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APPEL DE L'ASSOCIATION " ACCUEILS ? "
DESTINATAIRES : PARLEMENTAIRES ET ELUS DE LA REGION PARISIENNE
EXPÉDITEUR : L'ASSOCIATION " ACCUEILS ?"
OBJET : DEFENSE DES SOINS OFFERTS AUX PATIENTS EN PSYCHIATRIE
DATE : 07/02/03
CC : AUX TUTELLES ET AUX RESPONSABLES ADMINISTRATIFS DES HOPITAUX
APPEL POUR L'ACCUEIL EN PSYCHIATRIE

 

L'Association " ACCUEILS ? " attire avec solennité l'attention des Elus sur l'incohérence des décisions actuelles en matière de Psychiatrie de service public, notamment par les fermetures de Centres d'Accueil et de Crise. Ces fermetures constituent une régression grave dans la mise en place de la Politique de Secteur proposée aux usagers et aux familles depuis plus de 30 ans, au moment où force est de constater qu'elle n'est encore qu'à moitié appliquée malgré les besoins des populations.


Les Centres d'Accueil et de Crise ont été créés dès les années 1977 pour répondre aux besoins de base des populations en matière de Santé Mentale. Leur pertinence a été reconnue par le législateur par le décret de mars 1986. Leur multiplication s'est faite dans la région parisienne en avance sur le reste de la France. Ils sont aujourd'hui menacés de fermeture sous prétexte qu'il serait préférable de favoriser les urgences des hôpitaux généraux et les services d'hospitalisation en difficulté. Ces deux arguments sont inexacts. La réalité est toute autre.


Ces Centres réalisent un travail qui constitue le fer de lance de la psychiatrie de secteur. Ils font beaucoup plus que de répondre aux urgences classiques, lesquelles mobilisent tellement l'opinion et les médias, car en plus de la rencontre toujours trop courte aux urgences ils travaillent l'accès aux soins, qui reste si complexe pour les patients en psychiatrie: en effet l'un des points les plus difficiles de la psychiatrie est le fait que la souffrance ou le trouble ne sont pas reconnus comme 'psychiques' par le patient et son entourage (
accès au dossier "maladies psychiques"), il est donc indispensable que des professionnels expérimentés et disponibles prennent le temps qu'il faut et rassemblent les conditions pour que les usagers acceptent de comprendre l'intérêt de ce qui leur est proposé et deviennent eux mêmes demandeurs d'un soin. Par contre, devant toute méconnaissance ou tout déni d'un patient, faire intervenir systématiquement aux urgences l'obligation de soin, en ayant recours à la loi, constitue une blessure de l'âme que les soins après n'arrivent pas à effacer ; on entre alors dans un cercle vicieux qui permet de comprendre la raison de l'augmentation actuelle des hospitalisations, de leur durée, tout en provoquant des résistances aux traitements. Vouloir comme le demande l'AP (dont les services ne sont toujours pas sectorisés), localiser les Centres d'Accueil et de Crise aux urgences des hôpitaux généraux, c'est écraser le travail d'accueil et le réduire à un entretien d'urgence ; la vraie réponse en urgence c'est, en plus du premier entretien, d'avoir la capacité de dépenser le temps suffisant, (jours, semaines), en un travail d'accueil fait de rencontres successives impliquant les ressources personnelles dans la proximité de chaque patient.


De plus, tout au long des trajectoires de soin des patients, ces Centres sont les lieux où les ruptures de soin qui surviennent dans toute évolution peuvent être abordées et traitées de façon pertinente. Ils constituent ainsi de vrais pivots pour toutes les difficultés aiguës des troubles. Au total ces Centres permettent le premier soin permanent et de proximité : voilà enfin un lieu où des soignants sont disponibles à toute demande d'écoute à la souffrance, sans filtre ni délai, avant une décision de soin : ils peuvent, si nécessaire, introduire le patient à la continuité des soins.
Il est essentiel de rappeler que ce sont les usagers et les familles qui ont été à l'origine de la création de ces Centres ; ce sont eux encore qui demandent aujourd'hui qu'existe une " disponibilité " d'écoute de la souffrance psychique " à proximité " de leur lieu de vie.


Ce besoin a été à nouveau fortement exprimé lors de la journée organisée le 29 janvier 2003 en Mairie de Paris par les élus de la capitale : 400 personnes représentant les habitants, les professionnels, les associations et les institutions " La rencontre des partenaires de la santé mentale ". Il y a été démontré que les institutions aujourd'hui traversent une crise en rapport avec la régression des moyens mis à disposition de la santé mentale. Mais ce n'est pas la seule raison : ceci est dû aussi à une mauvaise et incomplète application de la politique de secteur.


Ce qui n'a pas encore été compris par tous les partenaires de la santé mentale c'est que l'étape actuelle de l'application de la psychiatrie de secteur est celle qui coûte le plus cher en financement et en énergie parce que les dispositifs de soin de ces équipes de secteur sont actuellement ECLATES entre la ville et les banlieues. En effet la plupart des services hospitaliers (dont la localisation actuelle est le fruit de l'exclusion asilaire du siècle de l'ignorance en psychiatrie) sont encore dans des villes de banlieue, loin du lieu de vie des patients ; ainsi un souci minimal de continuité des soins oblige patients, familles, soignants, acteurs sociaux à des déplacements et des pertes d'énergie inouïes (un jour la Cour des Comptes se penchera aussi sur cette gabegie, qui est surtout source de souffrances supplémentaires chez tous les acteurs, usagers et soignants). C'est en réalité une psychiatrie " déchirée " que celle là, et en plus une psychiatrie qui en raison de ce déchirement ne peut s'appuyer sur les ressources sociales nécessaires pour le retour simple à la vie quotidienne, comme le prône la politique de secteur. Cette étape provisoire doit être dépassée.


La santé mentale en effet ne trouve pas réponse à tous ses besoins dans la fonction thérapeutique des équipes de secteur : les soins doivent être complétés par les aides aux handicaps, à la protection des biens, à l'aide sociale ; l'ensemble de ces intervenants ont un point commun : être en convergence au service des mêmes personnes pour que ces apports soient complémentaires pour un même patient : le point commun est une territorialité identique, le secteur : la PROXIMITE. C'est la force des Centres d'Accueil et de Crise que d'être disponibles dans la proximité, en permanence, et de permettre ces articulations indispensables entre ces différentes institutions. Les pouvoirs publics doivent être alertés de l'incohérence actuelle des évolutions diverses et des décisions prises sans référence à la politique globale choisie par l'Etat, la Politique de secteur, et de la nécessité de protéger les avancées existantes.
L'étape essentielle de notre psychiatrie moderne, de secteur, est la PROXIMITE de l'écoute des patients et de leur famille et la DISPONIBILITE des soignants : les centres d'Accueil et de Crise en sont les applications avancées, complétant pour l'urgence le travail considérable des CMP (Centres Médicaux Psychologiques). Simultanément les usagers et les familles veulent que tous les soins soient réalisés en ville.

Ainsi, nous vous proposons de vous associer à nous pour demander aux pouvoirs publics que tous les centres d'Accueil et de Crise existant soient consolidés et que grâce aux ELUS des recherches communes aux différents partenaires soient faites pour que des formes de travail diverses sur l'accueil soient inventées afin d'améliorer les secteurs où ils n'existent pas. Le but final étant la présence dans chaque secteur de la totalité des soins dans leur diversité.

 

 

SIGNATURES et fonction : le Conseil d'administration de l'Association " Accueils ? " Psychiatres, psychologues, infirmiers, soignants. Baillon, Bantman, Berthomeu, Chaltiel, Gigou, Jany, Liermier, Lustig, Mairesse, Martin, Raymond


13-15 voie promenade

93140, Bondy = 01 48 49 05 11 ; 

et " baillon.guy@noos.fr "


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