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  • témoignage, courrier n° 120

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Lettre de Freud écrite à Berlin, le 26 février 1930

 


 

 

 

"pourriez-vous me dire dans quel livre ou article Freud a donné son avis sur le conflit Israélo-Palestinien?..."

 

Dossier témoignage, courrier n° 120

 

 


 

 

Lettre écrite par Freud le 26 février 1930, et adressée au Docteur Chaim Koffler à Jérusalem. Elle répondait à la demande de l’association de "Jérusalem Keren Ajossot" - demande envoyée à plusieurs personnalités juives éminentes - de signer une pétition condamnant les arabes pour une émeute survenue en 1929 en Palestine, émeute au cours de laquelle plus de 100 colons avaient été tués. 

Son destinataire, le Docteur Chaim Koffler, l’a transmise à un collectionneur d’autographes de Jérusalem, Mr Abraham Schwadron, en échange de la promesse "qu’aucun oeil humain ne puisse jamais la voir".

 

Elle est restée secrète pendant plus de 75 ans jusqu’à ce qu’elle paraisse récemment dans le catalogue d’une exposition à l’université de Jérusalem. 



 


« Cher Docteur, 

  Je ne peux faire ce que vous souhaitez .

  Je me sens incapable de surmonter mon aversion à accabler le public avec mon nom et même ce moment critique ne me paraît pas le justifier. Quiconque désire influencer les masses se doit de leur donner quelque chose de vibrant et d’enflammé et mon sobre jugement sur le Sionisme ne le permet pas. Il est sûr que je sympathise avec ses buts, je suis fier de l’université de Jérusalem, et la prospérité de ses implantations me fait plaisir. 

  Mais, d’autre part, je ne pense pas que la Palestine pourra jamais devenir un État juif, ni que les mondes Chrétien et Islamique soient prêts à ce que leurs lieux saints soient sous contrôle juif. Il m’eut paru plus judicieux d’établir une patrie juive sur une terre moins chargée d’histoire. Mais je reconnais qu’un point de vue aussi rationnel aurait peu de chance d’obtenir l’enthousiasme des gens et le soutien financier des riches. 

  Je concède avec tristesse que le fanatisme infondé de notre peuple soit en partie à blâmer pour avoir éveillé la méfiance Arabe. Je ne puis cultiver de sympathie pour une piété mal dirigée qui transforma un morceau du mur d’Hérode en relique nationale offensant ce faisant les sentiments des autochtones palestiniens. 

  Jugez vous-même maintenant si, avec un tel point de vue critique je suis la personne qu’il faut pour conforter un peuple pris dans l’illusion d’une espérance injustifiée. 

  Votre respectueux serviteur.
» 

 

                                                                                               Freud

 

 


 

 

 

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