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PERVERSION SEXUELLE
(extrait
du dossier "conduite
sexuelle")
Définition et caractéristiques de la perversion sexuelle
Définition : la perversion sexuelle fut d'abord un pêché religieux. Puis la loi l'a punie et la sanctionne encore. Actuellement, la psychanalyse en a fait une maladie. "L'Enfant est un perverse polymorphe" S. FREUD. C'est à dire que l'Enfant explore ces formes de sexualité partielles auxquelles se fixe le pervers. La perversion est une conduite qui dévie la pulsion sexuelle soit de son Objet naturel, soit de son but naturel. Il y a perversion quand il y a orientation permanente et exclusive (accès au dossier "perversion").
Différence entre perversion et perversité :
- Perversion: se dit d'une aberration sexuelle permanente.
- Perversité: conduite occasionnelle et épisodique chez des sujets normaux.
On parle aussi de perversion sociale dans les cas de délinquance, d'agression de groupe, de proxénétisme, de boulimie... N'est pathologique que la conduite devenue inévitable pour l'individu.
Mécanismes psychiques : tout commence au moment de la découverte des sexes. Chez des personnes, cette découverte est interprétée comme une castration de la Mère qui renvoie à une angoisse fixée, insurmontable (accès au dossier "angoisse"). Face à cette angoisse, le pervers élabore un déni de la différence des sexes, et ne renonce à aucun prix à la puissance imaginaire du Phallus. Mais ce déni n'est pas total: une partie de son Moi nie la différence des sexes tandis que l'autre la reconnaît et élabore des conduites appropriées pour lutter contre la castration. C'est ce qu'on appelle le clivage du Moi (savoir et croyance cohabitent). Pour lui, il y a ceux qui ont quelque chose et ceux qui ne l'ont pas. S'exhiber par exemple, est un triomphe sur la castration. Structurellement, il y a autant de pervers hommes que de pervers femmes, mais dans les faits, on retrouvera moins de femmes car celles-ci ont une défense naturelle, l'Enfant.
Résumé : il y a 3 mécanismes importants, l'angoisse de castration, le déni de la différence des sexes et le clivage du Moi.
L'angoisse de castration va entraîner une régression vers des fixations antérieures, et une libération des pulsions partielles. Là où d'autres surmontent l'Oedipe, le futur pervers ne peut le passer et recule à un stade antérieur plus revalorisant. Cela peut être dû à un Père trop castrateur. Il y a investissement des Objets partiels (boudin fécal, pénis...) et affectivité relative à cette époque (auto-érotisme, ambivalence, agressivité...).
Facteurs de cette fixation : ils peuvent d'abord être constitutionnels. Il peut aussi y avoir une expérience infantile de séduction active correspondant aux fantasmes de séduction, scène primitive... Il peut enfin s'être passé une identification floue, peu définie et non Oedipienne. Le pervers aura souvent une identification à la Mère Phallique.
Economie : dans les perversions, les pulsions partielles se satisfont directement dans la réalité, alors qu'à contrario, la névrose mettra en place des mécanismes de défense contre ces mêmes pulsions partielles (accès au dossier "nevrose").
Le Surmoi du pervers est resté au stade pré-Oedipien, c'est à dire qu'il retient le sujet au niveau des interdits du stade anal (accès au dossier "stade anal") ou oral (accès au dossier "stade oral") mais n'a pas de loi de type social. Car les lois sociales naissent de la confrontation Oedipienne (accès au dossier "complexe d'oedipe").
Le Surmoi du névrosé est par contre plus tyrannique, plus culpabilisant. Le névrosé fantasme là où le pervers agit. Ainsi, dans les cas d'homosexualité par exemple, elle est acceptée et revendiquée par les homosexuels pervers tandis qu'elle est culpabilisée par les névrosés.
Classification
On distingue deux catégories :
Quant au choix du partenaire (homosexualité, pédophilie, autoérotisme, zoophilie, nécrophilie, gérontophilie...).
Quant au but (exhibitionnisme, sadisme, voyeurisme, masochisme, fétichisme, viol, froturisme...).
En exemple : cas du fétichisme. Dans toute relation amoureuse, il y a une part de fétichisme. La perversion se caractérise par le fait que le fétiche est la condition absolue du plaisir et souvent lui suffit. Il n'y a pas d'intérêt pour la relation amoureuse. Ce peut être une partie du corps (cheveu, pied, poils...) ou un objet inanimé qui touche le corps (sous vêtement, ceinture, gant, traces de rouge à lèvre), objets qui peuvent cacher le pénis ou son substitut, ou encore un caractère spécifique exigé chez la personne.
Le fétiche a la valeur de substitut imaginaire du pénis de la Mère. Il a pour fonction de cacher et d'annuler le Manque de la femme. Il a aussi pour fonction de se protéger contre la mesure de castration. En effet, ce fétiche n'est pas reconnu par les autres, et ne pourra donc lui être volé. Le fétiche est souvent conquis agressivement, car la notion de danger est en soi importante. Le fait de voler revient à faire subir la castration aux autres. L'odeur est importante dans la mesure où elle servait à maintenir la relation Mère/Enfant. Les objets fétiches représentent autant de parties de la Mère. Le fétichisme résulte d'une identification à la Mère Phallique. Aussi la séparation d'avec la Mère est plus redoutée que la castration du Père.
Chez la femme, il y a peu de conduites fétichistes. Elles peuvent néanmoins quelquefois se traduire dans le port de bijoux, de vêtements: c'est une conduite qui se rapproche du fétichisme ("Quand je sors sans mes bijoux, je me sens toute nue"). Le cas se trouve aussi chez les Mères de psychotiques pour qui l'Enfant est un fétiche manipulable.
Le fétiche peut n'être qu'un support de la génitalité, il peut supplanter le partenaire ou même le remplacer totalement. Le fétichisme est une conduite défensive contre l'homosexualité.
Lorsque le Moi s'efforce d'échapper à la réalité (Sigmund FREUD)
-" Gardons-nous de penser que le fétichisme constitue un cas exceptionnel de clivage du Moi, non, mais il nous offre une excellente occasion d'étudier ce phénomène. Revenons au fait que le Moi infantile, sous l'emprise du monde réel, se débarrasse par le procédé du refoulement des exigences pulsionnelles réprouvées. Ajoutons maintenant que le Moi, durant la même période de vie, se voit souvent obligé de lutter contre certaines prétentions du monde extérieur ressenties comme pénibles et se sert, en pareille occasion, du procédé du déni pour supprimer les perceptions qui lui révèlent ces exigences. De semblables dénis se produisent fréquemment, et pas uniquement chez les fétichistes. Partout où nous sommes en mesure de les étudier, ils apparaissent comme des demi mesures, comme des tentatives imparfaites pour détacher le Moi de la réalité. Le rejet est toujours doublé d'une acceptation; deux attitudes opposées, indépendantes l'une de l'autre, s'instaurent, ce qui aboutit à un clivage du Moi. Ici encore l'issue doit dépendre de celle des deux qui disposera de la plus grande intensité.
Le clivage du Moi, tel que nous venons de le décrire, n'est ni aussi nouveau, ni aussi étrange qu'il pourrait d'abord paraître. Le fait qu'une personne puisse adopter, par rapport à un comportement donné, deux attitudes psychiques différentes, opposées, et indépendantes l'une de l'autre, est justement un caractère général des névroses, mais il convient de dire qu'en pareil cas l'une des attitudes est le fait du Moi tandis que l'attitude opposée, celle qui est refoulée, émane du ça. La différence entre les deux cas est essentiellement d'ordre topique ou structural et il n'est pas toujours facile de décider à laquelle des deux éventualités on a affaire dans chaque cas particulier. Toutefois, elles ont un caractère commun important: en effet, que le Moi, pour se défendre d'un danger, dénie une partie du monde extérieur ou qu'il veuille repousser une exigence pulsionnelle de l'intérieur, sa réussite, en dépit de tous ses efforts défensifs, n'est jamais totale, absolue. Deux attitudes contradictoires se manifestent toujours, et toutes deux, aussi bien la plus faible, celle qui a subi l'échec, que l'autre aboutissent à des conséquences psychiques. Ajoutons encore que nos perceptions conscientes ne nous permettent de connaître qu'une bien faible partie de tous ces processus."-
(accès au dossier "Freud")
Ce qu'il faut retenir :
Notion de clivage du Moi. Une partie est acceptée, une autre est déniée (rejetée). La plus grande intensité s'imposera: en cas de refoulement, l'intensité du Surmoi agit, en cas de perversion, c'est le ça qui l'emporte sur le Surmoi (accès au dossier "ca moi surmoi").
Notion de refoulement. Mécanisme de défense du Moi (accès au dossier "mecanisme de defense"), avec attrait + censure.
Exigences pulsionnelles. Ce sont les pulsions infantiles (affect et représentation).
Déni. Permet de ne pas reconnaître les exigences de la réalité. C'est une défense psychotique. Mais si dans la psychose le déni est parfait, dans le fétichisme, il n'est pas parfait. On peut donc parler ici d'une demi mesure, ou de tentative imparfaite.
Relation Objectale. Dans le cas du fétichisme, l'Objet n'est pas pris dans son tout. Une partie est privilégiée (accès au dossier "relation d'objet").
Monde extérieur et réalité. Le monde extérieur influence le Surmoi, et agit sur le Moi. Son action se combine alors avec celle du Surmoi.