addiction conduite addictive alcool drogue - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique -
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ADDICTION et
CONDUITE ADDICTIVE
Définition, caractéristiques de l'addiction et de la conduite addictive
C'est une relation de dépendance aliénante envers un produit, toxique ou non. Le terme d'addiction vient
d'un mot latin qui signifie "contrainte par corps", dans le sens très précis de "esclavage pour dette".
C'est une métaphore de la toxicomanie
qui renvoie la dépendance physique à une peine auto infligée.
La question est: quelle est l'origine de ce sentiment de dette vécu par le patient? Quelles sont les carences affectives qui ont amené le sujet à rembourser au prix fort une telle dette? BERGERET parle d'engagements non tenus et contractés par ailleurs.
Si le terme d'addiction fut au début réservé aux seuls états de consommation pathologique d'une substance donnée, l'utilisation qu'en fait MARK lui fait désigner maintenant toute répétition de comportements chargés de plaisir, mus par un désir irrépressible qui ne cède qu'après la réalisation de l'acte. Nous trouvons dans les principales addictions le jeu pathologique, les addictions sexuelles, les achats compulsifs, les addictions alimentaires comme la boulimie, l'alcoolisme, le tabagisme... etc.
Notons cependant que le diagnostic n'est pas toujours aisé à faire entre ce qui est du domaine de l'addiction, et ce qui ne l'est pas (où se situe l'achat excessif?).
Janvier 2013 - Accro à Internet, une nouvelle maladie ? -
On connaît le risque d’arbitraire planant sur la nosographie psychiatrique: la maladie
mentale n’a d’existence officielle que reconnue par des spécialistes "patentés". Ainsi, jamais
autant de "malades mentaux" n’ont été "guéris", du jour au lendemain et sans le moindre
traitement, que par ce vote où les membres de l’Association Américaine de Psychiatrie décidèrent, en 1973, d’exclure l’homosexualité
de la liste officielle des troubles mentaux ou de la
sexualité!
Mais paradoxalement, cette suppression "sur tapis vert" d’une "maladie" n’a pas servi d’exemple pour modérer l’ardeur à diagnostiquer de nouvelles affections! Et il existe toujours une propension pour étendre le champ du "pathologique", au lieu de se recentrer sur le "noyau dur" des psychopathologies.
La question de "l’addiction à l’Internet" fait ainsi débat, en particulier dans certains pays d’Asie comme la Corée du Sud où une joueuse en ligne a accouché dans un cybercafé puis tué son bébé pour poursuivre son jeu, et où des parents ont laissé mourir de faim leur nourrisson car ils étaient "trop occupés à élever un enfant virtuel sur Internet".
Cependant, le terme même d’addiction est contestable, car il concerne plutôt une appétence incontrôlée pour des substances physiques (drogues, alcool). Il existe certes une tendance à élargir ce concept en matière de comportements, notamment pour le jeu pathologique, modèle le plus proche de "l’addiction à l’Internet". Mais elle est discutable car, pratiquée sans discernement, toute activité pourrait aussi devenir une pareille "addiction", rappelle l’auteur : "manger, avoir des relations sexuelles, faire du sport, s’adonner au shopping, travailler, ou même se livrer à toute sorte de loisir, par exemple le modélisme".
D’autre part, ce n’est pas à l’Internet lui-même que les utilisateurs sont "accro", mais à certaines de ses applications: "jeux en ligne, visites de sites pornographiques, achats en ligne, messageries, etc.".
En pratique, les intéressés deviennent dépendants de la Toile, car elle constitue pour eux un "moyen d’alimenter d’autres addictions", comme les sujets accro aux casinos le sont en réalité aux jeux d’argent.
Quelle que soit la terminologie retenue, les inconvénients d’une "vie sur la Toile" existent: délaissement de la scolarité et de la vie professionnelle et sociale, troubles du sommeil et/ou de l’appétit (avec prise de poids liée à la boulimie nocturne et au manque d’exercice physique), fatigue oculaire… Mais certains aspects positifs (réseaux sociaux) confèrent à cette addiction présumée un aspect original, car si la communication recherchée (avec des "amis" virtuels) nuit à la socialisation réelle, ce n’est pas dans le sens du virage "autistique", redouté par certains.
Il n’est donc pas sûr qu’on puisse parler d’une "addiction à l’Internet", dans le sens implicitement destructeur donné aux autres addictions, comme la passion maladive du jeu.
Du
geek au junkie
Pourtant, si ce thème est trop récent pour autoriser des conclusions formelles, on peut repérer quelques éléments rapprochant en partie certains "geeks" des "junkies", et le plaisir recherché sur l’Internet au "trip" des toxicomanes:
Négligeant toutes ses activités quotidiennes, le sujet s’adonne de façon incontrôlée à la navigation sur l’Internet;
Il ne peut plus garder la maîtrise de cette activité et ne parvient plus à s’arrêter, même s’il prend conscience qu’elle devient préjudiciable pour lui;
Comme pour une "vraie drogue", un phénomène de tolérance s’installe, l’intéressé devant passer de plus en plus de temps sur son ordinateur, pour en tirer un même plaisir;
Quand il ne lui est plus possible de poursuivre son activité, le sujet présente des manifestations de sevrage: irritabilité, irritation, troubles de l’humeur…
Cette activité de plus en plus envahissante a des conséquences négatives sur la vie scolaire, professionnelle, familiale, voire des effets adverses, financiers ou/et sur la santé physique (surpoids, insomnie).
Dr
Alain Cohen.
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