Malaise social en psychiatrie  

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Extraits de l'article du 7.06.03 relatif aux états généraux de Montpellier

(accès aux articles 1 et 2 du Monde de la veille, parus le 6.06.03)

 "Sommés de répondre à un malaise social"

(consultable sur le site du "Monde")

" Pourquoi convoquer des Etats généraux réunissant tous les professionnels de la psychiatrie ?

Cela nous semblait le seul moyen de lancer un cri d'alarme à l'opinion et de nous faire entendre des pouvoirs publics face à la dégradation manifeste et permanente des conditions de soins en psychiatrie... / ...

La psychiatrie a pourtant réalisé, en cinquante ans, de très importantes avancées: elle a intégré la psychanalyse, les découvertes pharmacologiques, a inventé de nouveaux espaces soignants. Mais... la psychiatrie est confrontée à un manque de moyens chronique (accès à l'article de 2002 "la psychiatrie souffre du manque de moyens"). 

Pensez-vous que l'Etat a fermé trop de lits d'hospitalisation ces dernières années ?

Une grave confusion a été entretenue : au lieu d'améliorer des conditions d'hospitalisation, on a fermé des lits. Or il y a des patients qui ont besoin de l'asile, d'un abri soignant... L'expérience nous montre que ce n'est pas en fermant les unités d'hospitalisation qu'on soigne correctement les malades mentaux. D'autant plus que, dans le même temps, les structures alternatives à l'hospitalisation (lieux de nuit, de jour...) ont été insuffisamment créées : 3 000 places, alors que 30 000 lits ont été supprimés!

 

... / ... 

 

Quelles sont les conséquences de cette pénurie sur la qualité des soins prodigués ?

Il y a le risque de la diminution de la qualité des soins (accès à l'article de 2005 "débat après le meurtre de Pau"). La psychiatrie est à un carrefour de plusieurs disciplines (médicale, psychologique, sociale, biologique...); c'est sa richesse et sa complexité à la fois. Une tendance qui imposerait une seule vision des soins amputerait gravement l'évolution de cette discipline. Or, aujourd'hui, deux risques de dérive, susceptibles d'adapter la psychiatrie au manque de moyens, existent: d'une part, socialiser la maladie mentale (ne considérer que le handicap social en renonçant aux soins), d'autre part, médicamenter à outrance la souffrance psychique (cela inspiré par un courant neuroscientifique anglo-saxon).

Ce dernier courant est inquiétant, car il revient à traiter la maladie et non le malade... Or ce qui fonde la culture et l'originalité de la psychiatrie française, c'est d'avoir toujours réfléchi et traité les patients en tenant compte de leur histoire et de leur singularité. Les symptômes de la maladie ne peuvent être entendus "en soi" mais en fonction de la manière dont le patient les vit et dont il les exprime: on ne peut pas être des prescripteurs de médicaments sans permettre au patient de réfléchir sur le sens de sa souffrance.

Cette tendance a l'immense avantage de proposer des simplifications à outrance du fonctionnement psychique et donc de proposer des stratégies thérapeutiques qui, sous couvert de science, entretiennent l'illusion d'une guérison à moindre frais: à tel symptôme correspondrait tel médicament.

 Le psychisme serait confondu avec le cerveau (accès à l'article de 2004 du Dr E. Zarifian sur la psychiatrie neuro-biologique "voir le cerveau penser est une métaphore poétique").

... / ... "

Propos recueillis par Cécile Prieur

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU MONDE DU 07.06.03

 

 

 

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