alcoolisme 

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ALCOOLISME

 

Bases d'un traitement médico-psycho-social de la maladie alcoolique

 

 

 

 

Méthode de soin du centre spécialisé :

 

 

"Les Bruyères"

 Château de Letrette

69620 Letra

Le bois d'Oingt

 

 

 

 

Du Québec... une nouvelle technique de traitement de la maladie alcoolique introduite en France.

Tous les praticiens confrontés au problème de l'alcoolisme se heurtent à la redoutable et mortelle persévérance de leurs malades. C'est pourquoi nombre d'entre eux connaissent le découragement et il existe souvent dans les milieux médicaux un fatalisme qui ne va pas parfois sans un rejet de ces patients.

Notre recul de plus de 7000 cures avec 63% de guérison à 5 ans nous permet de proposer quelques bases d'un traitement possible de la maladie alcoolique.

 

La méthode que nous mettons en oeuvre trouve son origine et sa raison d'être dans l'évolution propre à notre institution et ne prétend nullement devoir être exportée ni imposée à d'autres services ou établissements, d'autant plus que ce genre de démarche ne serait pas exempte de danger. Elle mérite cependant d'être connue.

La notion même de maladie alcoolique est d'ailleurs encore loin d'être bien assimilée, tant par le grand public que par le corps médical lui-même qui ne s'intéresse généralement qu'aux séquelles de la maladie (cirrhose, polynévrite, encéphalopathie...) ou à ses complications. Trop souvent, un vain discours moralisateur et culpabilisant, quand il n'est pas franchement rejetant ou agressif est opposé à la souffrance profonde du malade alcoolique qui, de ce fait, demeure un être très solitaire.

 

 

L'alcoolisme: une toxicomanie.

 

De nombreux phénomènes cliniques nous ont donné la conviction que chez nos patients existait une authentique toxicomanie à l'alcool: qu'il s'agisse de l'inexorable fatalité de la rechute après une imprudence dérisoire, ou du caractère de priorité absolue que prend sur toute autre considération la nécessité de répéter les ingestions d'alcool, ou encore du désespoir qui se laisse percevoir chez l'alcoolique réduit à cacher son secret honteux et sa soumission à un chantage inavouable.

La mise en évidence en 1970, par VAVIS et WALSH, de la déviation du métabolisme des neuroamines cérébrales est venue confirmer sur le plan biochimique ces observations cliniques courantes. Les neuroamines cérébrales peuvent en effet se condenser avec l'acétaldéhyde (métabolite de l'éthanol) pour donner des alcaloïdes tetrahydro isoquinoliques. La condensation de l'acétaldéhyde avec la dopamine donne le salsolinol, qui possède une structure chimique voisine de celle de l'alcaloïde hallucinogène du peyotl. De même, la dopaldéhyde, qui provient de la désamination oxydative de la dopamine, voit son métabolisme inhibé compétitivement par l'acétaldéhyde et peut alors se combiner avec la dopamine elle-même pour aboutir à la tétra-hydro papavéroline, précurseur structuralement très proche de la morphine base. Toutes ces substances morphiniques agissent comme de faux neurotransmetteurs, notamment au niveau des très nombreux récepteurs des enképhalines et des endorphines.

Le mécanisme de la dépendance physique du malade alcoolique se laisse dès lors entrevoir comme une inhibition de la sécrétion naturelle des endorphines, créant le malaise, le manque et annonçant l'assuétude, associée à une diminution de réactivité des récepteurs, entraînant l'accoutumance.

L'alcoolisme est donc pour nous une toxicomanie endogène dure, induite chez certaines personnes par la consommation de boissons alcoolisées et l'alcoolique un toxicomane authentique, mais qui ne s'est pas voulu toxicomane. Cette double dépendance, à la fois physique et psychique, transforme le simple buveur excessif en malade alcoolomaniaque (accès au dossier "toxicomanie").

 

 

 

Les consultations d'hygiène alimentaire

 

Buts:

  • Venir en aide aux buveurs excessifs chroniques, avant que leur santé ne se détériore.

  • Intervenir avant l'apparition de la dépendance à l'alcool.

  • Ramener, si possible, les buveurs excessifs à une consommation telle que leur organisme puisse la tolérer.

  • Aider à la prise de conscience des risques divers qu'engendre une consommation immodérée de boissons alcooliques.

  • Assurer le sevrage parfois nécessaire des personnes qui ne peuvent plus supporter l'alcool.

  • Favoriser l'abstinence de sujets pour laquelle elle est indispensable.

  • Orienter, si nécessaire, vers les structures d'hospitalisation ou de post-cures spécialisées, vers les centres de prise en charge psychothérapique et les mouvements d'anciens buveurs.

Moyens:

  • La C.H.A. (consultation d'hygiène alimentaire) est une structure légère de prise en charge ambulatoire.

  • Les consultations médicales sont assurées par des médecins de médecine interne ou de gastro-entérologie. Elles sont gratuites. La liaison avec le médecin qui adresse à la C.H.A. est assurée.

  • Un travailleur social est à la disposition des consultants pour aider à la solution des problèmes familiaux, d'emploi, ou d'orientation éventuels. Il assure, si nécessaire, le lien avec les différents services sociaux ou hospitaliers.

  • Les C.H.A. sont gérées conjointement par la DRASS et le comité de défense contre l'alcoolisme.

 

 

 

 

L'accueil du malade alcoolique

 

L'alcoolique est donc un homme ou une femme qui souffre et c'est à ce titre que nous l'accueillons. Pratiquement, dans notre démarche journalière nous tentons de répondre spécifiquement à sa demande. Sur le plan physique, il s'agit d'interrompre la consommation irrésistible d'alcool et sur le plan psychique, de prendre en compte les problèmes psycho affectifs qui sont à l'origine de l'alcoolisation ainsi que le vécu toxicomaniaque (les paradis artificiels) qui le caractérise, le sevrage médical et la relation psychothérapique constituant l'armature du traitement.

L'un des principaux éléments de la cure est constitué par la thérapie institutionnelle ou "ambiance thérapeutique" qui vise à instaurer un climat chaleureux d'authenticité, et de réflexion et fournit une prise en charge collective et permanente (accès au dossier "thérapie institutionnelle").

 

Elle s'harmonise au sein et autour des éléments suivants :

 

Le sevrage médical

 

Sur le plan physique, très rapidement, le traitement médical atténue le malaise et l'inquiétude du patient et lui fait sentir qu'une réparation est possible. Le désir et l'espoir d'un nouveau départ naissent en lui.

Le traitement médical repose sur trois éléments :

Le sulfate de magnésium, associé aux perfusions, fait disparaître la sensation de manque et intervient dans la prévention du delirium tremens: en dix ans de fonctionnement nous n'avons eu aucun cas de delirium tremens malgré un sevrage brutal et total, et ceci pour plus de 7000 personnes.

A ce traitement standard, nous adjoignons bien évidemment en fonction de l'atteinte somatique parfois importante de nos malades des médications liées à la pathologie rencontrée (hépatique, digestive, neurologique...).

De plus, l'état d'intoxication poly-médicamenteuse souvent inquiétante et toujours inhibitrice dans lequel nous parviennent certains de nos curistes nous amène à éviter, dans la mesure du possible, toute chimiothérapie psychotrope prolongée, afin de ne pas remplacer une dépendance par une autre et afin de permettre aux patients de retrouver aussi vite que possible la lucidité dont ils auront besoin en psychothérapie. En ce sens, l'utilisation de l'acupuncture et de l'auriculothérapie permet de répondre à certaines demandes, tout en assurant un véritable sevrage médicamenteux.

 

 

L'abord psychothérapique

 

Le rôle des médecins prend ici une dimension particulière : outre leur activité thérapeutique, il s'adjoint une fonction de type plus institutionnel. C'est ainsi qu'une partie importante de l'activité médicale est constituée par des exposés faits par le médecin, sur les aspects organiques de la maladie, afin d'aider le patient à se prendre en charge lui-même, par une meilleure connaissance de la maladie.

 

L'information thérapeutique :

Cette dimension documentaire est complétée par une série de séances d'information, au cours desquelles nous expliquons et démystifions la maladie alcoolique. Ces séances conduites par un membre de l'équipe, sont synchronisées avec l'évolution en psychothérapie de groupe.

Les séances d'information se déroulent ainsi :

La relaxation :

La réparation médicale et un début de compréhension induite par les séances d'information resteraient incomplètes sans une plus grande maîtrise de l'émotivité. Pour cela, les exercices de maîtrise psychosomatique ont pour but de donner à nos pensionnaires les rudiments d'une technique d'indépendance, tant vis à vis de leur "machinerie" organico émotionnelle que vis à vis de leurs processus mentaux.

Ce but est atteint par :

Ces exercices doivent amener progressivement les participants à concevoir leur personne physique et mentale comme un capital qu'il importe de ne plus subir mais de sagement administrer, comme un instrument obéissant, susceptible de les aider à accomplir la destinée de leur choix, et non le contraire (accès au dossier "relaxation").

 

La psychothérapie :

Admis par tous, réchauffé par l'ambiance, commençant à comprendre sa maladie et en même temps dans l'attente de tous ses possibles, le malade peut alors aborder la psychothérapie de groupe -groupe de 8 à 10 personnes selon les entrées (accès au dossier "thérapie groupale"). Il s'agit d'une psychothérapie brève puisqu'elle se limite à une douzaine de séances, d'une durée d'une heure et demi chacune, réparties en trois semaines. Elle est spécifiquement centrée sur la sensibilité particulière du malade alcoolique.

Les premières séances servent aux patients à faire connaissance, les uns avec les autres et laissent apparaître les mécanismes de défense de chacun. Par la suite, le travail du groupe consiste en un effort de prise de conscience qui permet au malade piégé par une toxicomanie endogène d'émerger de sa gangue de dépendance, de méconnaissance des problèmes psychoaffectifs et d'inauthenticité pour l'amener à découvrir sa vérité et lui permettre de faire le choix ultime: boire ou ne pas boire.

Pour ce faire, le psychothérapeute adopte une attitude non-directive mais cependant de soutien en ce sens qu'il s'implique en faisant systématiquement référence à l'explication de la maladie qui est donnée dans l'établissement, mais sans toutefois orienter le groupe vers un but à atteindre à tout prix. Il préserve ainsi la spontanéité de chacun et facilite les libres associations du groupe, qui lui permettent de formuler une interprétation d'ordre psychodynamique lorsqu'un patient est proche de la prise de conscience d'un élément venu de l'inconscient (accès au dossier "conscient et inconscient").

Pour nous, le malade alcoolique n'est pas seulement un malade psychiatrique: en fin de cure l'étiquette "névrose" ou "psychose" n'existe plus en tant que refuge justifiant, en prétendant l'expliquer, le recours à la consommation d'alcool. La singularité de l'expérience toxicomaniaque est d'abord prise en compte. La consommation d'alcool étant une solution provisoire et sans issue au mal-être. Le bien-être et la joie de vivre doivent être élaborés avec d'autres outils. Il s'agit de "coller" à la réalité et de devenir autonome.

L'ensemble de nos outils thérapeutiques vise à concrétiser l'autonomie du curiste, à lui apprendre à ne pas céder à la panique, à harmoniser ses émotions, à faire le silence dans son esprit quand la pression de l'angoisse devient trop forte (accès au dossier "angoisse"). Notre but n'est pas de réintégrer l'individu à tout prix dans un milieu qui s'est avéré problématique, voire pathogène, mais essentiellement de faciliter ses choix conscients et autonomes: réunion conjugale ou séparation, réinsertion professionnelle ou changement d'emploi...

 

 

Le traitement social

 

La prise en compte de la situation sociale du patient est la dernière, et peut-être la plus importante étape du traitement de la maladie alcoolique. C'est elle qui en conditionne le résultat à long terme.

 

Elle nécessite l'action concertée des travailleurs sociaux (assistantes sociales, éducateurs...), des équipes de secteur psychiatriques et surtout des mouvements militants d'anciens malades organisés les uns selon des a-priori idéologiques (Vie libre, Croix d'or, Croix bleue, Bons Templiers, alcooliques anonymes...) et les autres selon des considérations corporatives (Amitiés PTT, Amitiés Communautaires et Municipaux...).

C'est assez souligner l'importance de notre institution d'ouvrir largement ses portes à ces différentes catégories de soignants. Le traitement du tissu social permet de modifier le réseau relationnel du malade, de faciliter sa réinsertion et d'intervenir en cas de nécessité d'une manière incisive dans son milieu habituel pour conforter l'abstinence et prévenir la rechute. D'une manière générale, l'essentiel de nos interventions extérieures vise à renforcer les liens et la coordination entre les différentes structures et personnes s'occupant de malades alcooliques, et tout particulièrement les services hospitaliers, les praticiens de ville et les Centres d'Hygiène Alimentaire.

 

 

Pour élargir la recherche:

 

 

 

http://psychiatriinfirmiere.free.fr/  -  "Informer - Expliquer - Comprendre"  -


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bibliographie

 

 

 

 

 

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