Wallon Henri    - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -

 FORMATION DE BASE POUR SOIGNANT

 

Henri WALLON

 

Henri WALLON  (1879-1962)

 

Agrégé de philosophie, docteur en médecine, professeur au collège de France et à l'école pratique des hautes études, Henri Wallon adhère au parti socialiste en 1914. Jusqu'en 1960, ses recherches sont axées sur la psychopathologie, la pédagogie et la psychologie appliquée. Après la guerre, il se centrera sur la psychologie de l'enfant perturbé et la psychomotricité. La notion de "matérialisme dialectique", empruntée au philosophe et économiste allemand Karl Heinrich Marx (1818-1883), va lui fournir un cadre d'interprétation des relations entre le psychologique, le biologique et le social. Elle va également lui donner une grande méfiance vis à vis des théories freudiennes et particulièrement de la psychanalyse, "idéologie bourgeoise".

 

Son œuvre est centrée sur les processus de développement de l'enfant résultant d'une articulation entre le biologique et le social, et sur les problèmes de conscience, dans le sens psychologique du terme.

 

Sa méthode : observation directe, clinique d'enfants sains et d'enfants troublés (enfants traumatisés par la guerre de 14-18, débiles... etc.).

Il utilisera 2 méthodes:

  1. la méthode longitudinale avec l’étude d’un ou plusieurs enfants sur une période longue et à des âges successifs: on compare l’évolution individuelle des sujets. Cette approche est d'une grande précision;

  2. la méthode transversale, étude de groupes d’enfants d’âges différents, examinés en une seule fois: on compare les sujets entre eux. Cette approche fournit très rapidement des résultats (on parlera alors plutôt de tendances).

Henri Wallon, influencé par le marxisme, en cherchera les applications en repérant les contradictions internes de chaque théorie, ou d'une théorie par rapport à l'autre, ainsi que les vérités propres à chacune d'elle au moyen d'une méthode comparative, ou dialectique.

 

 

Théorie du développement

 

Il y a deux facteurs qui interviennent dans le développement:

  1. un facteur biologique, responsable de la maturation du système nerveux central;

  2. un facteur social, qui gère l'interaction entre l'enfant et le milieu.

 

Le développement s'effectue de manière discontinue. On passe d'un stade à l'autre par une série de crises, comme par exemple le sevrage, l'opposition caractéristique du stade anal, l'oedipe, l'adolescence...

 

L'enfant vit des contradictions qu'il doit savoir dépasser par une crise, pour ensuite effectuer un remaniement. La crise a donc un effet bénéfique.

On ne peut donner de repère d'âge très strict. Il y a véritablement franchissement d'un nouveau stade quand un nouvel ensemble de conduites psychologiques est devenu dominant, et non pas quand il est apparu.

 

Henri Wallon veut rendre compte du développement de l'enfant dans sa totalité. Il n'isolera pas l'aspect cognitif de l'aspect affectif.

 

 

Les 7 stades

 

  1. Le stade impulsif pur (entre 0 et 3 à 6 mois). Il est constitué de décharges motrices souvent inefficientes, et plus ou moins adaptées à l'objet. Agitation diffuse de l'émotion. C'est la forme la plus dégradée de l'activité. Il n'y a pas de contrôle des centres corticaux. Au premier mois, l'enfant aura des crises convulsives. Celles-ci ne deviendront pathologiques que si l'évolution ne parvient pas à les faire disparaître;

  2. Le stade émotionnel (entre 3 et 9 mois). Les gestes deviennent utiles, expriment les besoins. C'est le stade de la symbiose affective. L'expression de l'émotion émerge (joie, tristesse). L'émotion devient organisatrice du comportement de l'enfant. C'est à ce stade que l'enfant se reconnaît dans le miroir;

  3. Le stade sensorimoteur (entre 9 et 12 mois). Il y a une meilleure association entre mouvements et perceptions, et une conscience plus précise des objets. C'est la naissance de la capacité symbolique, de la représentation de l'objet;

  4. Le stade projectif (entre 1 et 2 ans). Il y a passage de l'action à la pensée. Le mouvement accompagne les représentations mentales. La pensée est projetée à l'extérieur par le geste. L'enfant mime sa pensée, et elle est stimulée par l'action. Il y a nécessité pour l'enfant de se projeter dans les choses pour se saisir lui-même. Intégration des pôles complémentaires mentaux ou comportementaux (par exemple, envie de s'auto-admirer et de se faire admirer);

  5. Le stade du personnalisme (entre 2 et 5 ans). L'enfant arrive à reconnaître sa personnalité, image de lui-même. Il y a une conscience de soi par une phase d'opposition, et par une intégration dans le groupe familial, de même que par le jeu (opposition vers 3 ans, intégration vers 4 ans). Dans le jeu, l'enfant peut aborder 2 rôles différents, où il est actif puis passif (jeu d'alternance réciproque). Il vit les choses de manière dialectique;

  6. Le stade de la personnalité polyvalente (entre 5/6 ans et 11 ans). C'est un stade de différenciation. L'enfant participe à la vie de plusieurs groupes (famille, école, jeu, sport...). Il a désormais la capacité de prendre des rôles différents, d'influencer le groupe, avec des comportements de coopération, de solidarité... Ce sont les échanges sociaux qui permettent le dépassement de la rivalité et du dénigrement;

  7. L'adolescence (à partir de 12 ans). C'est une crise très aiguë, grâce à laquelle l'enfant découvre les valeurs sociales, morales, culturelles... qui deviendront ses propres valeurs.

 

Ainsi la maladie mentale est-elle une crise non dépassée, permanente. L'individu n'a pas réussi à franchir cette remise en cause, n'a pas su se stabiliser, trouver un compromis. Le médicament ne fait qu'endormir un état manifeste, mais ne fait pas en soi évoluer le sujet.

 

 

Points importants

 

- Le rôle de l'autre est important dans la prise de conscience de soi. L'homme est avant tout un être social.

 

- Il y a accession à l'intelligence discursive dans les rapports émotionnels avec autrui. Il y a d'abord une sorte de connaissance marquée par le caractère syncrétique de la pensée (pas de distinction entre objectivité et subjectivité, Moi et Autre...). Se mettront en place par la suite des structures élémentaires comme les couples "petit, donc pas grand", "méchant, donc pas gentil"... Ce sont des couples complémentaires et opposés. Vers 5 ou 6 ans il y a un déplacement de cette notion de couple. L'enfant sépare le dualisme des termes du couple.

 

- Le corps est important, ainsi que sa représentation. Henri Wallon introduit le stade du miroir, repris plus tard par Jacques Lacan: l'enfant croit être l'image qu'il voit... Il est d'abord un objet extérieur.

 

- De même le mouvement a un rôle important. C'est l'expression des relations entre le sujet et le milieu. On participe physiquement au milieu, avec un dialogue moteur (psychomotricité).

 

- L'émotion est identifiée à l'activité motrice chez le bébé. Il y a donc un fondement biologique à l'émotion. Par la suite, l'émotion se différenciera d'avec l'activité. Chez le bébé de 9 mois, le rire est un spasme. L'émotion, le rire et la manifestation corporelle sont la même chose.

 

 

 

Liens utiles:

 PSYCHIATRIE INFIRMIÈRE : THÉRAPIE ENFANT

Retranscription d'un exposé oral de Mme Huguet, oct 86

écrit et mis en page par Mr Dominique Giffard

pour le site "Psychiatrie Infirmière" : 

http://psychiatriinfirmiere.free.fr/,

références et contact e-mail.

 

bibliographie

 

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MAJ 14.05.11