antipsychiatrie - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -
antipsychiatrie
ANTIPSYCHIATRIE
Les débuts de l'antipsychiatrie remontent aux années 1960, à Londres. Les médecins anti-psychiatres à l'origine du mouvement sont: Aaron Esterson (1923 - 1999), Ronald Laing (1927 - 1989) et David Cooper (1931 - 1986).
Nouvelle approche de la psychose
L'individu se réfugie dans la folie pour faire face à une situation familiale et sociale intolérable. La psychose est un voyage intérieur, une période de dépression menant à une reconstruction qui permet de trouver un meilleur contact avec soi.
L'antipsychiatrie s'engage dans une expérience en milieu psychiatrique, mais sur le mode des communautés thérapeutiques. Il s'agit de faire en sorte que les malades gèrent eux-mêmes leur communauté, ainsi que les mesures thérapeutiques qui peuvent être prises. Les malades doivent donc devenir responsables de leur prise en charge, les soignants n'ayant qu'un rôle d'écoute, de soutien et de référent.
En 1965, les docteurs Laing, Cooper et Esterson fondent la "Philadelphia Association" pour créer des lieux d'accueil originaux, comme à "Kingsley Hall". L'association se fixe comme but de changer la façon dont la santé mentale et la maladie mentale sont considérées. C'est une invitation à changer de modèle, car ce qui est en cause, ce n'est pas la maladie d'une seule personne, mais un processus social. Les lieux d'accueil nouvellement créés se caractérisent par leur volonté affichée de débarrasser le sujet de tout cadre pour lui. L'accueil dans ces communautés anglaises consiste en une mise en place qui évoque le psychodrame, alors pratiqué en thérapie de groupe.
Les lieux de vie
Ils créent une ambiance permettant aux gens de prendre conscience de leur souffrance, de leurs angoisses.
Le travail soignant sera d'aider l'individu dans son expérience, de pourvoir à ses besoins élémentaires, de laisser surgir la déstructuration de la personnalité (l'effondrement), puis la guérison sans s'immiscer dans le processus.
Ces lieux s'opposent aux valeurs de la famille nucléaire, et font éclater la vie de couple et les liens de parenté.
Il faut voir cela comme une tentative de débarrasser le malade de toute contrainte sociale. Et aussi comme une acceptation et une réponse par rapport au langage de la folie.
Le personnel est référent privilégié des malades. Dans chaque communauté, chacun peut discuter des faits et gestes de tout le monde. Il faut assister le malade dans son délire, plutôt que l'arrêter.
Il y a une reconsidération de la maladie mentale, comme partie intégrante d'un processus social. Puisque les hôpitaux psychiatriques ne peuvent accueillir les expériences communautaires, les participants sont obligés de fonder leurs propres locaux. Le malade est quelqu'un en crise et le soignant est là pour recueillir cette crise.
Les buts de l'antipsychiatrie sont la tolérance et l'acceptation de la folie.
Ronald Laing: "je pense que les schizophrènes ont plus de choses à apprendre aux psychiatres sur leur monde intérieur, que les psychiatres aux malades".
La société -et ils rejoignent en cela Alfred Adler- a un rôle déterminant dans la maladie. Le psychiatre est un agent du pouvoir médical. L'hôpital psychiatrique reproduit dans une large mesure le jeu pathogène de la famille, contraignant le malade à réagir de façon apparemment arbitraire, à l'encontre du cadre qui l'angoisse. L'aliénation mentale renvoie à un comportement et à une expérience qui sont inacceptables dans le cadre culturel où nous vivons. Dans les communautés, les patients sont à tour de rôle soignants de l'un d'entre eux: c'est le groupe qui s'autorégule, qui contrôle le délire de ses membres. Quand les manifestations délirantes ne sont plus tolérables, le groupe demande au patient de s'isoler.
"Nous nous soumettons aux règles pour être acceptés des autres".
Les suites de l'antipsychiatrie
L'antipsychiatrie fut un moment d'interrogation, de flottement, d'ambivalence et de vérité de la psychiatrie.
Actuellement, de l'antipsychiatrie ne restent que les lieux de vie et les communautés, mais rattachés à la psychiatrie traditionnelle.
David Cooper
Né en 1931 à Capetown où il accomplit des études de médecine. S'installe ensuite à Londres où il dirige de 1962 à 1966 l'unité expérimentale pour schizophrènes appelée "Pavillon 21". Avec ses collègues, il s'attache essentiellement à développer une psychiatrie existentialiste en Grande-Bretagne, dont le projet contestataire se trouve illustré par le terme même d'antipsychiatrie.
Ronald Laing
Né en 1927 en Angleterre. Ses études de médecine terminées, il renonce à soigner au sens admis du mot, défendant le "fou" contre sa société. Il s'efforce d'écouter son cri comme une demande adressée à un système lui-même aliéné.
· "La schizophrénie" d'après Ronald Laing.
Ce n'est pas une maladie mentale, c'est une expérience au cœur de l'humanité. Au cours de ce voyage existent de nombreuses occasions de perdre la route. On y rencontre nos démons, nos terreurs. Les meilleurs guides de ce voyage sont ceux qui en sont revenus.
Dans un premier temps ce voyage s'est effectué de l'extérieur vers l'intérieur, du mouvement vers l'immobilité, du Moi vers le Soi, de l'existence extérieure vers la matrice.
Dans un deuxième temps, il y a un voyage de retour de l'intérieur vers l'extérieur, de la mort vers la vie, de l'immortalité vers la mortalité, du Soi vers un nouveau Moi, de l'état fœtal vers une renaissance existentielle. Le schizophrène, c'est celui qui a été doté d'une expérience supplémentaire. L'homme que la société dit "normal" se définit par une absence d'expérience.
Dans les suites de ce mouvement, citons aussi Maud Mannoni (1923-1998), qui s'est beaucoup inspirée de l'antipsychiatrie.
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Intervention orale de Mme Huguet, mars 1986. Écrit, mis à jour par Mr Dominique Giffard pour le site "Psychiatrie Infirmière" : |