puis en rajouter avec l'aide de l'enfant une fois qu'il aura compris l'intérêt d'une telle démarche.
Approche zoo-relationnelle
Cette technique consiste à mettre en relation un animal (souvent le cheval, mais également le chien, le chat, le dauphin...) et l'enfant souffrant d'autisme ou de troubles envahissants du développement (TED). Évitant le langage parlé, la communication qui va alors s'établir permettra à l'enfant d'exprimer son ressenti, ses sentiments de manière beaucoup plus naturelle qu'avec son entourage humain immédiat. L'approche zoo-relationnelle nécessite une structure particulière, ainsi qu'un encadrement professionnel conséquent. Dans sa forme thérapeutique (équithérapie, canithérapie, ferme thérapeutique...), elle n'est pas accessible à la grande majorité des familles.
Approche alimentaire
Certains régimes alimentaires sans gluten, sans caséine ou autres... semblent apporter un mieux-être à l'enfant, voire des améliorations au niveau des troubles envahissants du comportement ou du développement.
Recommandations de l' 'A.F.S.S.A.' (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments)
L'A.F.S.S.A. a été créée en 1999. Dix ans plus tard, elle donne son avis sur l'approche alimentaire dans la prise en charge des autismes. Selon l'agence, il n'est pas possible "de conclure à un effet bénéfique" et donc "il n'existe aucune raison d'encourager le recours à ce type de régime".
Mars 2012 - Deux gènes associés à l'autisme identifiés -
Deux gènes associés à l'autisme, dans deux familles dont plusieurs membres sont atteints, ont été mis en évidence par des
chercheurs français et suédois de l'Institut Pasteur, de l'INSERM,
de services de psychiatrie parisiens (CHU
de Créteil et hôpital Robert Debré de l'AP-HP) et du département de
psychiatrie de l'Université de Göteborg. C'est la première fois que des mutations génétiques sont identifiées précisément
chez des personnes autistes. Ces résultats sont publiés en avant première sur le site de la revue "Nature Genetics".
Depuis plusieurs années, bon nombre de recherches ont été menées sur la génétique de l'autisme. De nombreuses régions du
génome ont été suspectées et des gènes candidats ont été incriminés, sans qu'aucun puisse être indubitablement associé
au syndrome autistique. C'est désormais chose faite grâce à une étude menée par le groupe de Thomas Bourgeron à l'Institut
Pasteur (équipe Inserm
21 "génomique fonctionnelle et développement", Université Paris VII) en collaboration avec Marion Leboyer
(unité Inserm 513 "neurobiologie et
psychiatrie", Université Paris XII, CHU
de Créteil) et Christopher Gillberg de l'hôpital de l'université de Göteborg en Suède: ils ont identifié dans deux familles
distinctes des mutations altérant deux gènes situés sur le chromosome X et qui semblent impliqués dans la formation des
synapses (espaces de communication entre les neurones).
Une mutation génétique a été mise en évidence sur le gène NLGN4 dans une famille où deux garçons sont touchés,
l'un d'autisme et l'autre d'un syndrome autistique appelé Syndrome d'Asperger ou S.A. (les
patients atteints de ce syndrome ont de meilleures performances cognitives et une meilleure aptitude au langage que les patients
atteints des autres formes d'autisme). La mutation empêche la formation d'une protéine complète.
Dans une autre famille, qui comprend là encore deux frères affectés l'un d'autisme et l'autre de SA,
une mutation touchant le gène NLGN3, également héritée de la mère, a été identifiée.
L'altération de NLGN3 ou de NLGN4 pourrait affecter certaines synapses essentielles aux processus de communication
déficients chez les personnes présentant des troubles autistiques. Ces gènes codent en effet pour des protéines d'adhésion
cellulaire localisées au niveau des synapses, ce qui suggère qu'un défaut dans la formation des synapses prédisposerait à
l'autisme.
NLGN4 et NLGN3 se situent dans des régions du chromosome X qui avaient été associées à l'autisme dans d'autres
études dont l'étude collaborative "Paris Autism Research International Sib-Pair Study" (PARIS) coordonnée par
Marion Leboyer et Christopher Gillberg.
L'autisme est un syndrome complexe classé parmi les troubles envahissants du développement. Il est caractérisé par des
déficits dans les interactions sociales et la communication, associés à un répertoire de comportements restreint, répétitif
et stéréotypé, qui apparaît avant l'âge de 3 ans. On estime aujourd'hui qu'un enfant sur 1000 est atteint d'autisme, et l'on
observe quatre fois plus de garçons atteints que de filles.
Différentes constatations sont en faveur d'une prédisposition génétique à l'autisme. Le risque de récurrence dans les
familles d'autistes est 45 fois plus élevé que dans la population générale. De plus, les études épidémiologiques menées
chez des jumeaux monozygotes montrent que lorsqu'un des enfants est atteint d'autisme, le deuxième a une probabilité de 60%
d'être également autiste, alors que ce risque est quasiment nul chez les jumeaux dizygotes. L'augmentation du risque entre les
fratries et la différence de concordance démontrent le terrain génétique de l'autisme. Mais il est très probable que
plusieurs gènes soient impliqués et qu'en outre les gènes responsables varient d'une famille à l'autre.
Si les gènes aujourd'hui identifiés ne sont donc pas les seuls et uniques gènes de l'autisme, la présente étude ouvre
néanmoins de nouvelles pistes de recherche pour mieux comprendre ce syndrome complexe et hétérogène qu'est l'autisme.
Cette étude a été menée avec le soutien de la Délégation à la Recherche Clinique de l'AP-HP,
le ministère de la recherche (ACI jeunes chercheurs), la Fondation France Telecom
pour la recherche sur l'autisme, la Fondation de France.
Janvier 2013 - Mercure et autisme: une relation de cause à effet ? -
En prévision du 3ème plan autisme, le toxicochimiste André Picot et la spécialiste de la santé publique Marie
Grosman ont réalisé un dossier sur les relations entre l'intoxication au mercure et l'explosion des cas d'autisme à laquelle
nous faisons face depuis les dernières décennies.
Ce travail a bénéficié des relectures de Bertrand Jacques, André Cicolella et Geoffrey Begon.
Cette étude a obtenu le soutien des associations Non Au Mercure Dentaire, Association Toxicologie Chimie,
Fondation de France, ainsi que des députés D. Fasquelle (UMP) et G. Rouillard (PS),
co-présidents du groupe parlementaire de réflexion sur l'autisme.
Cet article provient du site NAMD ci-dessus.
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Écrit ou mis à jour par Mrs Wallace et Jarry pour le site "Psychiatrie Infirmière" : |
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