arrieration mentale - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -
arriération mentale
et déficit intellectuel
Définition de l'arriération
On oppose le défaut de développement à la notion de régression. L'arriération mentale se caractérise par un déficit intellectuel important, résultat d'un défaut de développement et d'acquisition.
Les grands arriérés ont des mécanismes de défense psychotiques.
Classifications
Par le quotient intellectuel
de 0 à 20
: idiots;
de 20 à 50
: imbéciles ou déficients profonds;
de 50 à 70
: débiles légers;
de 70 à 80
: zone marginale;
de 80 à 90
: lenteur d'esprit.
Actuellement, on préfère la classification suivante:
Déficit très profond: l'âge mental de l'adulte ne dépassera pas celui d'un enfant de 2 à 3 ans;
Débiles profonds (âge moyen
=
6 ans). La propreté est acquise, la scolarité possible, mais la communication verbale restera limitée;Déficit moyen et léger.
Étiologie
Pathologies organiques prénatales génétiques
La plus célèbre est la phénylcétonurie, révélée par le test de Guthrie, du nom du médecin américain qui le mit au point: Robert Guthrie (1916-1995) était le père d'un enfant au fort retard mental, et l'oncle d'un autre enfant atteint celui-ci de phénylcétonurie. Il mit au point ce test par prélèvement sanguin au niveau du talon du bébé. Les enfants ont la peau claire, les cheveux blonds et deviennent, si on ne fait rien, débiles et épileptiques avec agitation, maniérisme, épisodes catatoniques et mouvements stéréotypés. Le traitement est simple: c'est un régime sans phénylalanine;
Galactosémie congénitale. Trouble du métabolisme des glucides. Le test est le dosage urinaire de la galactosurie. Les enfants ont une cirrhose avec ascite et cataractes. Le traitement est un régime sans lait;
Neurectodermatose. La plus fréquente est la sclérose tubéreuse de Bourneville, du nom du médecin, neurologue et premier pédo-psychiatre français: Désiré Magloire Bourneville (1840-1909) qui travailla à "la Salpêtrière" avec Charcot. Symptômes visibles: au niveau du derme apparaissent quantité de petits nodules, de tumeurs bénignes;
Anomalie craniocéphalique: microcéphalie... etc.
Hypothyroïdie congénitale. Le bébé est apparemment en bonne santé mais commencera bientôt à être en hypothyroïdie. L'ensemble des métabolismes est diminué. Le traitement est une prise journalière de thyroxine;
Maladies chromosomiques. Les diagnostics se font par caryotype: trisomie 21 (petite taille, faciès particulier), maladie de Klinefelter ou "XXY" (organes génitaux externes très peu développés, grande taille), syndrome de Turner ou "XO" (femme de petite taille)... etc.
Pathologies organiques prénatales acquises (intra-utérines)
Embryopathies. Causes virales (comme la rubéole), radiothérapiques, médicamenteuses... etc.
Fœtopathies. Entre le 2ème et le 3ème trimestre de la grossesse. Toxoplasmose, irradiations, carences nutritionnelles... etc.
Pathologies organiques néonatales et périnatales
Grands prématurés, souffrances du cerveau par manque d'oxygène, ictère nucléaire (incompatibilité Rhésus)... etc.
Pathologies organiques post-natales
Toutes les infections (les méningites infectieuses...);
Hématome intracrânien;
Causes métaboliques (déshydratation, hypoglycémie...);
Causes toxiques (aspirine);
État de mal convulsif (épilepsie);
Maladie de West (hypsarythmie).
Pathologies psychiques
Carence affective majeure: étudié et révélé par René Arpad Spitz, ce syndrome fut dénommé "hospitalisme";
Pseudo-débilité suite à repli autistique.
Troubles associés
Ces enfants seront souvent sensibles aux infections, aux hyperthermies, aux caries dentaires... etc. Ils auront des raideurs articulaires, des troubles divers au niveau somatique et au niveau psychique.
Chez tous les arriérés on note de l'angoisse archaïque, de la dépression (avec dysphorie, inhibition au niveau des conduites psychique et motrice, troubles somatiques, anxiété), des troubles d'allure psychotique comme une négation de la relation à l'Autre, un pseudo-autisme, des stéréotypies, une recherche fusionnelle, un retrait hallucinatoire... etc.
Thérapeutique
Le travail institutionnel est fondamental et peut se résumer en: "parler", "se parler" et "en parler". Il ne faut jamais oublier l'arriéré, lors des réunions d'équipe par exemple ou pour lui proposer des entretiens infirmiers.
Le travail avec les familles est important. L'enfant doit continuer d'exister dans la tête de ses parents. Il faut faire rentrer la famille calmement dans la prise en charge, et des réunions des parents peuvent être mises en place. Il faut travailler au niveau du vécu douloureux, narcissique, et maintenir un projet de soin pour un temps précis. Faire attention à ne pas se substituer aux parents.
Arriération profonde
On parlera de psychose à expression déficitaire. En institution, le respect des règles les plus simples est demandé, comme par exemple venir manger à tel endroit et à telle heure, aller aux toilettes, être habillé... etc. La spécificité des soins infirmiers psychiatriques réside dans la restitution ou l'apprentissage de la plus grande autonomie possible. Le soignant doit aider à exprimer.
Les choses les plus simples sont à ré-inventer, et les projets seront à court ou moyen terme. Chaque acquisition ou consolidation vers une plus grande autonomie dans la vie en société ouvrira des possibilités pour un projet de placement ou de retour à domicile.
Activités thérapeutiques ou éducationnelles : dessin, jouets simples... dans le but d'éveiller le patient au niveau de ses 5 sens. Marionnettes, musicothérapie, cinéma, réunion café-chocolat, sorties restaurant, sorties parc et découverte, groupes d'apprentissage... D'une manière générale, le quotidien est très important pour l'acquisition des règles de vie en commun, le travail sur soi (accepter et respecter l'Autre), l'écoute et l'expression, la communication... etc.
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Retranscription d'un exposé oral de Mr Bon, mars 87 Écrit et complété par Mr Dominique Giffard pour le site "Psychiatrie Infirmière" : |