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LES RITES DE LA MORT
(ou l'imaginaire culturel de la mort)
La mort en Europe...
... et le changement des attitudes devant la mort dans les sociétés occidentales: jusqu'alors, les sciences humaines avaient laissé quelques écrits littéraires ou théoriques sur la mort mais personne n'avait traité la mort réelle. E. MORIN est un écrivain qui, dans les années 1950, a traité de la mort non-plus d'un point de vue général, c'est à dire parler de la mort comme expression de la pensée, mais comme l'étude scientifique d'une évolution de toutes les formes de mort.
· La dépossession du mourant : au moyen-âge et à la renaissance, l'homme savait qu'il allait mourir, et cela était naturel. Il y avait une participation du malade à sa mort lorsqu'il était lucide ou dans d'autres cas une tierce personne lui apprenait. Au 18ème siècle, c'est le rôle de la famille de lui annoncer sa mort. Au 19ème siècle, il faut un questionnement de la part du malade pour qu'on en parle, et souvent c'est le médecin qui en est chargé.
On note aussi à l'approche du décès 2 tendances: au 15ème siècle, l'assistance qui se trouvait dans la chambre devait quitter les lieux afin que le malade se retrouve face à Dieu. Au 19ème siècle, l'on mourrait en public et la chambre devenait un lieu public.
Actuellement, ce qui est connu du médecin et de la famille est désormais caché au mourant. On dissimule au malade la gravité de sa maladie. L'individu doit mourir dans l'ignorance de sa mort.
Pour le malade, la mort a eu des aspects différents suivant les époques. Dans la seconde moitié du moyen-âge, et durant la renaissance, la mort est le symbole de la puissance. On était maître dans la vie si on était maître dans la mort. Au 17ème siècle, le malade partage sa mort avec sa famille. Il n'est plus le propriétaire de sa vie. Du 14ème au 18ème siècle, il y avait le testament qui était un moyen pour chacun de s'exprimer. C'était l'acte par lequel une personne dispose des biens qu'elle laissera en mourant. Après le 18ème siècle, il n'y a plus d'écrit mais seulement des mots, des paroles. Au 20ème siècle le malade est considéré comme un enfant qui est pris en charge totalement. La mort devient synonyme de maladie, de cancer. Tout ceci vient renforcer les consignes habituelles de silence par rapport à la mort. Cette clandestinité est l'effet d'un refus d'admettre tout à fait la mort de ceux qu'on aime. Autrefois la mort était une figure familière. On la voyait régulièrement, on vivait et on mourait devant les gens. Actuellement, le lieu moderne de la mort est l'hôpital. Il suffit seulement de la nommer pour provoquer une tension émotive. Il y a 2 manières de mal mourir: l'une consiste à rechercher un échange d'émotions, l'autre est de refuser de communiquer.
· Le refus du deuil : le deuil fut jusqu'à nos jours synonyme de douleur. Celle-ci était l'expression la plus violente des sentiments spontanés. Au moyen-âge, on avait de grandes gesticulations. A partir du 13ème siècle, les manifestations consistent en des pleurs. Plus tard, les testaments des 16ème et 17ème siècles nous détaillent des convois funèbres avec des personnages en pleurs. Au 18ème siècle, on note l'absence des femmes aux obsèques. Depuis la fin du moyen-âge, la société a imposé à la famille une période de réclusion qui l'éloigne des obsèques. La femme voilée de noir apparaît aux yeux du monde comme le symbole de la douleur et de l'inconsolation. La réclusion sera transférée du plan physique au plan moral. Elle protégeait moins les morts de l'oubli qu'elle n'affirmait l'impossibilité des vivants à les oublier et à vivre comme avant leur départ.
Ainsi peut-on caractériser le rapport au deuil par une phase aiguë de spontanéité ouverte et violente jusqu'au 13ème siècle, une phase longue de ritualisation jusqu'au 18ème siècle, suivie d'une période de "dolorisme" exalté, sorte de paroxysme du deuil au 19ème siècle, et enfin à présent l'interdiction qui caractérise les 20ème et 21ème siècles avec une fuite devant la mort. Car si par le passé le deuil était soit spontané soit imposé, il fut interdit au milieu du 20ème siècle. La tendance actuelle serait plutôt de le recommander à nouveau, mais il convient de ne plus afficher sa peine. D'après G. GORER, sociologue Britannique, la mort est devenue le principal interdit du monde occidental. L'absence de familiarité avec la mort est due à l'accroissement de la longévité dans les sociétés industrielles. J. FOURCASSIE a démontré que le jeune homme d'aujourd'hui peut atteindre l'âge adulte sans jamais avoir vu mourir, et celui qui a déjà vu mourir s'empresse d'oublier. GORER explique que les intellectuels considèrent les funérailles et le deuil traditionnels comme des pratiques superstitieuses et archaïques. Pourtant, le désespoir lors d'un décès dans un milieu intellectuel s'explique par la privation de deuil rituel.
Depuis les années 1960, l'individu qui meurt sans savoir ce qui lui arrive est considéré comme privilégié. Auparavant, la toilette mortuaire était destinée à fixer le corps dans l'image idéale. En 1960, on considère le cadavre comme un malade et la toilette a alors pour but de dégager le corps des salissures de l'agonie. On cherche à donner l'image d'un presque vivant. Les 2 guerres mondiales ont été des accélérateurs d'évolution. La mort est devenue un tabou, et a remplacé le sexe comme principal interdit. Les enfants sont initiés très tôt à la physiologie de l'amour et de la naissance. Mais lors du décès d'un proche, on leur explique l'absence de l'être cher en parlant d'un voyage lointain. La société gomme les liens d'association entre l'idée de deuil et celle de maladie. Et paradoxalement, si l'hôpital est aujourd'hui l'endroit où l'on meurt le plus, on tolère de moins en moins d'y garder les corps.
La mort en Afrique noire
· Généralités : la mort en Afrique noire est une affaire de groupe plus qu'une affaire individuelle. Elle n'est pas vécue comme un drame ni comme un phénomène naturel mais comme le résultat de maléfices sorciers. Elle conduit la personne choisie de par sa position sociale et la richesse de sa famille (mais aussi la nature de sa mort), au statut d'ancêtre. Ce statut s'acquiert selon un processus défini par le groupe: comment le défunt passe de la maison à la tombe? On attribue à cet ancêtre un savoir et un pouvoir. Celui de connaître l'avenir et d'assurer la continuité de sa famille. Se sentir protégé par un défunt évite sa rancune et une éventuelle vengeance. Pour se préserver des forces maléfiques, ils auront recours au port d'amulettes, à l'étude attentive des présages favorables et défavorables dans les plus petits évènements quotidiens. Ce culte des ancêtres permet de récupérer la force vitale des défunts pour accroître le pouvoir du groupe contre les forces de destruction et de désordre. Dans la théâtralisation des funérailles, on tue, on dénoue dans la mort ce qui lui reste de vivant, on tue les liens affectifs des survivants. C'est le moyen de faire passer le mort du statut de personne au statut d'ancêtre. L'organisation dans les sociétés Africaines repose sur une hiérarchie dépendant de la relation qui vous lie aux ancêtres. Les hommes adultes, gardiens des traditions, ont la charge du reliquaire: il contient les crânes de tous les ancêtres de la lignée. Au-dessous du reliquaire, se trouvent des figures qui sont à la fois gardiennes du reliquaire et représentation de l'ancêtre. Toutes les manifestations, par une ambiance appropriée, transmettent un message spécifique où chacun est spectateur et acteur. La mort y est toujours présente; le sorcier est le personnage-clé de ces spectacles. De plus, la participation intense avec le public, et la continuité avec la vie quotidienne sont utilisées dans la représentation de la mort.
· La mort chez les SENOUFO : ils forment un peuple d'agriculteurs Africains. Ils considèrent la mort comme l'évènement le plus important de la vie, car il est le passage de la vie à la mort, puis de la mort à l'état de défunt, et enfin du statut de défunt à celui d'ancêtre (l'ancêtre est un être socialement très valorisé). L'inégalité devant la vie traduit une inégalité devant la mort (nourrissons et accidentés sont vite enterrés). L'agonisant est très assisté, puis le cadavre est lavé, préparé pour respecter scrupuleusement la forme du rite d'enterrement suivant la position que la personne occupait dans la vie. La mort est dédramatisée grâce à une tentative symbolique, voire magique de s'approprier une partie du savoir que le défunt est censé avoir sur la mort, et sur la vie.
Rapports entre les survivants et le défunt : les SENOUFO veillent en général l'agonisant car il ne doit pas mourir sans avoir dicté ses dernières volontés ou communiqué les causes possibles de sa mort à un camarade du même âge. Une fois mort, le cadavre est recouvert d'un pagne blanc. Vient alors l'annonce du décès officiel qui est sous la responsabilité de l'aîné du matrilignage appelé "chef du mort". Les enfants sont chargés de prévenir le village. A lieu ensuite la première toilette du défunt dans un endroit clos, par des femmes mais sous la direction de 2 membres du même sexe que le défunt. Tout ceci est accompagné par un orchestre. Le mort est rasé entièrement, lavé, enduit de beurre. Le conjoint est rasé également, et isolé en signe de deuil. Le cadavre est alors étendu dans une couverture blanche et exposé dans un vestibule où les visiteurs viendront le voir pour la dernière fois, et en particulier les filles du défunt: elles viennent à tour de rôle dire leur peine, relater la vie du mort, et demander pardon de leurs fautes. Dès l'annonce officielle d'un décès, chaque famille SENOUFO désigne un homme pour aider à creuser la tombe. La levée du corps ne sera effectuée qu'après la deuxième toilette du cadavre, alors dans un état de décomposition avancé. Avant de toucher le mort, les participants s'enduisent les mains et les pieds de bouse de vache pour se protéger des souillures éventuelles, des humeurs du cadavre. Débute alors la cérémonie de remise des pagnes. Chaque membre du lignage doit en apporter un, ainsi que les amis. Les enfants reçoivent quant à eux chacun un pagne du défunt. Il y a ensuite la fabrication d'un brancard sur lequel le corps sera transporté au cimetière (le défunt est transporté auparavant sur la place publique où l'assistance danse autour de lui au son des balafons). Le chef de lignage fixe après l'enterrement la date des funérailles qui sont exclusivement une fête où il n'y a aucun signe de deuil. Les funérailles ont pour fonction de donner au défunt le statut d'ancêtre. Toutes ses richesses seront détruites et consommées immédiatement dans le temps des funérailles. Ces dernières semblent servir à "tuer" socialement le mort, à l'expulser du monde des vivants pour le faire renaître sur un mode idéalisé: le monde des ancêtres. Les obsèques sont simplifiées dans les cas de décès jugés anodins (morts d'enfants) ou inquiétants pour la communauté (morts accidentelles, criminelles...). Dans ce cas il s'agit de se protéger de ces morts dont l'âme restera errante et agressive.
La mort en Asie
· Le mort et son double en pays TORADJA : les TORADJA vivent en Indonésie, dans l'île de Cébèbes. Lorsqu'un homme de la noblesse meurt, l'héritage n'est partagé qu'à la fin du rituel mortuaire, bien après le décès. En effet, l'exécution des rites funéraires n'a lieu qu'environ un an après. Jusqu'aux funérailles, l'homme pourrait se relever et aurait alors le droit de vivre comme avant. Il avait seulement de la fièvre, il était "malade". Il est d'ailleurs interdit de le dire mort. Ses enfants l'ont lavé, paré et exposé au centre de la maison. Il a le visage maquillé et ils ont déposé 3 pièces d'argent. Tout le monde vient lui rendre hommage. Puis il est enveloppé dans des bandelettes de fibres d'ananas et on le transporte dans la chambre. Il est alors placé sur des feuilles destinées à recevoir les sucs de décomposition. Les enfants n'oublient jamais de le nourrir tel un vivant et ceci pendant près d'un an. Pendant cette période la famille se réunit souvent pour choisir quel rituel mortuaire serait choisi. Il s'étalera sur plusieurs années, avec un passage symbolique de la maladie à la mort. Il est alors interdit de manger du riz pour participer à la cérémonie. La famille continue à nourrir le mort, sacrifie un buffle et plusieurs porcs. Des combats de coqs sont organisés et l'argent des paris est donné aux enfants pour les aider à célébrer la suite des funérailles. Quand la mise en tombeau arrive enfin, on se sépare du défunt en prononçant ces mots: "là, nous devons nous séparer. Nous, nous restons ici. Toi, vas dans ton nouveau monde."
· Rites funéraires au Népal : c'est entre autre à travers les rites funéraires qu'apparaît la diversité culturelle du Népal. Chez les Tibétains du nord, bouddhistes, les morts sont enterrés au-dessus du village, sur une éminence. Les prêtres et les gens riches sont brûlés, les autres sont immergés dans une rivière en aval des habitations. Des secondes funérailles sont nécessaires afin que soient séparés le monde des morts et celui des vivants. Pour le bouddhiste, le corps humain est composé de 4 éléments: la terre, l'eau, le feu et le vent. Ces éléments soutiennent le corps comme des piliers. Sur le point de mourir, l'homme ne peut plus bouger car le pouvoir de l'élément terre est aboli. C'est alors que l'élément eau se manifeste et le moribond a l'impression de flotter dans une masse liquide. Puis le corps s'assèche, le feu prend place après l'eau, le mourant sent qu'une fumée légère l'enveloppe. Enfin, peu à peu la chaleur du corps se dissipe. Si elle se dégage vers le bas, c'est le signe d'une renaissance malheureuse, sous forme d'animal ou de démon. Vers le haut, la personne revivra comme un Dieu, un demi-Dieu ou un homme. A ce stade, l'esprit n'est plus supporté que par l'élément vent et l'agonisant voit des lueurs danser autour de lui. La respiration s'arrête après la disparition du vent. C'est la mort du corps physique et grossier, mais l'esprit continue de vivre dans ce que les Tibétains appellent "l'air subtil". La conscience du défunt se dissout en une douce quiétude (ataraxie) qui dure de 3 jours et demi à 4 jours. C'est là qu'un lama officiant intervient, et prépare le mort au "bardo", état transitoire de 49 jours avant la renaissance. Il récite à son oreille des instructions des livres des morts. Puis il y a intervention d'un lama "extracteur du principe conscient" et l'esprit doit s'échapper par l'ouverture de "brahma" située au sommet de la tête. Intervient enfin le lama dépeceur qui sera chargé de vérifier que le principe conscient est bien sorti par l'ouverture de brahma. Le corps est broyé et réduit en boulettes que les vautours feront disparaître.
Chez les Indo-Népalais, c'est l'indouisme qui prime. Les morts sont incinérés et jetés dans la rivière. Viennent ensuite les cérémonies qui visent à donner un corps à l'âme du mort et à l'aider à rejoindre le pays des ancêtres.
La mort en Amérique du sud
· Rapports entre les morts et les vivants dans la cosmovision : les morts sont toujours présents dans la vie de ces peuples et ils représentent une certaine puissance. "Si les hommes respectent leurs ancêtres et les honorent, ceux-ci en échange les aideront à survivre". D'autre part, lorsque de grandes cérémonies sont organisées, les momies des ancêtres sont sorties et participent aux actes rituels. Les vivants lient la mort au présent et à l'avenir en déposant près de leurs morts tout un matériel funéraire: nourriture, alcool, graines... Cela a pour but de les protéger contre les aspects néfastes de la mort. Ces offrandes sont renouvelées plusieurs fois dans l'année. Il y a une différence au niveau des rites entre Mochicas d'une part et Incas et Indiens d'autre part. Pour ces derniers, l'âme subit un jugement et si elle est reconnue mauvaise, elle est condamnée à retourner expier ses fautes au village. Pour les "Mochicas", il n'y a pas de jugement d'âmes. Leurs 3 mondes: celui des vivants, celui des défunts et celui des ancêtres mythiques sont les 3 régions que les Mochicas traversaient en parcourant leur cycle de la vie et de la mort.
· Les Mochicas : leurs cimetières contiennent de 10 à 100 tombes. Ils se trouvent sur les versants des vallées, ou près des centres cérémoniels. Les tombes sont signalées par des poteaux de grosse canne ou de bois. Les mieux aménagées ont des parois de brique (terre séchée). Elles sont recouvertes d'une construction en bois et en terre séchée. Les défunts sont déposés dans les fosses, protégés par leurs vêtements et plusieurs couches de tissu. Il y a aussi parfois des nattes ou des véritables contenants (cercueils) de canne. Le corps, vêtu et orné, est étendu sur le dos. La face est recouverte d'une poudre rouge (coquillage broyé). Parfois des masques protègent le visage et des pièces de métal sont placées dans la bouche. Il n'y a pas de distinction entre les sexes. Par contre des différences font état de la richesse; corps déposés à même le sol et peu de matériel funéraire pour les pauvres, vêtements et offrandes pour les riches. Des enfants, des femmes, des hommes et des animaux étranglés sont parfois déposés en sacrifice. Des ustensiles ou objets divers sont donnés en offrandes, comme des armes, des paniers, des instruments de musique, des cristaux, des colliers, des feuilles de coca, des calebasses avec de la nourriture, des vases...
Les objets retrouvés dans les tombes sont néanmoins parfois différents de ceux qui étaient utilisés tous les jours. Car c'est leur fonction symbolique qui est recherchée ici et certains sont les signes d'appartenance à une classe sociale, d'autres sont des objets rituels ou ont une fonction d'échange entre les vivants et les ancêtres, par l'intermédiaire du défunt. Les rites suivent un calendrier cérémonial basé sur celui des tâches agricoles (saison sèche, saison humide). Ils sont pratiqués à l'occasion de la mort, de la naissance, du mariage et correspondent aux semailles, à la germination, à la maturation et aux récoltes. Ces rites établissent un rapport entre le cycle de la vie et de la mort, entre l'ordre de la nature domestiquée et celui du groupe social.
· Les Incas : leurs tombes sont creusées dans le sol (sur la côte sèche) ou construites en pierre et en terre séchée (dans les hautes terres). La base est ronde ou carrée, le toit voûté. L'ouverture en est scellée. En cas de décès, les descendants se chargent des rites funéraires. Les entrailles du défunt sont déposées dans un récipient, et le corps est desséché. La momie est ensuite richement vêtue et promenée en procession dans les endroits fréquentés de son vivant. Pour les sacrifices, des femmes sont enivrées puis étranglées. Il y a un jeûne rituel, et des chants funèbres. Le mois de novembre est dédié aux défunts: les momies des ancêtres sont sorties et participent aux actes rituels. Elles ont un pouvoir sur leurs descendants. Elles sont responsables de l'ordre établi et de la survie des institutions en tant qu'intermédiaires entre l'origine et les hommes.
Les Incas comme les Mochicas font des offrandes à l'océan. Les Incas envoient par le fleuve les cendres des sacrifices et y noient les enfants. L'enfant qui retourne à la mer, c'est symboliquement la mort qui retourne à la vie. L'océan est la région intermédiaire entre les hommes et la source de vie.
· Les Indiens : dans les cimetières, les tombes contiennent ou non un cercueil, suivant les possibilités financières du défunt. Le corps peut en effet être déposé à même le sol. Il est accroupi, la face protégée par du coton. Dans la bouche, des pièces de métal sont introduites. Le corps est recouvert de poudre rouge. Il n'y a pas de distinction entre les sexes. Par contre il y a des différences dues à la richesse. Les corps sont vêtus de leurs plus beaux costumes. Des sacrifices ont lieu, sur les animaux domestiques, les perroquets... De nombreuses femmes sont étranglées. Les offrandes consistent en vêtements, pièces de métal, jarres d'alcool, feuilles de coca...
Dans les tombes d'enfants, il y a un bouton de fleur de kantu.
C'est en novembre que sont célébrés les rites de "l'ayamarca" (mort), avec chants, tambours, flûtes... Dans cette culture, la cause de la mort est la séparation des deux âmes (l'âme des origines et l'âme du défunt). Celle-ci entreprend le voyage de retour à son origine. L'âme doit traverser l'océan. Pour passer l'eau, elle a besoin d'un chien noir que le défunt a pris soin d'élever pendant son vivant. L'âme subit ensuite un jugement. Si elle y est jugée digne, elle rejoindra son lieu d'origine et fermera le cycle de vie. Si l'âme est jugée mauvaise, elle est condamnée à retourner expier ses fautes dans son village. Après avoir purgé sa peine, elle retourne rejoindre ses ancêtres.
Les Indiens croient en un retour des défunts la nuit du 1er au 2 Novembre. Cette coutume établit un contact entre le monde des vivants et celui des morts. Les âmes des ancêtres peuvent être propices ou maléfiques en réponse aux traitements qu'elles reçoivent de la part de leurs descendants. C'est un système complexe d'obligations réciproques. Les ancêtres sont puissants en tant qu'intermédiaires entre les hommes et l'origine de la vie. La lune est l'astre des défunts. Le chemin de la vie et de la mort est à l'image du chemin d'eau qui descend des sources dans les canaux d'irrigation de la vallée et va se perdre dans l'océan pour rejaillir à la prochaine saison humide.
pour le site "Psychiatrie Infirmière",
http://psychiatriinfirmiere.free.fr/
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MÀJ 09.07.11