urgence et specificite psychiatrie
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"Merci de diffuser ce texte, l'heure est grave, nous glissons tranquillement vers une société autoritaire voir plus... réflexions après débats a la croix-marine sur l'urgence en psychiatrie" Dossier témoignage, courrier n° 98 |
notes sur les urgences psy
EXPÉDITEUR : guy baillon association "Accueils ?" compte rendu de débats du 15-03
OBJET : réflexions après débats a la croix-marine sur l'urgence en psy
DATE : (16-3-2004)
"l’utopie serait l’horizon qui permet d’évaluer le présent"
– (France culture du 17-03-04, 8h45)
Une double annonce très grave émanant du ministère de la santé ouvre la journée sur les urgences :
I - « la psychiatrie doit renoncer à toute spécificité, sinon elle sera balayée, écrasée, dans le plan 2007 et la nouvelle gouvernance. D’après le ministère de la Santé rien ne justifie une autre façon de travailler et de se représenter que les autres spécialités médicales »
Ceci ne peut être entendu que comme une vraie déclaration de guerre à la psychiatrie, (outre les menaces précédentes au secteur, ici redoublées) et l’on en voit tout de suite toutes les conséquences : absence d’attention aux spécificités des soignants (pour les psychiatres leurs responsabilités à l’égard des soins sous contrainte et leur rôle dans les restrictions aux libertés constitutionnelles des personnes ; pour les infirmiers leur formation complémentaire indispensables…et pour le débat d’aujourd’hui il faudrait ‘traiter’ les urgences psy comme les autres: et tous les débats sur les urgences psychiatriques démontrent le contraire : la nécessité d’avoir une attitude spécifique)
II - « Dans le même temps nous apprenons la préparation d’un projet sécuritaire actuel du ministre de l’intérieur qui prévoit de traiter les malades mentaux comme des délinquants avec garde à vue et isolement, avant toute autre mesure. Une information est nécessaire des professionnels pour qu’ils puissent réagir contre ce danger extrêmement grave que cela représente pour les patients, tout en soulignant que le ministère de l’intérieur a déjà pris ses dispositions pour faire passer cette loi ». Ainsi notre véritable urgence est de tout faire pour arrêter une pareille violence mettant délinquants et patients à la même enseigne avec la même réponse ‘sociale’ venant donner à tout soin d’abord une couverture sécuritaire
-« un malade mental est un délinquant potentiel » affirme en préalable de son projet le ministère de l’intérieur. Voilà des affirmations qui risquent de faire régresser la psychiatrie à ce qu’elle était au 19ème siècle et récemment dans les pays totalitaires.
Certes il est facile de montrer aux services du ministère de la Santé que cette double information montre très clairement que la psychiatrie est bien fondée à soutenir aujourd’hui encore la nécessité d’attitudes spécifiques. Mais il est évident que cela ne doit pas entraîner des ‘statuts’ différents ni privilégiés pour les soignants. Il y a certainement à reconnaître le fait que les modes de soins et la prévention doivent se déployer avec la spécificité propre à la psychiatrie, cela nécessite aussi la reconnaissance du fait que les espaces de soins sont différents pour la psychiatrie et pour les autres spécialités, elle se rapproche certainement beaucoup de la médecine générale dont elle est complémentaire plus que des autres spécialités
Néanmoins il y a « aujourd’hui » une très grande urgence dont toutes les personnes concernées doivent se saisir : la menace concrète que les malades mentaux soient traités comme des délinquants du fait d’une loi qui est prête à être promulguée.