Mahler Margaret - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -
Margaret MAHLER
MAHLER Margaret (1897-1985)
Psychiatre et psychanalyste américaine née en Hongrie, elle suit des études médicales en Allemagne et à Vienne où elle fonde avec Anna Freud le premier centre de 'guidance infantile'. Elle émigre aux U.S.A. et travaille à partir de 1957 sur la psychose de l'enfant au "Masters Children Center" de New York.
Dans une crèche spécialement aménagée, elle observe les enfants âgés d'une semaine à trois ans qui passent la journée avec leur mère. Elle en dégage une théorie du développement psychoaffectif normal qui trouvera son application en pédopsychiatrie dans le concept de psychose symbiotique. Son travail part de la théorie freudienne des pulsions et des stades du développement libidinal (Sigmund Freud), à laquelle elle rajoute le concept du Moi autonome primitif.
Pour Margaret Mahler, les poussées de maturation neurologique et somatique de l'enfant vont de pair avec le développement psychique et l'évolution de la relation d'Objet libidinal. La mère est le support de ce processus qui aboutit à la séparation-individuation de l'enfant. Margaret Mahler utilisera à ce propos le terme "d’éclosion".
Margaret Mahler décrit plusieurs phases de l'autisme:
il y a d'abord l'autisme dit "normal" durant les premières semaines de la vie. L'enfant est dans un état de désorientation hallucinatoire primaire. Cette phase dure environ quatre semaines. C'est une vie végétative occupée essentiellement par le sommeil et le nourrissage. Cela se caractérise pour l'enfant par une indifférenciation entre le monde extérieur et le monde intérieur, ainsi qu'une absence de conscience de l'existence de la mère. Il y a parallèlement une satisfaction hallucinatoire de tous ses désirs. Le sein maternel et l'enfant ne font qu'un. C'est un système clos et autosuffisant que Margaret Mahler compare à un oeuf.
Puis apparaît une phase symbiotique (encore dénommée "normale") avec état de dépendance absolue à la mère. C'est une fusion psychosomatique qui apporte l'illusion de la toute-puissance et de l'omnipotence. Cette phase va jusqu'au dixième mois. La coquille autistique qui jusqu'à présent lui suffisait, est rompue et l'enfant intègre la mère dans une relation duelle toute-puissante: la symbiose. Il n'y a pas encore de différence entre l'enfant et l'extérieur. La mère est investie en tant qu'Objet partiel, de façon fusionnée. Cette dernière va permettre petit à petit à l'enfant de développer ses sensations et ses perceptions extérieures. La séparation d'avec les Objets va se faire doucement et la capacité d'anticiper une satisfaction se met en place. Le bébé commence alors à percevoir l'origine externe des sources de gratification.
C'est à ce moment que vient la troisième phase, qui est un processus de séparation-individuation du dixième mois à trois ans. Durant cette période, il y a un déplacement partiel de l'investissement libidinal (motricité, langage...) puis un second déplacement, massif, sur les appareils autonomes du self et les fonctions du Moi (perception, apprentissage...): l'enfant acquiert la notion de permanence de l'Objet. C'est durant cette période que des confusions et des décalages s'établissent, donnant naissance aux psychoses précoces.
Le bébé commence alors à percevoir peu à peu l’origine externe des sources de gratification. Il a été porté hors de la "sphère symbiotique" grâce à l’accession à la notion de permanence de l’Objet.
L'autisme est une attitude défensive fondamentale car l'enfant ne peut utiliser le pôle d'orientation émotionnelle qu'est la mère. Ce qui revient à dire qu'il n'utilise pas la fonction du Moi auxiliaire de la mère. Cela entraîne une désorientation dans le monde extérieur et intérieur. Il crée alors un univers propre, petit, restreint et s'y enferme. Puis il devient intolérant à tout changement de son monde inanimé.
La psychose symbiotique est la fixation au stade de l'Objet partiel. La mère reste fusionnée au self de l'enfant. Elle participe à l'illusion de sa toute-puissance. Les symptômes apparaissent après 1 an (délire de toute-puissance symbiotique), le point culminant concordant avec l'œdipe. L'enfant est confronté à une expérience émotionnelle bien trop forte pour ses défenses.
Pour les personnes psychotiques, et surtout les autistes, les Objets transitionnels sont remplacés par des Objets fétiches qui ont une valeur centrée sur soi et non relationnelle.
Dans une prise en charge individuelle, toute coupure dans la relation est dramatique. Pour les autistes, tout changement est angoissant et Margaret Mahler décide d'inclure la mère dans la thérapie pour que n'ait pas lieu cette cassure si par exemple un déménagement ou autre évènement venait à interrompre la relation avec le thérapeute.
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Retranscription d'un exposé oral de Mme Huguet, déc 86 écrit et mis en page par Mr Dominique Giffard pour le site "Psychiatrie Infirmière" : |
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MÀJ 25.10.11