olivier labouret entre resistance aout 2011
|
Auch, le 2 août 2011.
Cher(e)s collègues,
J’ai l’honneur de vous informer que l’équipe d’Hospitalisation à Domicile (ou HAD) que je dirige, n’interviendra pas au domicile des patients dans le cadre des "programmes de soins" instaurés par la loi du 5 juillet 2011. En effet, cette disposition de "traitement forcé" à domicile, que nul garde-fou judiciaire ne vient encadrer, s’oppose à la déontologie médicale comme aux droits des patients, et plus largement aux libertés fondamentales: vie privée, inviolabilité du corps humain, liberté d’aller et venir, sûreté…
Étant au service de l’individu comme de la santé publique, dans le respect d’une relation de confiance soumise au secret médical, et indépendants de l’administration qui nous emploie, il ne nous est éthiquement pas possible de cautionner une politique sécuritaire qui ne peut que persécuter davantage les patients, et aggraver par conséquent leur risque de décompensation et de passage à l’acte.
Je vous joins la déclaration d’entrée en résistance du 1er août 2011, et un article du Monde qui étayent cette position s’inscrivant dans un mouvement national. Conformément à son projet médical, l’équipe d’HAD continuera à suivre chez eux les patients qui le nécessitent, avec leur accord, mais indépendamment de tout "programme" imposé par des considérations autres que strictement sanitaires.
Par ailleurs, je ne manquerai pas de vous faire parvenir rapidement un courrier d’information syndicale sur les modalités de la résistance au dévoiement sécuritaire insensé de notre pratique professionnelle, contre lequel je n’ai cessé d’agir et de vous mettre en garde ces dernières années, mais qui s’aggrave encore aujourd’hui. Vous constaterez ainsi avec moi que la lutte non-violente, lorsqu’elle est légitime et déterminée, est tôt ou tard couronnée de succès.
En vous remerciant de votre collaboration, et en vous assurant de ma parfaite disponibilité dans la période difficile qui s’annonce, je vous prie d’agréer, cher(e)s collègues, l’expression de mes salutations amicales et confraternelles.
Olivier LABOURET,
membre d'Attac dans le Gers,
responsable médical d'une équipe d'HAD,
vice-président de l'union syndicale de la psychiatrie.
Consulter ci-dessous:
la "lettre ouverte au ministre de la santé" de P. Paresys, septembre 2006;
la "lettre ouverte au Président de la République" de M. Guyader, décembre 2008;
l'article de C. Finkelstein, présidente de la Fnapsy: "il faut rétablir la vérité sur les chiffres", janvier 2009;
l'article de B. Durand, président de la FASM: "est-il encore possible d'arrêter la destruction de la psychiatrie", mai 2010;
l'émission avec M. Guyader: "vers une banalisation de la contrainte", août 2011;
l'ensemble du dossier "articles de presse".
MAJ 30.09.11