desalienisme      - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -

 FORMATION DE BASE POUR SOIGNANT

 

désaliénisme

 

 

désaliénisme italien

 

Précisions: si le désaliénisme italien est issu des seules idées Marxistes, le désaliénisme français leur a toujours associé les théories Freudiennes puis Lacaniennes. Les théorisations et mises en pratique se firent alors pendant l'occupation Nazie (1939-1945) puis après-guerre dans des hôpitaux tels que "Fleury-lès-Aubrais" et "Maison-Blanche" avec Georges Daumézon (1912-1979), "Sotteville-Lès-Rouen" avec Lucien Bonnafé (1912-2003), ou "St Alban" avec François Tosquelles (1912-1994).

 

"La folie n'est pas une liberté de délirer, mais une situation d'angoisse à communiquer ses propres besoins"; Agostino Pirella.

 

Le désaliénisme italien est un mouvement qui s'est exprimé en 1962. Auparavant, les malades entrant dans un hôpital psychiatrique en Italie étaient d'office internés. Franco Basaglia, psychiatre opposé à l'institution asilaire, reprend les idées et le "combat désaliéniste" de Lucien Bonnafé en France.

 

Il part du principe que ce sont les phénomènes sociaux qui déterminent le statut de la maladie mentale et guident son évolution. 

Mais il précise également que les phénomènes sociaux ne sont pas à l'origine de la maladie. En affirmant ceci, le désaliénisme marque dès le début ses distances avec les théories d'Alfred Adler (qui voyait une origine sociale à la névrose) et se distinguera de la même façon de l'antipsychiatrie (qui verra une origine sociale à la psychose).

 

"Nous estimons nécessaire, pour entrer en communication avec un individu, de ne pas tenir compte de son étiquette sociale. C'est en prenant conscience d'avoir été exclu et rejeté que le malade aura la possibilité de reconquérir sa place perdue"; Franco Basaglia.

 

Une relation de réciprocité est instaurée entre le soignant et le soigné, en investissant trois principes: l'agressivité, la liberté et le principe communautaire.

  1. L'agressivité est un moyen de communication qui ne peut être exclu, car c'est souvent le seul disponible. Et pour cela, la liberté de s'exprimer est nécessaire;

  2. La liberté est importante non pas à posséder, mais à conquérir et les soignants doivent laisser libre-cours aux demandes des malades, sans pour autant leur imposer leur propre liberté;

  3. Le principe communautaire: le soin ne peut se séparer du milieu social, et Franco Basaglia voudrait rendre la folie à sa société et la société à sa folie: "la souffrance de l'un est la souffrance de tous". Il est devenu inconcevable d'être inhumain avec quelqu'un pour la seule raison qu'il est malade. Les soignants se mettent alors à donner un statut social aux patients. L'asile devient communauté. Les patients et le personnel soignant se rassemblent en assemblées où chacun a un rôle, un statut social et une personnalité. Cela part de l'idée que le groupe est thérapeutique pour chacun de ses membres.

En avril 1980, tous les hôpitaux italiens se sont ouverts.

 

 

Loi 180

 

Son objectif est de supprimer l'hôpital psychiatrique et de dépasser les conceptions réductrices que la société a sur la folie. Votée en 1978 en Italie sous la pression du parti communiste, appliquée en 1980, elle naquit à travers des expériences concrètes comme celle de Trieste. Cette loi dit que la maladie mentale est une maladie comme les autres, qui ne dépend donc plus du code pénal et n'est plus inscrite dans le casier judiciaire.

Elle a 5 objectifs:

  1. Intégrer institutionnellement l'éventail des prestations globales, en fournissant un ensemble d'initiatives structurelles qui évitent la dispersion des interventions aux fins de prévention, de cure, et de réhabilitation dans le cadre de la gestion de la santé mentale;

  2. Garantir aux citoyens des prestations et des réponses adéquates et immédiates 24 h sur 24, et 7 jours sur 7;

  3. Fournir les instruments et les directives fonctionnelles en mesure d'affronter les nécessités effectives de l'assistance au long cours, tout en s'opposant aux processus de chronicisation;

  4. Dépasser graduellement l'hôpital psychiatrique judiciaire;

  5. Fournir les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs cités.

 

Les hôpitaux psychiatriques sont abandonnés ou restructurés en petits centres de 15 lits maximum. Cette loi a abouti à un changement au niveau de la pratique: on n'hospitalise plus. Pour que le malade soit pris en charge, il a fallu un changement radical de la société. 

 

 

Franco BASAGLIA  (et l'expérience de GORIZIA en 1961)

 

Franco Basaglia (1924-1980) est un psychiatre italien dont le travail à Gorizia a été l'impulsion pour la mise en pratique du désaliénisme en Italie.

 

Sa méthode

 

Négation à l'égard de l'institution psychiatrique traditionnelle, par la création d'un système d'assemblées, l'instauration de libertés, l'ouverture de tous les services et la participation des médecins à la discussion de tous.

Au départ, la réalité des asiles d'aliénés est oppressive. Il faut établir une lutte contre la déshumanisation des malades et arriver à une "dépsychiatrisation" afin de pouvoir agir sur un terrain vierge: il faut à tout prix éviter l'étiquette psychiatrique et tout ce qu'elle comporte d'implicite et de réducteur. L'important sera alors de prendre conscience de ce que représente l'individu pour lui, de connaître sa réalité sociale et les rapports qu'il entretient avec elle.

 

A Gorizia, on parle de communauté thérapeutique ayant comme moteur les assemblées et les réunions. C'est l'occasion pour les membres de la communauté de se confronter. Cette confrontation entre différents rôles culturels et sociaux introduit un motif de comparaison et de contestation, et crée une dynamique. La communauté donne au malade un statut social nouveau, alors que la société en règle générale, tente de le lui dénier. A Gorizia est mis en avant le fait que le malade est un être sans droits, et c'est de cela que l'on parle. La maladie est mise entre parenthèses afin de favoriser les relations.

 

Franco Basaglia et ses collaborateurs sont en négation avec les institutions car toutes ont pour fondement:

- Dirigeant / Dirigé;

- Maître / Élève;

- Ceux qui détiennent le pouvoir / Ceux qui ne l'ont pas;

- Une relation d'oppression et de violences entre pouvoir et non-pouvoir;

- Notion d'exclusion. C'est la base de toutes les relations qui s'instaurent dans nos sociétés;

- Dévalorisation du malade et de la maladie, tous deux associés à l'impureté et à la honte, alors que l'homme "sain" est valorisé, se veut respectable. 

La crise psychiatrique et la crise institutionnelle sont si étroitement liées que l'on ne saurait dire laquelle des deux est conséquence de l'autre. Dans l'hôpital psychiatrique, le malade est celui qui a enfreint la norme. C'est un déviant, qui a commis une infraction et doit être puni. Plus de droits, plus de libertés, et menaces d'injections ou d'électrochocs si la personne ne se tient pas tranquille. Dans une institution totalitaire comme l'est l'hôpital psychiatrique, la fonction de gardiennage tenue par le personnel délivre un seul message aux patients: les gens sains ont besoin de se défendre d'eux.

 

Le soin ne peut être séparé du milieu social dans lequel un individu vit et tombe malade. Franco Basaglia veut rendre la folie à la société, et la vie sociale à la folie. Il souhaite une prise en charge populaire: la souffrance de l'un est le problème de tous. La réforme psychiatrique passe par une réforme du milieu social et un changement de politique générale.

 

 

 

Liens utiles:

 PSYCHIATRIE INFIRMIÈRE : THÉRAPIE ADULTE

Intervention orale de Mme Huguet, mars 1986.

Écrit, complété par Mr Dominique Giffard

pour le site "Psychiatrie Infirmière" : 

http://psychiatriinfirmiere.free.fr/,

références et contact e-mail.

La psychiatrie avant

le désaliénisme

 LA PSYCHIATRIE AVANT LE DÉSALIÉNISME

 

bibliographie

 

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