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ISP en Belgique, un métier reconnu

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Différences de réglementations relatives à la profession infirmière en France et en Belgique

 

 

(disponible en totalité sur le site Internet)

 

 par Isabelle Aubert-Baudron

Extraits :

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1. Admission aux écoles d’infirmières sur concours:

Avant les années quatre-vingt, il suffisait en France d’avoir le bac pour pouvoir s’inscrire dans une école d’infirmières
D.E. ou d’infirmiers psy.

Les gens qui n’avaient pas le bac et souhaitaient intégrer ces écoles passaient un examen écrit, dont les épreuves (sciences naturelles: anatomie, physiologie du corps humain, et dissertation française) correspondaient au niveau du bac.

Depuis, ces admissions se font sur concours, pour des candidats qui ont le bac, et en éliminent bon nombre... Or ce concours n’existe pas en Belgique, où les gens qui souhaitent entrer dans les écoles d’infirmières le font sur simple inscription. D’où le fait que bon nombre d’infirmiers recalés au concours en France vont faire leurs études en Belgique.

 

 

2. Différences de statut entre les infirmiers diplômés d’État et les infirmiers psy:

En France, suite à la réforme des études d’infirmières, également dans les années quatre-vingt, les formations d’infirmiers de secteur psychiatrique ont disparu, au bénéfice du "tronc commun": les études d’infirmiers psy étaient auparavant payées, sans contrat, tandis que les infirmiers
D.E. avaient un statut d’étudiants.

Avec la disparition des écoles d’infirmiers psy, tous les élèves infirmiers doivent financer leurs études. Tous les infirmiers obtenant leur diplôme depuis l’instauration du tronc commun peuvent travailler dans les services généraux, et en psychiatrie.

 

Les infirmiers de secteur psychiatrique se voient limités à la psychiatrie et sont privés d’exercice dans les services généraux. Bien que la pratique apprise au cours de leurs études soit la même que celle en vigueur actuellement, et conforme aux normes européennes, il leur est impossible de s’installer en libéral comme infirmiers à domicile. 

Cette différence de statut entre infirmiers
D.E. et infirmiers psy est le fait des syndicats d’infirmiers libéraux qui ont eu peur de l’arrivée des psy sur le marché du libéral après l’instauration du tronc commun (consulter ici la "procédure d'infraction contre la France" résultant du dépôt de plainte des infirmiers libéraux).

Autrement dit, elle n’est pas due à une quelconque absence de compétence, et n’est pas justifiable sur le plan professionnel, étant basée à l’origine sur la peur de la concurrence et le corporatisme. Cette peur et ce corporatisme ont privilégié leurs propres intérêts, sans se poser le moins du monde la question des besoins effectifs en personnel infirmier à l’échelle du pays: poser la question en ces termes leur aurait permis de constater que leurs craintes n’étaient pas fondées.

 

Aujourd’hui les infirmiers libéraux ne peuvent remplir ces besoins, qui justifient la présence de tous les infirmiers sur le marché, et se plaignent de ne pouvoir prendre de congés et de vacances faute de trouver des remplaçants!

En Belgique, le travail d’infirmier en psychiatrie est une spécialisation, qui s’effectue une fois obtenu le diplôme infirmier.

Les études s’effectuent en trois ans: la première année donne lieu au diplôme d’aide-soignant, la deuxième année, au diplôme d’infirmière brevetée, et la troisième année, au diplôme d’infirmière cadre. Des spécialisations peuvent ensuite être effectuées (infirmier anesthésiste, infirmier psychiatrique, sage femme, etc.).

Mais quelque soit le nombre d’années effectuées (1, 2 ou 3 ans) , le diplôme obtenu en fin d’année permet de travailler immédiatement à un niveau donné.

Les établissements psychiatriques emploient les infirmiers psy français comme des infirmiers spécialisés en psychiatrie (salaire plus important, conditions de sécurité dans le travail plus étendues). 

Le diplôme d’infirmier de secteur psychiatrique français donne lieu à l’obtention de l’équivalence du diplôme d’infirmièr breveté, qui correspond au
D.E. français. Les infirmières graduées n’ont pas à passer par une école de cadres, qui n’existent pas, la troisième année de leur formation leur fournissant ce grade. Les infirmières cadres sont responsables des plannings, de l’organisation du service, de l’accomplissement des soins, des relations avec la direction, les médecins, les familles, les structures partenaires extérieures, tout en travaillant dans les équipes en cas de défection d’un agent.

Sur le plan disciplinaire, il n’existe pas d’évaluation trimestrielle comme en France.

 

 

3. Réglementations dans certains domaines d’exercice :

En France, les infirmiers à domicile, pour s’installer à leur compte, doivent avoir travaillé au cours des trois années précédentes dans des services généraux. Les infirmiers de secteur psychiatrique ne peuvent s’installer à domicile. 

Alors qu’en Belgique, tout infirmier de la communauté européenne peut travailler sans restriction comme infirmier à domicile, dans des centrales de soin comme salariés ou à leur compte avec un statut d’indépendant. La seule limite à l’installation l’est sur la base de la non concurrence: vous ne pouvez pas travailler dans une centrale comme salarié et vous installer un beau jour dans la même rue en drainant avec vous toute la clientèle.

 

En France, les infirmières scolaires doivent suivre une formation de plusieurs années. Ce qui n’existe pas non plus en Belgique.

 


4. Exercice de la profession conditionné à la vaccination obligatoire:

En France, vous devez pour pouvoir travailler comme infirmière être vaccinée (diphtérie, tétanos polio, BCG et vaccin contre l’hépatite C). En cas de refus, vous êtes déclaré inapte par la médecine du travail, et n’êtes plus autorisé à faire des soins physiques aux patients.

En Belgique, la vaccination n’est pas une obligation: si vous n’êtes pas vacciné, la médecine du travail vous donne les formulaires vous permettant de vous faire vacciner gratuitement, mais vous pouvez continuer à travailler, ceci à vos risques et périls au cas où vous développeriez une de ces maladies.

 

 

5. Les nouveaux concepts introduits dans les études d’infirmière: 

En France, avec la réforme des études d’infirmière, ont été introduits dans celles-ci de nouveaux concepts: le "diagnostic infirmier" et les "transmissions ciblées". Ces concepts, importés du continent américain où ils étaient alors à l’état d’expérimentation et sont actuellement en train d’être abandonnés, sont devenus incontournables en France.

a) Le concept de "diagnostic infirmier" va de pair avec la diminution du nombre de médecins hospitaliers, visant à faire croire aux infirmiers qu’ils sont aptes à poser des diagnostics et à statuer en matière d’hospitalisation des patients qu’ils suivent.

Sur le plan déontologique, il n’est pas recevable, dans la mesure où seul un médecin est apte à poser des diagnostics.

Dans son application pratique, il peut avoir des conséquences peu glorieuses: en psychiatrie, j’ai vu des infirmières hospitaliser un patient après qu’elles l’aient étiqueté de "paranoïaque dangereux" (accès au dossier "paranoïa"), dans le cadre d’un conflit avec son employeur, un C.A.T. qu’il menaçait d’attaquer en justice...

Le diagnostic de paranoïaque avait tout d’abord été posé par le C.A.T. qui sollicitait l’intervention des infirmières. A l’arrivée à l’hôpital de ce patient, le médecin qui le reçoit en entretien infirme ce diagnostic, et le renvoie chez lui trois jours plus tard.

Conséquences pour le patient: beaucoup d’émotions pour rien, perte de confiance dans l’équipe infirmière qui le suit, dans son employeur, et conséquences pour la sécurité sociale (quatre jours de dépenses d’hospitalisation inutiles, et de transfert en ambulance aller et retour).

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b) Les "transmissions ciblées" ne sont pas censées relater les faits relatifs aux patients, sur la base desquels le médecin pourra ensuite poser un diagnostic, depuis que les médecins sont devenus une espèce en voie de disparition, mais se limiter à des termes médicaux, des étiquettes, des phrases schématiques, qui font abstraction du coefficient de l’observateur qui les pose. Il n’y a pas de distance ni de confrontation entre ce qui se passe exactement, et ce qui en est dit: les "transmissions ciblées" sont alors considérées comme le reflet de la réalité, indépendamment de la réalité que vit le patient, et du diagnostic posé par le médecin, en raison de la disparition de celui-ci.

Avec ces nouveaux concepts, sont apparus de nombreux acronymes, et un langage basé sur de nouveaux mots qui n’existaient pas auparavant, proprement incompréhensibles aux non-initiés.

Pour camoufler ce monceau d’escroqueries sémantiques est apparue la "démarche qualité", qui vise à justifier la misère thérapeutique en la présentant comme la huitième merveille du monde.

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6. Limites exercées à l’intérieur des entreprises: 

a) Réduction des effectifs:

A partir des années quatre-vingt les effectifs du personnel en service diminuent: une même charge de travail qui était accomplie auparavant par 6 personnes n’en nécessite plus que trois.

En Belgique, les effectifs infirmiers sont soumis à des normes qui, si elles ne sont pas respectées, peuvent entraîner la fermeture de l’établissement en 24 heures. De ce fait, les effectifs infirmiers sont éminemment plus élevés qu’en France.

En ce qui concerne la psychiatrie, elle y obéit également à des normes, avec spécialisation des infirmiers, effectifs conséquents, et prise en compte de la dangerosité du travail: les femmes enceintes sont écartées, à savoir sans contact avec les patients, ce temps d’écartement étant orienté vers un travail de secrétariat ou plus administratif, ou assimilé au congé de maternité.

Les conditions de soin y sont donc bien supérieures à la France en psychiatrie, et ceci depuis toujours. Particulièrement dans le domaine de l’autisme: faute de structures satisfaisantes dans notre pays, des autistes français vont se faire soigner en Belgique, où certains établissements hébergent une majorité de nos concitoyens.

b) Changements au niveau thérapeutique:

La fonte des effectifs empêchant un travail relationnel sérieux auprès des patients, elle s’est accompagnée de la disparition du travail d’équipe qui était possible auparavant, entre le médecin, les infirmiers référents, les autres intervenants autour du patient: disparition de la psychothérapie institutionnelle (
accès au dossier "thérapie institutionnelle"), basée sur le respect du patient, des entretiens psychothérapiques avec celui-ci, des projets thérapeutiques, des ateliers, des séjours extérieurs... etc., au bénéfice du comportementalisme -ou béhaviourisme- (accès au dossier "thérapie comportementale") qui devient dominant, avec son lot de méthodes de conditionnement de l’individu, ainsi que les prescriptions de psychotropes.

Le concept de personne disparaît au bénéfice de celui d’une vision mécaniste de l’organisme humain. Les hospitalisés tournent en rond dans le service.

La partie des études dévolue à la psychiatrie, exsangue, fait l’impasse sur tout l’historique de celle-ci, sur l’ouverture des asiles après la deuxième guerre mondiale, sur toutes les avancées et expériences réalisées dans la deuxième moitié du XX° siècle (
voir à ce sujet l'histoire de "l'hôpital de St Alban").

Ce dont il est question ici est de balayage de la mémoire, au bénéfice de pseudo savoirs (PNL, stages de management, comportementalisme, etc.) basés sur une idéologie de l’infériorisation de l’être humain et la valeur absolue de l’argent, et indépendamment de tout critère de scientificité et d’efficacité thérapeutique réels et démontrés.

 

c) Apparition de nouvelles tâches de secrétariat: 

Cette baisse des effectifs s’accompagne de l’apparition de nouvelles tâches
(consulter ici l'article de l'Humanité "la psychiatrie souffre du manque de moyens"). Avec le dossier de soin, et ses nombreux volets sur lesquels il faut inscrire les mêmes informations à la main (nom, prénom, date de naissance, nom du médecin traitant, service d’hospitalisation), le temps passé à remplir des papiers est équivalent à celui passé au travail infirmier auprès des patients; Non seulement il y a deux fois moins de personnel, mais ce dernier passe deux fois moins de temps auprès des patients, son temps de travail infirmier étant diminué par deux, au bénéfice d’un travail de secrétariat.

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d) Apparition du harcèlement professionnel:

Il s’agit principalement d’un ensemble de techniques diffusées par le biais des écoles de cadre, qui ont institutionnalisé la pratique du harcèlement professionnel.

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e) Dévalorisation des compétences infirmières et médicales:

Le manque d’effectif justifie l’accomplissement de tâches infirmières par des aide soignants ou des agents de service sans qualification: ce dont il s’agit ici consiste à faire faire le même travail par des gens non-formés, donc payés beaucoup moins cher.

Une grande part des établissements fonctionnent avec quelques infirmières débordées, et aucune aide soignante diplômée, les agents de services n’ayant, en arrivant, aucune formation de santé, et étant mis en situation du jour au lendemain d’accomplir des tâches aide soignantes et infirmières en l’absence de celles-ci: distribution des médicaments, tous les soins de nursing, administration de gouttes, de pommades, surveillance et enlèvement de perfusions.

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f) Dévalorisation du statut et des conditions de vie des résidents: 

Pour les résidents, les conséquences en sont qu’ils sont manipulés à toute vitesse, sans ménagement, parfois hors de tout contexte relationnel personnel, traités comme des objets.

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g) Un système de gestion vampirique: 

Chaque fois que disparaît un médecin apparaît un pouvoir donné, invisible, qui s’arroge son pouvoir de décision sans avoir ses capacités ni sa légitimité, et qui parasite les individus: mises sous tutelle abusives, prise en main des biens des soignés, éloignement des personnes âgées de leur domicile à travers une orientation non justifiée sur le plan thérapeutique vers des structures onéreuses et non indispensables, qui précipitent leur désorientation
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h) Des formations basées sur des escroqueries sémantiques:

Au cours des deux dernières décennies sont également apparus de nombreux changements dans le contenu des formations, chargées d’institutionnaliser ces méthodes de gestion: disparition des méthodes permettant le travail sur soi, l’introspection, l’expansion de la conscience, les thérapies artistiques, le développement personnel... etc., au bénéfice de formations d’écoles de cadres, axées sur les aspects administratif et de gestion du personnel, la PNL ("programmation neuro-linguistique", qui fonde son autorité en prétendant faussement s’inspirer la sémantique générale) et les formations utilitaires: formation incendie, transmissions ciblées, diagnostic infirmier... etc. 

Autrement dit, on assiste là à un appauvrissement des techniques, à une médiatisation de la psychiatrie visant à justifier une évolution sécuritaire de celle-ci, et à la diffusion de pseudo-savoirs à des fins de contrôle de l’individu et de bénéfices financiers: voir la préconisation toute récente (au moment où j’écris cela : octobre 2005) de l’INSERM de détecter les troubles mentaux dès la prime enfance et de prescrire des médicaments dans le cas de troubles de conduite de l’enfant: http://www.acpsy.com/La-vision-de-l-INSERM-est.html. Cette étude repose sur des critères de pathologie anglo-saxons, inspirés du comportementalisme, qui n’est qu’une théorie dépourvue de scientificité dans le cadre du paradigme scientifique actuel, dans la mesure où elle repose sur la vision mécaniste cartésienne de l’homme et du monde (XVII°), et ne saurait tenir lieu de vérité. Dans la mesure où elle incite à la prescription de psychotropes chez les enfants, elle fait le jeu des laboratoires pharmaceutiques, dont les intérêts financiers sont inversement proportionnels à ceux de la sécurité sociale: nous sommes déjà le pays le plus grand consommateur au monde de médicaments.

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7. Détournement de la psychiatrie à des fins de contrôle social. Exploitation de l’affaire de Pau. La notion de dangerosité en psychiatrie:

Au moment où j’ai fait mes études, à la fin des années soixante-dix, je suis arrivée dans un contexte de psychiatrie ouverte: les patients, à part ceux qui étaient en placements volontaire (
on emploiera désormais les termes d'hospitalisation à la demande d'un tiers) ou d’office, ce qui était assez rare, étaient libres de leurs mouvements, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’établissement.

Il n’y avait pas de chambre de force ni d’isolement, lesquelles sont apparues dans les années quatre-vingt avec la diminution des effectifs. Les patients arrivés en placement d’office d’établissements où ils étaient hospitalisés depuis longtemps étaient remis en placement libre en l’absence de comportement dangereux de leur part, et ceux-ci ne cherchaient pas à sortir, préférant généralement rester dans l’enceinte de l’établissement, ou sortaient accompagnés. Les équipes avaient constaté que mélangés aux autres patients et traités comme eux, ils cessaient d’être dangereux.

En cas d’hospitalisation dans un contexte violent, les gens étaient généralement mis sous sédatifs dans une chambre seule et enfermés si besoin, mais n’y restaient que quelques jours, le temps d’instaurer avec eux des relations de bon aloi basées sur le dialogue et l’accompagnement, en relation avec leur milieu familial et social. Nous prenions conscience de l’importance de nos propres réactions dans la dangerosité d’un patient et apprenions à maîtriser dans une certaine mesure la part de la relation qui dépendait de nous, afin d’impulser une conclusion heureuse plutôt que déplaisante. Et les résultats étaient généralement satisfaisants. 

Le fait d’être confronté à la violence est inhérent au travail en psychiatrie. Si ce fait est actuellement monté en épingle dans les media, et qu’il est une découverte pour les profanes, pour les professionnels il est une évidence, cette confrontation au danger, à l’imprévu et l’imprévisible faisant partie du travail. 

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(lire la suite sur Internet)

Agence de presse Interzone

 

 

 


 

 

 

Sur les conséquences d'une formation infirmière unique imposée à la psychiatrie par le gouvernement de 1992, et la suppression des centres de formation spécifique, consulter ci-dessous:

 

Voir également ci-dessous:

 

 

 

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