psychiatrie italienne           

  • témoignage, courrier n° 116

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voyage d'étude sur la psychiatrie italienne. Vous pouvez lire le compte rendu de ce voyage d'étude sur le site http://www.cemea.asso.fr/santementale.html

Dossier témoignage, courrier n° 116

 

 


Retour d'Italie.
Le cadre : un voyage d'étude organisé par la Ddass du Val de Marne, à l'initiative de son Directeur Jean-Luc Brière, le groupe est composé de 18 personnes, 5 de la Ddass (médecin, inspecteurs de santé publique) soignants équipe adulte et infanto-juvénile de 4 établissements du 94 (psychiatre chef de service, cadre de santé, assistante sociale) 1 directeur d'établissement. Coordination du séjour Annie Cadenel, chargée de mission psychiatrie précarité à la Ddass 94.

Objectifs : « La Ddass du Val de Marne a formulé en décembre 2002 une proposition : organiser un voyage d'études sur la psychiatrie communautaire italienne et en faire un levier pour l'innovation en santé mentale dans le Val de Marne, dans le sens des orientations proposées en novembre 2001 par le Ministère de la Santé dans le Plan de santé mentale.


Pourquoi l'Italie ?
Une période radicalement nouvelle s'est ouverte en Italie avec la loi de 1978, à partir de l'expérience pilote de Trieste. Depuis cette date, à des rythmes et selon une ampleur différentes selon les régions, des pratiques de psychiatrie communautaire se sont développées dans la péninsule et une organisation des soins basée sur leur ancrage dans la cité a pris la place du traitement social de la folie par l'asile. Au bout de bientôt 25 ans de désinstitutionalisation, un projet de réforme de la loi de 1978 est actuellement examiné, dans une perspective de déréglementation. De plus, la loi 328 de 2000, dite de réforme des services socio-sanitaires, prévoit une intégration territorialisée des services à la personne dans une étroite articulation des champs sanitaires et sociaux. Enfin, l'Italie se caractérise par un cadre institutionnel fortement décentralisé, avec une dévolution complète à la région des compétences en matière de santé.

2 . Le voyage d'études, pour quoi faire ?

Ces pratiques et ces réflexions italiennes, qui ont franchement consommé la rupture avec une vision hospitalo-centrée de la psychiatrie, mais qui sont aussi aujourd'hui dans ce pays au cour d'un débat, et sont de plus inscrites dans le territoire, sont susceptibles de nous aider à commencer à penser localement la réforme du dispositif de psychiatrie français, tel que nous y a incité le Plan santé mentale de novembre 2001.»
Le lieu : Rome.
Capitale de 19 arrondissements, qui à fermé son hôpital psychiatrique en 1999.

Impressions subjectives.
Que suis-je allé voir, qu'ai-je observé, sachant que la position d'observateur est souvent modifiée par ce qu'il observe (souvenir lointain d' un cours de socio, mais surtout la leçon de Bonnafé) surtout quand celui-ci veut à tout prix que son observation soit conforme à ce qu'il veut démontrer et plus encore quand il veut faire coller ce qu'il observe à ce qu'il connaît.

J'étais venu à Rome dans les années quatre-vingt, découvrir et par la suite faire découvrir la psychiatrie italienne (stage des Ceméa), pour cela je m' étais aussi rendu à Florence, à Rome j'avais vu l'H.P avec sa cohorte de psychotiques et leurs stigmates asilaires, certains nus dans ces allées où je me balade chaque matin, d'autres dans ces pavillons, attachés sur une chaise ou au radiateur, peut-être là ou je prends mon pt'it déj, aller savoir. Se pose pour moi la question du modèle, mais je sais par l'histoire de la psychiatrie qu'entre nos deux pays ces quarante dernières années, le croisement, l'échange entre ce que l'on nomme la psychiatrie de secteur et psychiatria démocratica a été permanent. La différence vient, si différence il y a de la pratique de la décentralisation, ne sommes-nous pas trop hospitalocentrés.

Puis voici que ces jours-ci le dossier du Canard, nous rappel l'importance historique là encore des liens entre L'Administration et les soignants, c'était avant la dérive économiste des années 90 !

«C'était l'époque glorieuse de la sectorisation psychiatrique, où fonctionnaires et praticiens avançaient au coude-à-coudes pour désenclaver la maladie mentale du ghetto de l'asile de fous». 

 

Ce que j'ai vu en Italie, non pas en Italie mais à Rome c'est que l'H.P est fermé, transformé en résidence hôtelière, difficile de dormir tranquille avec tous ces souvenirs. Donc ce que j'ai vu, c'est premièrement des femmes et des hommes qui vivent au plus près des autres Hommes, dans ce que nous nommons la cité, j'ai été accueilli, avec d'autres dans des appartements, par les opérateurs (oppératore) et les résidents ensemble, oui ils sont ensemble pour nous expliquer ce qu'ils font là. Puis ils nous invitent à partager le repas, là encore ensemble autour de la même table, et là je vois que ce qu'il font c'est du travail clinique de prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux, un travail clinique autour de ce que la maladie mentale à de plus handicapant, la vie quotidienne ; et se construit parallèlement des prises en charges psychothérapeutiques, prises de médicaments et réhabilitation sociale. Bon me direz-vous, mais les fous, tu sais ceux comme J., et bien moi je ne les ai pas vus(ou je n'ai vu qu'eux), ils sont, car vous pensez bien que je leur ai posé la question, dans des communautés thérapeutiques, ou me dit Yvonne dans une maison familiale. Oui, Yvonne, notre guide, pas comme Natali(la piazza Navona c'n'est pas la place Rouge), mais c'est elle (et combien d'anonymes, comme cet infirmier retraité rencontré au musée) qui avec le Pr Lozavio à participé à la fermeture de l'asile en 1999, après un travail de plus de dix années, et vous savez ce qu' elle m'a dit Yvonne, ceux (enfin pas tous) qui ont résisté le plus ce sont les soignants; ils lui disait celle-ci jamais elle ne pourra vivre en ville, cela fait 30 voir 40 ans qu'elle est ici alors comment veux-tu ...Yvonne elle n'écoute que sa volonté de désinstitutionnaliser de rendre à l'autre un visage humain, et, non sans embûches, elle la sort elle. Alors je vais voir, critiquer, poser des questions, discuter avec les autres personnes de ce voyage d'étude, tous du Val de Marne (enfin presque) essayer de transposer, rêver aussi, me disputer sur l'engagement professionnel et/ou sur l'exercice militant d'une pratique désalièniste (là est sûrement l'une des clefs de toutes évolutions, ce que je veux dire c'est que l'administration(voir le Canard enchaîné), organise des soins, sans confiance entre administratifs et soignants cela ne peut qu'entraîner des dysfonctionnements tels que nous les connaissons, sauf si dans une stratégie machiavélique les uns auraient intérêt à ce que le bordel perdure au détriment des autres). C'est la prise en compte par l'associative (coopératif) de la dimension économique du développement d'une psychiatrie alternative au système asilaire, les limites de cette réalisation ne me sont pas apparues pendant cette semaine, mais des questions sur les liens publics /privés associatifs sont restés sans réponse. Pour moi l'essentiel c'est la qualité de la prise en charge des « usagers », que ce soit dans des structures comme les appartements et autres communautés thérapeutiques, les centres de jour souvent couplés à une coopérative, avec dans ce que j'ai visité l'inscription dans des activités liées à la cité. Une autre observation, c'est le contexte dans lequel cette dynamique a pu se développer, en particulier cette loi d'inscription de tous les enfants à l'école. Voilà ce que j'ai vu à Rome, reste que les représentations que chacun a de la folie, de la psychiatrie est souvent loin de la réalité de telle ou telle équipe, vu les écarts (grands) entre chaque équipe, comment tenter d'harmoniser ? En prenant une position d'autorité (politique ?), comme par exemple décider de fermer les hôpitaux psychiatriques à échéances de 10 ans, et d'inciter fortement à l'innovation à la création d'alternatives à l'hospitalocentrisme.

J'ai rêvé, je rêve encore!»

 


 

 

Yves Gigou
Infirmier de secteur psychiatrique.

Cadre supérieur de santé.

94. Villejuif

 

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