perte savoir infirmier medical  

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Extraits de l'article de Pierre Delion intitulé: "Thérapeutiques institutionnelles"

daté de 2001 et visible sur le site "revue-institutions".

 

 

LA SUPPRESSION DU DIPLÔME INFIRMIER SPÉCIFIQUE "ISP"

 

A ÉTÉ POUR LA PSYCHIATRIE UN COUP TRÈS DUR

 

 

 

Années 1980 - 1990 : un développement bien tempéré

"Les questions de la ségrégation se sont posées avec acuité dans la mesure où chaque service a accueilli les patients hospitalisés dans différents services  antérieurement très cloisonnés, avec des séparations de pathologies beaucoup trop rigides. Les infirmiers psychiatriques furent très actifs dans cette transformation de la psychiatrie et s’ils ont été une des principales forces vives pour ces changements très profonds, la suppression de leur diplôme spécifique a été pour la psychiatrie dynamique un coup très dur. En effet, il aurait été tout à fait possible de ne pas traiter ce problème ainsi, tout en leur permettant de rejoindre le corps des Diplômés d’État auquel ils auraient dû appartenir pour services rendus...
(accès au
dossier "histoire de la psychiatrie infirmiere").

 

L’évolution va montrer les difficultés engendrées par une analyse trop superficielle des problèmes posés à la sectorisation: certains services vont devenir très clivés en deux parties quelques fois très différentes..." avec "un extra-hospitalier de bonne qualité et un intra-hospitalier asilaire"...


Années 1990 - 2000 : la psychiatrie en crise

"... En supprimant des lits, on ne supprime pas le travail psychothérapique avec les patients au long cours, au contraire, on l’augmente. Comme la logique de la diminution du nombre des lits a été très bien récupérée par les décideurs pour faire des économies, ceux qui luttent contre les effets néfastes de cette diminution passent facilement pour des conservateurs anti-progrès...
(accès à l'article du Monde "en psychiatrie, l'obsession c'est libérer les lits").

 

Il semble qu’une partie du courant de la Réhabilitation Sociale tente d’anticiper sur le 'délestage' des patients chroniques dans le médico-social, en proposant, en lieu et place d’un traitement possible de la psychose, auquel certains n’ont jamais vraiment adhéré, des prises en charge qui s’éloignent progressivement de la notion de soin actif...

 

La suppression du diplôme d’infirmier psychiatrique, sous le prétexte de l’Europe, va aboutir à leur démoralisation, et cette période reste pour beaucoup celle d’un moment de dépression générale centrée sur l’hôpital-entreprise (accès à l'interview du psychiatre Jean Oury "la suppression du diplôme ISP est un scandale")...

 

Les ordonnances Juppé, réorganisant la philosophie de la Sécurité Sociale, vont créer les Agences Régionales de l’Hospitalisation, véritables lieux du pouvoir sanitaire. Une nouvelle culture apparaît dans les hôpitaux généraux qui tend à être extrapolée dans les hôpitaux chargés de la psychiatrie, sans tenir le moindre compte de leurs spécificités incontournables. Les efforts importants pour développer un 'esprit d’équipe' dans les services sectorisés sont l’objet d’attaques en règle pour instaurer un 'discours d’entreprise' hospitalo-centrique".


A partir de 2000 : perte des savoirs spécifiques 

"Les dépenses de santé ayant trop augmenté par rapport au PIB, il a fallu les réguler d’une façon drastique en diminuant le nombre des médecins formés... En psychiatrie, le nombre des postes de praticiens hospitaliers actuellement vacants est extrêmement préoccupant et ne permet déjà plus aujourd’hui de faire fonctionner un nombre conséquent de services sectorisés. La situation est très complexe, dans la mesure où la durée de formation d'un spécialiste est très longue sur le plan statutaire, sans compter les aspects centraux de cette formation que sont la psychanalyse personnelle, les contrôles de psychanalyse, les formations complémentaires à d’autres approches thérapeutiques comme le psychodrame, les thérapies familiales...

 

Il s’agit bien là, pour une part, d’un savoir élaboré en commun, d’une expérience trempée ensemble dans les prises en charge de patients très gravement touchés, d’une volonté de faire émerger des potentialités soignantes. Tout ceci ne se décrète pas et surtout demande un temps important à se réaliser. Aussi, une désorganisation de services et d’équipes ayant acquis une grande expérience... n’est elle pas seulement préjudiciable pour les années pendant lesquelles elle ne fonctionnerait pas, mais surtout par la perte de savoir qu’elle entraîne dans toutes les professions concernées, au premier rang desquelles, les infirmiers psychiatriques ont eux aussi payé un lourd tribut".

 

 

 


 

 

 

Sur les conséquences d'une formation infirmière unique imposée à la psychiatrie en 1992, et la suppression des centres de formation spécifique, consulter ci-dessous:

 

 

 

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