hospitalisation alcoolique violent 

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"Mon père est violent, alcoolique et dépressif mais ne veut pas le reconnaître. Il a été placé chez ma grand-mère par ordonnance de justice avec procédure d'éloignement de notre domicile, suite aux violences répétées contre ma mère, mes sœurs et moi.

Il habite avec ma grand-mère mais ça ne l'empêche pas de rentrer chez elle
ivre et menaçant. Elle a plusieurs fois été obligée d'appeler la police et SOS médecin, et de signer une HDT, ce qui entraîne l'admission de mon père aux urgences en état d'ébriété et d'agitation. Mais il en ressort toujours après quelques heures car «il est trop alcoolisé», dixit le médecin des urgences.

A ce jour, toute la famille est dépassée: on ne sait plus quoi faire, ni vers qui se tourner pour qu'il soit hospitalisé. Il semble impossible de le faire soigner par la contrainte et nous ne voyons pas de solutions."

 

Dossier F.A.Q.

 


 

 

Nous avons pris connaissance de votre courrier, et en effet la situation de votre famille semble inextricable tant sont mêlées les notions de délinquance (justice), de pathologie (thérapie) et de souffrance familiale (vie privée, vie affective).

Nous n'avons évidemment pas de réponse 'toute faite' ni de solution miracle. Des réflexions et des questions sont venues en lisant votre lettre. Permettez-moi de les exposer telles quelles, en souhaitant qu'elles ouvriront quelques pistes...

Dans un premier temps, peut-être est-il nécessaire de distinguer puis d'aborder séparément ce qui relève du judiciaire et du thérapeutique, même si, comme nous allons le voir, il y a parfois rapprochement entre ces deux domaines.

 

Au niveau de la justice

 

Une décision judiciaire a placé votre père chez votre grand-mère. Est-ce quelque-chose d'irrévocable? L'éloignement de son domicile conjugal et familial nécessite-t'il obligatoirement le placement chez votre grand-mère? La violence que vous évoquez ne rend t'elle pas cette décision caduque?


Pour votre information, depuis les lois de 2005 (12/12) et 2007 (5/03), les actes de violence sur conjoint(e)s, ex-conjoint(e)s... sont des infractions pouvant être punies d'un "suivi socio-judiciaire". Obligation inclue dans la peine, elle soumet le condamné à des "mesures d'assistance" pour prévenir toute récidive. La justice distingue alors les "soins pénalement obligés", comportant éventuellement une "injonction thérapeutique" (fréquente dans les cas de sur-consommation d'alcool), et les "injonctions de soins" applicables après qu'une expertise médicale ait laissé entrevoir la possibilité d'une prise en charge thérapeutique (loi du 17/06/98). Il y a dans ce cas rapprochement entre les autorités sanitaires et judiciaires: le médecin traitant, choisi par le condamné, est un psychiatre participant au service public. Le condamné peut aussi faire le choix d'un psychologue traitant. Médecin ou psychologue traitants, après avoir donné leur accord, doivent organiser la prise en charge thérapeutique de leur patient, lui délivrer régulièrement des "attestations de suivi", et en cas de manquement, informer le juge d'application des peines (le patient qui refuse les soins qui lui sont proposés risque d'aller en prison).


Dans une autre mesure, et pour en revenir à votre situation, les menaces à l'encontre de votre grand-mère peuvent aussi relever du domaine de la justice: une réponse de la famille, certes très douloureuse à prendre, est parfois dans un dépot de plainte, à l'occasion par exemple d'une intervention des forces de l'ordre...

 

Au niveau de la thérapie

 

Pour l'aspect thérapeutique, ce que vous décrivez ne laisse pas espérer de consentement au soin. La loi du 5 juillet 2011 a introduit les 'soins sous contrainte', en remplacement des 'hospitalisations sous contrainte' (anciennes HO et HdT). L'hospitalisation fait partie de l'arsenal thérapeutique, au même titre que le suivi à domicile, la prise de traitements médicamenteux, la participation à des activités en CATTP (Centre d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel) ou en HdJ (Hôpital de Jour)... La contrainte s'exerce désormais sur le soin dans son ensemble, quelles qu'en soient l'expression, les modalités.

Il existe dorénavant 4 sortes de 'soins sous contrainte' en psychiatrie:

  1. Soins psychiatriques à la demande d'un tiers, avec demande manuscrite rédigée, datée et signée par un proche (comme dans votre cas, c'est très souvent un membre de la famille). Dans la pratique, quand ce proche revient sur ses écrits et réclame la levée de la contrainte, sa nouvelle demande est majoritairement suivie d'effet et la personne soignée en unite d'hospitalisation quitte rapidement l'hôpital;

     

  2. Soins psychiatriques en cas de péril imminent. Ces soins sous contrainte s'imposent en cas de péril imminent, sans passer par la demande d'un proche. Le directeur d'établissement prononce l'admission, et informe l'entourage du patient dans les 24 heures (famille, proches). Le directeur d'établissement peut s'opposer à la levée des soins demandée par un tiers. La procédure des "soins psychiatriques en cas de péril imminent" autorise la contrainte psychiatrique d'une personne même lorsque l'ensemble de son entourage s'y oppose. C'est une mesure plus lourde que la précédente, qui ne favorise pas une sortie rapide d'hôpital;

     

  3. Soins psychiatriques sur décision du représentant de l'État. Ces soins sous contrainte découlent d'un arrêt du préfet qui se base sur un seul certificat médical circonstancié spécifiant que "les troubles mentaux nécessitent des soins et compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte de façon grave à l'ordre public". La procédure des "soins psychiatriques sur décision du représentant de l'État" permet de protéger l'ordre public en contraignant psychiatriquement un individu lorsque par exemple personne ne veut ou ne peut signer la demande du tiers, et que les psychiatres de l'établissement concerné ne sont pas joignables assez rapidement. Cette mesure est lourde de conséquences car si elle contraint fortement le patient, elle contraint tout autant sinon plus encore l'équipe soignante. La personne soignée à l'hôpital ne pourra retourner dans son logement qu'accompagnée d'un "programme de soins" incluant consultations régulières auprès de son psychiatre, éventuellement d'une psychologue, visites à domicile des infirmiers, prises de traitements médicamenteux en injectable ou à avaler, inscription à un hôpital de jour ou à des activités en CATTP (Centre d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel)... etc.

     

  4. Soins psychiatriques en procédure d'urgence. En cas de danger imminent pour la sûreté des personnes, attesté par un avis médical ou à défaut par la notoriété publique, un maire peut ordonner une mesure provisoire de soins psychiatriques d'urgence, par le biais d'un arrêté municipal à l'égard des personnes dont les troubles mentaux sont manifestes. Cet arrêté et cette mesure entraînent les soins sous contrainte. Le préfet recevra du maire une ratification de procédure d'urgence et devra prononcer un arrêté préfectoral dans les 24 heures, qui entérinera ou non les "soins psychiatriques sur décision du représentant de l'État". Extrêmement rare, cette mesure reste par définition 'provisoire'.

 

Si les anciens termes d'HDT et de HO sont toujours utilisés, ils ne recoupent plus exactement la situation réelle en psychiatrie.

Tout médecin prend ses décisions en fonction de ce qu'il estime convenir au mieux à la prise en charge de son patient. Il les prend également en fonction des réalités qui s'imposent à lui
-le médecin- comme à l'équipe soignante: on n'hospitalise plus les patients pour de très longues périodes (il n'y a d'ailleurs pas assez de lits d'hospitalisation pour cela).

Si la crise se gère à l'hôpital, le projet de soins recherchera rapidement un retour sur l'extérieur: soit à domicile, soit dans une structure adaptée (maison de retraite, foyer, appartement thérapeutique...). Dans le cas de votre père, malheureusement opposé aux soins tout en étant sous le coup d'une ordonnance de justice, le retour à domicile équivaut à un retour au domicile de votre grand-mère.

Nous n'avons pas connaissance de structures spécifiques qui prendraient en charge et contre leur gré les patients alcooliques refusant de soigner leur dépendance à l'alcool. Il convient de préciser que ne pourra être efficace pour le patient qu'un soin de l'alcoolisme accompagné d'une réelle volonté d'arrêter de boire.


La pathologie dépressive par-contre, en phase aiguë avec risque suicidaire chez une personne qui refuse de se soigner, peut justifier de la part du médecin des mesures de soins sous contrainte avec hospitalisation. Le soin sous contrainte continuera ensuite sous une autre forme, la sortie d'hôpital étant envisagée dès que possible, c'est à dire une fois la crise passée (et notamment dans ce cas le risque suicidaire) et le traitement médicamenteux adapté à une vie à l'extérieur.

Plusieurs fois votre père a été emmené aux urgences, mais il n'a pas été hospitalisé malgré la (les) demande(s) d'
HDT. Il faut bien comprendre que l'HDT est une demande faite par l'entourage, mais que l'hospitalisation en psychiatrie ne sera prescrite que si le médecin l'estime justifiée dans le soin du patient. L'HDT est comme un appel à l'aide de l'entourage, déclenchant l'intervention du médecin-psychiatre pour examiner la personne qu'on lui présente.

 

Ce psychiatre décidera quelle suite donner, en fonction de l'ensemble des éléments dont il dispose, à savoir:

  • le courrier médical (SOS médecin, médecin de famille, médecin des pompiers...);

  • le manuscrit d'HDT;

  • l'éventuel rapport des forces de l'ordre, des pompiers;

  • l'éventuel dossier du patient établi lors d'une précédente consultation dans ces lieux et relatant l'histoire de sa santé, de ses soins;

  • mais également sa propre évaluation de la situation clinique du patient, découlant de l'entretien que le psychiatre vient d'avoir avec lui.

Pourquoi votre père n'a pas été hospitalisé? Nous ne pouvons pas répondre, nous n'en savons rien.

Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faille pas à nouveau procéder par une demande d'
HDT si l'état de santé de votre père inquiète toujours son entourage. Chaque membre de sa famille a tout à fait le droit (le devoir) d'en être préoccupé, de le faire savoir en appelant à l'aide, et cela autant de fois qu'il le jugera nécessaire, c'est à dire chaque fois que la situation le justifiera à ses yeux.

Car l'
HDT est une demande d'aide auprès des professionnels soignants, qui traduit l'inquiétude de l'entourage pour la santé d'un proche. Ce n'est rien de plus, mais rien de moins que cela.

En espérant avoir aidé, au moins en partie, à clarifier votre situation...

amitiés sincères

Mr D. Giffard,

Infirmier de Secteur Psychiatrique,

pour le site de formation et d'information 'Psychiatrie Infirmière'.

 

 

 


 

 

 

 

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  MAJ 03.11.12