psychiatrie adulte therapie   - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique - cours de Mr Giffard -

 FORMATION DE BASE POUR SOIGNANT

PSYCHIATRIE: THÉRAPIE DE L'ADULTE et ETHNOPSYCHIATRIE

 PSYCHIATRIE INFIRMIÈRE : THÉRAPIE ADULTE

Thérapie

de l’adulte

Ethno

psychiatrie

Sigmund Freud

Carl Gustav Jung

Wilhelm Reich

Henri Laborit

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Thérapies de groupe

Bio-énergie

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Désaliénisme

Thérapie familiale, théorie systémique

Thérapie institutionnelle

Sophrologie

Théorie organiciste

Thérapies comportementales

Hypnose

Thérapies corporelles

Méthodes de relaxation

Enveloppement humide: le Pack

Ethnopsychiatrie

Définition

La folie ailleurs

Les rites de la mort

 

Bibliographie

 

Avis important

 

 

 

 

Dictionnaire de psychologie

Gardez-le dans un coin du bureau  !

 

Interventions orales de Mme Huguet,

sauf spécifications indiquées en marge du texte.

Écrit, complété et mis à jour par Mr Dominique Giffard,

pour le site "Psychiatrie Infirmière": psychiatriinfirmiere.free.fr/

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Sigmund FREUD  (1856-1939)

Généralités

Il est le fils de Jacob Freud, commerçant juif marié une première fois. Le père de Sigmund Freud a eu de ce premier mariage deux enfants, Emmanuel et Philippe (un de ces enfants se mariera et aura un fils d'un an au moment de la naissance de Sigmund).

Jacob, à 40 ans, se remarie à Amalie, 20 ans. Le 6 mai 1856 naît Sigmund (à l'origine Sigismund), qui sera l'aîné de 7 enfants. Son frère Julius meurt à 6 mois quand Sigismond a deux ans. En 1860, la famille s'installe à Vienne, dans de mauvaises conditions économiques. En 1881, il passe ses examens de fin d'étude de médecine. Il est peu attiré par le métier de médecin-généraliste mais s'intéresse par contre à la recherche et l'enseignement. Il sera aidé financièrement par Joseph Breuer, médecin-physiologiste Autrichien s'orientant sur la psychiatre.

Les premières recherches de Freud seront sur la neurologie, puis la cocaïne. En 1885, il obtient une bourse pour un voyage à Paris et travaille à "la Salpetrière" avec Jean Martin Charcot, neurologue Français travaillant auprès de patients hypnotisés. Il est ébloui par le traitement sur l'hystérie et utilise à son tour l'hypnose. Il a alors 31 ans. Au retour de Paris, il épouse Martha. En 1893, il formule la théorie de la séduction traumatique qu'il abandonnera 4 ans plus tard. En 1896, à 40 ans, il fait sa première conférence sur l'étiologie sexuelle de l'hystérie: c'est un véritable scandale. En 1903 il a ses premiers disciples. En 1938, c'est l'Anchluss: l'alliance entre l'Autriche et l'Allemagne nazie. Freud s'exile.

En 1939, le 23 septembre, il meurt à Londres d'un cancer à la mâchoire.

· La psychanalyse est une méthode d'investigation du psychisme. Le traitement fondé sur cette méthode est aussi appelé "psychanalyse". C'est enfin une discipline scientifique formée de conceptions psychologiques. C'est donc à la fois une méthode, une cure et une théorie.

 

· Découvertes inaugurales: Freud ne sait pas ce qu'il cherche. Ce qu'il découvre en premier est que le symptôme du malade est particulièrement signifiant, et correspond à des réminiscences. C'est une trouvaille de Breuer que Freud va théoriser et communiquer. "Le sens renvoie à un évènement traumatique!" donne t'il comme explication dynamique du symptôme. Deuxièmement, il trouve que la signification du symptôme est sexuelle. Pour Freud, l'hystérie est une maladie du désir. Il repère un leitmotiv qu'est la scène primitive. Ce spectacle, qui a horrifié l'enfant, peut être le coït parental ou une situation de séduction. Il repère ce leitmotiv chez les névrosés et découvre la portée universelle de cette expérience: c'est un fantasme originaire. Freud découvre enfin que, malgré ce que peuvent dire ses patients, il n'y a pas réalité de la scène primitive: c'est le désir qui est pris pour de la réalité. Ainsi n'est réel pour le malade que ce qu'il croit. Pour la névrose, la réalité psychique a plus d'importance que la réalité extérieure. Ce n'est donc pas l'évènement qui est important, c'est la façon dont cet évènement, réel ou fictif, est vécu. Le propre désir enfantin du malade est pris comme un véritable traumatisme.

 

La grammaire de l'inconscient

 

Complexe d'Oedipe et castration : Sigmund Freud découvre que la scène primitive est une représentation dramatique du complexe d'Oedipe (c'est à dire un rapport croisé entre sujet, objet du désir et porteur de loi). Ce qu'il en saisit, c'est l'universalité: tout être humain se doit de le maîtriser. Il s'aperçoit que cette épreuve se rattache à la sexualité enfantine et qu'elle se dénoue fantasmatiquement par la menace de la castration.

 

Le rêve et la psychothérapie de la vie quotidienne : le rêve devient l'autre pôle, l'autre objet signifiant. Le rêve a un sens qui peut être décrypté à partir du travail du rêve qui est inconscient. Il remarque une isomorphie (ressemblance) entre le rêve et d'autres phénomènes inconscients comme le mot d'esprit, les oublis, les lapsus... Dans tous ces cas on retrouve les processus primaires que sont la "condensation" et le "déplacement". Il élabore la première topique.

 

Le refoulement : à travers 5 cas, Sigmund Freud s'aperçoit qu'il y a une grammaire du symptôme qui repose sur le refoulement. L'inconscient s'organise à partir d'une opération fondamentale qui repousse les représentations liées aux pulsions. Le refoulement est un "vouloir ne pas savoir". Il se produit une fixation constituant le noyau originaire, et provocant la répétition de l'opération refoulante. Si il y a refoulement continuel, c'est qu'il y a sans cesse un retour du refoulé, comme par exemple les symptômes.

 

Les structures du symptôme : cela amènera Freud à différencier les maladies mentales. Il en donne 2 grandes catégories: les psychonévroses, et les psychonévroses narcissiques.

  1. Les psychonévroses, ou névroses : les fonctions symboliques sont altérées alors que le contact avec le réel est maintenu. Le Moi est au service de la réalité, et procède donc au refoulement. Le ça, frustré, se dédommage par la constitution d'un monde fantasmatique. Son angoisse, c'est le retour du refoulé;

  2. Les psychonévroses narcissiques, ou psychoses : le Moi se met au service du ça en se retirant de la réalité. Le Moi, coupé de la réalité, fait se constituer une autre relation à la réalité: le délire et l'hallucination sont des tentatives pour recréer le réel perdu. L'angoisse concerne l'effondrement du monde qu'il a créé. C'est une angoisse d'intrusion de la réalité extérieure sur la réalité construite. Le sujet a investi uniquement son Moi narcissique.

 

Les figures de la sexualité

 

Il existe une sexualité infantile, qui précède celle de l'adulte: "l'enfant devient le père de l'homme". C'est la sexualité infantile qui organise la sexualité adulte. La sexualité est basée sur l'énergie œuvrant dés l'origine, et appelée "libido". Cette énergie se fixe sur des organes différents, aux différents stades de la maturité. La pulsion sexuelle a donc été abordée à partir de, ou à travers ses perversions. A partir d'elles, Freud découvre les virtualités perverses de la sexualité infantile. Il a alors besoin de systématiser ses découvertes psychiques par un langage spécifique: c'est la méta-psychologie, système explicatif de la nature et de la fonction de l'inconscient, dont le terme fondamental est la pulsion.

 

Rappelons que la pulsion est une poussée ayant sa source dans un état de tension somatique, son but dans la satisfaction de cette tension au moyen d'un Objet. Elle se délègue à travers 2 modalités: la représentation (investissement) et l'affect (décharge).

Freud distingue alors deux sortes de pulsions :

  1. L'auto conservation du Moi;

  2. La pulsion sexuelle.

Le narcissisme

 

C'est une forme paradoxale de la libido, portée par le Moi. Ceci veut dire qu'à travers l'Objet, le Sujet s'aime foncièrement. Le "schizophrène" ("être humain s'étant construit un rapport au réel, et donc à l'Autre, de type schizophrénique"), s'efforçant de rassembler les morceaux de son Moi morcelé, est quelqu'un de narcissique. De même que le masochiste ("être humain s'étant construit un rapport à l'Autre de type masochiste").

 

L'identification est un choix d'Objet sur le modèle de la relation que le sujet entretient avec lui-même. L'Objet représente ce qu'on est, ce qu'on voudrait être, ce qu'on était, toutes ces virtualités que l'on n'a pas réalisées et qu'on trouve en l'Autre. Le Moi n'est pas seulement un agent d'adaptation, c'est un Objet imaginaire. Cette notion d'identification va permettre d'étendre la relation de l'individu au groupe, et de l'individu au chef. Dans le groupe, le sujet se trouve ramené à une situation narcissique. Il trouve chez les Autres, privilégiés, ce qu'il ne peut trouver en lui. Le chef n'est supporté que dans la mesure où il représente l'Idéal du Moi. L'interdit est une limite du désir.

Freud relie cette notion à celle de l'hypothèse du meurtre du Père primitif, dont découlerait le Tabou Oedipien. Il y a association de la notion d'interdit et de celle de désir. Cet interdit va se fixer dans un statut: une instance particulière déterminée va assumer cet interdit, et c'est le Surmoi, dont dépend la culpabilité. Le Surmoi adresse conseils et interdits au Moi: "sois comme ton Père, ne sois pas totalement comme lui". Le Moi devient l'instance dans laquelle se notifie l'angoisse. Il n'est plus l'arbitre, mais l'enjeu du conflit. 

 

La pulsion de mort

 

Pourquoi la représentation de la souffrance est-elle source de plaisir? Quelle est la nature de la compulsion à répéter les situations pénibles? C'est la répétition elle-même qui est intéressante, et non la situation. Cela va permettre à Sigmund Freud de découvrir une réalité qui, dés l'origine, œuvre dans l'inconscient et la sexualité. C'est une tendance à retourner à un point de réduction complète de la tension, un état antérieur. C'est une propriété générale à toute pulsion, appelée pulsion de mort. Toute pulsion tend à répéter un état ancien que le Sujet a été contraint d'abandonner. Dans cette pulsion de mort on comprend la notion de répétition, mais aussi les notions de régression, d'agressivité, de culpabilité et de masochisme, de désir. Toute pulsion est à l'origine pulsion de mort.

Cela va ramener à la découverte du clivage du Moi. Une partie reconnaît la réalité extérieure, l'autre garde une croyance au désir. Le Moi devient le lieu de la division. Sigmund Freud crée alors la deuxième topique.

 

Psychanalyse : les effets thérapeutiques

 

· La catharsis : le sujet va d'abord verbaliser son affect, et le situer dans son histoire. Il va en rechercher les causes et les conséquences. Il reconstruit sa vérité alors que jusqu'ici il n'avait fait que la subir. Le désir n'est pas pour autant supprimé. Le symptôme est toujours là, mais il est abordé différemment. Au lieu de le vivre, le sujet parlera l'événement. Cela va amener Freud à renoncer à l'intervention sur le corps pour se porter sur le terrain du langage, du laisser-parler du désir. Il s'aperçoit qu'il y a 2 termes fondamentaux dans la cure, la résistance et le transfert.

 

· La résistance : le sujet résiste à l'avènement de sa réalité. En premier, le noyau originaire a une force d'inertie. Il y a aussi le Surmoi qui résiste et refoule sans arrêt. Enfin le Moi résiste contre l'angoisse. Mais c'est néanmoins une partie du Moi qui amène à la guérison, et qui aide à vaincre les résistances (dont certaines de la part du Moi lui-même). La résistance est quelque chose d'inévitable mais ce n'est pas pour autant un terme négatif de la cure: ce sera un pôle dynamique sur lequel le travail sera fait.

 

· Le transfert : c'est la répétition de relations infantiles vis à vis des figures parentales, sur d'autres personnes et en particulier l'analyste. C'est une condition sine qua non de la cure. On reporte sur l'analyste tout ce qu'on a vécu de manière conflictuelle dans son enfance. Il y a un premier temps au cours duquel le sujet doit se souvenir; C'est la "remémoration". Puis il doit répéter la scène; C'est la "répétition". Enfin le sujet doit élaborer; C'est la "perlaboration".

 

La construction analytique revient en fait à ce que fait le rêve dans son travail.

 

 

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Carl Gustav JUNG (1875-1961)

 

Carl Gustav Jung est né à Kesswil, sur la rive Suisse du lac de Constance. Son père, pasteur, s'installa peu après à Schlosslaufen, au bord de la chute du Rhin, puis à proximité de Bâle. C'est dans cette ville qu'il fit ses études et acquit le titre de médecin. Il entre alors à l'hôpital psychiatrique du canton de Zurich. Il y est élève, puis assistant du psychiatre Suisse Eugène Bleuler. Après avoir soutenu sa thèse sur la "psychopathologie des phénomènes dits occultes", il y prépare ses premières publications: "Études sur les associations"(1903) et "Les démences précoces"(1907). Cette même année, il devient disciple et ami de Sigmund Freud, qu'il quitte cinq ans après pour fonder une nouvelle école de "Psychologie Analytique".  Il fonde en 1948 l'institut "JUNG" à Zurich. 

 

Découverte de "l'inconscient collectif", fondement de l'imagination, commun à tous les peuples à travers les âges, et qui se manifeste dans les religions, les mythes, l'alchimie...

 

Carl Gustav Jung a beaucoup voyagé en Afrique noire, en Afrique du nord, aux Indes et en Amérique où il étudia particulièrement les coutumes des Indiens "Pueblos". Il s'efforça toute sa vie de dépasser une attitude purement descriptive de la maladie mentale et de la comprendre de l'intérieur. S'il fut d'abord attiré par les travaux de Sigmund Freud (avec qui il se lia d'amitié durant 5 années), l'esprit de système de son aîné l'éloigna peu à peu de lui: Jung ne pouvait accepter une conception de l'énergie psychique (la libido) limitée, pour les besoins d'une théorie, à l'impulsion sexuelle. La rupture survint après la parution de "Métamorphoses et symboles de la libido" en 1912 dans laquelle Jung exposa sa théorie sur la notion de l'inconscient collectif. Il y décrit une structure quaternaire de la psyché, avec 4 fonctions psychologiques caractérisant les différents types humains: Pensée, Intuition, Sentiment et Sensation. Ces 4 fonctions forment un instrument que l'individu doit manier pour évoluer.

 

Sa vision de l'Homme est dynamique, et on peut la résumer par ces 2 concepts: le devenir, et la transformation. En l'homme, le monde devient conscient de lui-même par la formation d'un Moi. Mais le renforcement unilatéral de ce dernier ne doit pas dépasser une certaine limite. Au delà, le Moi tend à oublier son lien avec l'océan d'où il sort, l'arbre se sépare de ses racines, se dessèche ou produit des fruits monstrueux. Sur le plan collectif ce seront alors des déchaînements sauvages (les exemples abondent au XXème siècle). Chez l'individu, c'est la névrose, affection mentale où l'inconscient, nié, réclame sa part. La névrose n'est donc pas liée uniquement à des évènements du passé notamment infantiles, comme dans les théories de Freud, mais à une situation actuelle. Rétablir le passage sans heurt du courant psychique, source de renouvellement, tel est le but de l'exploration intérieure.

 

La persona : c'est la partie de nous, apparente, éclairée, que l'on montre aux autres. C'est notre Moi social;

L'ombre : partie inconsciente de notre personnalité, non exposée à la lumière. Ce sont toutes les potentialités que nous n'exploitons pas, mais pas forcément que nous réprimons.

 

Il existe un équilibre entre la "persona" et "l'ombre" car sinon rien de spontané ne pourrait avoir lieu. Ils dépendent tous deux du contexte socioculturel.

 

L'inconscient collectif : ses modes de manifestation sont les "archétypes" qui désignent les images anciennes (comme le "dragon", le "paradis perdu"...). Ces images constituent un fond commun à toute l'humanité. Dans chaque individu on les retrouve, en tout temps et en tout lieu, à côté des souvenirs personnels. Ils se manifestent dans les rêves, les délires et les arts picturaux. Jung distingue plusieurs strates dans l'inconscient collectif:

 

  1. 1ère couche : c'est l'inconscient individuel;

  2. 2ème couche : c'est l'inconscient collectif familial auquel on appartient. (Dans certaines familles il y a par exemple certains chiffres qui reviennent génération après génération);

  3. 3ème couche : c'est l'inconscient collectif du groupe ethnique et culturel auquel appartient la famille;

  4. Au dessus : il y a un inconscient collectif primordial. C'est ce qui est le plus général à l'humanité, comme par exemple la peur commune de l'obscurité,  les instincts etc... Dans cet inconscient collectif, il y a des structures de base, un code général où cet inconscient s'exprime et ce sont les archétypes. Ils sont innés, immuables, les mêmes pour tout le monde. Ce sont des formes "à priori" de la représentation: cela puise dans la matière indifférenciée, le magma, le chaos de l'origine.

 

Les archétypes : ce sont des structures de base, un cadre général où l'inconscient collectif s'exprime. Ils sont innés, immuables et les mêmes pour tout le monde. Ce sont les contenus de l'inconscient. Les archétypes sont les formes "à-priori" de la représentation. Il y a ainsi les archétypes parentaux (Père et Mère), l'anima, l'animus... etc.

 

Tout le travail de Carl Gustav Jung s'est appuyé sur la double question qui domina sa vie: "qu'est-ce que le monde, et qui suis-je?". L'insuffisance du cadre religieux éclata aux yeux de ce fils de pasteur. Il devina que la réponse se trouvait au-dedans de lui et non au-dehors. La psychiatrie lui parut offrir un moyen plus propice d'aborder la totalité de l'Homme.

Jung a également travaillé sur la recherche alchimique. Il relia ainsi la mythologie, l'archaïque au psychologique: dans la transformation alchimique du fer en or, c'est la transformation de quelque chose en nous que l'on tente. C'est la transformation de la personnalité.

 

Carl Gustav Jung fut avant tout le témoin d'une réalisation interne. Sa méthode psychologique et son œuvre sont les fruits de cette réalisation. Adolescent, il a rencontré sur son chemin la figure fascinante de Zarathoustra, le "messager du surhumain" qui avait conduit à la folie Frédéric Nietzsche, Bâlois d'adoption comme lui. A son tour il s'est vu contraint par le destin d'affronter ce qui est en définitive, l'unique problème de l'âme moderne: L'homme peut-il être surmonté, et par quelle voie?

                                                                                    

Méthode thérapeutique

 

Afin de rétablir le passage du courant psychique, il faut pratiquer l'exploration intérieure. Pour y parvenir, Jung n'a guère recours à des techniques, capables à ses yeux de préjuger du résultat. Sa méthode est définie par "l'Auseinandersetzung", confrontation, échange sans dérobade entre deux personnalités. Une attitude objective, neutre, n'est pas de mise de la part du praticien. Seul un sujet peut aider un sujet, dans son drame et non à côté. Jung accorde par la suite, comme Freud, une importance capitale au transfert qui est le lien affectif unissant le praticien et le patient. Mais loin d'être, comme pour ce dernier, la simple projection d'une image parentale du patient, le transfert  joue pour Jung (à partir du praticien), le rôle actif d'un catalyseur en vue de la manifestation des contenus inconscients. Pour être efficace, il présuppose donc un accomplissement personnel du psychiatre ou du psychologue.

Aux yeux de Jung, la portée de la psychothérapie est aussi variée que la nature humaine. On ne peut lui assigner de but. L'évolution psychologique est essentiellement imprévisible. Les intentions et les voies de la nature ne sont pas les nôtres. La disposition requise à leur égard est donc une attention vigilante alliée à une totale disponibilité.

 

Auprès de la "petite psychothérapie" qui tend à la guérison d'un symptôme (obsession, phobie, inhibition...) et dans laquelle les découvertes cliniques de Sigmund Freud ont leur place, le praticien peut se trouver engagé dans une "grande psychothérapie", entreprise de longue haleine qui ne vise pas que la transformation de la personnalité. Carl Gustav Jung ne se contente pas de rétablir une normale qui reste à définir (tandis que la thérapeutique de Freud se borne à faire venir à la conscience les contenus personnels inconscients, qui pour avoir été oubliés ou refoulés, troublent la vie consciente). Voyant dans l'inconscient une énergie pré-existant au Moi, il ne fixe pas de limites à sa poussée en vue de son actualisation et accueille toutes les formes de réalisation possibles. Il demeure seulement attentif à sauvegarder le contrôle du Moi conscient.

 

Il se garde aussi de réduire la valeur des matériaux mis au jour. De telles attitudes ne font que masquer notre ignorance. Si un grand poète a été névropathe, cela ne touche en rien au mystère de son génie, car tous les névropathes ne sont pas des grands poètes. La reconnaissance dans l'Homme d'une dimension qui "dépasse infiniment l'homme" (limité à l'égo) caractérise la psychologie analytique, dite "complexe" ou "des profondeurs" par opposition à la psychanalyse Freudienne.

 

Il existe depuis 1948 à Zurich, un institut C.G. Jung qui assure la formation des praticiens. L'école Jungienne a des représentants un peu partout dans le monde.

 

Dynamisme des images oniriques

 

Le rêve est pour Jung, comme il l'est pour Freud, la "voie royale" menant à l'inconscient. Jung professe le plus grand respect à l'égard du songe et de son message. Le rêve révèle l'existence d'un psychisme objectif, d'une sagesse naturelle qui tend à l'auto-régulation de la psyché, et dont il est la voie. IL traduit l'état de l'inconscient à un moment donné et exerce normalement une fonction de complémentarité par rapport aux attitudes conscientes. C'est une production naturelle qui doit être examinée comme telle.

 

Les symboles qu'il met en œuvre pour peindre une situation ne sont pas uniquement des signes, des allégories créés par une fonction  de censure servant à dissimuler des figures de l'état de veille, ce qui est la conception Freudienne. Ce sont des images qui ont leur raison d'être en elles-mêmes et possèdent leur dynamisme propre. Leur signification excèdera toujours les interprétations que l'on peut en donner, car le propre du symbole est précisément de mettre le conscient en contact avec ce qui est "inconnu et à jamais inconnaissable". Le rêve formant un tout complet, son sens ne doit pas être recherché au moyen de libres associations qui nous écartent de lui (méthode Freudienne), mais chaque symbole demande à être éclairé à l'aide du contexte onirique et vital. La nature autonome du symbole, ainsi que l'existence d'un inconscient collectif permettent d'inviter le rêveur à passer au-delà de ses associations personnelles. Il pourra alors examiner toute la portée possible de l'image proposée à sa conscience en utilisant les matériaux historiques qui s'y rapportent. Cette opération est appelée "amplification".

 

Les symboles peuvent encore apparaître à l'état de veille sous forme de fantasmes, d'impressions visuelles ou auditives. Une mention spéciale doit être faite de l'imagination active. Elle consiste à fixer l'attention sur une image empruntée à un rêve et à en examiner la libre évolution. L'imagination active, où le Moi joue le rôle de témoin vigilant, est aux antipodes de la rêverie. Elle peut fournir un instrument de choix en vue de la maturation des situations oniriques. Les plus belles images demeureront vaines tant que le Moi ne les aura pas faites siennes par un acte qui sera, suivant le cas, interne ou externe. C'est alors seulement que l'on pourra parler d'intégration, de réalisation psychologique.

 

Inconscient collectif et individuation

 

Par la voie (une et multiple) de l'image, l'homme pénètre progressivement dans les cercles qui le mènent vers le centre de son être intérieur. Le premier rencontré est celui de la "persona" (en latin, c'est le masque du comédien). Ce terme désigne ici le personnage social qui, s'il a l'utilité et le caractère indispensables d'un vêtement, risque bien souvent de nous dissimuler notre nature individuelle. Il faut ensuite affronter et intégrer "l'ombre", partie de nous-même constituée par nos défauts et les produits de la fonction psychologique la moins différenciée. L'ombre a cependant un sens plus vaste et peut également désigner l'inconscient dans son ensemble. En effet, tout ce qui n'est pas entré dans la lumière de la conscience apparaît comme rempli d'obscurité et de menace. Jung applique à la plongée dans l'ombre l'expression de "mort volontaire" qu'il emprunte à Apulée parlant des mystères d'Isis. Mais au-delà de la porte étroite, on débouche dans "une immensité sans limites, une indétermination inouïe". 

 

Avec l'entrée dans cet infini, océan d'énergie antérieur à l'individu, Jung franchit un pas que Freud n'avait pas osé faire. Par opposition à l'inconscient personnel, il le nomme inconscient collectif. Son exploration n'est pas sans danger: les énergies qui font alors irruption dans la conscience inondent l'être, tel un déluge. On assiste à un "abaissement du niveau mental" pouvant aller jusqu'à la dissolution de la conscience pendant laquelle le psychologue tient, grâce au transfert, la place d'un Moi de substitution.

 

Les contenus de l'inconscient collectif, ses modes de manifestation sont les archétypes. Plutôt que des structures préformées, ce sont des virtualités (potentialités) formatrices qui modèlent la matière indifférenciée fournie par le flux de l'énergie psychique. Ce sont de purs dynamismes qui se présentent sous des formes extrêmement variées, mais contenant toutes une forte charge émotionnelle.

Cette charge est à la fois positive et négative: l'archétype est simultanément l'indispensable facteur de l'évolution intérieure et, par la fascination qu'il exerce, une puissance captatrice, un "ogre" redoutable. La vie de l'homme toute entière est dominée et comme aimantée par les archétypes. Les plus puissants d'entre eux sont, sans conteste, ceux des parents. 

 

L'anima est au suprême degré la puissance qui arrache l'homme à son univers relationnel. C'est pourquoi elle apparaît souvent en premier lieu comme la séductrice, le fauteur de désordre. Certains types d'anima demeurent ainsi purement négatifs et aliènent entièrement celui qu'elles entraînent. Mais, peu à peu l'harmonie naît du chaos: l'anima montre son visage d'initiatrice. L'intégration de l'anima chez l'homme, de son homologue l'animus chez la femme, conduit à la réalisation intérieure de l'androgyne mythique. Comme tout ce qui relève de l'inconscient collectif, les archétypes ne sont pas séparés les uns des autres par des limites rigoureuses. Il existe entre eux des parentés, des contaminations, des passages. Ils se manifestent non seulement à l'intérieur mais aussi sous forme de situations où l'évènement extérieur se trouve en correspondance avec une donnée psychique. L'archétype doit être considéré comme un facteur (non pas psychique mais "psychoïde"), dans lequel on peut voir le pont reliant le monde intérieur et le monde extérieur. Il façonne à la fois la psyché et le continuum espace-temps.

 

L'apparition de l'inconscient collectif et de ses messages au premier plan des préoccupations contemporaines constitue pour Jung la voie par laquelle la nature s'efforce de résoudre un grand problème: le développement prodigieux de la conscience claire a eu pour contrepartie la mise en jachère du domaine de l'âme, de l'irrationnel, relégués au rang de résidu de l'âge mythologique. L'intellect a usurpé la place de l'esprit créateur et celui-ci doit être recherché non plus en haut, telle une flamme, mais dans les profondeurs où se trouvent les eaux, ainsi qu'en témoignent les rêves de nombreux hommes d'aujourd'hui. Les plus beaux triomphes de la science ne sauraient compenser cette perte d'âme. L'homme, une fois seul avec lui-même, se sent dans un état d'indigence spirituelle, génératrice de déséquilibre: "la névrose, écrit JUNG, est la souffrance d'une âme qui a perdu son sens".

 

L'individuation conduit au retrait des projections. L'homme dépouille le monde extérieur de son pouvoir de fascination et parvient à l'autonomie. A la loi arbitraire du Moi et des influences extérieures, se substitue une règle interne. Le nouveau centre appelé Soi est situé au-delà du Moi qui occupe par rapport à lui la position d'un satellite. Comparant les symboles du Soi et ceux qui expriment la divinité dans les religions et les mythes, Jung conclut que le Soi est identique à l'image de Dieu dans l'âme.

 

 

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Wilhelm REICH  (1897-1957)

 

Wilhelm Reich est né en Autriche en 1897. Il étudie la médecine à Vienne, découvre la psychanalyse en 1919 et décide de se consacrer à la sexologie. Sa mère se suicide alors qu'il a 17 ans. Son père meurt d'une tuberculose peu de temps après. Wilhelm serait à l'origine du suicide de sa mère puisqu'il a mis son père au courant de l'existence d'un amant de celle-ci.

Il s'inscrit au Parti Communiste, et fonde une société de recherche et d'information sexuelle "SEXPOL" entre 1920 et 1930. Il tend à politiser les questions sexuelles. En 1933, il est expulsé du P.C. Allemand et de l'assemblée internationale psychanalytique. Il a une théorie sur la société qui, pour pouvoir avoir la main mise sur l'individu, tend à réprimer la sexualité (premières théories sur l'orgasme en 1922).

Sa théorie des pulsions est plus physiologique que psychique. Il se marie à 23 ans et gagne sa vie comme psychanalyste. Conflit avec Freud. Il va à Oslo où il entame ses expériences sur la bioélectricité en 1934. En 1936, il aborde la végétothérapie. En 1939, il émigre aux Etats-Unis. Il se dirigera de plus en plus vers le biologique et le scientifique.

 

Son œuvre

 

Le point de départ de Wilhelm Reich est la psychanalyse Freudienne. Dans le noyau de toute névrose il découvre une répression des besoins sexuels (émotionnels) qui commence dés l'enfance. Selon le moment et l'intensité de la répression des besoins pulsionnels par l'entourage de l'enfant, se constituent les différentes structures caractérielles qu'il appellera: les "cuirasses caractérielles". La restauration de la puissance orgastique est la condition nécessaire pour faire disparaître les symptômes névrotiques ou les maladies psychosomatiques.

Reich établit le rapport entre les cuirasses caractérielles et corporelles, et les troubles psychiques. Il développe la "végétothérapie", thérapie qui est à la base des thérapies corporelles actuelles (comme le cri primal ou la bio-énergie).

Il fait des recherches en biologie, isole une énergie vivante, "l'énergie d'orgone", présente dans toute cellule et existant à tous les niveaux de l'univers (chez les êtres cellulaires les plus primitifs, chez l'homme, dans le cosmos...).

La vie serait pour Reich, avec l'orgone et les bions, comme une unité de substance matérielle et d'énergie présente dans chaque cellule.

 

Chronologie

 

- Né le 24 mars 1897 en Autriche;

- Admis en 1919 à la société psychanalytique de Vienne;

- 1922. Médecin diplômé, il est premier assistant à la polyclinique psychiatrique de Freud. Il y sera sous-directeur de 1928 à 1930;

- 1933. Exclusion du P.C.

- 1936. Il fonde l'institut de recherche et d'économie sexuelle;

- 1940. S'installe à Orgonon, aux Etats-Unis, et dirige ses efforts vers la recherche biophysique sur les "bions", unité d'énergie;

- 1950. 2ème conférence internationale sur "l'orgone", énergie biologique;

- 1954. La "Food and Drug Administration" attaque sa théorie et son exercice;

- 1957. Procès les 3, 4, 5 et 7 mai. Emprisonné dans un pénitencier. Année et lieu de sa mort.

 

 

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Henri LABORIT  (1914-1995)

 

Chirurgien militaire Français né à Hanoï au Vietnam en 1914, et mort à Paris en 1995. D'abord axés sur le domaine chirurgical et les problèmes d'anesthésie, ses travaux déboucheront sur la biologie du comportement.

Durant son exercice professionnel aux armées, il parvient à limiter considérablement la fréquence des chocs opératoires en administrant en une seule fois plusieurs substances médicamenteuses opérant en synergie, méthode qui autorise paradoxalement l'utilisation de petites quantités d'anesthésiques, déjà préalablement sélectionnés pour leur faible toxicité. Poursuivant ses recherches, il expérimenta un nouveau produit, la Chlorpromazine (connu sous le nom de Largactil) pour mettre au point l'hibernation artificielle nécessaire lors de certaines anesthésies.

 

Parallèlement, et toujours dans le but d'apporter des solutions nouvelles à la réanimation, il étudia les effets de l'agression sur l'organisme. Dans un premier temps Henri Laborit mit en avant l'existence de 2 systèmes:

  1. l'attaque (ou l'activation de l'action),

  2. et la fuite (ou l'inhibition de l'action).

Si une réponse active au stress protège contre les sentiments d'anxiété, d'angoisse et de détresse, l'inhibition de la réponse provoque inversement l'anxiété ou l'angoisse. Une action qui exprime une émotion peut dénouer l'angoisse.

 

Puis H. Laborit en vint à distinguer 3 pôles:

  1. l'attaque, 

  2. la fuite,

  3. et l'inhibition de l'action. 

Quand les 2 premières solutions sont interdites, et que l'action ne peut s'exprimer, l'homme fait appel à l'inhibition de l'action, provoquant la symptomatisation (ulcère à l'estomac, asthme, allergie...).

 

Dans cette nouvelle approche conceptuelle, la fuite devient une réponse active. C'est seulement quand cette réponse n'est pas possible que l'on observe un retournement sur soi-même par symptomatisation.

 

 

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Arthur JANOV

 

Le cri primal

 

"Ce n'est pas le cri qui est notre but, mais la souffrance que nous cherchons à atteindre pour lui permettre de s'exprimer". 

La névrose est fondée sur le clivage. La "scène primale", où la souffrance est intolérable, projette l'enfant dans la névrose plutôt que la lui faire subir. Le but de cette thérapie est de connecter les besoins du corps avec les souvenirs emmagasinés dans l'inconscient afin de donner au sujet son unité.

 

·  Désir non satisfait        entraîne        Frustration        entraîne        Souffrance   évacuée par le...     entraîne        Cri primal

 

Pour guérir la névrose, il faut permettre au cerveau de retrouver un fonctionnement moins souffrant. Le fait de revivre la souffrance, et de l'évacuer par l'intermédiaire du cri primal va permettre de mieux intégrer la frustration chez le patient. La souffrance est alors l'agent curatif car elle signifie que le sujet ressent à nouveau, et qu'il est à nouveau exposé à sa réalité. Ce qui s'exprime alors est un sentiment unique, propre à la personne.

 

En pratique

  1. Phase d'admission où le patient évoque ses problèmes;

  2. Thérapie individuelle pendant 3 semaines avec privation de communication, de cigarettes, de télévision...

  3. Régression profonde;

  4. Séances de groupe.

 

Arthur Janov, médecin, psychiatre et psychothérapeute américain né en 1924, s'est appuyé sur les travaux de Sigmund Freud, de Wilhelm Reich, et d'Otto Rank.

 

Durant les 3 semaines d'isolement, le patient est seul avec lui-même: arrêt des cigarettes du jour au lendemain, pas de livres, ni de musique, ni de télévision... Il va voir le thérapeute tous les jours. A la suite de ces 3 semaines, entrée à l'institut (quand le besoin en est ressenti) pour faire des sessions de groupe.

"La souffrance est la base de la liberté et de la passion". Nous portons en nous notre histoire mais nous n'y sommes plus reliés car elle contient trop de souffrance.  

 

 

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THÉRAPIES DE GROUPE

 

Apparues dans les années 1960, elles se sont caractérisées par une pratique de groupe ainsi qu'une prise en compte du non-verbal, dimension corporelle de la communication. Les méthodes divergent d'une thérapie à l'autre mais elles visent néanmoins toutes à libérer l'individu de son symptôme pour lui faire retrouver son potentiel humain.

 

Origines

 

Dans les années 30, on réunissait les schizophrènes ("êtres humains s'étant construit un système de relations à l'Autre de type schizophrénique") dans des groupes à Vienne. Vers les années de guerre, il y a eu une émigration massive aux États-Unis. Dans ce pays au fort esprit de groupe, qui recherchait les thérapies rapides et les expériences passagères, on s'est polarisé sur le symptôme. En Californie en 1962 est créé le Centre ESALEN, à ciel ouvert avec piscines, espaces verts... Ce centre a pour but de favoriser les congrès et les rencontres entre toutes les formes de thérapies.

Se posant comme différentes de la psychanalyse et du comportementalisme, ces nouvelles thérapies ne s'implanteront en France qu'en 1970. On y cherche une affirmation de la responsabilité personnelle, une redécouverte du corps (Wilhelm Reich), une communication plus authentique et donc non-verbale. On cherche aussi à recréer une communauté à l'échelle humaine, avec notion de groupe et recherche du plaisir.

 

En 1972, création du centre de développement du potentiel humain. En 1978, création de l'association de psychologie humaniste, en 1982 celle de l'association du cri primal.

Didier Anzieu (1923-1999) a fait à cette époque une étude sur la dynamique des groupes et leurs fantasmes archaïques. Il a introduit l'idée du psychodrame, thérapie de groupe élaborée à l'origine par Jacob Levy Moreno (1892-1974), pionnier de la dynamique de groupe. Le corps devient le signifiant de la nature perdue. Les thérapies de groupe correspondent plus à une manière de penser qu'à une technique rigoureuse. Une grande place est laissée à l'improvisation.

 

Une des techniques est le "récit", travail en groupe sur la mémoire, le fantasme. On a aussi le "rêve éveillé", où est fabriqué un scénario par association libre de l'un des membres, les autres membres jouant alors le rôle du miroir. Il y a aussi les techniques d'expression orale (thérapie par le cri, par le rire, cri primal...), d'expression corporelle (sophrologie, relaxation, mime...), de toucher (massage...), d'expression plastique, musicale, et aussi les expressions théâtrales (psychodrame*, jeux de rôle...). Tous ces groupes sont hebdomadaires, ou bimensuels, ou encore par week-end. Il y a les groupes résidentiels (groupes intensifs de 18 h. à 1 semaine). On demande au groupe d'être un miroir, un soutien, un amplificateur ou un stimulant.

 

* Le psychodrame : c'est une thérapie utilisant des scénarii. L'ensemble des participants cherche un jeu à élaborer, le joue (jeu de rôle), et analyse ce qui s'est passé. L'individu fait jouer ses affects dans le rôle qu'il s'est donné.

 

 

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BIO-ÉNERGIE

 

Cette théorie a été élaborée dans les années 1950 par Alexander Lowen (1910-2008), disciple de Wilhelm Reich. Elle reprend les concepts de "réflexe orgastique", de "cuirasse musculaire". Le corps garde la trace de toutes les émotions vécues, que l'on peut diagnostiquer par la "lecture du corps". Il faut tenir compte en premier de l'allure générale, de l'équilibre, des postures diverses globales. Puis une seconde lecture détaillera les différents segments corporels, comme le regard, le port de tête, la tension du cou, le thorax, la respiration, la colonne vertébrale, la position du bassin. Tout cela a permis à Alexander Lowen d'établir une typologie caractérielle:

 

·  Caractère schizoïde : l'énergie est bloquée au centre du corps par des tensions musculaires qui partent du cou, des épaules et du pelvis. Il y a une dissociation entre les zones de contact (peau, mains...) et les émotions fortes qui devraient s'y rattacher. Cette dissociation corporelle est liée à une dissociation psychique résultant d'une défense précoce contre un rejet maternel, avec affects de terreur et de rage contenues;

 

·  Caractère oral : corps long, mince, pas contracté. Membres faibles, zones de contact peu vivantes, niveau énergétique très faible. la respiration est superficielle, correspondant à un manque affectif précoce, avec impression de vide intérieur, et besoin avide des autres;

 

·  Caractère psychopathe : surcharge d'énergie qui entraîne une valorisation du haut du corps (tête, épaules). On note une hyper excitabilité de l'appareil mental. Les yeux sont méfiants. L'énergie est coupée des besoins corporels pour s'investir dans une image de soi hypertrophiée. Grand besoin de dominer, de contrôler. C'est une réaction face à des parents séducteurs et narcissiques, et aussi une lutte pour la domination;

 

·  Caractère masochiste : niveau énergétique suffisant mais il y a rétention de l'énergie et un faible investissement des zones périphériques. Il y a aussi de fortes tensions au niveau du cou et de la taille. On note une propension à l'angoisse, et un comportement provocateur. Tout cela correspond à un mélange d'amour et d'oppression sévère de la part des parents, ajouté à une forte angoisse de castration;

 

·  Caractère rigide : zones de contact fortement chargées mais l'expression émotionnelle est retenue. Les muscles sont tendus, résistants. Il y a eu prohibition des pulsions dans l'enfance du sujet.

La cuirasse musculaire est liée à un fonctionnement énergétique, lui-même lié à un trait caractériel.

 

La thérapie

 

· Première phase : l'analyse dure. 

Confrontation au groupe pour débloquer les parties du corps dont les fonctions posent un problème. On utilise pour cela les positions de stress, ou de déséquilibre (par exemple la position du chevalet: sur la pointe des pieds, bras écartés, la tête en arrière et les yeux fermés). L'individu est mis dans une position inconfortable et le groupe décèle les points de tension, les nœuds... On procède à des exercices de martelage des pieds ou des mains, comme moyens d'expression.

 

· Seconde phase : l'analyse douce.

Relaxation, respiration, massage, détente, apaisement psychologique. Cette phase est suivie d'une verbalisation. Toutes ces séances se font en groupe. La thérapie dure 3 ans.

 

 

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ANTIPSYCHIATRIE

 

Les débuts de l'antipsychiatrie remontent aux années 1960, à Londres. Les médecins anti-psychiatres à l'origine du mouvement sont: Aaron Esterson (1923-1999), Ronald Laing (1927-1989) et David Cooper (1931-1986).

 

Nouvelle approche de la psychose

 

L'individu se réfugie dans la folie pour faire face à une situation sociale intolérable. La psychose est un voyage intérieur, une période de dépression menant à une reconstruction qui permet de trouver un meilleur contact avec soi. L'antipsychiatrie s'engage dans une expérience en milieu psychiatrique sur le mode des communautés thérapeutiques. Il s'agit de faire en sorte que les malades gèrent eux-mêmes leur communauté, ainsi que les mesures thérapeutiques qui peuvent être prises. Les malades doivent donc devenir responsables de leur prise en charge, les soignants n'ayant qu'un rôle d'écoute et de soutien.

 

En 1965, les docteurs Laing, Cooper et Esterson fondent la "Philadelphia Association" pour créer des lieux d'accueil originaux, comme à "Kingsley Hall". L'association se fixe pour but de changer la façon dont la santé mentale et la maladie mentale sont considérées. C'est une invitation à changer de modèle, car ce qui est en cause, ce n'est pas la maladie d'une seule personne, mais un processus social. Les lieux d'accueil nouvellement créés se caractérisent par leur volonté affichée de débarrasser le sujet de tout cadre pour lui. L'accueil dans ces communautés anglaises consiste en une mise en place qui évoque le psychodrame.

 

Les lieux de vie

 

Ils créent une ambiance permettant aux gens de prendre conscience de leur souffrance.

Le travail soignant sera d'aider l'individu dans son expérience, de pourvoir à ses besoins élémentaires, de laisser surgir l'effondrement, puis la guérison sans s'immiscer dans le processus.

Ces lieux s'opposent aux valeurs de la famille nucléaire, et font éclater la vie de couple et les liens de parenté.

Il faut voir cela comme une tentative de débarrasser le malade de toute contrainte sociale. Et aussi comme une acceptation et une réponse par rapport au langage de la folie. Le personnel est référent privilégié des malades. Dans chaque communauté, chacun peut discuter des faits et gestes de tout le monde. Il faut assister le malade dans son délire, plutôt que l'arrêter. Il y a une reconsidération de la maladie mentale, comme partie intégrante d'un processus social. Puisque les hôpitaux psychiatriques ne peuvent accueillir les expériences communautaires, les participants sont obligés de fonder leurs propres locaux. Le malade est quelqu'un en crise et le soignant est là pour recueillir cette crise. Les buts de l'antipsychiatrie sont la tolérance et l'acceptation de la folie.

 

"Je pense que les schizophrènes ont plus de choses à apprendre aux psychiatres sur leur monde intérieur, que les psychiatres aux malades", Ronald Laing.

La société a un rôle déterminant dans la maladie, et le psychiatre est un agent du pouvoir médical. L'hôpital psychiatrique reproduit dans une large mesure le jeu pathogène de la famille, contraignant le malade à réagir de façon apparemment arbitraire, à l'encontre du cadre qui l'angoisse. L'aliénation mentale renvoie à un comportement et à une expérience qui sont inacceptables dans le cadre culturel où nous vivons.

Dans les communautés, les patients sont à tour de rôle soignants de l'un d'entre eux: c'est le groupe qui s'autorégule, qui contrôle le délire de ses membres. Quand les manifestations délirantes ne sont plus tolérables, le groupe demande au patient de s'isoler. "Nous nous soumettons aux règles pour être acceptés des autres."

 

Les suites de l'antipsychiatrie

 

L'antipsychiatrie fut un moment d'interrogation, de flottement, d'ambivalence et de vérité de la psychiatrie.

Actuellement, de l'antipsychiatrie restent les lieux de vie et les communautés, mais rattachés à la psychiatrie traditionnelle.

 

David Cooper

Né en 1931 à Capetown où il accomplit des études de médecine. S'installe ensuite à Londres où il dirige de 1962 à 1966 l'unité expérimentale pour schizophrènes appelée "Pavillon 21". Avec ses collègues, il s'attache essentiellement à développer une psychiatrie existentialiste en Grande-Bretagne dont le projet contestataire se trouve illustré par le terme même d'antipsychiatrie.

 

Ronald Laing

Né en 1927 en Angleterre. Ses études de médecine terminées, il renonce à soigner au sens admis du mot, défendant le "fou" contre sa société. Il s'efforce d'écouter son cri comme une demande adressée à une système lui-même aliéné.

· "La schizophrénie" d'après Laing

Ce n'est pas une maladie, c'est une expérience au cœur de l'humanité. Au cours de ce voyage existent de nombreuses occasions de perdre la route. On y rencontre nos démons, nos terreurs. Les meilleurs guides de ce voyage sont ceux qui en sont revenus. Dans un premier temps il s'est effectué de l'extérieur vers l'intérieur, du mouvement vers l'immobilité, du Moi vers le Soi, de l'existence extérieure vers la matrice. Dans un deuxième temps, il y a un voyage de retour de l'intérieur vers l'extérieur, de la mort vers la vie, de l'immortalité vers la mortalité, du Soi vers un nouveau Moi, de l'état fœtal vers une renaissance existentielle. Le schizophrène, c'est celui qui a été doté d'une expérience supplémentaire. L'homme que la société dit "normal" se définit par une absence d'expérience.

 

Aaron Esterson

Né en 1923, ce psychiatre britannique est l'un des fondateurs avec Ronald Laing, de la "Philadelphia Association". Cette association est à l'origine de l'ouverture de 3 lieux d'accueil pour patients considérés par la société comme schizophrènes. Un des 3 centres, le "Kingsley Hall" a fonctionné pendant 5 ans. Aaron Esterson est mort en 1999.

 

 

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DÉSALIENISME

 

C'est un mouvement qui s'est exprimé en 1962 en Italie. Le psychiatre Franco Basaglia (1924-1980) y reprend les idées du psychiatre français Lucien Bonnafé (1912-2003). Auparavant, les malades entrant dans un hôpital psychiatrique étaient d'office internés. "La folie n'est pas une liberté de délirer, mais une situation d'angoisse à communiquer ses propres besoins", professeur Agostino Pirella, directeur d'hôpital.

 

Les psychiatres Italiens (de même que Lucien Bonnafé en France) pensent que les phénomènes sociaux déterminent le statut de la maladie mentale et guident son évolution. Par contre, pour eux (et c'est là la grande différence avec l'antipsychiatrie) les phénomènes sociaux ne sont pas à l'origine de la maladie. "Nous estimons donc nécessaire, pour entrer en communication avec un individu, de ne pas tenir compte de son étiquette sociale. C'est en prenant conscience d'avoir été exclu et rejeté que le malade aura la possibilité de reconquérir sa place perdue."

 

Une relation de réciprocité est instaurée entre soignant et soigné, en investissant 3 principes: l'agressivité, la liberté et le principe communautaire.

  1. L'agressivité est un moyen de communication qui ne peut être exclu, car c'est souvent le seul disponible. Et pour cela, la liberté est nécessaire;

  2. La liberté est importante non pas à posséder, mais à conquérir et les soignants doivent laisser libre cours aux demandes des malades, sans pour autant leur imposer leur propre liberté;

  3. Le principe communautaire : le soin ne peut se séparer du milieu social, et Franco Basaglia voudrait rendre la folie à sa société et la société à sa folie: "la souffrance de l'un est la souffrance de tous". Il est devenu inconcevable d'être inhumain avec quelqu'un pour la seule raison qu'il est malade. Les soignants se mettent alors à donner un statut social aux patients. L'asile devient communauté. Les patients et le personnel soignant se rassemblent en assemblées où chacun a un rôle, un statut social et une personnalité. Cela part de l'idée que le groupe est thérapeutique pour chacun de ses membres (le "Désaliénisme Italien" est issu des idées Marxistes). 

En avril 1980, tous les hôpitaux Italiens se sont ouverts.

 

Loi 180

 

Son objectif est de supprimer l'hôpital psychiatrique et de dépasser les conceptions réductrices que la société a sur la folie. Votée en 1978 en Italie sous la pression du parti communiste, appliquée en 1980, elle naquit à travers des expériences concrètes (Trieste). Cette loi dit que la maladie mentale est une maladie comme les autres, qui ne dépend donc plus du code pénal et n'est plus inscrite dans le casier judiciaire. Elle a 5 objectifs:

  1. Intégrer institutionnellement l'éventail des prestations globales, en fournissant un ensemble d'initiatives structurelles qui évitent la dispersion des interventions aux fins de prévention, de cure, et de réhabilitation dans le cadre de la gestion de la santé mentale;

  2. Garantir aux citoyens des prestations et des réponses adéquates et immédiates 24 h sur 24, et 7 jours sur 7;

  3. Fournir les instruments et les directives fonctionnelles en mesure d'affronter les nécessités effectives de l'assistance au long cours, tout en s'opposant aux processus de chronicisation;

  4. Dépasser graduellement l'hôpital psychiatrique judiciaire;

  5. Fournir les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs cités.

Les hôpitaux psychiatriques sont abandonnés ou restructurés en petits centres de 15 lits maximum. Cette loi a abouti à un changement au niveau de la pratique: on n'hospitalise plus.

Pour que le malade soit pris en charge, il a fallu un changement radical de la société. 

 

Franco Basaglia  (et l'expérience de Gorizia en 1961)

 

Franco Basaglia est un psychiatre Italien dont le travail à Gorizia a été l'impulsion pour la mise en pratique du désaliénisme en Italie.

 

Sa méthode

 

Négation à l'égard de l'institution psychiatrique traditionnelle, par la création d'un système d'assemblées, l'instauration de libertés, l'ouverture de tous les services et la participation des médecins à la discussion de tous.

Au départ, la réalité des asiles d'aliénés est oppressive. Il faut établir une lutte contre la déshumanisation des malades et arriver à une "dépsychiatrisation" afin de pouvoir agir sur un terrain vierge: il faut à tout prix éviter l'étiquette psychiatrique et tout ce qu'elle comporte d'implicite et de réducteur. L'important sera alors de prendre conscience de ce que représente l'individu pour lui, de connaître sa réalité sociale et les rapports qu'il entretient avec elle.

 

A Gorizia, on parle de communauté thérapeutique ayant comme moteur les assemblées et les réunions. C'est l'occasion pour les membres de la communauté de se confronter. Cette confrontation entre différents rôles culturels et sociaux introduit un motif de comparaison et de contestation, et crée une dynamique. La communauté donne au malade un statut social nouveau, alors que la société en règle générale, tente de le lui dénier. A Gorizia est mis en avant le fait que le malade est un être sans droits, et c'est de cela que l'on parle. La maladie est mise entre parenthèses afin de favoriser les relations.

 

Franco Basaglia et ses collaborateurs sont en négation avec les institutions car toutes ont pour fondement:

La crise psychiatrique et la crise institutionnelle sont si étroitement liées que l'on ne saurait dire laquelle des deux est conséquence de l'autre. En hôpital psychiatrique, le malade est celui qui a enfreint la norme. C'est un déviant, qui a commis une infraction et doit être puni.

L'homme ou la femme que la société a désigné "malade" n'a plus de droits, plus de libertés, mais des menaces d'injections ou d'électrochocs si la personne ne se tient pas tranquille. Dans une institution totalitaire comme l'est l'hôpital psychiatrique, la fonction de gardiennage tenue par le personnel délivre un seul message aux patients: les gens sains ont besoin de se défendre d'eux.

 

Le soin ne peut être séparé du milieu social dans lequel un individu vit et tombe malade. Franco Basaglia veut rendre la folie à la société, et la vie sociale à la folie. Il souhaite une prise en charge populaire: la souffrance de l'un est le problème de tous. La réforme psychiatrique passe par une réforme du milieu social et un changement de politique générale.

 

 

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THÉRAPIE FAMILIALE (et théorie systémique)

 

La notion de système a été empruntée aux théories cybernétiques, et particulièrement celles, dites "circulaires", de la communication.

 

Définition : il existe plusieurs sortes de thérapies familiales. On s'adressera toujours à la famille entière et le thérapeute agira sur l'ensemble des relations familiales. Pour ce qui est de la technique et des références, chaque thérapie aura sa spécificité. Il faut éviter que le patient soit perçu en bouc émissaire. L'objectif pourra être d'apprendre aux membres de la famille à communiquer. L'école de Palo Alto développe l'approche en tant que système, avec des notions mathématiques d'interactions. Pour obtenir un changement, il faut agir sur le "comment" du fonctionnement de chacun des membres, et non sur le pourquoi.

Pour Virginia Satir, la maturation est un état dans lequel l'individu se prend en charge lui-même. Si on a des difficultés au niveau de la communication, c'est au niveau de l'estime de soi qu'est le problème. Dans certains couples ou dans certaines familles, les communications sont (ou deviennent) voilées.

 

Rôle du thérapeute : il n'apparaît jamais tout puissant, opérateur officiel, exemple ou modèle pour la famille. Lors du premier interview, le thérapeute cherche à connaître les motivations de la famille. Il éloigne la menace d'un blâme afin d'obtenir la meilleure participation possible. Il faut 1 à 2 séances pour structurer un groupe familial (le noyau du groupe familial a lui débuté lorsque les deux conjoints se sont connus).

 

Modèle d'interaction circulaire        (utilisé en thérapie familiale)

 THÉRAPIE FAMILIALE : L'INTERACTION CIRCULAIRE

 

Cinq principes de base : 

La famille, modèle d'un système, est caractérisée par deux tendances contradictoires: l'homéostasie (inertie), et la tendance au changement. Généralement, l'enfant est au centre du réseau d'interactions. La nature des interactions reste la même quelque soit l'âge de l'enfant (l'enfant de 5 ans a un rôle qu'il garde tout au long de son évolution).

 

Modèle d'interaction linéaire          (utilisé en psychanalyse)

 THÉRAPIE PSYCHANALYTIQUE : L'INTERACTION LINÉAIRE

 

La famille est un élément fondamental de la société. Elle a pour tâche de transmettre les valeurs et les modes de pensée. C'est aussi une totalité, un "tout" dynamique. Les rétroactions négatives y sont importantes. Dans une famille pathologique (où la souffrance y est handicapante) n'existent principalement que des rétroactions négatives (dans une rétroaction positive, les phénomènes sont perçus et amplifiés, alors que dans une rétroaction négative, les phénomènes sont annulés, ignorés).

Toute famille fonctionne selon des règles, un consensus tacitement respecté par tous les membres. Si un seul élément change, l'équilibre familial s'écroule. Tout manquement à l'accord tacite provoque une crise, pouvant amener à la faillite du système. Le symptôme est alors un régulateur de la relation, un contrat d'échange reposant sur une complémentarité pathologique familiale. La disparition du symptôme provoque souvent la rupture de la relation.

 

Organisation des interactions dans la famille

 

Il y a 2 modes opératoires :

  1. L'alliance, qui est une relation d'affinité entre deux personnes, basée sur l'attirance, l'intérêt commun, la sympathie;

  2. La coalition, solidarité de plusieurs membres contre un membre de la famille. Dans ce groupe hiérarchisé qu'est la famille, la coalition est généralement déniée mais explicite au niveau comportemental. Quand la coalition s'instaure entre deux individus de générations différentes, il y a un écrasement des générations. Le caractère pathologique réside dans la répétition de ces coalitions, même lorsque l'objet de cette coalition varie.

Toute famille instaure des normes qui sont intériorisées pour éviter les conflits, les discussions. Ces normes tiennent lieu de plan d'action. Les "mythes familiaux" sont des normes systématisées, des croyances idéologiques. Le mythe est aussi indispensable à la famille que le délire au psychotique.

 

La thérapie familiale met en évidence le fait qu'il n'y a pas de fou dans une famille, mais que c'est la relation qui est folle. Tous les membres sont actifs, même quand ils freinent le changement. La thérapie familiale est directive puisque le thérapeute donne la solution du changement. C'est aussi un soutien très fort, un étayage voulu par la famille. La notion d'étayage se retrouve dans le stade oral où le Moi de la Mère soutient le Moi de l'enfant, dans une relation anaclitique. Elle se retrouve aussi au niveau des pulsions où la pulsion sexuelle s'étaye sur la pulsion d'auto conservation. Les thérapeutes ont ici un "rôle contenant" extrêmement puissant. Dans la famille il y a 2 aspects paradoxaux de la communication: une lutte agressive entre les membres pour la hiérarchie et une solidarité qui les unit malgré tout.

 

 

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THÉRAPIE INSTITUTIONNELLE

 

Dossier réalisé en nov. 2009 par Mr D. Giffard pour le site "psychiatrie infirmière" (voir références ci-dessous).

 

Généralités

 

La psychothérapie institutionnelle commence à se mettre en place à partir de 1940.

Dans un premier temps on a observé l’extension des idées psychanalytiques au profit des groupes (Jacob Moreno), des soignants (Henri Ey) avec rencontres entre psychiatres, "brainstorming"... etc.

Sous l'initiative de quelques médecins sensibilisés et volontaristes, plusieurs lieux de soins adaptent ou inventent de nouvelles pratiques soignantes: ainsi commence l’expérience de St Alban où se sont retrouvés des psychiatres comme Paul Balvet, Georges Daumézon et Lucien Bonnafé. Ce fut à cette occasion qu’apparurent les premières idées françaises de désaliénisme, avec participation du personnel infirmier à la prise en charge thérapeutique du malade; d’exécutant, l’infirmier devient soignant.

 

En 1949, création des CEMEA, Centres d’Entraînement aux Méthodes Éducatives Actives: psychiatrie et éducation sont liées.

 

Sont isolées et reconnues à cette époque les manifestations pathologiques résultant de la vie en institution, et propres au milieu hospitalier psychiatrique. Cela concernera particulièrement les schizophrènes, chez qui seront observés des comportements agressifs ou de repli: on cherchera des moyens de guérir les malades en intervenant sur l’équipe soignante (Paul-Claude Racamier, "Sociopathologie des schizophrènes").

 

Idées de base

 

1/ Première idée: naturellement et insidieusement nocif, le milieu hospitalier traditionnel peut et doit être orienté dans une approche thérapeutique.

 

Dès 1822 déjà, Jean-Etienne Esquirol notait: "une maison d’aliénés peut être un instrument de guérison. Entre les mains d’un médecin habile, c’est l’agent thérapeutique le plus puissant contre les maladies mentales".

Hermann Simon: "dans le psychisme de chaque patient existe, à côté d’une partie malade, une partie saine et le psychiatre doit intentionnellement négliger la première".../... "Chez chaque malade, à côté des symptômes appartenant en propre à la maladie mentale, se trouvent d’autres manifestations psychiques (agressivité, inhibition, théâtralisme, stéréotypies, manifestations à caractère antisocial...) qui sont conditionnées par l’ambiance. l’application à une vie collective active et ordonnée est le meilleur moyen psychothérapeutique pour obtenir la guérison du symptôme".

 

Hermann Simon organise alors le soin en s’appuyant sur ces trois notions:

  1. la libre circulation des patients hospitalisés: les portes sont ouvertes et les restrictions énormément réduites. On remarquera alors bientôt que pour qu’un patient puisse "investir" son entourage et que ces investissements aient quelque valeur signifiante, il doit pouvoir circuler librement. Car le transfert est lié de façon très étroite avec le fonctionnement de l’établissement, son ambiance, sa fonction d’accueil, ses offres d’échanges, véritables conditions de possibilité des rencontres;

  2. la responsabilisation du patient: il est au centre de sa thérapie, l'institution étant structurée autour de cette seule fin. Notons ici que l'importance de placer le sujet au centre de sa guérison est apparue avec Freud et la psychanalyse;

  3. Un milieu entièrement contrôlé au niveau psychothérapique, avec étude des résistances émanant du personnel et de l’hôpital. Le cadre thérapeutique doit alors être organisé de telle sorte qu'émergent des éléments en provenance de l’appareil psychique du patient.

Ces trois notions s'articulent autour de concepts profondément freudiens.

 

2/ Deuxième idée: utiliser le concept du transfert, en l'adaptant à la psychose.

 

Le transfert a été élaboré par Freud comme "processus par lequel les désirs inconscients s’actualisent sur certains Objets dans le cadre d’un certain type de relation établi avec eux et éminemment dans le cadre de la relation analytique (...) sous la forme de répétition de prototypes infantiles vécue avec un sentiment d’actualité marqué".

Remanié, étendu au mode relationnel psychotique, le concept sera à la base de toute psychothérapie institutionnelle.

 

Jean Oury met en évidence les notions de "transfert dissocié" et de "transfert multiréférentiel". Il indique ainsi comment la personne psychotique, ayant construit avec le monde un rapport objectal singulier, ne peut "transférer" sur un seul psychanalyste comme cela se passe dans la cure-type du névrosé.

Par contre, dans l’établissement et avec l’équipe soignante qui l’accueille, le patient peut "instituer" d’une façon partielle, à l’instar des objets partiels, des investissements de divers ordres sur des personnes, des choses, des espaces... etc. 

 

Introduction à la "constellation transférentielle": s'y trouvent rassemblés, souvent pour la première fois, les fragments projetés d’un sujet psychotique. Il ne s’agit pas de réunir un groupe qui prend en charge tel patient pour parler de ce qui se déroule aux niveaux conscients et objectifs, mais bien plutôt de réunir ce qui a pu être l’objet d’un investissement partiel du sujet en question, que ce soit les soignants qu’il apprécie, mais aussi ceux qui le persécutent... etc, de façon à approcher les différents niveaux qui constituent la réalité psychique projetée du patient sur son entourage.

 

Par ce type de construction du rapport au monde, le patient actualise dans le "transfert institutionnel" les modalités selon lesquelles il s’est lui-même construit. Toute la difficulté consiste à repérer et réunir ces investissements hétérogènes (Pierre Delion).

 

3/ Troisième idée: avoir du personnel nombreux pour travailler en psychiatrie (Paul Sivadon) et spécialement formé (Pierre Delion).

 

La situation particulière du personnel infirmier et sa position stratégique dans le soin aux malades mentaux sont reconnues dès 1937 par le psychiatre Georges Daumézon. Il révèle alors le rôle majeur tenu par l’équipe infirmière, dont il valorise la "convivance avec les malades".

Il crée avec Germaine Le Guillant, permanente aux CEMEA, des stages de formation spécifiquement destinés aux infirmiers en psychiatrie. Ces stages seront l’occasion de rencontres très enrichissantes entre infirmiers et médecins.

 

C'est ce personnel nombreux et de mieux en mieux formé qui permettra l'organisation des réunions de personnel, autorisera l'envoi régulier de stagiaires en formation, assurera la création et le fonctionnement des clubs, groupes et ateliers...

 

Définition

 

La psychothérapie institutionnelle est une "méthode permettant de créer une aire de vie avec un tissu inter-relationnel, où apparaissent les notions de champ social, de champ de signification, de rapport complémentaire, permettant la création de champs transférentiels multi-focaux" (Jean Oury).

La thérapie institutionnelle doit permettre à une équipe de fonctionner de manière plus harmonieuse, donc plus soignante.

   

 

 

- Psychothérapie INSTITUTIONNELLE -

 

Présentation et spécificités

 

Découlant des théories psychanalytiques, la psychothérapie institutionnelle est une pratique psychiatrique qui recherche avant tout, pour le préserver, le côté humain de la relation.

Impliquant le sujet dans une vie collective active et ordonnée, elle le met ainsi, bien qu’il soit malade mental, au centre de sa guérison.

 

L’idée de base est de se servir du milieu hospitalier comme facteur thérapeutique.

"La psychothérapie institutionnelle part du principe que la psychose existe, que le transfert existe et enfin que le transfert psychotique existe" (Pierre Delion).

Les mouvements affectifs qui se créent entre les patients et les gens de leur entourage (soignants, administratifs, ouvriers...) sont reconnus et recherchés. Les échanges ne se font pas qu'avec une seule personne, mais partout où le patient entre en relation: le transfert englobe alors l’ensemble de la situation institutionnelle et devra donc être appréhendé en tant que tel dans des espaces de parole institués. François Tosquelles crée à cette fin le concept de "contre-transfert institutionnel".

 

Proposée à l'origine aux seuls patients psychotiques, pour qui elle représente un 'abri psychique' contenant et adapté, la technique se révélera également pertinente dans la prise en charge des psychopathes et des névrosés... sans oublier que ces derniers, bénéficiant encore d'une intégration sociale et/ou familiale suffisante, pourront toujours avoir accès aux thérapies individuelles.

 

Reconnaissant à chaque être humain sa singularité, la psychothérapie institutionnelle s'efforcera de construire pour chaque patient une thérapeutique sur mesure. Car à travers l'institution, c'est réellement dans la rencontre et la relation avec le patient que la thérapie se développe.

 

Précision importante

 

La psychothérapie institutionnelle, même si sa dénomination a pu le laisser croire, n'est pas assujettie à un établissement hospitalier particulier. Il existe une différence importante entre "l'établissement" (le bâti délimité par les murs de l'hôpital) et "l'institution" (l'organisation des règles de la vie en commun). La psychothérapie institutionnelle est tout à fait adaptée au soin des patients dans la cité, et donc à la psychiatrie de secteur.

"Si elle a pris naissance dans un hôpital, c’est parce qu’il n’y avait à l’époque pas d’autre lieu d’accueil de la psychose" (Jean Ayme).

 

 

Fonctionnement

 

Les psychothérapies institutionnelles prennent des formes variées suivant le champ d’action et l’équipe soignante. Néanmoins, au sein d’un même hôpital (équipe soignante, administration, services généraux) doit se développer une cohésion, et la thérapie doit conserver un fonctionnement global uniforme.

 

Caractéristiques principales:

Moyens

 

Le malade doit se trouver entouré d’Objets vis-à-vis desquels il établira des relations, et à l’égard desquels il manifestera tous ses moyens de défense. Ces Objets devront garder une certaine mouvance pour pouvoir prêter forme aux élaborations fantasmatiques du patient.

Le personnel soignant, le personnel administratif, les services généraux sont de tels Objets mais il faut absolument éviter que tel infirmier plutôt que tel autre, telle personne plutôt qu’une autre ne joue un rôle privilégié.

Parmi les moyens de défense du malade, citons l’agressivité, la projection, l’anorexie, la TS...

 

En pratique, seront institués des:

Il faut éviter que ces réunions, clubs et groupes, trop nombreux, n’entraînent un processus de clivage par leurs interactions discordantes.

Il faut utiliser tous les moyens disponibles pour parvenir à la meilleure cohésion possible, avec une bonne articulation des infos, des contrats révisables, un accueil permanent…

 

Dossier réalisé en nov. 2009 par Mr D. Giffard pour le site "psychiatrie infirmière" à partir des sources suivantes:

  • Larges extraits de "Thérapeutiques institutionnelles" de Pierre Delion;

  • "Que faut-il entendre par psychothérapie institutionnelle" de François Tosquelles;

  • "Symposium sur la psychothérapie collective" de P. Sivadon, F. Tosquelles, L. Le Guillant, G. Daumezon;

  • "Essai sur l'histoire de la psychothérapie institutionnelle" de Jean Ayme;

  • "Psychothérapie institutionnelle: transfert et espace du dire" de Jean Oury.

 

 

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SOPHROLOGIE et SOPHROLOGIE CAYCEDIENNE

 

définition et présentation

                                                                                                                        

Science, pratique thérapeutique et terme créés en 1958 par le médecin, chirurgien et neuropsychiatre colombien Alfonso Caycedo: "c'est l'étude de l'harmonie de la conscience".

La pratique sophrologique repose sur des techniques non inductives de relaxation simple, découlant de l'hypnose, des relaxations dynamiques et de pratiques orientales comme le Yoga (Inde), le Tummo (Tibet) ou le Zazen (Japon).

 

 

La sophrologie est la science qui étudie la conscience, pour rechercher l'équilibre, la détente, la confiance en soi.

C'est une technique qui permet de modifier les niveaux de conscience dans un but thérapeutique, prophylactique ou pédagogique. Elle recherche l'autodétermination du sujet et sa prise en charge par lui-même "de façon harmonieuse". Elle a des applications médicales en stomatologie, gynécologie, chirurgie... des applications auprès des malades psychiatriques, psychosomatiques, en analgésie, en obstétrique... etc.

Ses effets positifs agissent également dans le non-médical (pédagogie, sport, école, vie privée, vie professionnelle...).

 

Influences : la "phénoménologie", "l'existentialisme", les mysticismes orientaux de Chine, de l'Inde, du Tibet et du Japon, pays que Alfonso Caycedo a parcourus pendant 2 années entre 1965 et 1968.

 

Entrent en jeu : le système nerveux, le tonus musculaire, le schéma corporel et les réflexes conditionnés.

 

Technique

 

Relaxation physique suivie d'une relaxation mentale entraînant une "désophronisation" en utilisant le dialogue. 

Il y a une prise de conscience des facultés de concentration, avec redécouverte du corps, du schéma corporel. C'est le corps qui vit les émotions, les sensations, qui se souvient. Nouvelles perceptions sensorielles, contemplation intérieure et recherche d'une "paix totale".

 

On pourra relever 3 domaines d'application bien distincts.

  1. Sophropédagogie: c'est la recherche d'une amélioration des apprentissages, pour préparer des examens scolaires ou professionnels, avant un accouchement ou une épreuve sportive;

  2. Sophrophylaxie: épanouissement de la personnalité ou prévention de certains états pathologiques récurrents ou prévisibles;

  3. Sophrothérapie: mise en pratique par les infirmiers, sages-femmes, kinésithérapeutes, psychologues, médecins... dans un but thérapeutique. Cette technique nécessite une formation de sophrothérapeute.

On pourra également distinguer 2 niveaux de technique.

  1. La technique de base: elle est très proche du training autogène de Schultz; 

  2. La relaxation dynamique procédant par degrés: exercices en position debout avec recherche d'effets physiologiques précis, mise en position allongée durant laquelle le sujet exprime ses angoisses (particulièrement de mort): la répétition de ces séances va en atténuer l'intensité, l'appréhension. Évacuation des préoccupations pour se concentrer sur un objet, ressenti du schéma corporel, exercices respiratoires, recherche de l'harmonie corporelle...

Quelques termes de la sophrologie:

Histoire récente

 

En 1988, dans le but de protéger l'originalité d'une méthode trop souvent banalisée mais parfois aussi mise à mal par des praticiens peu scrupuleux, Alfonso Caycedo prend la décision de renommer la science qu'il a créée sous le terme désormais officiel de "Sophrologie Caycedienne" (ou méthode "Isocay").

Il met également en garde contre les dangers encourus par les patients de psychiatrie, et recommande d'éviter pour leur thérapie toute modification ou altération de la conscience.

Alfonso Caycedo n'a de cesse depuis cette date de prôner un respect des fondamentaux de sa technique. Il recommande de vérifier l'authenticité de chaque sophrologue avant de commencer la séance.

 

En 2000, après 40 ans de pratique, Alfonso Caycedo définit solennellement sa méthode à Genève:

"la Sophrologie Caycedienne est le terme protégé légalement au niveau international, qui désigne une école scientifique qui se spécialise dans l’emploi de la Méthode Alfonso Caycedo, pure et sans adultérations (adultération: falsification, altération frauduleuse), en médecine et en prophylaxie sociale comme moyen de lutter face à la Maladie de Masse que vit l’humanité. L’histoire de la Sophrologie est inhérente à l’histoire de la Méthode Alfonso Caycedo, procédé d’entraînement vivantiel de l’être, inspiré par la pensée phénoménologique et existentielle, et que j’ai conçue au fur et à mesure que je constituais les bases théoriques et pratiques de l’école sophrologique. La Méthode que je présente aujourd’hui dans sa programmation définitive et que j’offre à la société comme un moyen pour lutter face à la Maladie de Masses, a été créée par moi au long de 40 années de mise à l’épreuve au quotidien. Ma méthode est composée d’un ensemble de techniques de caractère vivantiel, que j’ai conçues et qui ont été vérifiées: en médecine par les professionnels de la santé, et au niveau socioprophylactique par les professionnels des sciences humaines, par les sophrologues sociaux, et par les sophrologues de la Prévention et de l’Éducation. Une méthode inspirée par la pensée Phénoménologique et Existentielle doit réaliser sa vérification scientifique par la preuve irréfutable du temps. Seuls les véritables résultats se maintiennent au cours du temps et, dans notre cas, les statistiques sont réalisées par les patients eux-mêmes en ce qui concerne l’application clinique, et par la société en ce qui concerne l’application socio-prophylactique. Pour cette raison de temps, c’est seulement maintenant que je présente ma Méthode officiellement, après 40 années d’expérience, bien qu’elle ait été connue et vérifiée par tous les sophrologues caycediens au fur et à mesure de sa constitution. C’est seulement après ces 40 années d’élaboration et de vérification scientifique et vivantielle que je présente ma méthode dans sa programmation définitive, l’actualisant de façon à ce qu’elle ait une plus grande facilité de diffusion et de pratique. Maintenant j’ai décidé de signer cette nouvelle présentation de mon propre nom, comme le doit la tradition dans tous les arts médicaux, sociologiques ou pédagogiques. Elle reçoit le nom de Méthode Alfonso Caycedo non seulement comme garantie de son originalité, mais aussi comme protection juridique face aux banalisations et adultérations communes dans ces cas".

 

 

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THÉORIE ORGANICISTE

 

Synonymes et équivalences en psychiatrie

 

Organogenèse des maladies mentales, psychiatrie biologique, psychiatrie organiciste, neuropsychiatrie, neuropsychologie, psychopharmacologie, neurochimie cérébrale, neurosciences...

 

Définition

 

"Les comportements pathologiques ont un support biologique et résultent d’un disfonctionnement du cerveau". L'organicisme est une théorie médicale affirmant que chaque maladie a pour cause une lésion ou un disfonctionnement d'un organe ou d'une partie du corps. La thérapeutique qui en découle va alors tenter de guérir ou de soulager les malades en traitant la partie de leur corps incriminée.

 

Histoire de la psychiatrie biologique

 

Organogenèse

Appliquée à la santé mentale, la conception organiciste attribue une cause purement biologique aux troubles psychiatriques. L'organogenèse des maladies mentales trouve son origine en France aux alentours de 1840. De jeunes confrères réfutent les derniers écrits du médecin aliéniste français Philippe Pinel (1745-1826) et les travaux de son élève le psychiatre Jean Etienne Esquirol (1772-1840). Ils écartent ainsi toute causalité psychogénétique à la folie: les troubles psychiques doivent avoir une cause uniquement organique. Leurs recherches vont alors tenter de découvrir des lésions anatomiques cérébrales à l'origine des différentes pathologies psychiatriques...

 

Organomécanicisme

L'absence de découverte de lésions cérébrales va orienter les recherches du psychiatre allemand Emil Kraepelin (1856-1926) vers une "cause somatique endogène", c'est à dire interne à l'organe, sans qu'il y ait eu traumatisme ni lésion discernable: l'apparition des diverses formes de folie s'explique alors par un disfonctionnement, et non-plus par une hypothétique lésion.

 

Organodynamisme

S'appuyant sur les anciennes hypothèses du neurologue anglais John Jackson (1834-1911) qui décrivait une dissolution des fonctions nerveuses par la maladie, le psychiatre français Henri Ey (1900-1977) va, du moins dans un premier temps, pousser plus loin le raisonnement et élaborer un modèle théorique organo-dynamique. La maladie mentale y est constituée à la fois d'un aspect négatif (déstructuration de la conscience et de la personnalité) et d'un aspect positif (une levée de l'inhibition autorise la résurgence de processus archaïques inconscients).

 

Théories psychanalytiques

En expliquant la névrose en terme de refoulement et de relations infantiles, les écrits de Sigmund Freud (et plus tard ceux de Jacques Lacan pour ce qui concerne la psychose) vont éclipser pendant plusieurs décennies la vision réductrice d'une psychiatrie qui se voudrait exclusivement organique.

 

Chimiothérapie

Avec la naissance de la chimiothérapie en 1950, il y a eu ré-émergence de ce mouvement qui proposait alors les lobotomies, les électrochocs et l'ingestion ou l'injection de diverses substances chimiques. Les abus de ces méthodes ont discrédité quelque temps cette pratique psychiatrique, qui renaît cependant au début des années 1980 dans les pays anglo-saxons, puis en France dans les années 1990.

 

Actuellement

Les principes de base de la psychiatrie biologique sont que toute activité mentale (s’extériorisant par la communication, le langage et le comportement) est produite par le fonctionnement du cerveau et particulièrement le système nerveux central. La circulation de l’influx nerveux se fait par libération de substances chimiques à partir d'un neurone pré-synaptique vers les récepteurs d'un neurone post-synaptique. C’est le disfonctionnement de ce mécanisme qui provoque la maladie mentale. Les recherches se font actuellement sur ces substances (environ une trentaine), des neuromédiateurs capables d’exciter ou inhiber certains neurones, donc certains comportements.

 

La maladie mentale est d’ordre endogène; c’est une maladie du cerveau. 

 

Par exemple, face à une forte angoisse, plutôt que chercher à travailler sur les causes qui ont déclenché cette angoisse, on pourra prescrire un traitement de fond à base d'antidépresseurs (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine) pendant 6 mois. Le traitement agira après un laps de temps de 2 ou 3 semaines. Le gros risque est la majoration du délire, de la manie... Ce traitement de base pourra être complété par des anxiolytiques pendant quelques semaines.

 

Les substances qui agissent sur l'humeur sont appelées "thymoanaleptiques".

  

 

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THÉRAPIES COMPORTEMENTALES

 

Avant d'aborder la thérapie est établi un contrat spécifiant la durée approximative du soin.

La thérapie comportementale estime que le symptôme est la maladie. Il faut donc travailler à substituer d’autres symptômes plus opérants que ceux-ci, ou moins handicapants. Le contrat est un moyen très positif dans la thérapie. Celui-ci précise sur quoi patient et thérapeute doivent agir (symptôme-cible), met en place une technique et un programme, stipule une clause d’évaluation des résultats (avant, pendant et à la fin du traitement). Souvent est prévue une clause de post-cure et le traitement est dit terminé s’il n’y a pas réapparition du symptôme six mois à un an durant.

 

Les techniques

 

Le conditionnement comporte 2 phases : un stimulus, et une réponse entraînée par lui. Cette réponse est dite conditionnelle au stimulus. Les réponses peuvent être ouvertes (externes), ou couvertes (pensées, affects, physiologie...).

Pour Burrhus Frederic Skinner le conditionnement a une troisième phase: le renforcement, qui réagit sur la réponse. Le renforcement pourra être positif (récompense), ou négatif (suppression d'un désagrément). On pourra aussi utiliser des "bons points" donnant droit à une récompense (soin avec des enfants par exemple).

 

Double lien : discours paradoxal contenant 2 termes contradictoires qu'on ne peut ni dénoncer, ni résoudre ("Aimes-tu mieux ton père ou ta mère?").

 

"Bio feed back" : soi par rapport à soi. Quand une pensée angoissante survient, soit on l'inhibe, soit on la dérive, soit on la transforme en pensée agréable.

 

 

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HYPNOSE

 

Chaque hypnotiseur a pour ainsi dire sa méthode pour hypnotiser. James Braid préconise la fixation du regard, Auguste Liébault la suggestion verbale, le Docteur Whitlow y ajoute la perte de connaissance par pression sur la carotide, d'autres préfèrent encore s'aider de narcotiques... Cependant toutes les techniques se rejoignent en ce qu'elles utilisent la suggestion, la persuasion de l'hypnotiseur sur l'hypnotisé, et font appel à la réceptivité et la confiance de ce dernier.

Nous pouvons ainsi noter d'une manière générale, les conditions nécessaires à une séance habituelle d'hypnotisation: température avoisinant les 23°C, bruit monotone et rythmé (par exemple un métronome), point captant l'attention (une petite lumière dans la pénombre, ou un stylo à 30 cm des yeux...) et enfin le plus de confort possible pour que le patient, assis ou allongé, puisse se consacrer entièrement aux suggestions de l'hypnotiseur.

 

La séance 

 

·  Les tests : il s'agit de convaincre le sujet des possibilités de l'hypnose et de la suggestion. Pour cela on va lui démontrer que l'idée de mouvement peut se transformer en mouvement. On pourra alors lui faire expérimenter différents tests, comme celui de la chute en arrière (suggestion de tomber à laquelle il ne pourra résister), la chute en avant... Une fois convaincu, le sujet est réceptif tel que le demande le reste de l'opération.

 

·  L'hypnotisation : il existe évidemment plusieurs méthodes mais la plus utilisée est un procédé purement verbal de décontraction progressive. Le sujet est amené par suggestions à relâcher un à un tous ses muscles, procédé au cours duquel l'hypnotiseur détaillera, d'un ton monocorde, tous les symptômes que le sujet ressentira. S'il ne les ressent pas, il suffit qu'il croit ce qu'on lui dit et l'effet est identique. Il parvient ainsi à un état proche du sommeil, bien que léger, et caractéristique d'un début d'hypnotisation (le cerveau émet alors à ce moment des ondes "alpha").

 

Selon James Braid, on distingue généralement 3 stades à l'hypnose:

  1. La transe légère. Le sujet vient de fermer les yeux. Les suggestions le pousseront plus avant dans l'hypnose en lui faisant éprouver dans les membres une légère torpeur. L'hypnotiseur contrôlera le niveau de la transe d'après la suggestibilité du patient rendue de plus en plus importante.

  2. La transe moyenne. A ce niveau, il y a possibilité de suggérer l'amnésie et l'analgésie, ainsi que les illusions de goût, de toucher et d'odorat. Le sujet s'abandonne de plus en plus aux suggestions de l'hypnotiseur qui peut alors amplifier le phénomène.

  3. La transe profonde. Caractérisée par la possibilité qu'a le patient d'ouvrir les yeux sans se réveiller. Le praticien obtient de lui les illusions visuelles et auditives, les régressions vers l'enfance... etc.

 

Sommeil léger

Somnolence: assoupissement, paupières lourdes.

TRANSE LÉGÈRE

Sommeil léger: commencement de la catalepsie. Les sujets peuvent encore modifier l'attitude de leurs membres si on les défie.

Sommeil léger plus profond: catalepsie, aptitude à exécuter les mouvements automatiques. Le sujet ne peut arrêter l'automatisme rotatoire suggéré.

TRANSE MOYENNE

(changements de personnalité, illusions du toucher, du goût

et de l'odorat)

Sommeil léger intermédiaire: les sujets ne portent leur attention que sur l'hypnotiseur et n'ont souvenir au réveil que de ce qui s'est passé entre eux et lui.

Sommeil profond ou somnambulique

Sommeil somnambulique ordinaire: amnésie totale au réveil et hallucinabilité pendant le sommeil. Les hallucinations s'effacent au réveil. Les sujets sont soumis à la volonté de l'hypnotiseur.

TRANSE PROFONDE

(illusions de la vue et de l'ouie)

(régressions)

Sommeil somnambulique profond: hallucinabilité hypnotique et post-hypnotique. Soumission absolue à l'hypnotiseur.

 

·  Le réveil : une fois qu'il aura remis en place tout ce qui a été modifié, l'hypnotiseur suggérera au patient de se réveiller après avoir, par exemple, compté jusqu'à cinq ou tapé dans ses mains.

 

Thérapie 

 

Il existe dans l'hypnose un point important, c'est la suggestion post-hypnotique. Elle est possible dés la transe moyenne et le sujet la suivra scrupuleusement même à l'état de veille. De telles suggestions ne pourront être levées qu'à l'état hypnotique. Elles offrent donc l'avantage "d'accompagner" le sujet dans sa vie de tous les jours.

 

L'hypnose permet aussi de soigner, par suggestions ponctuelles, quantité d'affections dont: névralgies, asthme, phobies, obsessions, trac, alcoolisme, timidité...  et dans certains cas précis: paralysies, spasmes, incontinence... si la cause est psychique.

 

Notons aussi l'apport fourni dans l'accouchement, lors d'anesthésies pré-opératoires, pour la recherche d'un fait précis mais oublié dans le passé même infantile du patient...

 

Chronologie 

 

1773 :

1ère cure de Franz Anton MESMER

"Magnétisme animal"

1784 :

Marquis de PUYSEGUR 

"Somnambulisme"

1841 :

James BRAID

"Hypnotisme"

1910 :

Émile COUÉ

"Auto-suggestion"

1961 :

Alfonso CAYCEDO

"Sophrologie"

1901-1981 :

Milton ERICKSON

"Hypnose thérapeutique"

 

 

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THÉRAPIES CORPORELLES

 

Les thérapies corporelles sont des pratiques qui privilégient l'approche par le corps pour atteindre quantité de domaines psychiques. Ainsi sont abordés les domaines des sensations, du désir, du plaisir, de l'expression, du relationnel... Ce sont  des "mises en jeu" qui évitent de nommer, de signifier le plaisir (ou déplaisir) sexuel et les sensations qui ont un rapport avec la sexualité. Ce travail sur le corps provoque souvent des régressions. Le sujet retrouve des sensations de petit enfant, comme le bien-être et l'abandon total. Cela permet aussi une "mise en jeu" où le corps est exposé, regardé, touché, senti, mis en relation...  sans qu'il y ait verbalisation du sexuel. Le sujet met en jeu une part de sa sexualité sans avoir à prendre le risque de se poser la question de la génitalité. Les gens expérimentent par le corps ce qu'ils ne peuvent dire oralement.

 

Historique

 

Henri Laborit est un biologiste Français qui a étudié la biologie du cerveau pour en tirer des conséquences sur le comportement humain. En comparant avec des expériences faites sur les rats, il découvre que le cerveau humain présente un double système d'activation de l'action, et un système unique d'inhibition de l'action. Ce système d'inhibition de l'action est une fonction positive, mais elle devient pathologique si elle se prolonge. A travers des groupes thérapeutiques, il observe qu'une action de remplacement (taper sur un coussin par exemple), permet d'exprimer une sensation, puis dénouer l'angoisse induite par l'inhibition de cette action (taper sur quelqu'un). De ce fait, le sujet rétablit sa capacité de mouvement spontané.

 

Wilhelm Reich avait observé que les patients névrotiques ont des tensions musculaires importantes. Il en avait élaboré la notion "d'armure caractérielle",  système de protection qui permet aux patients de retenir leurs sentiments. Aujourd'hui avec le recul, on peut attribuer au système d'inhibition de l'action de Laborit les manifestations somatiques de "retenue" observées par Reich. 

Il avait également observé que l'activation d'une région contractée (par le massage par exemple), pouvait faire surgir des souvenirs associés à un traumatisme émotionnel sous-jacent.

 

Sigmund Freud, 25 ans avant Wilhelm Reich, avait noté des choses similaires à travers l'hystérie. Alors qu'il avait fait surgir des sensations corporelles à partir de souvenirs, Wilhelm Reich utilisant la méthode inverse, induisait des souvenirs à partir de sensations corporelles.

 

 

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MÉTHODES DE RELAXATION

 

La relaxation est un moyen, une technique médicale permettant de mettre au repos son corps et son esprit. Elle permet aussi d'éviter ou de traiter des déséquilibres physiques ou psychiques.

 

Méthode psychologique :  le "Training autogène" du psychiatre Johannes Heinrich Schultz (1884-1970).

 

  1. 1° phase : l'entraînement autogène standard. C'est la concentration mentale sur une, puis toutes les régions du corps, avec vécu des sensations. Le temps et l'expérience aidant, le patient parvient de plus en plus facilement à cette concentration;

  2. 2° phase : méthodes de modification autogène, avec action physiologique sur le somatique et action psychique sur le mental;

  3. 3° phase : méditation autogène. Elle se fait avec un relaxothérapeuthe formé à la thérapie psychanalytique. On aborde les problèmes existentiels fondamentaux de l'individu;

  4. 4° phase : méthode de neutralisation autogène. "Abréaction": sensations ou décharges éprouvées.

 

Applications : pour traiter l'angoisse, l'asthme, l'impuissance ou la frigidité, l'insomnie, les céphalées et les troubles neurofonctionnels... S'utilise aussi en complément des psychothérapies, de la médecine psychosomatique... Sert enfin en entreprise, dans le sport...

 

Méthode physiologique :  La relaxation du Docteur Edmund Jacobson (1888-1983).

 

C'est une technique qui reste au niveau purement physiologique, sans intervention des aspects psychanalytiques. Il faut rendre le patient responsable, et lui apprendre à s'assumer par des mesures objectives. Edmund Jacobson pense qu'il y a une relation entre le vécu émotionnel et le degré de tension musculaire. On peut associer cela à une pseudo-psychothérapie puisque cette méthode touche le psychisme par le biais du musculaire.

 

 

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Enveloppement humide : LE PACK, ou 'PACKING'

 

Définition

 

C'est un enveloppement humide et froid, qui enserre le corps. Il agit en donnant des sensations tactiles limitantes, permettant au corps puis à l'individu de reconnaître enfin ses limites. C'est une porte entr'ouverte au psychotique ("être humain qui s'est construit un système de relations à l'Autre de type psychotique") pour que son corps soit signe, et prenne sens. Le pack apporte au patient des sensations corporelles et tactiles qui vont le limiter dans son monde magique. C'est une réalité qui s'impose à lui. Avec la sensation de ce qui est son corps, jusqu'où il va et où il s'arrête. Puis de là le ressenti  de son Moi, et du non-Moi. C'est enfin l'expérience de ce qui est du dedans et du dehors. 

-"Prendre pied sur le champ des ruines de la psychose, c'est reconstruire l'image du corps, image élaborée à partir de ces 2 fonctions fondamentales que sont la forme et le contenu. Ce pas est précisément franchi par la reconnaissance des limites de son corps" Giséla Pankow, psychiatre et psychanalyste d'origine Allemande.

 

Didier Anzieu, "Fonctions du Moi-peau"

 

"Le pack est une technique de soins pour malades psychotiques graves, dérivée de l'enveloppement humide pratiqué par la psychiatrie Française au XIXe siècle et qui présente des analogies avec le rituel Africain de l'ensevelissement thérapeutique ou le bain glacé des moines Tibétains. Le pack a été introduit en France vers 1960 par le psychiatre américain Michael Woodbury, qui a ajouté à l'enveloppement physique par des linges, un entourage étroit du malade par le groupe de soignants. Cette adjonction apporte une confirmation non préméditée à l'hypothèse du double étayage du Moi-peau: biologique sur la surface du corps, et social sur la présence d'un entourage uni et attentif à l'expérience que l'intéressé est en train de vivre. Le malade, en sous-vêtements ou nu selon son choix, est enveloppé dans des linges humides et froids par les soignants. Ceux-ci enserrent d'abord séparément chacun de ses 4 membres, puis le corps entier, membres compris mais tête exceptée. Le malade est aussitôt après enveloppé dans une couverture qui lui permet de se réchauffer plus ou moins rapidement. Il reste allongé 3/4 d'heure, en étant libre de verbaliser ou non ce qu'il ressent (de toute façon, de l'avis des soignants qui se sont soumis eux-mêmes à l'expérience du pack, les sensations-affects éprouvés alors sont si forts et si extraordinaires que les mots en rendent mal compte). Les soignants touchent de leurs mains l'enveloppé, l'interrogent du regard, lui répondent: ils sont avides et anxieux de saisir ce qui se passe en lui. La pratique du pack noue entre eux un esprit de groupe si fort qu'il tend à susciter le jalousie du reste du personnel. Je trouve là une confirmation de mon autre hypothèse selon laquelle l'enveloppe corporelle est un des organisateurs psychiques inconscients des groupes. Après une phase relativement brève d'angoisse liée à l'impression d'un environnement global froid, l'enveloppé expérimente un sentiment d'omnipotence, de complétude physique et psychique. Ce bien-être ne persiste pas, mais il devient plus durable avec la répétition des packs (la cure complète, sur le modèle de la psychanalyse, peut prendre des années au rythme de trois enveloppements hebdomadaires).

Le pack fournit au patient la sensation d'une double enveloppe corporelle: une enveloppe thermique (froide puis chaude par suite de la vasodilatation périphérique réactionnelle au contact froid), enveloppe qui commande la thermorégulation interne. Une enveloppe tactile (les linges mouillés et serrés qui collent à la peau tout entière). Cela reconstitue passagèrement son Moi comme séparé des autres tout en étant en continuité avec eux, ce qui est une des caractéristiques topographiques du Moi-peau. Le pack est utilisable également avec des enfants psychotiques et avec des enfants sourds-aveugles pour qui le seul accès possible à une communication signifiante avec l'entourage est du registre tactile. Il leur offre des "enveloppes de secours" structurantes, qui prennent la place pour un temps de leurs enveloppes pathologiques et grâce auxquelles ils peuvent abandonner une partie de leurs défenses par l'agitation motrice et sonore et se sentir uns et immobiles. Mais il y a d'abord une résistance à l'enveloppement: vouloir les immobiliser complètement suscite chez ces enfants une panique mortelle et une violence rare"   Didier Anzieu.

 

Soumis au froid humide, le corps réagit par une intense chaleur, amenant le sujet à une sensation proche de celle du fœtus. Le Pack est une possibilité offerte aux psychotiques d'utiliser le corps comme moyen de communication et d'expression. C'est une deuxième peau qui leur permet d'éprouver en entier le corps et ses sensations, puis de là les autres repères de la réalité. Et c'est alors qu'il est important que dans le service de psychiatrie, l'équipe entière reconnaisse l'identité des patients. 

 

Le Pack se passera toujours au même endroit, dans un lieu agréable comportant un lit. Le patient s'allonge nu sur un drap humide et froid, est enveloppé par ce drap, puis par un autre sec et enfin par une couverture. le corps est serré pour que toutes les parties corporelles soient en contact avec le drap humide. La séance a lieu à un moment précis et fixé. L'accompagnateur doit être attentif à tout ce qui se passe qui puisse prendre sens. Le patient peut être amené à verbaliser ce qu'il ressent.

 

 

Recommandations de la 'H.A.S.' (Haute Autorité de Santé)

 

La HAS a été créée en 2004. Donnant son avis sur le packing, elle ne peut conclure en 2012 à la pertinence des "interventions fondées sur la psychanalyse". Elle classe alors la technique de l'enveloppement humide dans les "interventions globales non recommandées ou non consensuelles".

 

 

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ETHNOPSYCHIATRIE : DÉFINITION

 

C'est une méthode d'investigation qui s'efforce de comprendre la dimension ethnique des troubles mentaux et celle, psychiatrique, de la culture. La classification des maladies est différente d'une culture à l'autre. Le "Shaman" a un rôle de "psychanalyste autochtone" faisant appel à des mythes sociaux. C'est quelqu'un de déviant, catalyseur de la communication vers le savoir sacré, interprète du divin auprès du commun des mortels. L'ethnopsychiatrie se donne pour but de donner un sens culturel à la folie.

La culture est l'ensemble des matériaux dans lesquels nous (individu et société) puisons pour élaborer nos expériences. La nature c'est l'expérience, et la culture c'est l'élaboration de cette expérience. Cette élaboration se fait selon une organisation, une structure, un ensemble de règles et de signifiants propres à chaque ethnie. Ces règles et ces signifiants sont à la fois relatifs et universels (Une ethnie est un groupe qui partage les mêmes signifiants culturels). Une culture donnée imprègne les individus, et ces derniers transforment leur culture. L'individu doit intérioriser la culture du groupe dans lequel il est né, et s'y tailler une place. Le groupe quant à lui, doit l'intégrer en lui donnant l'exercice d'un rôle, d'une fonction, et transmettre sa culture par l'éducation.

 

L'ethnopsychiatrie peut aussi se définir comme étant l'étude du rapport entre: un comportement psychopathologique, des services thérapeutiques et les cultures d'origine du patient et de son thérapeute. Une telle analyse doit alors reposer sur une série de postulats concernant la culture et la personnalité. Ces choix de départ guideront la façon dont on définira le champ des questions et des problèmes. 

 

Personnalité et culture

 

La culture façonne la personnalité dans son développement normal aussi bien que pathologique. Les critères de norme et de pathologie sont définis dans chaque culture. Alfred Louis Kroeber et Clyde Kluckhohn conçoivent la culture sous ce rapport comme étant essentiellement un "pattern" qui oriente les choix gérés par un groupe d'hommes pour affronter leur environnement. C'est donc l'instrument privilégié par lequel les hommes s'adaptent à leur milieu. Le concept de culture, chez ces auteurs, s'étend aussi bien aux structures symboliques des normes et des idéologies que, à un niveau plus concret et psychologique, à tout un ensemble de comportements appris. C'est au cours de la petite enfance que la personnalité acquiert les principaux éléments de sa structure de l'état adulte. Une grande importance est accordée au processus de socialisation qui régit cette période. En France, l'ethnopsychiatrie porte l'empreinte de l'école structuraliste, ce qui fait que la définition de la culture diffère de celle de Alfred Louis Kroeber. Chez Claude Levi Strauss, la culture est vue comme un ensemble de systèmes symboliques (langage, art, science, religion...), chacun avec son fonctionnement propre. Nous sommes donc en présence d'éléments incommensurables les uns vis à vis des autres.

 

Maladie mentale et culture

 

 On distingue 2 sortes de cultures : la culture qui "avale" ses déviants et leur accorde un statut juridique (sorciers, prêtres, bouffons, artistes...) et celle qui a tendance à se débarrasser de ses déviants en les "vomissant" dans des institutions construites pour cela.

 

·  Les sociétés qui avalent leurs déviants sont traditionnelles, fonctionnant sur le modèle du clan, souvent autarciques et peu étendues. La relation de l'individu au groupe est fusionnelle. L'individuel est pris en charge par le collectif.

· Les sociétés qui refusent leurs déviants ont vu naître un conflit entre la soumission aux normes ancestrales et l'acceptation de valeurs nouvelles (ce conflit peut agir comme un stress). Elles ont établi 3 modes de relations avec les individus déviants:

- La culture fournit des moyens de protection insuffisants au niveau symbolique (art sacré et langage).

- Les individus sont impuissants à se conformer aux normes culturelles, soit par fragilisation dans la première enfance, soit par disposition innée. Ils deviennent étrangers à leur culture, et sont rejetés.

- L'individu entre en contact avec une culture différente, c'est un migrant (rural par rapport à urbain par exemple). Les conduites sont vides de sens, inadaptées. Mise en place de rituels névrotiques.

Les croyances culturelles influencent dans une certaine mesure le choix du comportement pathologique. En général, on attribue plus souvent l'origine des maladies à des causes exogènes (comme la sorcellerie, la transgression d'un interdit, un accident...) qu'à des causes endogènes. Et l'attribution de ces causes est un processus rarement accompagné d'une analyse minutieuse des faits (le processus d'anamnèse est souvent des plus succincts!). Les symptômes, névrotiques ou psychotiques, sont des constructions collectives qui évoluent et se transforment avec l'évolution du groupe. Nous empreintons nos symptômes à notre culture. Ce qui est permanent, ce sont les lois de la dépersonnalisation car dans toute culture existent de telles lois. C'est uniquement leur manifestation qui diffère. 

 

Définition de concept

 

Chaque concept doit être défini de manière univoque dans le terrain qui est le sien, et par rapport aux autres concepts de ce terrain. Par exemple le concept "pied" se définit dans le terrain "morphologie" par rapport aux concepts "main", "tête"... etc. On ne peut en effet définir un concept seul, sans rapport avec un autre. Il faut toujours un système d'oppositions, et ce système est particulier à chacune des langues.

 

Structuralisme

 

C'est la science qui étudie le rapport entre les termes. Les structuralistes privilégient ainsi le rapport liant deux termes, aux termes eux-mêmes. Il est à noter que la structure, à l'inverse des termes, ne se voit pas et qu'on ne peut la révéler qu'avec l'aide d'une analyse: la "description".

Le "monème" est l'unité minimale de sens. Ainsi, dans le mot "travailler", il y a 2 monèmes: "travail" et "er".

Le structuralisme traite à la fois la forme et le contenu (le "formalisme" lui, traite la forme pure, détachée de tout contenu).

 

son

forme

signifiant


=


=


sens

contenu

signifié

 

 

Toute science est basée sur un modèle, avec des procédures abstraites non-équivoques. Le modèle est ici une conceptualisation du réel, pour neutraliser le vécu. Le modèle se définit aussi comme une construction symbolique, avec un langage symbolique.

 

L'anthropologie :  cette science insiste sur la nature des relations entre les éléments et non-pas sur la quantité de ces relations. C'est une science qualitative. Sociologie et anthropologie sont difficiles à séparer, car ces deux sciences visent le même but, mais ont des objets différents. Pour les anthropologues, l'inconscient collectif n'existe pas. On déduit l'inconscient de l'ensemble culturel de la société et non d'un texte seul. C'est "l'inconscient structural".

 

Fonction : la fonction d'un élément est déterminée par le point de vue sur cet élément. Par exemple le système mythologique a son point de vue sur tel élément, le système linguistique a son point de vue ce même élément... etc.

 

L'ethnologie : c'est l'étude des sociétés humaines. Cette science utilise la "méthodologie", la "théorie" et la "sémiotique".

·  Méthodologie: c'est la rigueur de la démarche de l'ethnologue. On se pose la question: "comment va t'on procéder pour décrypter un objet?". C'est le domaine pratique.

·  Théorie: c'est la cohérence par rapport à un objet. La théorie est fondée scientifiquement. C'est le domaine du spéculatif.

·  Sémiotique: branche de la sémiologie (étude des signaux) qui se consacre essentiellement au contenu du signal. Ainsi la sémiologie est-elle la science des "signifiants", tandis que la sémiotique est la science des "signifiés".

 

La langue est l'aspect inconscient du collectif, tandis que la parole est consciente et personnalisée.

Dans toute traduction il y a une approximation car 1 terme dans une langue donnée englobe tout un lot de significations aux ramifications culturelles propres à cette langue exclusivement.

Si individuellement, nous ne créons pas le langage, nous disposons tous d'une potentialité pour en utiliser les signes extérieurs. Aussi, pour bien étudier un mythe, l'ethnologue doit-il disposer de tout le contexte socioculturel.

Langue = code (aspect social)

Parole = message

Pour un même message à exprimer, on peut utiliser plusieurs codes dans chacun des systèmes (gestuel, linguistique...).

Un code est la construction d'un ensemble d'oppositions.

     

signifiant

forme

Signe

=


=


signifié

contenu

 

En réalité, signifiant et signifié sont soudés, et de manière totalement arbitraire. D'une langue à l'autre, le même signifié sera associé à différents signifiants.

Le signe est une unité de sens qui allie une expression à un contenu, de façon arbitraire mais néanmoins nécessaire, et spécifiquement à la langue choisie. L'opposition est le rapport qui s'établit entre les unités de contenu et de forme.

 

Phonologie : branche récente de la linguistique qui étudie les sons tels qu'ils sont vécus. Ainsi chaque langue a t'elle son propre système phonologique. Cette science nécessite une grande rigueur scientifique.

 

Phonétique : étude des sons tels qu'ils sont donnés. La phonétique conserve les mêmes lois pour chacune des langues, indistinctement.

 

 

On acquiert, à travers ce travail, une méthode de "déchiffrage de langage" bien utile en psychiatrie.

 

Par exemple, le discours paranoïaque est un discours qui est basé sur le système Persécuté / Persécutant.

Tandis que le discours schizophrénique est un discours fondé sur Éclatement / Totalité (double personnalité).

 

 

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"La folie", extrait du texte de Mr Roland Jaccard utilisé pour la formation des Infirmiers de Secteur Psychiatrique

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ETHNOPSYCHIATRIE : LA FOLIE AILLEURS

 

En étudiant les troubles mentaux en fonction des groupes ethniques ou culturels, ainsi que la place qu'ils occupent dans l'équilibre social, l'ethnopsychiatrie nous apprend que chaque collectivité sécrète ses propres modèles de déviance et qu'on est toujours fou par rapport à une société donnée. l'ethnopsychiatrie est peut-être aussi ancienne que la médecine elle-même. Les historiens de la médecine la font remonter à Hippocrate, dont le "traité des airs, des eaux et des lieux" contient la description célèbre de la "maladie des Scythes": parmi les barbares nomades des steppes de la Scythie (Russie du sud actuelle), un certain nombre d'hommes devenaient impuissants, se mettaient à parler avec une voix féminine et adoptaient la manière de vivre des femmes. Le vieux médecin Grec ne se contentait pas de décrire cette anomalie, mais cherchait à en expliquer l'origine par les effets du climat humide et brumeux, par l'alimentation et le genre de vie des habitants. Par ailleurs, les explorateurs, les missionnaires, les historiens ne manquèrent pas, au cours des siècles, d'attirer l'attention sur toute une pathologie exotique, tel "l'amok", avec sa crise paroxystique au cours de laquelle le sujet, littéralement hors de lui, se précipite indistinctement sur n'importe qui et l'assassine sauvagement, devait frapper l'imagination des voyageurs et des écrivains.

Mais il faut attendre la fin du XIXe et le début du XXe siècle pour que l'ethnopsychiatrie se développe comme une branche autonome de la psychiatrie. A cet égard, Émile Kraepelin, le père de la psychiatrie Allemande, jouera un rôle non négligeable en se rendant à Singapour et en Indonésie pour voir si l'on rencontre partout les mêmes troubles mentaux. En 1904, il publie les premiers résultats de son enquête dans une étude intitulée: "Vergleichende Psychiatrie" ("psychiatrie comparée"), nom qu'il donnait à cette nouvelle branche de la psychiatrie. Précisons que les recherches de Émile Kraepelin furent décevantes, car elles se limitèrent aux hôpitaux existants et ne concernèrent que des sujets déjà occidentalisés. 

 

Possessions et cérémonies rituelles :

 

De fait, la situation psychiatrique réelle des sociétés primitives est extrêmement difficile à évaluer, car nos catégories psychiatriques s'appliquent mal, quand elles ne sont pas totalement inadéquates, à des collectivités dont les structures sont différentes des nôtres et présentent, par conséquent, d'autres points faibles que les nôtres. En outre, certains comportements parfaitement admis dans une aire culturelle donnée apparaîtront comme pathologiques ailleurs, et inversement. Voilà plusieurs dizaines d'années, Erna Hoch a montré l'embarras de la psychiatrie classique en Inde devant certains comportements typiquement schizophréniques selon des critères occidentaux, comportements allant jusqu'au refus d'aliments, mais qui, dans leur contexte culturel, n'étonnaient personne. C'étaient des comportements religieux d'une grande sagesse, et ils étaient considérés comme allant de soi.

Pour illustrer ce point, l'écrivain Albert Beguin invitait ses lecteurs à imaginer qu'un homme, tout juste vêtu d'un pagne, maigre à faire peur, le visage peinturluré de rouge et de bleu, grattant sa vermine, s'accroupisse au coin d'une mairie parisienne et reste là des heures, des jours, à grignoter quelques grains de millet, parfois chantonnant, le plus souvent immobile et muet. Si encore il mendiait, son comportement serait intelligible, mais il ne tend même pas la main... Gageons qu'il franchira vite le porche d'un hôpital psychiatrique... "Cet homme, continuait Albert Beguin, je l'ai vu cent fois aux Indes: les dévots s'accroupissaient autour de lui, le contemplaient longuement dans l'espoir de recevoir quelque émanation de sa sagesse. On est fou par rapport à une société donnée."

Il convient en outre de ne jamais oublier que chez beaucoup de peuples, on ne se contente pas de nos deux catégories, de "normal" et de "pathologique", mais qu'on y ajoute une troisième, celle de "surnaturel". Certaines formes de délires peuvent être ainsi considérées par l'entourage comme des phénomènes d'inspiration surnaturelle, ou de possession par les esprits, bons ou mauvais.

D'une manière générale d'ailleurs, dans les pays où règnent encore des conceptions animistes, les troubles mentaux du sujet sont attribués à un esprit qui lui est extérieur et qui a pris possession de lui; Il n'est jamais considéré comme incurable et le groupe tout entier se sent concerné: la solidarité de la communauté doit contribuer à rétablir l'équilibre entre le monde visible et le monde invisible, entre le monde naturel et le monde surnaturel.

"Toute société a besoin de folie, écrit le romancier Marocain Tahar Ben Jelloun. Dans les sociétés industrielles développées, le fou n'a pas sa place. Parce qu'il est en marge de la culture et de l'ordre économique, on l'enferme: On le sépare de la vie. La persistance de l'asile prouve combien la folie continue d'étendre ses pouvoirs d'inquiétude sur toute certitude." Et de rappeler qu'en Afrique, il n'y a pas longtemps encore, on pouvait parler de cultures où la folie était l'expression d'une grande sagesse. Le fou était en quelque sorte l'élu de Dieu et de la Vérité dans les sociétés Africaines et Arabes. La distinction entre le normal et le pathologique relevait d'un univers culturel étranger à ces sociétés. Le fou était intégré dans la collectivité. Sa prise en charge était l'affaire de tout le village. Ses "troubles" étaient considérés comme l'expression d'une réflexion approfondie pouvant se confondre avec une crise mystique.

Pour "guérir" le sujet, c'est-à-dire en fait pour rétablir un équilibre naturel autant que social menacé, le guérisseur va, à travers de nombreux rites auxquels toute la communauté prend part, rechercher l'esprit responsable du mal puis l'apaiser en respectant ses goûts. Décrivant cette forme de sociothérapie à travers les cérémonies spectaculaires du "n'doep" chez les populations Lebou au Sénégal, deux ethnopsychiatres, Karl Schmidt et Jean Godin, racontent qu'une grande fête est organisée sur la plage. Le patient en est la vedette. les danses durent plusieurs jours et un bœuf est sacrifié. Des rituels nombreux ont pour but de faire sortir l'esprit intrus du corps du malade et de le canaliser dans des endroits appropriés. La fête prend fin avec l'épuisement des participants, qui émergent peu à peu de véritables états de transe.

Commentant l'efficacité du "n'doep", Karl Schmidt et Jean Godin notent que les succès thérapeutiques obtenus ainsi par les indigènes sont remarquables quand il s'agit d'états "psychogènes". Ils sont d'autant plus efficaces que le malade est plus fortement attaché à sa foi ancestrale. Ils observent également qu'il n'est pas étonnant que ces cérémonies rituelles, par les émotions qu'elles véhiculent, par la tolérance qu'elles manifestent, par la chaleur humaine qu'elles dégagent et par les régressions psychiques et les réorganisations de la personnalité qu'elles supposent, aient pour conséquence la réinsertion du sujet dans son groupe, sa tribu, sa société et, plus généralement, dans son "monde".

Dans nombre de sociétés "primitives", un personnage sacré, le "shaman", a pour fonction soit d'extirper et d'expulser le mal, soit de capturer l'âme en fuite du malade afin de la lui restituer. Le rôle du shaman a souvent été comparé à celui d'un psychanalyste sauvage qui ferait appel à des mythes sociaux. Les ethnologues s'accordent à reconnaître l'anormalité contrôlée du shaman: s'il est fou, c'est au nom et pour le compte des autres, dans la mesure où sa folie leur permet de projeter sur lui leurs troubles et de conserver un semblant d'équilibre psychologique. Selon Claude Levi Strauss, le shaman revit au cours de chaque séance rituelle sa première expérience traumatique. Les traitements shamaniques constitueraient le pendant du traitement psychanalytique, mais avec le renversement de tous les éléments. Le psychanalyste comme le shaman tendent en effet à provoquer une expérience spirituelle et ils y parviennent l'un et l'autre en remettant en vigueur, en réactualisant un mythe que le patient a à vivre ou à revivre. Mais, si en psychanalyse le patient construit un mythe individuel avec des éléments tirés de son passé, dans la séance shamanique, en revanche, le patient reçoit de l'extérieur un mythe social qui ne correspond pas à un état personnel antérieur.

 

Les modèles culturels de la folie

 

Ce que confirment toutes les recherches ethnopsychiatriques, c'est que la plupart des cultures possèdent un ou plusieurs modèles de folie. Le "chien fou qui veut mourir" des Indiens des plaines d'Amérique du Nord, le "berserk" des Vikings, "l'amok" et le "latah" des Malais, le "koro" des Chinois, la "schizophrénie" des Occidentaux, Le "tarentisme" d'Italie du sud, le "windigo" de certaines tribus Indiennes du Canada, etc.

La course d'amok jouit d'une grande célébrité comme manifestation typique de psychiatrie exotique. Il existe à son sujet une littérature abondante qui remonte aux premiers récits des explorateurs Portugais de l'Inde et de l'archipel Malais. Le romancier Autrichien Stefan Zweig en a donné la description suivante: "un Malais est en train de boire paisiblement son breuvage (sans alcool!). Il est là, apathiquement assis, indifférent et sans énergie. Et soudain il bondit, saisit son poignard et se précipite dans la rue. Il court tout droit devant lui, sans savoir où. Ce qui passe sur son chemin, homme ou animal, il l'abat avec son kris, et l'odeur du sang le rend encore plus violent. Tandis qu'il court, la bave lui vient aux lèvres, il hurle comme un possédé. Mais il court, il court toujours, sans rien voir de ce qu'il y a ni à sa droite ni à sa gauche, courant toujours en poussant son cri perçant et tenant à la main, dans cette course épouvantable, son kris ensanglanté... Les gens des villages savent qu'aucune puissance au monde ne peut arrêter celui qui est en proie à cette crise de folie sanguinaire... et, quand ils le voient venir, ils vocifèrent, du plus loin qu'ils peuvent, le sinistre avertissement: Amok! Amok! et tout s'enfuit... Mais lui, sans entendre, poursuit sa course. Il court sans rien voir et continue de tuer tout ce qu'il rencontre... Jusqu'à ce qu'on l'abatte comme un chien enragé ou qu'il s'affaisse anéanti et tout écumant..."

D'après le psychiatre Hollandais Van Wulfften Palthe, l'amok serait une maladie psychogène évoluant sous l'effet de conflits d'apparence insolubles, notamment d'ordre sexuel, ou résultant des difficultés que rencontre un individu dans un milieu qui lui est étranger. A la suite d'un incident commence une période de méditation avec rétrécissement du champ de la conscience, pendant laquelle il arrive souvent que l'individu se récite à lui-même des textes qu'il connaît et se laisse submerger par ses émotions. Celles-ci déborderont tout à coup dans une voie tracée à l'avance et se dérouleront selon un schéma préformé.

Si l'amok touche exclusivement les hommes, le "latah" est en revanche une affection strictement féminine. Elle se caractérise par la répétition incoercible et quasi automatique, par la personne atteinte, de tout ce qu'elle entend. De même, tout geste effectué devant elle donnera lieu à une imitation stéréotypée. Dès la fin du XIXe siècle, Havelock Ellis attirait l'attention sur les aspects sexuels de latah. En effet, des répétitions d'obscénités, des masturbations publiques et des mimes de coït ne sont pas rares pendant la crise.

Quant au "koro", qui se rencontre dans l'archipel Malais ainsi que dans le sud de la Chine, il consiste en des crises d'angoisse paroxystique accompagnées de 2 idées: d'une part que le pénis du malade est en train de se rétracter et de disparaître à l'intérieur du corps, d'autre part qu'il en résultera la mort du sujet. Le koro se vit dans une ambiance dramatique: le malade et sa famille, afin d'éviter l'issue fatale, retiennent le pénis de toutes leurs forces. La fréquence de cet accès délirant est difficile à apprécier, car le sujet a honte d'en parler. Diverses théories ont été formulées pour rendre compte du koro et éclaircir sa genèse mais, faute d'enquêtes approfondies sur les croyances et les superstitions relatives à la vie sexuelle des peuples où existent ces psychoses, elles ne sont guère convaincantes. Ajoutons qu'il existe une forme féminine de cette affection: il s'agit des jeunes filles qui craignent de voir disparaître leurs seins à l'intérieur du thorax.

Plus près de nous, en Sicile et dans le sud de l'Italie, le "tarentisme" a été étudié par E. de Martino, le représentant Italien le plus remarquable de l'ethnopsychiatrie. Il s'agit d'hystéries collectives et de scènes de possession attribuées à la redoutable piqûre d'une araignée saisonnière (juin), la tarentule, dont il existe 2 espèces mais une seule vraiment venimeuse. Elle peut, par sa piqûre empoisonnée, déclencher certains symptômes observés dans le tarentisme. Paradoxalement, ce n'est pas cette araignée venimeuse, mais l'autre variété, tout à fait inoffensive, plus répandue et d'aspect plus menaçant, qui figure d'une manière prédominante dans le tarentisme. Pour prétendre comprendre les danses et les contorsions frénétiques des femmes se disant mordues par la tarentule, il faut avoir présent à l'esprit la misère ancestrale et chronique des peuples de l'Italie du sud, ainsi que leur oppression sexuelle, presque aussi brutale de nos jours qu'au Moyen Age. Ainsi que l'a bien vu Dominique Fernandez, quand une femme se met à se tordre par terre, à danser, à hurler en déchirant ses vêtements, elle mène à bien une double opération de délivrance. Par l'agressivité qu'elle déploie, elle se soulage des frustrations de la pauvreté, de la faim, des travaux forcés qui sont les siens à longueur d'année. En même temps, elle se défoule de ses pulsions érotiques réprimées. Et non seulement elle se libère elle-même, mais elle libère la communauté qui l'entoure, l'assiste, l'encourage, au son d'une musique rituelle, selon un cérémonial strictement codifié. En sorte que ce comportement, qui a l'air d'une explosion animale d'hystérie, est en réalité quelque chose qui tient à la fois du jeu théâtral tel qu'on le pratiquait dans l'antiquité et du psychodrame. Le village, après cette catharsis nécessaire, peut se remettre à vivre.

 

Le normal et le pathologique

 

La manière "correcte" d'être fou diffère donc selon les cultures, et les diverses affections que l'on vient de voir confirment la plasticité de l'expression psychiatrique. Cette plasticité est due au fait que le symptôme n'a pas d'existence en soi mais qu'il a une signification et une fonction pour le sujet et l'entourage auquel il est destiné. Là où le psychiatre n'existe pas, la folie n'est pas une maladie. Elle est une déviance par rapport à la norme sociale. D'où la question centrale à laquelle se trouvent confrontés ethnologues et psychiatres: Chaque civilisation ayant son propre système de normes, ce qui est normal dans une civilisation ne pourrait-il être considéré comme pathologique dans une autre, et vice versa?

L'anthropologue Américaine Ruth Benedict est l'une des premières à avoir posé cette question dans son étude: "Anthropology and the abnormal". Se référant à un certain nombre de faits relevés par les ethnologues, comme la normalité de la transe dans les sociétés shamaniques, celle de l'homosexualité dans les sociétés à "Berdoches", le caractère paranoïaque de la culture Mélanésienne (dobu) et l'approbation de la mégalomanie par les Kwakiutl, elle en conclut que ce que nous considérons, en Occident, comme un ensemble de faits pathologiques, passe au contraire pour être tout à fait normal dans d'autres sociétés. C'est sans doute que le concept de "normal" est une variante du concept de "bon": Une action normale est, selon Ruth Benedict, une action bonne, approuvée par la collectivité, en accord avec l'idéal du groupe. Mais si les théories, à la fois relativistes et statistiques, de Ruth Benedict et de l'école culturaliste Américaine (Fromm, Horney...) constituent une mise en garde utile contre l'ethnocentrisme des psychiatres, si elles nous apprennent à ne plus juger les autres hommes à partir de nos propres systèmes de valeurs, elles suscitent néanmoins certaines réserves. Ainsi, l'ethnopsychiatre Georges Devereux a mis en lumière le postulat caché de la théorie du relativisme culturel, à savoir que si les individus peuvent être malades, la société, elle, est toujours nécessairement normale. Or si, comme le pense Georges Devereux, il existe des sociétés "malades", celui qui introjecte les normes du groupe, introjecte en lui des normes morbides. Ce serait ici la rébellion, et non l'adaptation, qui serait le véritable signe de santé. En refusant d'admettre qu'il existe des sociétés ou des fragments de sociétés tellement malades qu'il faut soi-même être bien malade pour pouvoir s'y adapter, la théorie culturaliste a fait la preuve de son insuffisance. Une dernière question mérite enfin d'être posée: S'il est vrai que la folie, sous des formes diverses, variant d'une culture à l'autre, est un phénomène constant, ne peut-on pas considérer que certaines sociétés paient un tribut plus lourd à ce qu'il est convenu d'appeler la "pathologie mentale"? Bien que les études comparatives qui permettraient d'apporter des éléments de réponse fassent ici totalement défaut, il semblerait que les sociétés industrielles - beaucoup moins sécurisantes pour les individus que les sociétés agraires - apportent un surcroît de tension et de mal-être. Ce n'est sans doute que l'envers de la dynamique économique, sociale ou culturelle.

 

 

- cours d'ethnopsychiatrie - formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique -


Extrait d'un texte de Mr Roland Jaccard utilisé pour la formation des Infirmiers de Secteur Psychiatrique

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ETHNOPSYCHIATRIE: LES RITES DE LA MORT (ou l'imaginaire culturel de la mort)

 

La mort en Europe

 

...et le changement des attitudes devant la mort dans les sociétés occidentales : jusqu'alors, les sciences humaines avaient laissé quelques écrits littéraires ou théoriques sur la mort mais personne n'avait traité la mort réelle. E. Morin est un écrivain qui, dans les années 1950, a traité de la mort non-plus d'un point de vue général, c'est à dire parler de la mort comme expression de la pensée, mais comme l'étude scientifique d'une évolution de toutes les formes de mort.

 

·  La dépossession du mourant : au moyen-age et à la renaissance, l'homme savait qu'il allait mourir, et cela était naturel. Il y avait une participation du malade à sa mort lorsqu'il était lucide ou dans d'autres cas une tierce personne lui apprenait. Au 18ème siècle, c'est le rôle de la famille de lui annoncer sa mort. Au 19e siècle, il faut un questionnement de la part du malade pour qu'on en parle, et souvent c'est le médecin qui en est chargé.

On note aussi à l'approche du décès 2 tendances: au 15e siècle, l'assistance qui se trouvait dans la chambre devait quitter les lieux afin que le malade se retrouve face à Dieu. Au 19e siècle, l'on mourrait en public et la chambre devenait un lieu public. Actuellement, ce qui est connu du médecin et de la famille est désormais caché au mourant. On dissimule au malade la gravité de sa maladie. L'individu doit mourir dans l'ignorance de sa mort.

Pour le malade, la mort a eu des aspects différents suivant les époques. Dans la seconde moitié du moyen-age, et durant la renaissance, la mort est le symbole de la puissance. On était maître dans la vie si on était maître dans la mort. Au 17e siècle, le malade partage sa mort avec sa famille. Il n'est plus le propriétaire de sa vie. Du 14e au 18e siècle, il y avait le testament qui était un moyen pour chacun de s'exprimer. C'était l'acte par lequel une personne dispose des biens qu'elle laissera en mourrant. Après le 18e siècle, il n'y a plus d'écrit mais seulement des mots, des paroles. Au 20e siècle le malade est considéré comme un enfant qui est pris en charge totalement. La mort devient synonyme de maladie, de cancer. Tout ceci vient renforcer les consignes habituelles de silence par rapport à la mort. Cette clandestinité est l'effet d'un refus d'admettre tout à fait la mort de ceux qu'on aime. Autrefois la mort était une figure familière. On la voyait régulièrement, on vivait et on mourait devant les gens. Actuellement, le lieu moderne de la mort est l'hôpital. Il suffit seulement de la nommer pour provoquer une tension émotive. Il y a 2 manières de mal mourir: L'une consiste à rechercher un échange d'émotions, l'autre est de refuser de communiquer.

 

·  Le refus du deuil : le deuil fut jusqu'à nos jours synonyme de douleur. Celle-ci était l'expression la plus violente des sentiments spontanés. Au moyen-age, on avait de grandes gesticulations. A partir du 13e siècle, les manifestations consistent en des pleurs. Plus tard, les testaments des 16e et 17e siècles nous détaillent des convois funèbres avec des personnages en pleurs. Au 18e siècle, on note l'absence des femmes aux obsèques. Depuis la fin du moyen-age, la société a imposé à la famille une période de réclusion qui l'éloigne des obsèques. La femme voilée de noir apparaît aux yeux du monde comme le symbole de la douleur et de l'inconsolation. La réclusion sera transférée du plan physique au plan moral. Elle protégeait moins les morts de l'oubli qu'elle n'affirmait l'impossibilité des vivants à les oublier et à vivre comme avant leur départ.

Ainsi peut-on caractériser le rapport au deuil par une phase aiguë de spontanéité ouverte et violente jusqu'au 13e siècle, une phase longue de ritualisation jusqu'au 18e siècle, suivie d'une période de "dolorisme" exalté, sorte de paroxysme du deuil au 19e siècle, et enfin à présent l'interdiction qui caractérise le 20e siècle avec une fuite devant la mort. Car si par le passé le deuil était soit spontané soit imposé, il fut interdit au milieu du 20e siècle. La tendance actuelle serait plutôt de le recommander à nouveau, mais il convient de ne plus afficher sa peine. D'après G. Gorer, sociologue Britannique, la mort est devenue le principal interdit du monde occidental. L'absence de familiarité avec la mort est dû à l'accroissement de la longévité dans les sociétés industrielles. J. Fourcassie a démontré que le jeune homme d'aujourd'hui peut atteindre l'âge adulte sans jamais avoir vu mourir, et celui qui a déjà vu mourir s'empresse d'oublier. Gorer explique que les intellectuels considèrent les funérailles et le deuil traditionnels comme des pratiques superstitieuses et archaïques. Pourtant, le désespoir lors d'un décès dans un milieu intellectuel s'explique par la privation de deuil rituel. En 1961, l'individu qui meurt sans savoir ce qui lui arrive est considéré comme privilégié. Auparavant, la toilette mortuaire était destinée à fixer le corps dans l'image idéale. En 1961, on considère le cadavre comme un malade et la toilette a alors pour but de dégager le corps des salissures de l'agonie. On cherche à donner l'image d'un presque vivant. Les 2 guerres mondiales ont été des accélérateurs d'évolution. La mort est devenue un tabou, et a remplacé le sexe comme principal interdit. Les enfants sont initiés très tôt à la physiologie de l'amour et de la naissance. Mais lors du décès d'un proche, on leur explique l'absence de l'être cher en parlant d'un voyage lointain. La société gomme les liens d'association entre l'idée de deuil et celle de maladie. Et paradoxalement, si l'hôpital est aujourd'hui l'endroit où l'on meurt le plus, on tolère de moins en moins d'y garder les corps.

 

La mort en Afrique noire

 

·  Généralités : la mort en Afrique noire est une affaire de groupe plus qu'une affaire individuelle. Elle n'est pas vécue comme un drame ni comme un phénomène naturel mais comme le résultat de maléfices sorciers. Elle conduit la personne choisie de par sa position sociale et la richesse de sa famille (mais aussi la nature de sa mort), au statut d'ancêtre. Ce statut s'acquiert selon un processus défini par le groupe: comment le défunt passe de la maison à la tombe? On attribue à cet ancêtre un savoir et un pouvoir. Celui de connaître l'avenir et d'assurer la continuité de sa famille. Se sentir protégé par un défunt évite sa rancune et une éventuelle vengeance. Pour se préserver des forces maléfiques, ils auront recours au port d'amulettes, à l'étude attentive des présages favorables et défavorables dans les plus petits évènements quotidiens. Ce culte des ancêtres permet de récupérer la force vitale des défunts pour accroître le pouvoir du groupe contre les forces de destruction et de désordre. Dans la théâtralisation des funérailles, on tue, on dénoue dans la mort ce qui lui reste de vivant, on tue les liens affectifs des survivants. C'est le moyen de faire passer le mort du statut de personne au statut d'ancêtre. L'organisation dans les sociétés Africaines repose sur une hiérarchie dépendant de la relation qui vous lie aux ancêtres. Les hommes adultes, gardiens des traditions, ont la charge du reliquaire: Il contient les crânes de tous les ancêtres de la lignée. Au-dessous du reliquaire, se trouvent des figures qui sont à la fois gardiennes du reliquaire et représentation de l'ancêtre. Toutes les manifestations, par une ambiance appropriée, transmettent un message spécifique où chacun est spectateur et acteur. La mort y est toujours présente; Le sorcier est le personnage clé de ces spectacles. De plus, la participation intense avec le public, et la continuité avec la vie quotidienne sont utilisées dans la représentation de la mort.

 

·  La mort chez les Senoufo : ils forment un peuple d'agriculteurs Africains. Ils considèrent la mort comme l'évènement le plus important de la vie, car il est le passage de la vie à la mort, puis de la mort à l'état de défunt, et enfin du statut de défunt à celui d'ancêtre (l'ancêtre est un être socialement très valorisé). L'inégalité devant la vie traduit une inégalité devant la mort (nourrissons et accidentés sont vite enterrés). L'agonisant est très assisté, puis le cadavre est lavé, préparé pour respecter scrupuleusement la forme du rite d'enterrement suivant la position que la personne occupait dans la vie. La mort est dédramatisée grâce à une tentative symbolique, voire magique de s'approprier une partie du savoir que le défunt est censé avoir sur la mort, et sur la vie.

Rapports entre les survivants et le défunt : les Senoufo veillent en général l'agonisant car il ne doit pas mourir sans avoir dicté ses dernières volontés ou communiqué les causes possibles de sa mort à un camarade du même âge. Une fois mort, le cadavre est recouvert d'un pagne blanc. Vient alors l'annonce du décès officiel qui est sous la responsabilité de l'aîné du matrilignage appelé "chef du mort". Les enfants sont chargés de prévenir le village. A lieu ensuite la première toilette du défunt dans un endroit clos, par des femmes mais sous la direction de 2 membres du même sexe que le défunt. Tout ceci est accompagné par un orchestre. Le mort est rasé entièrement, lavé, enduit de beurre. Le conjoint est rasé également, et isolé en signe de deuil. Le cadavre est alors étendu dans une couverture blanche et exposé dans un vestibule où les visiteurs viendront le voir pour la dernière fois, et en particulier les filles du défunt: Elles viennent à tour de rôle dire leur peine, relater la vie du mort, et demander pardon de leurs fautes. Dès l'annonce officielle d'un décès, chaque famille Senoufo désigne un homme pour aider à creuser la tombe. La levée du corps ne sera effectuée qu'après la deuxième toilette du cadavre, alors dans un état de décomposition avancé. Avant de toucher le mort, les participants s'enduisent les mains et les pieds de bouse de vache pour se protéger des souillures éventuelles, des humeurs du cadavre. Débute alors la cérémonie de remise des pagnes. Chaque membre du lignage doit en apporter un , ainsi que les amis. Les enfants reçoivent quant à eux chacun un pagne du défunt. Il y a ensuite la fabrication d'un brancard sur lequel le corps sera transporté au cimetière (Le défunt est transporté auparavant sur la place publique où l'assistance danse autour de lui au son des balafons). Le chef de lignage fixe après l'enterrement la date des funérailles qui sont exclusivement une fête où il n'y a aucun signe de deuil. Les funérailles ont pour fonction de donner au défunt le statut d'ancêtre. Toutes ses richesses  seront détruites et consommées immédiatement dans le temps des funérailles. Ces dernières semblent servir à "tuer" socialement le mort , à l'expulser du monde des vivants pour le faire renaître sur un mode idéalisé: L'ancêtre. Les obsèques sont simplifiées dans les cas de décès jugés anodins (morts d'enfants) ou inquiétants pour la communauté (morts accidentelles, criminelles...). Dans ce cas il s'agit de se protéger de ces morts dont l'âme restera errante et agressive. 

 

La mort en Asie

 

· Le mort et son double en pays Toradja : les Toradja vivent en Indonésie, dans l'île de Cébèbes. Lorsqu'un homme de la noblesse meurt, l'héritage n'est partagé qu'à la fin du rituel mortuaire, bien après le décès. En effet, l'exécution des rites funéraires n'a lieu environ qu'un an après. Jusqu'à ce jour, l'homme pouvait se relever et vivre comme avant. Il avait seulement de la fièvre, il était "malade". Il est d'ailleurs interdit de le dire mort. Ses enfants l'ont lavé, paré et exposé au centre de la maison. Il a le visage maquillé et ils ont déposé 3 pièces d'argent. Tout le monde vient lui rendre hommage. Puis il est enveloppé dans des bandelettes de fibres d'ananas et on le transporte dans la chambre. Il est alors placé sur des feuilles destinées à recevoir les sucs de décomposition. Les enfants n'oublient jamais de le nourrir tel un vivant et ceci pendant près d'un an. Pendant cette période la famille se réunit souvent pour choisir quel rituel mortuaire serait choisi. Il s'étalera sur plusieurs années, avec un passage symbolique de la maladie à la mort. Il est alors interdit de manger du riz pour participer à la cérémonie. La famille continue à nourrir le mort, sacrifie un buffle et plusieurs porcs. Des combats de coqs sont organisés et l'argent des paris est donné aux enfants pour les aider à célébrer la suite des funérailles. Quand la mise en tombeau arrive enfin, on se sépare du défunt en prononçant ces mots:"Là, nous devons nous séparer. Nous, nous restons ici. Toi, vas dans ton nouveau monde."

 

·  Rites funéraires au Népal : c'est entre autre à travers les rites funéraires qu'apparaît la diversité culturelle du Népal. Chez les Tibétains du nord, bouddhistes, les morts sont enterrés au-dessus du village, sur une éminence. Les prêtres et les gens riches sont brûlés, les autres sont immergés dans une rivière en aval des habitations. Des secondes funérailles sont nécessaires afin que soient séparés le monde des morts et celui des vivants. Pour le bouddhiste, le corps humain est composé de 4 éléments: la terre, l'eau, le feu et le vent. Ces éléments soutiennent le corps comme des piliers. Sur le point de mourir, l'homme ne peut plus bouger car le pouvoir de l'élément terre est aboli. C'est alors que l'élément eau se manifeste et le moribond a l'impression de flotter dans une masse liquide. Puis le corps s'assèche, le feu prend place après l'eau, le mourant sent qu'une fumée légère l'enveloppe. Enfin, peu à peu la chaleur du corps se dissipe. Si elle se dégage vers le bas, c'est le signe d'une renaissance malheureuse, sous forme d'animal ou de démon. Vers le haut, la personne revivra comme un Dieu, un demi-Dieu ou un homme. A ce stade, l'esprit n'est plus supporté que par l'élément vent et l'agonisant voit des lueurs danser autour de lui. La respiration s'arrête après la disparition du vent. C'est la mort du corps physique et grossier, mais l'esprit continue de vivre dans ce que les Tibétains appellent "l'air subtil". La conscience du défunt se dissout en une douce quiétude (ataraxie) qui dure de 3 jours et demi à 4 jours. C'est là qu'un lama officiant intervient, et prépare le mort au "bardo", état transitoire de 49 jours avant la renaissance. Il récite à son oreille des instructions des livres des morts. Puis il y a intervention d'un lama "extracteur du principe conscient" et l'esprit doit s'échapper par l'ouverture de "brahma" située au sommet de la tête. Intervient enfin le lama dépeceur qui sera chargé de vérifier que le principe conscient est bien sorti par l'ouverture de brahma. Le corps est broyé et réduit en boulettes que les vautours feront disparaître.

Chez les Indo-Népalais, c'est l'indouisme qui prime. Les morts sont incinérés et jetés dans la rivière. Viennent ensuite les cérémonies qui visent à donner un corps à l'âme du mort et à l'aider à rejoindre le pays des ancêtres.

 

La mort en Amérique du sud

 

·  Rapports entre les morts et les vivants dans la cosmovision : les morts sont toujours présents dans la vie de ces peuples et ils représentent une certaine puissance. "Si les hommes respectent leurs ancêtres et les honorent, ceux-ci en échange les aideront à survivre". D'autre part, lorsque de grandes cérémonies sont organisées, les momies des ancêtres sont sorties et participent aux actes rituels. Ils lient la mort au présent et à l'avenir en déposant près de leurs morts tout un matériel funéraire: nourriture, alcool, graines... Cela a pour but de les protéger contre les aspects néfastes de la mort. Ces offrandes sont renouvelées plusieurs fois dans l'année. Il y a une différence au niveau des rites entre Mochicas d'une part et Incas et Indiens d'autre part. Pour ces derniers, l'âme subit un jugement et si elle est reconnue mauvaise, elle est condamnée à retourner expier ses fautes au village. Pour les "Mochicas", il n'y a pas de jugement d'âmes. Leurs 3 mondes: celui des vivants, celui des défunts et celui des ancêtres mythiques sont les 3 régions que les Mochicas traversaient en parcourant leur cycle de la vie et de la mort.

 

·  Les Mochicas : leurs cimetières contiennent de 10 à 100 tombes. Ils se trouvent sur les versants des vallées, ou près des centres cérémoniels. Les tombes sont signalées par des poteaux de grosse canne ou de bois. Les mieux aménagées ont des parois de brique (terre séchée). Elles sont recouvertes d'une construction en bois et en terre séchée. Les défunts sont déposés dans les fosses, protégés par leurs vêtements et plusieurs couches de tissu. Il y a aussi parfois des nattes ou des véritables contenants (cercueils) de canne. Le corps, vêtu et orné, est étendu sur le dos. La face est recouverte d'une poudre rouge (coquillage). Parfois des masques protègent le visage et des pièces de métal sont placées dans la bouche. Il n'y a pas de distinction entre les sexes. Par contre des différences font état de la richesse; Corps déposé à même le sol et peu de matériel funéraire pour les pauvres, vêtements et offrandes pour les riches. Des enfants, des femmes, des hommes et des animaux étranglés sont parfois déposés en sacrifice. Des ustensiles ou objets divers sont donnés en offrandes, comme des armes, des paniers, des instruments de musique, des cristaux, des colliers, des feuilles de coca, des calebasses avec de la nourriture, des vases... Les objets retrouvés dans les tombes sont néanmoins parfois différents de ceux qui étaient utilisés tous les jours. Car c'est leur fonction symbolique qui est recherchée ici et certains sont les signes d'appartenance à une classe sociale, d'autres sont des objets rituels ou ont une fonction d'échange entre les vivants et les ancêtres, par l'intermédiaire du défunt. Les rites suivent un calendrier cérémonial basé sur celui des tâches agricoles (saison sèche, saison humide). Ils sont pratiqués à l'occasion de la mort, de la naissance, du mariage et correspondent aux semailles, à la germination, à la maturation et aux récoltes. Ces rites établissent un rapport entre le cycle de la vie et de la mort, entre l'ordre de la nature domestiquée et celui du groupe social.

 

·  Les Incas : leurs tombes sont creusées dans le sol (sur la côte sèche) ou construites en pierre et en terre séchée (dans les hautes terres). La base est ronde ou carrée, le toit voûté. L'ouverture en est scellée. En cas de décès, les descendants se chargent des rites funéraires. Les entrailles du défunt sont déposées dans un récipient, et le corps est desséché. La momie est ensuite richement vêtue et promenée en procession dans les endroits fréquentés de son vivant. Pour les sacrifices, des femmes sont enivrées puis étranglées. Il y a un jeûne rituel, et des chants funèbres. Le mois de novembre est dédié aux défunts: Les momies des ancêtres sont sorties et participent aux actes rituels. Elles ont un pouvoir sur leurs descendants. Elles sont responsables de l'ordre établi et  de la survie des institutions en tant qu'intermédiaires entre l'origine et les hommes. Les Incas comme les Mochicas font des offrandes à l'océan. Les Incas envoient par le fleuve les cendres des sacrifices et y noient les enfants. L'enfant qui retourne à la mer, c'est  symboliquement la mort qui retourne à la vie. L'océan est la région intermédiaire entre les hommes et la source de vie.

 

·  Les Indiens : dans les cimetières, les tombes contiennent ou non un cercueil, suivant les possibilités financières du défunt. Le corps peut en effet être déposé à même le sol. Il est accroupi, la face protégée par du coton. Dans la bouche, des pièces de métal sont introduites. Le corps est recouvert de poudre rouge. Il n'y a pas de distinction entre les sexes. Par contre il y a des différences dues à la richesse. Les corps sont vêtus de leurs plus beaux costumes. Des sacrifices ont lieu, sur les animaux domestiques, les perroquets... De nombreuses femmes sont étranglées. Les offrandes consistent en vêtements, pièces de métal, jarres d'alcool, feuilles de coca... Dans les tombes d'enfants, il y a un bouton de fleur de kantu. C'est en novembre que sont célébrés les rites de "l'ayamarca" (mort), avec chants, tambours, flûte... Pour eux, la cause de la mort est la séparation des deux âmes (l'âme des origines et l'âme du défunt). Celle-ci entreprend le voyage de retour à son origine. L'âme doit traverser l'océan. Pour passer l'eau, elle a besoin d'un chien noir que le défunt a pris soin d'élever pendant son vivant. L'âme subit ensuite un jugement. Si elle y est jugée digne, elle rejoindra son lieu d'origine et fermera le cycle de vie. Si l'âme est jugée mauvaise, elle est condamnée à retourner expier ses fautes dans son village. Après avoir purgé sa peine, elle retourne rejoindre ses ancêtres. Les Indiens croient en un retour des défunts la nuit du 1er au 2 Novembre. Cette coutume établit un contact entre le monde des vivants et celui des morts. Les âmes des ancêtres peuvent être propices ou maléfiques en réponse aux traitements qu'elles reçoivent de la part de leurs descendants. C'est un système complexe d'obligations réciproques. Les ancêtres sont puissants en tant qu'intermédiaires entre les hommes et l'origine de la vie. La lune est l'astre des défunts. Le chemin de la vie et de la mort est à l'image du chemin d'eau qui descend des sources dans les canaux d'irrigation de la vallée et va se perdre dans l'océan pour rejaillir à la prochaine saison humide.

 

 

- formation pour Infirmier de Secteur Psychiatrique -

- programme officiel enseigné sur 3 ans entre 1979 et 1994 -

- cours de psychiatrie: thérapie de l'adulte et ethnopsychiatrie -

 

 

 PSYCHIATRIE INFIRMIÈRE : THÉRAPIE ADULTE

Interventions orales de Mme Huguet, 1985 - 1986,

sauf spécifications indiquées en marge du texte.

Écrit, mis à jour par Mr Dominique Giffard

pour le site "Psychiatrie Infirmière" : 

http://psychiatriinfirmiere.free.fr/,

références et contact e-mail.

 

bibliographie

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MAJ 25.03.12